De Laura Bickle
La récente montée en flèche du nombre de suicides chez les adolescents victimes de cyberintimidation n’est pas passée inaperçue par Stu Auty. Fondateur et administrateur de la Vanier School for Young Offenders de Brampton et ancien président du groupe d’étude sur la sécurité dans les écoles de l’Ontario, cela fait plus de 20 ans qu’il lutte contre l’intimidation à l’école. Président du Canadian Safe School Network (CSSN), M. Auty discute ici des problèmes que pose la technologie, de l’impact de chaque dollar dépensé et de la justice réparatrice.
Comment ces phénomènes ont-ils évolué depuis que vous avez fondé le CSSN?
Les élèves absorbent la violence de partout : internet, films, jeux vidéo, télévision. Ce n’est pas étonnant que nombre d’entre eux réagissent avec violence dans des situations difficiles.
Quelle est la solution, selon vous?
La solution est pluridimensionnelle, mais il y a toutefois trois volets prioritaires : 1. le leadership au niveau de la direction d’école; il faut donner l’exemple, impliquer le personnel et expliquer aux élèves le règlement et les politiques en vigueur; 2. l’engagement des parents, de l’école et de la communauté; pour que nos enfants se sentent en sécurité, il faut les appuyer quand ils prennent des risques et font des erreurs afin qu’ils puissent se découvrir sur le plan affectif et intellectuel; 3. des programmes de prévention et d’intervention précoce; chaque dollar dépensé dans ces ressources vaut 8 $ d’interventions à but correctionnel à l’âge adulte.
Quels conseils avez-vous pour les pédagogues dont les élèves sont victimes d’intimidation?
Engagez-vous plus activement : apprenez à connaître vos élèves, familiarisez-vous avec les nombreuses formes d’intimidation et les technologies qui entourent le cyberespace.
Quel rôle la justice réparatrice devrait-elle avoir dans les écoles?
La justice réparatrice est une technique disciplinaire progressive qui a connu un franc succès. Elle réunit l’agresseur et la victime, et elle est utilisée conjointement ou indépendamment de la méthodologie d’exclusion traditionnelle. L’exercice permet à l’agresseur de se reprendre. Le taux de récidive est relativement bas.
Parlez-nous de votre conférence annuelle sur les écoles sécuritaires?
Le 25 février, des experts s’exprimeront sur des sujets tels que la santé mentale chez les adolescents, la justice réparatrice, les questions juridiques, les mesures d’urgence, la planification en cas de catastrophe, la violence sexuelle et la sexualité, et comment les médias sociaux sauvent des vies. Pour en savoir plus, consultez bit.ly/1aEaZEW.
Avez-vous un exemple de réussite du CSSN?
Un bon exemple est notre implication directe dans le déploiement du programme de changement de comportement scolaire du plan SNAP, initialement offert en français et en anglais à plus de 6 000 élèves de la région du Grand Toronto en 2009. La Stratégie nationale pour la prévention du crime, un programme d’intervention précoce se basant sur des preuves concrètes, a financé cette étude.