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Héritage honorable

Au cours de sa carrière de plus d’un demi-siècle, le juge Sydney Lewis Robins O. ONT., QC (1923-2014) a laissé sa marque en tant que pionnier et fervent défenseur. Un exemple propre à nous inspirer.

Du juge Marvin Zuker
Photo : Archives du Barreau du Haut-Canada

Photo en noir et blanc du juge Sydney Lewis Robins O. ONT., QC., devant des étagères de livres.

Sydney Robins, qui a été juriste en Ontario pendant plus de 60 ans, s’est démarqué par son professionnalisme et sa compassion. Il s’est aussi distingué dans le domaine de l’éducation en tant qu’enseignant et intervenant ayant à cœur d’orienter les politiques visant à protéger la sécurité des élèves.

Depuis le début, l’engagement du juge Robins et sa passion pour la profession étaient évidents. Il a étudié le droit à l’Osgoode Hall, pour ensuite fréquenter Harvard grâce à une bourse d’études complète. Il a obtenu sa maîtrise en droit en 1948, juste un an après avoir été admis au Barreau de l’Ontario.

Peu de temps après avoir obtenu son diplôme, il a été nommé chargé de cours en droit civil à Osgoode Hall, où il a guidé et inspiré une génération entière d’étudiants. Au même moment, sa pratique professionnelle prenait de l’ampleur, d’abord en tant qu’avocat, puis, plus tard, à titre de partenaire avec son frère et d’autres collègues.

M. Robins a été le premier à franchir certains paliers au cours de sa carrière. En 1961, il a été élu conseiller du Barreau du Haut-Canada, devenant la plus jeune personne à servir au conseil d’administration du Barreau.

En 1971, ses collègues du Barreau l’ont élu trésorier, faisant de lui la première personne de confession juive à occuper ce poste, ce qu’il a fait jusqu’en 1974 après y avoir été élu pour deux mandats supplémentaires.

M. Robins a été conseiller juridique à la Cour suprême du Canada et à tous les échelons des cours et tribunaux administratifs, où il a acquis une réputation d’homme digne et courtois. L’auteur Jack Batten a reconnu sa stature en écrivant : «Les qualités qui ont fait de lui un conférencier efficace : l’élégance, la grâce et la lucidité, étaient les mêmes qui le définissaient comme conseiller juridique.»

En 1974, le gouvernement provincial a nommé M. Robins au poste de juge à la Cour supérieure de l’Ontario. En 1981, on lui a demandé d’être juge à la Cour d’appel de l’Ontario.

Au fil des ans, il est devenu défenseur du bien-être des enfants et, après avoir examiné un cas historique, il a rédigé un rapport influent sur la sécurité des élèves.

À la suite de la condamnation de Ken DeLuca, ancien enseignant de Sault-Sainte-Marie reconnu coupable de nombreux chefs d’accusation d’agression sexuelle s’échelonnant sur plus de 21 ans, soit du début des années 1970 au début des années 1990, le gouvernement provincial a demandé à M. Robins d’examiner l’inconduite sexuelle au sein de la profession enseignante.

«La place des agresseurs n’est pas dans une salle de classe, mais dans une salle d’audience.»

En se fondant sur ce cas, on lui a demandé de faire des recommandations sur les politiques, protocoles et procédures afin de cerner et de prévenir l’inconduite sexuelle dans le système scolaire.

Son rapport subséquent, Protégeons nos élèves : Examen visant à identifier et à prévenir l’inconduite sexuelle dans les écoles de l’Ontario, publié en avril 2000, contenait 101 recommandations ayant pour but de protéger nos élèves. Le gouvernement provincial, l’Ordre, les conseils scolaires, la magistrature et le gouvernement fédéral se sont tous penchés sur ces recommandations.

Comme l’a écrit le juge Robins à propos de son rapport, «la place des agresseurs n’est pas dans une salle de classe, mais dans une salle d’audience. Le défi est clair et je propose une ligne de conduite. L’objectif ultime est de protéger nos élèves.» En septembre 2002, le gouvernement de l’Ontario a déposé la Loi visant à protéger les élèves à la lumière du rapport Robins et des recommandations de l’Ordre et d’autres partenaires en éducation. Tout juste l’an dernier, le gouvernement provincial a proposé le projet de loi 103, la Loi protégeant les élèves, laquelle vise à protéger encore davantage nos élèves et poursuit le travail que le juge Robins a entamé il y a 15 ans.

Photo du lieutenant-gouverneur de l’Ontario, David Onley, et du juge Sydney Robins. Ce dernier reçoit l’Ordre de l’Ontario en 2013.
Le juge Sydney Robins reçoit l’Ordre de l’Ontario en 2013, ici aux côtés du lieutenant-gouverneur de l’Ontario, David Onley.

Howard S. Black, collègue de M. Robins, a dit de lui : «L’un des attributs les plus caractéristiques de M. Robins n’est pas seulement sa quête de justice au nom de la justice, mais son humanisme et son habileté à tempérer la loi avec compassion», quelque chose qu’il a concrétisé grâce à son travail passionné au nom des élèves.

Son fervent engagement à l’égard de la loi et sa grande sollicitude envers autrui le distinguaient personnellement et professionnellement. Il manquera grandement aux membres de sa famille ainsi qu’à ses collègues et amis. Heureusement, il continuera de guider et d’inspirer les professions que nous chérissons grâce à son honorable legs.

Marvin Zuker est juge à la Cour provinciale, à Toronto. Il est professeur agrégé à l’IEPO de l’Université de Toronto. Le juge Zuker est membre du conseil d’administration de l’école Bloorview School Authority.

Points saillants d’une carrière hors pair

Photo : avec l’aimable autorisation du ministère des Affaires civiques et de l’Immigration