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Enseignant remarquable

Photo de P.K. Subban, défenseur des Canadiens de Montréal. Il est vêtu d’un chapeau noir, d’un papillon rouge, d’une chemise blanche et d’un manteau de tricot noir avec col en fourrure.

Avantage du terrain

P.K. Subban, défenseur des Canadiens de Montréal, nous parle de l’expérience hors du commun qu’il a vécue sur les bancs de son école élémentaire alors dirigée par son père. Voici l’histoire d’un duo père-fils, une recette gagnante.

De Richard Ouzounian
Photo : Raina+Wilson

On pourrait se demander ce qu’un directeur d’école et un joueur de hockey ont en commun… Pour P.K. Subban, défenseur des Canadiens de Montréal, et son père Karl, enseignant agréé de l’Ontario à la retraite, la liste est impressionnante!

Bien sûr, les meneurs naturels, sur la glace comme dans la classe, ont en commun un sourire radieux, un regard bienveillant et un charisme débordant. Hormis leurs similarités génétiques et leur nom — P.K. est l’abréviation de Pernell Karl —, ce qui rend ce duo père-fils si intrigant est l’expérience hors du commun qu’ils ont vécue en 2001. C’était l’année où M. Subban n’était pas seulement le père de P.K., mais aussi son directeur d’école à l’élémentaire.

«Nombre de gens présument que cette situation était destinée au désastre, raconte P.K. en riant, joint à Montréal par téléphone. Mais c’est bien mal connaître mon père. Il savait quand porter son chapeau de parent et celui d’enseignant.»

P.K. est peut-être la vedette de la famille, mais M. Subban a aussi de nombreuses réalisations à son compte. En 2012, il a remporté le prix African Canadian Achievement Award of Excellence in Education, lequel reconnaît l’excellence d’Afro-Canadiens en éducation. Il a acquis sa renommée quand il est devenu directeur de la Brookview Middle School, école située dans l’un des quartiers les plus difficiles de Toronto. Les batailles, l’absentéisme chronique et les faibles résultats scolaires ne sont que quelques-uns des défis auxquels M. Subban s’est attaqué lorsqu’il y était directeur.

Il s’est toujours fié au principe qu’il faut savoir ce qu’on veut pour l’obtenir. Voilà un principe que son fils a entendu et mis en pratique dès un très jeune âge. «J’ai toujours su que ce que je voulais faire dans la vie, c’était jouer au hockey, raconte la vedette. Tout le reste n’avait aucune importance.»

Subban père est né en Jamaïque et a immigré au Canada à l’âge de 11 ans. Il raconte que son chemin était loin d’être tracé.

Photo de Karl Subban, directeur d’école à la retraite, avec ses fils, P.K. et Malcolm. Ils sont assis, seuls, sur les bancs de l’aréna.
Karl Subban, directeur d’école à la retraite, avec ses fils, tous deux joueurs de hockey : P.K., défenseur des Canadiens de Montréal (à gauche), et Malcolm, gardien de but des Bruins de Boston.

«Quand j’étais jeune, à Sudbury, je rêvais de jouer pour la NBA. J’avais tout prévu : c’est comme ça que je fonctionne, affirme-t-il. Le chemin que je m’étais tracé pour atteindre le monde du basketball bifurquait vers l’université. Et c’est pourquoi je suis allé à l’Université Lakehead.»

L’Université Lakehead était reconnue non seulement pour son équipe de basketball, mais aussi pour ses programmes d’entraînement destinés aux jeunes joueurs en herbe, qui étaient organisés en jumelage avec des étudiants de l’université. Et c’est là que Subban père a eu une révélation. «Je travaillais dans un camp de basketball les samedis matin. Je me suis vite rendu compte que j’aimais encore plus enseigner que jouer au basket.»

C’est avec enthousiasme qu’il est entré dans la profession enseignante, bien outillé et prêt à réussir. Il a toutefois appris certaines leçons à ses dépens. Durant sa formation à l’enseignement, son enseignant associé était excessivement exigeant. Il passait ses plans de leçon au peigne fin et lui pointait la moindre erreur. «Un jour, je lui ai demandé pourquoi il était si exigeant, se remémore le directeur récemment à la retraite. Il m’a répondu : “Karl, les élèves, leurs parents et tes collègues auront des attentes élevées. Tu dois être en mesure d’être à la hauteur de chacune de leurs attentes.”»

Ces bons conseils l’ont aidé tout au long de sa carrière. Toutefois, ils ne tiennent pas compte de l’extraordinaire défi que représente le fait de dépasser les attentes de ses propres enfants, surtout quand ils sont vos élèves!

Mais, selon P.K., son père a aussi surmonté ce défi. «J’étais toujours fier d’être près de mon père. Il était juste et bon. Il avait du temps pour tous ses élèves et n’a jamais fait preuve de favoritisme, affirme le joueur de hockey. J’ai beaucoup appris à l’écouter et à l’observer, surtout quand il était avec d’autres élèves.»

N’étant pas le genre à baisser les bras devant une situation particulière, M. Subban a ajusté son tir quand il est arrivé à l’école que fréquentait son fils, la Warren Park Junior Public School, à Toronto. «Je n’étais plus le père de P.K., explique-t-il. Ce que je veux dire, c’est que je n’étais plus son père en particulier. Dans chaque école où j’ai enseigné, je me percevais comme étant le père de chaque enfant.»

Le père et le fils aiment bien raconter une anecdote sur les problèmes qui peuvent survenir quand notre directeur d’école est aussi notre propre père. Bien que racontée d’un point de vue différent, l’anecdote garde la même conclusion.

«Les enfants ont besoin d’amour et d’appui, mais ils ont aussi besoin de discipline et de conseils. Ce principe a toujours été clair pour moi, et je voulais qu’il le soit aussi pour mon fils.»

«Je suis loin d’être parfait, avoue P.K. J’étais l’un de ces enfants très énergiques et, parfois, je dépassais les bornes. Je ne manquais pas de respect, mais de temps en temps, je m’amusais un peu trop.»

M. Subban se rappelle du temps où P.K. faisait un peu trop le clown en classe, au point où il a dû rencontrer l’enseignant et son fils pour mettre les points sur les «i». «Je ne lui ai pas crié après, ce n’est pas mon genre», raconte M. Subban. Il a seulement exposé quelques faits et, quand la rencontre a pris fin, P.K. a versé quelques larmes.

M. Subban fait une longue pause en se remémorant cet épisode.

«Les enfants ont besoin d’amour et d’appui, mais ils ont aussi besoin de discipline et de conseils. Ce principe a toujours été clair pour moi, et je voulais qu’il le soit aussi pour mon fils. Ce jour-là, je n’étais pas son père, mais le directeur d’école. Et je crois qu’il comprenait la différence.»

P.K. chérit les leçons de vie que lui a apprises son père. Elles lui ont servi tout au long de sa carrière et lui servent encore. «Mon père m’a toujours dit que la solution de facilité n’était pas toujours la meilleure. On doit donner beaucoup avant d’obtenir un peu.» P.K. fait le lien entre cette leçon et une anecdote que son père lui a racontée sur la différence entre le patinage intensif et le brocoli : on doit faire des choses que l’on n’aime pas pour améliorer son rendement dans des activités que l’on aime.

M. Subban a inculqué ces principes à tous ses enfants, qui ont tous du succès dans leur carrière. En plus de P.K., Malcolm et Jordan sont des joueurs de hockey. Quant à ses filles, Nastassia et Natasha, elles ont suivi les traces de leur père et sont devenues enseignantes agréées de l’Ontario. Alors que ses enfants grandissaient, M. Subban leur a donné la clé du succès : «Trouvez ce que vous aimez dans la vie et persévérez.»

Il a aussi donné un conseil supplémentaire à P.K., un conseil fort utile pour un jeune homme qui s’apprête à entrer dans le monde du vedettariat sportif : «Tu es unique, alors ne te prends pas pour un autre.»

Voilà un principe que M. Subban a appris tôt au camp de basketball. En fin de compte, c’est ce qui l’a guidé sur le chemin de l’apprentissage la vie durant.

Cette rubrique met en vedette des personnalités canadiennes qui rendent hommage aux enseignantes et enseignants qui ont marqué leur vie en incarnant les normes de déontologie de la profession enseignante (empathie, respect, confiance et intégrité).