Notre sondage de 2017 mené auprès d’enseignantes et d’enseignants en début de carrière confirme que le marché du travail sera bien plus favorable aux futurs diplômés du programme de formation à l’enseignement prolongé de l’Ontario qu’il ne l’a été ces dix dernières années.
De Frank McIntyre
Infographie : Hannah Browne/Studio 141
En effet, il apparaît que la baisse importante de nouveaux diplômés en 2016 s’est soldée par un taux de chômage nettement inférieur à celui des enseignants en première année de carrière des années précédentes. Quant à ceux qui en sont à leur deuxième à cinquième année de carrière, ils ont eux aussi rapporté de bien meilleurs résultats d’emploi.
Le taux de chômage chez les diplômés de l’Ontario en première année de carrière est passé de 38 % en 2013 à 14 % en 2017. De même, le taux de chômage moyen chez les diplômés qui enseignent depuis deux à cinq ans a chuté, passant de 21 % en 2014 à seulement 7 % en 2017. Malgré ces nettes améliorations, les taux de chômage en 2017 demeurent supérieurs aux taux négligeables publiés en 2006.
Quels sont les facteurs qui ont contribué au redressement du marché? De 2003 à 2013, il y a eu 6 600 nouveaux enseignants de plus par an en moyenne que de départs à la retraite, ce qui s’est traduit par un marché de plus en plus engorgé pour les pédagogues en début de carrière et par une augmentation annuelle du taux de chômage jusqu’en 2013. En raison de la diminution de nouveaux venus sur le marché du travail qui s’en est suivie et de la forte réduction de nouveaux diplômés en 2016, le nombre de départs à la retraite a été plus élevé que le nombre de nouveaux enseignants au cours des dernières années, ce qui a conduit à la détente du marché. On devrait observer un meilleur équilibre dans les années à venir.
Les résultats du sondage de cette année révèlent clairement une concurrence moins intense sur le marché du travail, le taux de chômage ayant reculé chez les enseignants de l’Ontario en première année de carrière de tous les cycles d’enseignement. Ceux qui enseignent aux cycles primaire-moyen ont connu les meilleurs résultats : leur taux de chômage a chuté de 28 % en 2016 à 16 % en 2017. Cette amélioration a ramené le taux de chômage à environ un enseignant en première année de carrière sur six par cycle.
Les résultats du sondage de 2017 démontrent également que les membres du personnel enseignant nouvellement certifiés en Ontario qui ont suivi leur formation en enseignement à l’extérieur de la province connaissent eux aussi de meilleurs résultats d’emploi au cours de leur première année de carrière. Parmi les néo-Canadiens qui ont reçu l’autorisation d’enseigner en 2016, 49 % ont dit qu’ils étaient sous-employés en 2017, contre 61 % chez ceux qui en étaient à leur première année de carrière en 2016.
La langue et les matières enseignées continuent d’avoir une incidence importante sur les résultats d’emploi des nouveaux pédagogues. Au cours des trois dernières années, le taux de chômage chez les enseignants en première année de carrière qui ont suivi un programme en français à l’Université Laurentienne et à l’Université d’Ottawa s’est situé en deçà de 10 %. Chez les nouveaux enseignants de français langue seconde (FLS), le chômage se situe à un niveau négligeable pour une troisième année d’affilée. Quant aux enseignants anglophones en première année de carrière en Ontario, leur taux de chômage est beaucoup plus bas que par le passé, mais il demeure toutefois relativement élevé (19 % en 2017).
Le taux de chômage chez les diplômés d’un programme en anglais et qualifiés pour enseigner les mathématiques ou les sciences aux cycles intermédiairesupérieur n’est que de 11 %, contre 16 % l’an dernier. Les enseignants aux cycles intermédiaire-supérieur qui n’ont pas ces qualifications très recherchées ont connu un taux de chômage de 23 % en 2017, soit une baisse de 5 % par rapport à 2016. Toutefois, ce taux est le plus élevé parmi tous les diplômés d’un programme en anglais, y compris ceux qualifiés pour enseigner aux cycles primaire-moyen.
L’an dernier, la norme a changé en matière d’offre de personnel enseignant en Ontario en raison de la baisse des admissions dans les facultés d’éducation de l’Ontario en 2015 et de la réduction importante d’enseignants formés à l’extérieur de la province et qui ont reçu l’autorisation d’enseigner en Ontario. Par conséquent, le nombre annuel moyen de nouveaux diplômés passera de 11 587 (de 2006 à 2015) à environ 5 100 (de 2017 à 2020).
Le très faible nombre d’autorisations d’enseigner accordées en Ontario en 2016 – résultat de la transition vers le nouveau programme de formation à l’enseignement prolongé – a contribué à la solide amélioration des résultats d’emploi en début de carrière en 2017. Les départs à la retraite en Ontario, qui monteront à environ 5 000 par an au cours des prochaines années, combinés à la hausse prévue des inscriptions dans les écoles élémentaires et secondaires de la province dans les années à venir, reconstitueront le bassin de pédagogues. Cependant, cet afflux de main-d’œuvre suffira à peine à pourvoir les postes qui seront vacants d’ici à la fin de la décennie.
Outre le taux de chômage beaucoup plus faible chez les enseignants qui en sont à leur deuxième à cinquième année de carrière, le taux de sous-emploi a également baissé, passant de 32 % en 2015 à 25 % en 2017. Bien des enseignants qui avaient de la difficulté à trouver un emploi au début de leur carrière en raison de l’excès de l’offre commencent maintenant à se tailler une place dans leur profession.
Malgré les possibilités d’emploi favorables pour les futurs pédagogues, l’afflux de main-d’œuvre des années précédentes continue d’avoir des effets négatifs sur l’engagement professionnel. Les enseignants en début de carrière sont plus nombreux que jamais à laisser échoir leur autorisation d’enseigner, plus particulièrement les diplômés d’un programme en français.
En 2017, 7 % des membres de l’Ordre ont laissé échoir leur autorisation d’enseigner au cours de leur première année de carrière, contre 4 % en 2005. Quant aux enseignants qui en sont à leur cinquième année de carrière, 17 % d’entre eux n’ont pas renouvelé leur inscription à l’Ordre (26 % des diplômés d’un programme en français) en 2017, contre 10 % en 2005.
Il faudra attendre encore quelques années avant que l’équilibre entre l’offre et la demande se rétablisse, et que les enseignants anglophones puissent déclarer un taux de chômage inférieur à 10 %. Néanmoins, la diminution de nouveaux pédagogues pour occuper les postes vacants devrait faire baisser graduellement le taux de chômage en première année de carrière, année après année, et rétablira le plein emploi pour les enseignants en début de carrière.
Le tableau est toutefois bien différent pour les diplômés d’un programme en français. Étant donné la forte diminution du nombre de nouveaux pédagogues francophones par rapport aux niveaux récents, les taux de chômage en première année de carrière demeureront très bas pour ce groupe. Et vu les taux de chômage négligeables pour les enseignants de FLS au cours des dernières années, les conseils scolaires de la province continueront d’avoir de la difficulté à recruter du personnel qualifié pour enseigner en immersion française et le FLS.
L’amélioration du marché du travail en Ontario a fait baisser le nombre de diplômés ontariens en première année de carrière qui sollicitent des emplois à l’extérieur de la province, soit de un sur quatre en 2013 à seulement un sur huit en 2017. Notre sondage a révélé que trois diplômés des facultés d’éducation de l’Ontario sur cinq qui ont quitté la province pour s’établir ailleurs pendant les années de surplus espèrent un jour trouver un poste en Ontario. Vu la baisse rapide des taux de chômage en Ontario chez les enseignants en début de carrière, il est probable qu’on ait besoin d’un grand nombre d’entre eux – surtout ceux qui ont les qualifications nécessaires en mathématiques, en sciences et en français – pour enseigner dans les salles de classe de l’Ontario.
L’étude sur la transition à l’enseignement 2017 examine l’entrée sur le marché du travail et l’expérience professionnelle des diplômés des programmes de formation à l’enseignement de 2007 à 2016, ainsi que du personnel enseignant formé ailleurs qu’en Ontario et ayant reçu l’autorisation d’enseigner dans la province en 2015 et en 2016. Nous avons envoyé notre sondage en ligne à de vastes échantillons de chaque groupe.
En tout, 3 420 personnes y ont répondu. Le taux de réponse était de 15 à 24 %, avec une moyenne globale de 18 %. Le taux d’exactitude global était de 1,5 %, variant de 2,4 à 4 % pour chaque composante individuelle du sondage, 19 fois sur 20.
L’étude sur la transition à l’enseignement est rendue possible grâce à des subventions du ministère de l’Éducation de l’Ontario. Ce rapport ne reflète pas nécessairement les politiques, opinions et exigences du Ministère.
Le rapport complet est affiché sur le site web de l’Ordre à oct-oeeo.ca/rapportT2T