Entreprenez l’année du bon pied grâce à ces stratégies qui vous aideront à gérer le comportement des élèves, tout en favorisant l’inclusion et le développement.
De Lisa Van De Geyn
Photos : Thomas Tolstrup/Getty Images; iSTOCK
Fraîchement diplômée et embauchée à titre de remplaçante à long terme pour enseigner l’éducation physique et la santé quelques jours avant la première semaine d’école en 2016, Angela Corapi, EAO, savait pertinemment que le cours d’éducation physique était le cours préféré de bon nombre d’élèves. Or, elle ne savait pas pour autant comment gérer l’espace scolaire. «Imaginez-vous, dit-elle, une classe de 28 élèves installés à leur pupitre devant leur manuel. Maintenant, enlevez ces manuels et ces pupitres, et remplacez-les par des ballons et un grand gymnase.» Mme Corapi, qui enseigne en immersion française à la St. Anthony Catholic Elementary School, à Thornbury (Ontario), a fait tout son possible pour apprendre comment aider ses élèves à se préparer et à se concentrer.
«Tout d’abord, j’ai instauré une routine en limitant le temps passé dans le vestiaire. Les tours de piste commençaient dès l’arrivée dans le gymnase. Les élèves se rassemblaient ensuite en petits groupes et attendaient les consignes, explique-t-elle. D’autre part, je leur ai fait comprendre que, quand ils entendaient mon coup de sifflet, ils devaient m’accorder leur attention. J’avais compris que la routine permettait aux élèves de connaître mes attentes et d’apprécier mes cours.»
La gestion de l’espace scolaire s’appuie sur une certaine expérience pratique permettant de déterminer quelle approche et quelles techniques conviendront aux élèves. Les normes d’exercice de la profession établies par l’Ordre fournissent un aperçu des techniques de gestion de l’espace scolaire, notamment quant à l’engagement des enseignants envers les élèves et les besoins d’apprentissage de ces derniers, et à leur rôle de leader au sein de l’école. Selon Francesca Martínez Hernando, EAO, qui enseigne le français de base ainsi que les sciences et l’art dramatique de la 1re à la 3e année en immersion française à l’Our Lady of Mount Carmel Catholic School, à Amherstview (Ontario), la gestion de l’espace scolaire est l’une des compétences les plus difficiles à acquérir.
«L’enjeu est de créer un milieu qui permet d’optimiser l’apprentissage de tous les élèves, et de valoriser des routines et une culture qui encouragent le positif et la constance en vue de permettre aux élèves éprouvant des difficultés de mettre à profit certaines stratégies au quotidien. C’est la pierre d’assise de notre travail; sans une bonne gestion de classe, c’est le chaos.»
Shayna Goldman, EAO, abonde dans le même sens. Suppléante à Brampton (Ontario) pour le Peel District School Board, Mme Goldman ajoute : «La clé consiste à créer un milieu d’apprentissage calme, positif et inclusif, grâce à une relation de respect mutuel.»
La plupart des enseignants estiment que la gestion de l’espace scolaire passe par l’énonciation des attentes dès le début de l’année, la gestion du comportement, l’inclusion et le développement. Les nouveaux membres de la profession qui commencent à assimiler le concept conviennent qu’ils ont beaucoup à apprendre. C’est pourquoi nous avons demandé à des enseignants de la province de nous parler des astuces qu’ils ont trouvées au fil des années pour faciliter la gestion de l’espace scolaire, en espérant qu’elles vous aideront à faire de la nouvelle année scolaire un succès, tant pour vous que pour vos élèves.
Apprenez à connaître vos élèves, tant dans la salle de classe qu’au sein de la communauté éducative. Marla Zupan, EAO, enseignante de 2e année à la St. Bonaventure Catholic School à Toronto, se souvient d’un élève qui éprouvait des difficultés en lecture. Sachant qu’il était un avide collectionneur de cartes Yu-Gi-Oh!, elle a mis à profit cet enthousiasme pour enrichir le vocabulaire de l’élève. «Nous avons ainsi nourri son désir d’apprendre et d’intégrer de nouveaux mots à son vocabulaire», explique-t-elle.
Selon Wendy Terro, EAO, directrice à la Dixon Grove Junior Middle School à Toronto, il faut tisser des liens tôt avec ses élèves. «Que l’on arrive en septembre ou en milieu d’année, il faut d’emblée créer une communauté solide dans la salle de classe, affirme-t-elle. Donnez aux élèves l’occasion de vous parler des différents aspects de leur vie et trouvez leurs forces et leurs champs d’intérêt. Une fois qu’ils savent que vous vous souciez d’eux, ils seront plus motivés à prendre des risques dans leur apprentissage et ils auront un sentiment d’appartenance dans la salle de classe et l’école.»
Donald Kemball, EAO, enseignant de la 7e et 8e année à la Fred Varley Public School à Markham (Ontario), ajoute que la communication à l’extérieur de la salle de classe est également cruciale. «Devenez entraîneur de sport, fondez un club ou jouez avec eux pendant la récréation. Il est non seulement possible, mais aussi important de montrer aux élèves que l’on est humain, et ce, sans perdre de vue les normes professionnelles.»
Il y a deux ans, M. Kemball avait un élève particulièrement anxieux dans sa classe. Il présentait un taux d’absentéisme élevé et manifestait son stress en perturbant le groupe. En prenant le temps de mieux connaître l’élève, l’enseignant a compris qu’il s’intéressait à un jeu vidéo. «C’est ce qui m’a permis de le ramener sur la bonne voie, se rappelle M. Kemball. Dans nos travaux de recherche, il étudiait le jeu et ses adeptes. En géométrie à trois dimensions, il construisait des mondes et des niveaux, puis les réduisait à leur plus simple expression grâce à la géométrie des transformations.» En adaptant sa façon d’enseigner, l’enseignant a pu freiner les comportements perturbateurs de son élève et resserrer les liens avec lui.
Les suppléantes et suppléants qui mettent pour la première fois les pieds dans une salle de classe ont souvent l’impression d’avoir été jetés aux loups. Amber Lockwood, EAO, se prémunit contre ce malaise en déterminant à l’avance comment elle désire que les élèves la perçoivent. «Le fait d’avoir une idée précise en tête, tout en laissant une certaine place à l’improvisation, représente une bouée de secours quand les choses tournent mal», précise l’enseignante suppléante pour le Limestone District School Board.
Vous demandez à vos élèves de le faire, alors pourquoi ne pas suivre vous-même vos conseils? Lorsqu’elle arrive dans une nouvelle école, Mme Lockwood étudie la routine et les procédures (alarmes codées, exercices d’incendie, urgences médicales) et lit les notes du personnel sur les élèves de sa classe. En cas de doute, elle pose des questions. «Il ne faut jamais avoir peur de demander, dit-elle. Si l’on ne maîtrise pas la classe, pourquoi ne pas appeler sa collègue de la classe voisine? Sollicitez des conseils auprès de ceux qui connaissent mieux les élèves que vous. Vous démontrez du coup une volonté d’apprendre et de mûrir en tant que pédagogue.» Wendy Terro estime aussi qu’il est bon de se manifester en cas de pépin : «L’école est remplie de gens qui se feront un plaisir d’aider.»
Certains élèves vivent mal les transitions. Harry Nowell, EAO, enseignant aux cycles primaire-moyen à la Vincent Massey Public School à Ottawa, a trouvé une approche qui fonctionne bien : «J’ai un tambour dans la classe. En plus de piquer la curiosité des élèves, le tambour signale les transitions et capte l’attention des élèves qui mettent plus de temps à revenir après la récréation, explique-t-il. Je tambourine, puis je donne aux élèves quelques secondes pour m’imiter en tapant des mains sur le rythme. Je reprends, puis j’utilise la gestuelle pour communiquer et donner du renforcement positif. Les élèves saisissent vite le concept, et ils aiment participer.»
Selon M. Nowell, le tambour crée un lien avec les nouveaux élèves et établit une routine pour ceux qui sont dans le coup. «Je valorise également l’engagement et les bons comportements en laissant les élèves créer leur propre rythme de transition. Ils savent que je récompense les comportements positifs et aiment que je leur donne l’occasion de jouer du tambour.»
Nous savons que la routine sourit aux jeunes. Francesca Martínez Hernando a adopté dans sa classe une méthode, qu’elle a baptisée «5 au quotidien» : elle divise la classe en groupes de quatre ou cinq élèves qui, au fil de la semaine, font une rotation entre cinq différents pôles (lecture, lecture guidée, lecture autonome, écoute et écriture). Ses élèves en ont pris l’habitude et cela favorise le déroulement de la classe, étant donné que tous savent ce qu’ils ont à faire.
Si l’on ne peut pas toujours éviter les chocs, on peut néanmoins essayer de les absorber. Pourtant, malgré toute la préparation du monde, les choses ne se déroulent pas toujours comme prévu. «Parfois, il faut savoir dire : “On range les livres et on va prendre l’air”, affirme Melissa Pépin, EAO, enseignante à l’élémentaire à l’école publique Héritage à North Bay (Ontario). On a toujours le choix : on peut s’entêter à enseigner à des élèves démotivés, ou leur accorder la pause mentale dont ils ont vraisemblablement besoin. Trop souvent, ce qui nous paraît être de prime abord une perte de temps est en fait un gain à long terme.»
Il y a quelques années, une ancienne élève a révélé à David Parmer, EAO, que, dans sa classe, ses camarades et elle le respectaient trop pour lui causer des tracas. «Les élèves appréciaient mon authenticité et savaient que je me souciais véritablement de leur bien-être et de leur développement, affirme celui qui enseigne différentes années au Dr. Norman Bethune Collegiate Institute à Toronto. Souriez souvent, montrez votre sens de l’humour et riez avec les élèves, quand l’occasion s’y prête, car leur rire est un reflet de votre succès. Essayez d’établir une culture favorisant l’authenticité au sein de la classe et dites à vos élèves d’être fidèles à eux-mêmes.»
C’est votre première année d’enseignement? Suivez ces conseils de pédagogues chevronnés qui vous aideront à partir du bon pied.
Donnez l’exemple. «Les élèves comptent sur vous et ils suivront votre exemple, affirme Angela Corapi, EAO. Inculquez-leur le respect. Cela prendra peut-être du temps, mais les élèves vous écouteront, et ils apprécieront vos enseignements.»
Ne vous offusquez pas. Vos élèves ne sont pas des anges? Ne vous en faites pas. «Si vous faites tout votre possible, les élèves vous rendront la pareille, ajoute Mme Corapi. Vous ne brillerez pas de tous vos feux chaque jour, mais quand tout ira bien, vous le savourerez pleinement.»
Aidez les élèves à donner le meilleur d’eux-mêmes. Affichez leur travail dans la salle de classe et partagez leurs apprentissages avec les parents grâce aux vidéos, applis et cyberbulletins, suggère Francesca Martínez Hernando, EAO.
Aidez les élèves à surmonter leurs défis. Tout comme vous, les élèves apportent parfois leurs problèmes avec eux à l’école. «Prenez le temps de les écouter et d’élaborer des stratégies qui les aideront, affirme Mme Martínez Hernando. Faites un suivi au fil de la journée pour voir où ils en sont.»
Captez leur intérêt. Trouvez le meilleur moyen de présenter le programme d’études. «Différenciez-vous les élèves en fonction du style d’apprentissage? Leur donnez-vous l’occasion de résoudre des problèmes, de poser des questions et de constater la pertinence de leurs apprentissages? Des élèves intéressés sont des élèves motivés», constate Wendy Terro, EAO.
Faites preuve de souplesse. «Que l’on en soit à son premier jour ou à son dernier, il faut savoir s’adapter. Laissez-vous mener par l’énergie de la classe, indique Donald Kemball, EAO. Il ne faut pas hésiter à faire fi d’un plan de cours qui ne fonctionne pas. Et surtout, n’ayez pas peur d’apprendre de vos élèves.»
Vous trouverez d’autres stratégies de gestion de l’espace scolaire dans les ressources suivantes :
Creating Positive Behaviour – 1 Tip at a Time de Bruce Hoey
*Hold On to Your Kids: Why Parents Need to Matter More Than Peers de Gordon Neufeld et Gabor Maté
*Principles of Classroom Management, Fourth Canada Edition de James Levin, James F. Nolan, James W. Kerr, Anne E. Elliott et Mira Bajovic
*How to Differentiate Instruction in Academically Diverse Classrooms de Carol Ann Tomlinson
*Creating Life-Long Learners: Using Project-Based Management to Teach 21st Century Skills de Todd Stanley
* Ressource en anglais disponible à la bibliothèque Margaret-Wilson de l’Ordre, au oct-oeeo.ca/bibliotheque.