De Laura Bickle
Photo : Talia Dimerman
Nombre d’élèves poursuivent désormais leur apprentissage par voie électronique. Comment cela influence-t-il le devoir qui incombe aux enseignantes et enseignants agréés de l’Ontario de signaler les mauvais traitements infligés aux élèves?
Cette question préoccupe grandement Marvin Zuker, juge à la Cour de justice de l’Ontario de 1978 à 2016 et professeur associé à l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario de l’Université de Toronto depuis 1982. L’Ordre l’a consulté pour élaborer certaines de ses recommandations professionnelles, dont celle sur le devoir de signaler.
«Déterminer si un enfant est maltraité à la maison est bien plus difficile quand l’apprentissage se fait en ligne», affirme M. Zuker.
Cependant, le devoir de signaler, prévu par l’article 125 de la Loi sur les services à l’enfance, à la jeunesse et à la famille, demeure. Nous avons demandé au juge Zuker quelles sont les meilleures pratiques à adopter pour assumer cette responsabilité.
La pandémie aggrave un milieu qui était déjà source de stress. Parents et enfants n’ont plus la possibilité de s’échapper au travail ou à l’école.
Durant une visioconférence, si vous voyez qu’un élève a des ecchymoses sur les bras, c’est un motif raisonnable de soupçonner la maltraitance, selon l’article 125. Demandez à l’élève ce qui s’est passé. Est-ce crédible? Il vaut mieux prévenir que guérir.
Il faut immédiatement en informer la Société d’aide à l’enfance. Surtout, il faut prendre en note ce qu’a confié l’élève. Je ne peux trop insister là-dessus. Cela peut prendre très longtemps pour que l’affaire se rende devant les tribunaux. La première question que l’avocat d’un parent vous posera, c’est : «Comment pouvez-vous vous souvenir d’un évènement qui s’est produit il y a des mois?»
Dans certains territoires de compétence, quand les élèves passent d’une diapo à l’autre lors d’une présentation PowerPoint, une boite de texte apparait leur demandant d’évaluer comment ils se sentent à l’aide d’une échelle mobile. La réponse est envoyée confidentiellement à l’enseignant.
Ce qu’ils écrivent peut aussi être révélateur.
Si l’on soupçonne qu’un élève est maltraité, ne pas le signaler revient à le trahir. Cela aggrave les traumatismes et mène à un préjudice permanent. On a alors l’air de lui dire qu’il n’est pas important.
Je crois en l’obligation de signalement et aux programmes de formation obligatoires. Lisez la recommandation professionnelle sur le devoir de signaler. Connaissez vos obligations en vertu de la Loi sur les services à l’enfance, à la jeunesse et à la famille.