Diminution des demandes d’admission malgré les nombreuses possibilités d’emploi



Les demandes d’admission aux programmes d’éducation ont connu une baisse marquée en 2001 après avoir considérablement augmenté en 1999 et en 2000. On estime maintenant à 11 220 le nombre de demandes pour 2001, par rapport à 15 201 en l’an 2000.

«L’Ordre est à la fois surpris et inquiet de ce déclin marqué, a déclaré Joe Atkinson, registrateur et chef de la direction de l’Ordre. Ce phénomène survient au moment où l’on prévoit de graves pénuries d’enseignantes et d’enseignants et où les possibilités d’emploi en enseignement sont excellentes. Et cette tendance n’est pas passagère en Ontario, nous en avons encore pour dix ans.

«Les États-Unis et d’autres pays font face à des pénuries semblables, et la concurrence s’intensifie en Ontario, car les conseils scolaires américains déploient d’importants efforts pour recruter des enseignantes et enseignants ontariens.»

Heureusement, les programmes de formation à l’enseignement continueront d’avoir un bon bassin d’étudiants très qualifiés l’an prochain, car il y a toujours plus de demandes que de places disponibles.

Outre cet affaiblissement de l’intérêt, on remarque de nouvelles tendances encore plus inquiétantes.

Les demandes d’admission aux programmes de langue française, par exemple, se sont littéralement effondrées. Trente-trois pour cent de moins ont choisi les cycles primaire et moyen, 60 pour 100 de moins les cycles moyen et intermédiaire comme premier choix, et 53 pour 100 de moins les cycles intermédiaire et supérieur. En tout, 306 personnes seulement ont choisi un programme de langue française pour 2001, soit 37 pour 100 de moins que le nombre total de personnes inscrites (483) en l’an 2000.

La situation est encore pire aux cycles intermédiaire et supérieur en langue française. Seulement deux personnes dans tout l’Ontario ont choisi la physique comme premier ou deuxième choix, trois personnes ont choisi l’informatique, huit les mathématiques et 11 la chimie. Même si toutes ces personnes sont acceptées et reçoivent la formation pertinente, le nombre d’enseignantes et d’enseignants suppléants dans ces matières sera franchement insuffisant.

Du côté des matières de langue anglaise, on remarque aux cycles intermédiaire et supérieur un déclin de 27 pour 100 en sciences et de 18 pour 100 en mathématiques. Les demandes d’admission en études technologiques ont diminué de 21 pour 100. Ces baisses sont inquiétantes, car il est déjà difficile de recruter du personnel pour enseigner ces matières. Ce problème s’intensifiera si le nombre de demandes d’admission acceptables dans certaines facultés n’atteint pas le nombre requis pour offrir le cours cette année.

Le déclin est particulièrement décevant compte tenu des résultats d’une étude menée par le Centre de demande d’admission aux universités de l’Ontario selon laquelle 95 pour 100 des diplômés des facultés d’éducation de l’Ontario trouvent un emploi dans les six mois qui suivent l’obtention du diplôme et 99 pour 100 dans les deux ans qui suivent.

«Les pénuries sont une réelle source de préoccupation, car elles indiquent un affaissement de l’intérêt envers l’enseignement. Notre faculté peut accueillir 350 étudiants, mais n’en compte que 290», a déclaré Laurier Busque, directeur du programme de formation à l’enseignement à l’Université d’Ottawa. «Malgré tous nos efforts, les résultats demeurent décevants. Les étudiants potentiels sont attirés par d’autres domaines et la concurrence est serrée. Les facultés d’éducation ont donc un défi stimulant à relever; il faudra apprendre à s’adapter aux changements sociaux.

«Je n’ai pas de chiffres précis, mais nous avons toujours su que bon nombre de nos étudiants provenaient de familles d’enseignantes et d’enseignants. Si c’était souvent le cas auparavant, ce ne l’est plus maintenant. Au printemps, un de mes étudiants a abandonné le programme car son père, un enseignant, l’a fortement encouragé à changer de domaine.»

Cet affaiblissement de l’intérêt envers la profession ne fait que renforcer l’appel lancé par l’Ordre (Pour parler profession, mars 2000) au gouvernement pour qu’il fasse preuve de leadership dans la mise en œuvre des recommandations clés du groupe de travail du ministre sur l’offre de personnel enseignant. Mis sur pied par le ministre de l’Éducation de l’époque, Dave Johnson, le groupe de travail a souligné la nécessité d’améliorer la gestion de l’information, les communications, la sensibilisation, la formation à l’enseignement et les mesures d’encouragement.

Le nombre de places dans les facultés d’éducation subventionnées par le gouvernement est passé de 5 500 en 1999 à 6 000 en 2000-2001, puis à 6 500 de 2001-2002 à 2003-2004. Or, l’Ordre avait prévu qu’il faudrait 7 000 places à partir de 1999-2000 pour compenser le nombre considérable de départs à la retraite.

La diminution du nombre de demandes d’admission dans les facultés d’éducation peut s’expliquer de diverses façons. L’économie étant bien solide, le secteur privé peut se permettre d’offrir des possibilités de carrière et des salaires alléchants que les écoles peuvent à peine égaler. C’est particulièrement le cas dans les disciplines qui connaissent les plus fortes pénuries d’enseignantes et d’enseignants, comme l’informatique et les mathématiques. Par ailleurs, les étudiants sont parfois réticents à rester une année de plus à l’université pour obtenir leur baccalauréat en éducation lorsque le secteur privé leur offre déjà des emplois.

Un nombre croissant d’universités américaines situées dans les états limitrophes ont élaboré des programmes visant expressément à attirer les étudiants de l’Ontario. L’Ordre s’inquiète que certains étudiants motivés et très aptes à enseigner quittent l’Ontario au profit d’une université américaine, faute d’avoir été admis au programme de leur choix. Une fois diplômés, ils risquent fort de se faire courtiser par des conseils scolaires du sud et de ne plus revenir au pays.

«Tous les intervenants en éducation et le gouvernement doivent unir leurs efforts pour raviver l’intérêt envers la profession et faire en sorte qu’il y ait suffisamment d’enseignantes et d’enseignants pour toutes les classes de l’Ontario», a déclaré Atkinson.

«Certains conseils scolaires de la province ont déjà de la difficulté à trouver des enseignantes et enseignants et doivent même faire appel à des personnes non qualifiées dans certains cas extrêmes. Bref, certains conseils scolaires n’ont tout simplement pas assez de personnel pour satisfaire leurs besoins.

«Nous devons bien cerner et comprendre le problème en vue de trouver des solutions viables, car en bout de ligne, ce sont les enfants et le public qui en souffriront.»

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