«LOrdre est à la fois surpris et inquiet de ce déclin marqué, a déclaré Joe Atkinson, registrateur et chef de la direction de lOrdre. Ce phénomène survient au moment où lon prévoit de graves pénuries denseignantes et denseignants et où les possibilités demploi en enseignement sont excellentes. Et cette tendance nest pas passagère en Ontario, nous en avons encore pour dix ans. «Les États-Unis et dautres pays font face à des pénuries semblables, et la concurrence sintensifie en Ontario, car les conseils scolaires américains déploient dimportants efforts pour recruter des enseignantes et enseignants ontariens.» Heureusement, les programmes de formation à lenseignement continueront davoir un bon bassin détudiants très qualifiés lan prochain, car il y a toujours plus de demandes que de places disponibles. Outre cet affaiblissement de lintérêt, on remarque de nouvelles tendances encore plus inquiétantes. Les demandes dadmission aux programmes de langue française, par exemple, se sont littéralement effondrées. Trente-trois pour cent de moins ont choisi les cycles primaire et moyen, 60 pour 100 de moins les cycles moyen et intermédiaire comme premier choix, et 53 pour 100 de moins les cycles intermédiaire et supérieur. En tout, 306 personnes seulement ont choisi un programme de langue française pour 2001, soit 37 pour 100 de moins que le nombre total de personnes inscrites (483) en lan 2000.
La situation est encore pire aux cycles intermédiaire et supérieur en langue française. Seulement deux personnes dans tout lOntario ont choisi la physique comme premier ou deuxième choix, trois personnes ont choisi linformatique, huit les mathématiques et 11 la chimie. Même si toutes ces personnes sont acceptées et reçoivent la formation pertinente, le nombre denseignantes et denseignants suppléants dans ces matières sera franchement insuffisant. Du côté des matières de langue anglaise, on remarque aux cycles intermédiaire et supérieur un déclin de 27 pour 100 en sciences et de 18 pour 100 en mathématiques. Les demandes dadmission en études technologiques ont diminué de 21 pour 100. Ces baisses sont inquiétantes, car il est déjà difficile de recruter du personnel pour enseigner ces matières. Ce problème sintensifiera si le nombre de demandes dadmission acceptables dans certaines facultés natteint pas le nombre requis pour offrir le cours cette année. Le déclin est particulièrement décevant compte tenu des résultats dune étude menée par le Centre de demande dadmission aux universités de lOntario selon laquelle 95 pour 100 des diplômés des facultés déducation de lOntario trouvent un emploi dans les six mois qui suivent lobtention du diplôme et 99 pour 100 dans les deux ans qui suivent. «Les pénuries sont une réelle source de préoccupation, car elles indiquent un affaissement de lintérêt envers lenseignement. Notre faculté peut accueillir 350 étudiants, mais nen compte que 290», a déclaré Laurier Busque, directeur du programme de formation à lenseignement à lUniversité dOttawa. «Malgré tous nos efforts, les résultats demeurent décevants. Les étudiants potentiels sont attirés par dautres domaines et la concurrence est serrée. Les facultés déducation ont donc un défi stimulant à relever; il faudra apprendre à sadapter aux changements sociaux. «Je nai pas de chiffres précis, mais nous avons toujours su que bon nombre de nos étudiants provenaient de familles denseignantes et denseignants. Si cétait souvent le cas auparavant, ce ne lest plus maintenant. Au printemps, un de mes étudiants a abandonné le programme car son père, un enseignant, la fortement encouragé à changer de domaine.» Cet affaiblissement de lintérêt envers la profession ne fait que renforcer lappel lancé par lOrdre (Pour parler profession, mars 2000) au gouvernement pour quil fasse preuve de leadership dans la mise en uvre des recommandations clés du groupe de travail du ministre sur loffre de personnel enseignant. Mis sur pied par le ministre de lÉducation de lépoque, Dave Johnson, le groupe de travail a souligné la nécessité daméliorer la gestion de linformation, les communications, la sensibilisation, la formation à lenseignement et les mesures dencouragement. Le nombre de places dans les facultés déducation subventionnées par le gouvernement est passé de 5 500 en 1999 à 6 000 en 2000-2001, puis à 6 500 de 2001-2002 à 2003-2004. Or, lOrdre avait prévu quil faudrait 7 000 places à partir de 1999-2000 pour compenser le nombre considérable de départs à la retraite. La diminution du nombre de demandes dadmission dans les facultés déducation peut sexpliquer de diverses façons. Léconomie étant bien solide, le secteur privé peut se permettre doffrir des possibilités de carrière et des salaires alléchants que les écoles peuvent à peine égaler. Cest particulièrement le cas dans les disciplines qui connaissent les plus fortes pénuries denseignantes et denseignants, comme linformatique et les mathématiques. Par ailleurs, les étudiants sont parfois réticents à rester une année de plus à luniversité pour obtenir leur baccalauréat en éducation lorsque le secteur privé leur offre déjà des emplois. Un nombre croissant duniversités américaines situées dans les états limitrophes ont élaboré des programmes visant expressément à attirer les étudiants de lOntario. LOrdre sinquiète que certains étudiants motivés et très aptes à enseigner quittent lOntario au profit dune université américaine, faute davoir été admis au programme de leur choix. Une fois diplômés, ils risquent fort de se faire courtiser par des conseils scolaires du sud et de ne plus revenir au pays. «Tous les intervenants en éducation et le gouvernement doivent unir leurs efforts pour raviver lintérêt envers la profession et faire en sorte quil y ait suffisamment denseignantes et denseignants pour toutes les classes de lOntario», a déclaré Atkinson. «Certains conseils scolaires de la province ont déjà de la difficulté à trouver des enseignantes et enseignants et doivent même faire appel à des personnes non qualifiées dans certains cas extrêmes. Bref, certains conseils scolaires nont tout simplement pas assez de personnel pour satisfaire leurs besoins. «Nous devons bien cerner et comprendre le problème en vue de trouver des solutions viables, car en bout de ligne, ce sont les enfants et le public qui en souffriront.» |
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