La Commision d'amélioration de l'éducation recommande de quadrupler le financement du perfectionnement professionnel

Dans leur couverture du rapport final de la Commission, les médias se sont attardés à la recommandation de financer la maternelle et le jardin d’enfants. Or, ce rapport comprend également des propositions cruciales sur les programmes destinés aux enseignantes et enseignants et aux directrices et directeurs d’école.



de Tracy Morey

Le secteur privé consacre quatre fois plus d’argent au perfectionnement professionnel que le système d’éducation de l’Ontario, et il est temps de faire des investissements majeurs. C’est ce qu’affirme la Commission d’amélioration de l’éducation.

«Les changements rapides des quatre dernières années, la pénurie de personnel enseignant et les lacunes au plan du leadership témoignent de la nécessité d’améliorer la formation et le perfectionnement professionnel», a déclaré Dave Cooke, coprésident de la Commission, à Pour parler profession au terme de son mandat de quatre ans.

Dans sa cinquième et dernière étude, Rapport sur l’amélioration du rendement des élèves, la Commission recommande que la province consacre d’un à trois pour cent de sa masse salariale au perfectionnement professionnel et à la formation du personnel enseignant, des agentes et agents de supervision et du personnel de soutien.

Au pays, les dépenses moyennes au titre de la formation au sein de tous les secteurs représentent 1,6 pour 100 de la masse salariale. Appliqué au système d’éducation de l’Ontario, ce pourcentage se traduirait par l’affectation de 170 millions de dollars au perfectionnement professionnel. Or, l’an dernier, les conseils scolaires ont reçu environ 41 millions de dollars à ce titre.

LIEN AVEC LE RENDEMENT DES ÉLÈVES
Le financement ne représente qu’un côté de la médaille, d’après Linda Grant, coordonnatrice de la Division des questions professionnelles de l’Ordre. «Mais au moins, la Commission a mis cette question sur le tapis, et son rapport renforce la corrélation entre le perfectionnement professionnel et l’apprentissage des élèves.»

D’après le rapport, les nouveaux investissements devraient couvrir une gamme de sujets  : développement du leadership, responsabilité, formation en matière de curriculum, communications, amélioration des écoles et des conseils scolaires, compétences en planification et formation du personnel de soutien. Le rapport précise que l’Ordre doit veiller à ce que les programmes de formation préalable à l’entrée en service soient courants «pour que le personnel enseignant puisse entamer sa carrière nanti des compétences dont il a besoin pour pouvoir enseigner le nouveau curriculum».

UNE REFONTE QUI S’IMPOSE
Grant souligne que les lignes directrices de la plupart des cours de formation pendant l’emploi, qui étaient auparavant publiées par le ministère de l’Éducation, n’ont pas été mises à jour depuis 1978. Il est essentiel de les remanier, selon elle, car des aspects tels que les politiques actuelles en matière de curriculum, la technologie ainsi que l’évaluation des élèves ne sont pas intégrés dans la conception ou l’exécution des programmes.

«Adapter les cours aux conditions actuelles d’enseignement nécessite beaucoup de travail, sans compter que les cours ne représentent pas la seule méthode d’apprentissage. On peut faire du mentorat, observer des enseignantes ou enseignants exemplaires, etc. Il se s’agit pas d’assister à un petit atelier de temps à autre. Il faut un engagement ferme de la part du personnel enseignant.»

La Commission recommande au ministère de consulter tous les partenaires du système d’éducation afin d’évaluer leurs besoins en matière de perfectionnement professionnel et de formation, puis d’assurer la coordination nécessaire «de façon que toutes les personnes qui en ont besoin bénéficient de programmes appropriés et utiles».

LES RÉFORMES APPELLENT UNE FORMATION ADÉQUATE
Selon Dave Cooke, le ministère de l’Éducation aurait dû assurer une formation en cours d’emploi pour le nouveau curriculum à un moment opportun au lieu de le faire à la dernière minute. Le rapport conseille au Ministère de veiller, lorsqu’il instaure un nouveau curriculum et de nouvelles politiques, «à prévoir assez de temps pour assurer le perfectionnement professionnel du personnel. Les réformes de l’éducation ne porteront pas fruit si le personnel n’est pas prêt à les mettre en œuvre. Par conséquent, le perfectionnement opportun des compétences et des connaissances doit faire partie intégrante de notre culture mettant l’accent sur les progrès continus».

Cooke s’inquiète également des lacunes au plan du leadership qui procèdent de la taille et de la complexité du système scolaire ainsi que du départ à la retraite d’un grand nombre de directrices et directeurs de l’éducation et de directrices et directeurs d’école. «On exige plus des directrices et directeurs de l’éducation ainsi que des agentes et agents de supervision que d’être de bons administrateurs, a-t-il ajouté. On ne peut s’attendre à ce que les directrices et directeurs d’école collaborent avec les conseils d’école avant d’avoir reçu de la formation, qui est essentielle pour améliorer la planification. En l’occurrence, je crains qu’on ne soit en train de perdre du terrain.»

La Commission a demandé au ministère de l’Éducation de passer en revue les qualifications, les compétences et l’expérience exigées des directrices et directeurs de l’éducation et des agentes et agents de supervision.

MANDAT DE LA COMMISSION
Le gouvernement provincial a constitué la Commission d’amélioration de l’éducation il y a quatre ans. Il l’a chargée de superviser la restructuration du système d’éducation de l’Ontario et a nommé à sa direction Dave Cooke, ancien ministre de l’Éducation, et Ann Vanstone, ancienne présidente du Conseil scolaire de Toronto.

Le mandat de la Commission consistait à coordonner l’élection des conseillères et conseillers scolaires aux nouveaux conseils scolaires de district en 1997, à exercer un certain contrôle sur les dépenses des conseils, à mener des recherches et à formuler des recommandations à la ministre de l’Éducation sur les politiques reliées à la réforme de l’éducation.

LES PÉNURIES  : UN PROBLÈME CRIANT
Le rapport mentionne à nouveau le risque de pénurie de personnel enseignant et demande au ministère de l’Éducation et à l’Ordre d’agir rapidement pour accélérer le recrutement. Dans son rapport de janvier 2000, la Commission avait exprimé des inquiétudes au sujet des pénuries (particulièrement dans les conseils de langue française et les petits conseils du Nord de l’Ontario). Dave Cooke soutient que le Ministère, l’Ordre et les facultés d’éducation doivent travailler de concert pour prévoir la demande en fonction des données démographiques, notamment pour ce qui est de disciplines et de cours particuliers.

«Nous savons très bien qu’une pénurie de personnel enseignant est imminente et que le financement de 6 000 nouvelles places sur cinq ans dans les facultés d’éducation ne suffira pas», a-t-il ajouté.

«Au cours des prochaines années, il faudra également se pencher sur la question des salaires, d’autant plus que des territoires comme l’État de New York viennent recruter des enseignantes et enseignants en Ontario et leur offrent un salaire de départ élevé dans certaines écoles.»

DEUX DÉFIS À RELEVER
D’après Frank McIntyre, conseiller en ressources humaines de l’Ordre, le rapport de la Commission se concentre à la fois sur le recrutement et le perfectionnement professionnel, qui seront les deux priorités de la profession au cours des dix prochaines années.

«Dans dix ans, le personnel enseignant des écoles élémentaires et secondaires aura été renouvelé en bonne partie. L’âge et l’expérience moyens connaîtront une chute vertigineuse. Une toute nouvelle génération d’enseignantes et d’enseignants aura besoin de mentorat, d’orientation et de formation. Le personnel embauché aujourd’hui influencera le système scolaire de l’Ontario pendant les 35 prochaines années. La profession doit donc chercher avant tout à appuyer ces enseignantes et enseignants et à favoriser leur perfectionnement.»

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