Destinations de choix pour la relève : le Nord et Toronto

Les taux de départ à la retraite sont les plus élevés dans le Nord et à Toronto

L’Ordre a réussi à cerner les régions de la province qui auront le plus à faire pour remplacer les enseignantes et enseignants qui prendront leur retraite au cours des dix prochaines années. Les destinations de choix pour les nouveaux diplômés seront le Nord, Toronto et le sud-ouest de l’Ontario. Dans l’ensemble, ce seront les conseils scolaires publics de langue anglaise et les écoles primaires de toutes les régions qui ressentiront les plus importants contrecoups de cet exode.



de Frank McIntyre

L’avenir sourit aux personnes qui souhaitent enseigner à l’élémentaire en Ontario. Selon la dernière étude menée par l’Ordre, ces personnes ne devraient avoir aucune difficulté à décrocher un poste au cours des dix prochaines années, grâce aux nombreux départs à la retraite prévus.

L’étude, qui pour la première fois compare l’information sur les qualifications et les données relatives à l’emploi, révèle que des 93 020 enseignantes et enseignants aptes à enseigner aux cycles primaire et moyen en 1999, 24 388 prendront leur retraite d’ici 2005, et 17 524 d’ici 2010, ce qui entraînera un exode de 45  pour 100 parmi les personnes qui enseignaient à l’élémentaire en 1999.

Des 140 366 personnes qui ont continué à enseigner dans la province après 1998, soit la première année où l’on offrait la possibilité d’une préretraite, 55 984 quitteront l’ensei-gnement d’ici 2010. Certains d’entre eux ont déjà pris leur retraite en l’an 2000, tandis que 23 pour 100 le feront d’ici 2005 et 17 pour 100 d’ici 2010. [ tableau 1 ]

NORD DE L’ONTARIO
Les conseils scolaires du nord de l’Ontario auront de nombreux postes à combler d’ici quelques années. C’est particulièrement le cas dans le nord-est, où l’on prévoit que 3 759  enseignantes et enseignants des écoles publiques et catholiques, de langue française et anglaise, prendront leur retraite d’ici 2010.

Dans l’ensemble, ce sont les écoles élémentaires du nord-est qui seront les plus touchées. Les conseils scolaires publics de langue anglaise de la région subiront les pertes les plus considérables, c’est-à-dire 1 456 enseignantes et enseignants aux cycles primaire et moyen, soit 50 pour 100 de leur corps enseignant.

Moins nombreux, les conseils scolaires catholiques de langue anglaise subiront également de fortes secousses; ils perdront 53 pour 100 de leurs effectifs primaires et moyens, soit 695 enseignantes et enseignants.

Mais les pénuries ne s’arrêtent pas là. Les conseils catholiques de langue française sont ceux qui connaîtront les plus grandes difficultés, puisqu’on prévoit 657 départs à la retraite aux cycles primaire et moyen d’ici 2010.

Les conseils du nord-ouest de la province auront eux aussi du pain sur la planche au cours des dix prochaines années; en effet la moitié de leurs effectifs aux cycles primaire et moyen du système public de langue anglaise prendra sa retraite et 47 pour 100 feront de même au système catholique de langue anglaise.

La situation n’est guère plus encourageante dans les écoles secondaires du nord de la province. En effet, 41 pour 100 des effectifs du nord-ouest aux cycles intermédiaire et supérieur prendront leur retraite d’ici 2010, un pourcentage qui grimpera à 44 pour 100 dans le nord-est.

DES POSTES À TORONTO
Le taux de roulement du personnel à Toronto vient tout juste derrière celui du nord. Dans la région métropolitaine, 42 pour 100  des personnes qui ont continué d’enseigner après qu’on leur a offert une retraite anticipée devraient quitter la profession d’ici 2010, ce qui fera grimper le nombre de remplacements à 12 084. Dans l’ensemble, Toronto perdra 46 pour 100 de ses enseignantes et enseignants aux cycles primaire et moyen et 44 pour 100 aux cycles intermédiaire et supérieur.

Le sud-ouest et l’est de la province connaîtront aussi des pertes de plus de 40 pour 100  d’ici 2010. Dans le sud-ouest, par exemple, on estime à 12  475 le nombre d’enseignantes et d’enseignants (41 pour 100 des effectifs) qui prendront leur retraite d’ici la fin de la décennie. Dans l’est, les conseils scolaires devront remplacer 9 924 personnes, soit 40 pour 100 des effectifs. À eux seuls, les conseils scolaires catholiques de langue française de l’est essuieront des pertes de 44 pour 100 aux cycles primaire et moyen.

Si la situation est moins alarmante dans la région du Centre, on prévoit néanmoins des pertes de l’ordre de 36 pour 100 (16 415 personnes), ce qui représente le plus grand nombre de retraites que connaîtront les conseils de cette région au cours de la décennie.

Ce taux relativement faible reflète l’augmentation des inscriptions dans les facultés d’éducation et l’augmentation des effectifs associée à la croissance de la population dans les banlieues de Toronto. Mais ce n’est qu’une mince consolation, car les conseils de cette région travaillent déjà sans relâche depuis plusieurs années à compenser le nombre considérable de départs à la retraite en 1998 et l’augmentation croissante du nombre d’enseignantes et d’enseignants requis chaque année pour les nouvelles classes.

PERTES MOINS ACCENTUÉES DANS LES ÉCOLES CATHOLIQUES ET DE LANGUE FRANÇAISE
Dans l’ensemble, les enseignantes et enseignants des écoles catholiques et de langue française sont plus jeunes et moins expérimentés que leurs homologues des écoles publiques de langue anglaise.

Parmi le groupe étudié en 1999, le taux de départ à la retraite au cours des dix prochaines années varie de 35 pour 100 dans les écoles publiques de langue française à 42 pour 100 dans les écoles publiques de langue anglaise. Les taux de départ dans les écoles catholiques de langue anglaise et les écoles catholiques de langue française se situent entre les deux, le premier étant à 35 pour 100 et le deuxième à 37 pour 100.

Près de la moitié (47 pour 100) du personnel aux cycles primaire et moyen des écoles publiques de langue anglaise recensé en 1999 prendra sa retraite d’ici la fin de la décennie. À l’autre bout du spectre, les écoles publiques de langue française connaîtront des pertes de 31 pour 100 seulement, tandis que les écoles catholiques de langue anglaise perdront 42 pour 100 de leurs effectifs, et les écoles catholiques de langue française, 43 pour 100.

AU SECONDAIRE
Aux cycles intermédiaire et supérieur, les écoles publiques de langue anglaise se situent également en tête de lice pour ce qui est de l’érosion des effectifs; 24 pour 100 de leur personnel enseignant prendront leur retraite d’ici 2005  et 43 pour 100 d’ici 2010. [ tableau 2 ]

Les conseils scolaires catholiques de langue anglaise présentent toutefois des tendances démographiques sensiblement différentes. Seulement 14 pour 100 des personnes qui enseignaient au palier secondaire dans une école catholique de langue anglaise en 1999 prendront leur retraite d'ici 2005, et seulement 30 pour 100 d’ici 2010.

Les chiffres sont semblables du côté des écoles catholiques de langue française où seulement 32 pour 100 des effectifs prendront leur retraite d’ici 2010. Le financement du palier secondaire dans les écoles catholiques au milieu des années 80 est à la source du recrutement extraordinaire de la période subséquente. Conséquemment, les écoles secondaires catholiques subiront moins les secousses des importantes vagues de retraite au cours de la prochaine décennie.

Quant aux écoles secondaires publiques de langue française, les tendances sont semblables à celles de leurs homologues de langue anglaise; 39 pour 100 des effectifs devraient prendre leur retraite d’ici 2010.

UN COUP DUR POUR LES MATIÈRES DE BASE
La matière la plus touchée est l’anglais; 5 627 enseignantes et enseignants devraient prendre leur retraite d’ici 2010. Cette matière est suivie de l’éducation physique (4 264), de l’histoire (4 008), des mathématiques (3 133), du français (2 818) et de la géographie (2 354). Dans l’ensemble, ces matières perdront de 37 à 41 pour 100 de leurs effectifs enseignants d’ici 2010.

L’étude révèle également d’importantes pertes d’enseignantes et d’enseignants en sciences au secondaire : 416 en physique (37 pour 100), 508 en chimie (28 pour 100) et 715 en biologie (21 pour 100). L’érosion des effectifs en physique et en chimie due aux départs à la retraite est particulièrement inquiétante compte tenu des pénuries existantes dans la province.

Certaines données régionales seront certainement affichées sur les babillards des facultés d’éducation de la province. Dans le nord de l’Ontario, pour ne citer qu’un exemple, les conseils scolaires publics de langue anglaise perdent 55 pour 100 de leur personnel en anglais, 51 pour 100 en histoire, en mathématiques et en français, 48 pour 100 en géographie, et 46 pour 100 en éducation physique. [ tableau 3 ]

Le conseil scolaire public de Toronto offrira également de nombreuses possibilités d’emploi au secondaire. En effet, la région de Toronto devrait perdre 1 211 enseignantes et enseignants en anglais (49 pour 100), 821  en histoire (51 pour 100), 598 en mathématiques (51 pour 100), 454 en français (50 pour 100), 454 en géographie (48 pour 100) et 736 en éducation physique (46 pour 100).

Si le taux de départ à la retraite dans les conseils scolaires catholiques de langue anglaise est généralement beaucoup plus faible, les taux dans le nord-est de l’Ontario se rapprochent davantage des taux remarqués dans les conseils scolaires publics de langue anglaise.

Les écoles catholiques de langue anglaise du nord-est de l’Ontario, par exemple, perdent 36 pour 100 de leurs effectifs en anglais, 42 pour 100 en histoire et 44 pour 100 en mathématiques. Le taux de départ à la retraite est sensiblement plus élevé parmi les conseils scolaires publics de langue française du Nord et de Toronto que les conseils scolaires catholiques de langue française.

EN CONTEXTE
Cette analyse confirme que les tendances en matière de départs à la retraite parmi les effectifs enseignants de l’Ontario correspondent aux taux élevés dégagés dans les analyses précédentes de l’Ordre sur les effectifs totaux d’enseignantes et d’enseignants en Ontario.

Par ailleurs, certains enseignants et enseignantes choisissent de se retirer de l’enseignement, particulièrement au début de leur carrière, pour d’autres raisons que la retraite, et ces départs ne font qu’accentuer le roulement important des effectifs enseignants. Fait à noter  : ces pertes ne sont pas calculées en Ontario.

De nos jours, les conseils scolaires de l’Ontario s’emploient activement à recruter des enseignantes et enseignants. Mais s’il est vrai que le roulement de personnel devrait diminuer après 2005, il faudra surtout attendre que la génération embauchée pour enseigner aux baby-boomers ait pris sa retraite d’ici 2010 pour que ce roulement exceptionnel prenne fin.

Frank McIntyre est conseiller en ressources humaines à l’Ordre. On peut le joindre à fmcintyre@oct.ca.

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