Des professeurs remarquables

L’enseignante remarquable de Sarah Polley



«J’ai tant appris sur moi-même grâce à la liberté qu’elle nous accordait en classe et au goût de vivre qu’elle nous inspirait», lance Sarah Polley à propos de Bev Panikkar, son enseignante de 2e année en 1985 à l’école Bayview de Toronto. «Elle était vraiment incroyable.»

Polley est une jeune actrice mieux connue pour son rôle de Sara Stanley dans Sur la route d’Avonlea et pour une série de rôles qui ont fait l’unanimité de la critique dans De beaux lendemains, Go et Le jardin suspendu.

N’ayant pas fait de maternelle, Polley avait six ans quand elle a commencé la 2e  année, peu après avoir commencé sa carrière d’actrice. Elle n’a passé qu’une année dans la classe de Panikkar, mais la personnalité et l’attitude de son enseignante ont laissé une impression telle que Polley a toujours aimé l’école et que cela a influencé considérablement sa perspective du monde. «Elle a exercé une influence inimaginable sur tous les aspects de ma vie.»

Elle se rappelle clairement du premier jour où elle et ses camarades sont entrés dans la classe de Panikkar.

Bev Panikkar et Sarah Polley sont côte à côte dans le coin inférieur gauche sur cette photo prise voilà 15 ans de la classe 109 de Bayview PS.

«La classe était complètement vide et tout à fait déconcertante. J’ai cru que l’année allait être pénible.» C’est avec crainte que les enfants envisageaient l’année qui s’annonçait. L’enseignante s’est alors assise devant nous avec un grand carton et un marqueur et, se rappelle Polley, nous a demandé : «Que voulez-vous avoir dans votre classe?»

Cette question toute simple a suscité des réactions incroyables. «Nous avons passé la matinée à lever nos mains pour dire ce que nous voulions et elle écrivait tout cela sur le carton. Cela nous a donné un sentiment inouï de participer à la création de notre environnement. Les enfants ont rarement cette chance.»

«Puis, le lendemain à notre arrivée dans la classe, tout ce que nous avions demandé s’y trouvait. C’était..., j’essaie d’éviter de tomber dans les clichés, mais cette expérience nous a profondément marqués», a ajouté Polley.

La classe de Panikkar s’organisait en centres d’activités où les enfants pouvaient travailler sur divers projets. Mais on encourageait aussi les enfants à consacrer leurs énergies sur ce qu’ils aimaient. Pour Polley, c’était l’écriture.

«En 2e année, je passais des journées entières à écrire des histoires. Je me rendais en classe comme s’il s’agissait d’un bureau et je travaillais, et Mme Panikkar me laissait lire mes histoires à la classe.

«Nous avions des partenaires de lecture, des élèves de 5e année, et, un jour, nous marchions dans le corridor – ils étaient devant moi – et j’ai entendu Mme Panikkar leur dire "elle, elle sera écrivain", ne croyant sans doute pas que j’entendais cette conversation. Mais quand j’y repense, je crois qu’elle savait que je l’entendais. Elle avait un ton de voix très sérieux, et c’était une sensation incroyable de se faire prendre au sérieux tout le temps par cette adulte.»

Même quand Panikkar connaissait des jours difficiles, elle donnait l’impression d’aimer être entourée d’enfants et d’aimer les aider à apprendre, ajoute Polley. «Sa personnalité était lumineuse et brillante. Elle riait tout le temps, comme une personne qui aime ce qu’elle fait.»

Polley se rappelle du respect qu’elle vouait à chaque enfant dans ses échanges avec eux.

Un jour, une camarade agitée a commencé à s’énerver, à crier et l’enseignante ne pouvait la calmer. Alors qu’elle essayait de sortir l’élève de la classe, Panikkar a été frappée au visage et son nez s’est mis à saigner, mais elle n’a jamais flanché et a gardé son calme, dit Polley. «Elle était tout de calme et de gentillesse et ne laissait jamais transparaître ses inquiétudes. Je me rappelle que cela a grandement influencé la façon avec laquelle j’ai traité cette fille-là, qui ne représentait ni une menace ni une paria. Elle n’était qu’une fille qui avait un problème dont l’enseignante devait s’occuper. Sa façon de nous traiter et d’être capable de voir comment elle s’était occupée de cette petite fille a vraiment influencé les relations que nous avions entre nous.»

Polley donne également Panikkar comme ayant une grande influence sur sa sensibilisation aux questions sociales. «Avec elle, pas de sermon, mais elle participait toujours aux activités de la communauté et je suis persuadée que cela se reflétait dans ce qu’elle faisait à l’école. Son respect des autres, même des enfants de six ans, restera toujours gravé dans ma mémoire et constitue une inspiration qui m’influence encore dans ma façon d’aborder les autres.»

Voilà environ deux ans, Polley et Panikkar se sont rencontrées par hasard dans un centre commercial et se réunissent parfois depuis pour se remémorer des souvenirs de 2e année. Cela a incité Polley à écrire une longue lettre sur ses souvenirs de cette année inoubliable.

«Il existe sans doute des milliers d’enseignantes et d’enseignants qui n’ont aucune idée de l’influence qu’ils ont eue sur la vie d’une personne et sur ce que cette personne est devenue, précise Polley. De faire savoir à quelqu’un à quel point cette personne a exercé une influence positive sur soi est indescriptible.»

Panikkar aussi raconte sa chance de savoir à quel point elle a influencé ses élèves. «Cela donne une valeur incroyable à tout ce que l’on a fait. J’ai lu la lettre de Sarah à d’autres, car je crois qu’il devrait y avoir un élève dans la carrière de chaque enseignante ou enseignant qui, un jour, lui exprime sa gratitude pour l’influence que cette personne a exercée. C’est là un cadeau que je n’oublierai jamais; je n’en ai jamais reçu de semblable.»

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