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L'enseignement : une formation de 2 ans

D’Helen Dolik

C’est une étape historique pour la profession enseignante. La formation des futurs pédagogues de l’Ontario connaîtra des changements majeurs, et l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario est au premier plan.

Dès 2015, la durée des programmes de formation à l’enseignement passera de deux à quatre semestres. Cela permettra de doubler la formation pratique (de 40 à 80 jours) et les enseignantes et enseignants gagneront davantage d’expérience. Le programme accordera une plus grande importance aux notions d’équité et de diversité, aux besoins des élèves en difficulté, aux problèmes de santé mentale des enfants, des jeunes et des parents dans le contexte pédagogique, et à l’utilisation de la technologie comme outil d’enseignement.

La première cohorte sera réduite de moitié et passera de 9 000 à 4 500 étudiantes et étudiants.

L’objectif de ces changements est d’offrir aux étudiants une meilleure préparation pour affronter les défis d’une classe contemporaine et d’adapter le programme de formation initiale à un marché du travail de plus en plus restreint, ainsi qu’à un surplus d’enseignants qui s’accroît régulièrement depuis 2005. Par ailleurs, le sondage annuel de l’Ordre sur la transition à l’enseignement révèle que, pour les nouveaux pédagogues, une expérience pratique prolongée durant la formation initiale est la plus grande priorité.

«Le programme de formation à l’enseignement marque le déclenchement d’une carrière de 30 ans, précise Michael Salvatori, EAO, chef de la direction et registraire de l’Ordre. Les étudiants des facultés d’éducation ne font qu’entrer dans la profession. On ne s’attend pas à ce qu’ils soient pleinement formés en début de carrière. Il n’y a pas à douter de leurs compétences et qualifications initiales, mais ils se perfectionneront tout au long de leur carrière.

«Ces étudiants sont des enseignants en herbe et c’est peut-être la bonne manière de voir les choses. Ils auront plus de temps pour croître et s’épanouir sous les ailes des professionnels d’une faculté, alors que, dans un programme plus court, on comptait beaucoup plus sur les mentors et les directions d’école.»

En tant qu’organisme d’autoréglementation de la profession, l’Ordre est responsable d’établir les exigences des programmes et des qualifications des enseignantes et enseignants de l’Ontario. En collaboration avec le ministère de l’Éducation et les facultés d’éducation, l’Ordre a élaboré un programme visant à mieux préparer les futurs pédagogues pour que leurs élèves puissent mieux affronter les défis du XXIe siècle.

D’autres programmes de formation professionnelle tels que la médecine, la dentisterie et les soins infirmiers, indique M. Salvatori, ont également des durées de formation plus longues. «À mon avis, les membres du public, et surtout les parents, seront heureux de savoir que ce sont des enseignantes et enseignants qui ont fait cinq ou six ans d’études postsecondaires qui se consacrent à leurs enfants, ajoute-t-il. C’est bon signe. Lorsqu’ils nous parlent de ce qu’ils ont appris au cours de ce quatre semestres, on se rend compte à quel point c’est important.»

À quoi ressemble le nouveau programme?

«L’Ordre a toujours envisagé de prolonger la durée du programme, affirme Michelle Longlade, EAO, directrice des Normes d’exercice et de l’agrément. C’est une réaction à un besoin que nous ont exprimé les membres de la profession enseignante. L’Ordre cherche constamment à apporter des améliorations. Nous réagissons aux changements qui surviennent dans l’environnement et au sein de la profession enseignante.»

Le programme d’une durée de quatre semestres, plus couramment appelé «programme de deux ans», avait d’abord été envisagé par la Commission royale sur l’éducation et proposé en tant que recommandation dans son rapport de 1995 intitulé Pour l’amour d’apprendre. Une formation à l’enseignement plus longue faisait également partie des recommandations du rapport de l’Ordre, Préparer le personnel enseignant pour demain, sorti en 2006. Avant d’élaborer ce rapport, l’Ordre avait mené des consultations approfondies auprès du secteur de l’éducation.

L’étude annuelle de l’Ordre sur la transition à l’enseignement, dans le cadre de laquelle on consulte des nouveaux membres du personnel enseignant tout en effectuant un suivi de leur parcours, a révélé que l’augmentation de la durée de l’enseignement pratique est une grande priorité. Le sondage 2012 des pédagogues en première année de carrière continue de fournir la preuve que le nombre de pédagogues continue d’être excédentaire, avec une croissance accrue du taux de chômage pour une quatrième année consécutive. Plus du tiers des personnes diplômées en 2011 des facultés de l’Ontario et des écoles postsecondaires frontalières américaines qui cherchaient un emploi n’en ont pas trouvé. D’après le sondage, ces personnes étaient actives dans leur recherche de travail, mais ne sont même pas parvenues à trouver du travail de suppléance à la journée.

Comme je sais que je serai encore jeune quand j’obtiendrai mon diplôme, une année de plus me permettra de gagner en maturité. Un an de plus pour grandir et m’améliorer. Si vous comptez enseigner pour le reste de votre vie, mieux vaut le faire correctement.
Jeremy, École secondaire catholique Saint-Charles-Garnier, Whitby

«Les diplômés de programmes que nous agréons sont déjà de haut calibre, déclare Liz Papadopoulos, EAO, présidente du conseil de l’Ordre. Lorsqu’on compare les résultats de nos élèves à ceux des élèves d’autres pays, on ne saurait douter de la qualité de l’enseignement dont bénéficient nos élèves.

«Ces nouveaux programmes de formation initiale prolongée pourraient améliorer la perception du public pour la profession. Ils ne doivent pas créer de division au sein de la profession. L’enseignement n’est pas une profession où règne la concurrence, mais bien la collaboration et l’interdépendance. Cela permet aux professionnels ayant déjà acquis de l’expérience de côtoyer des diplômés d’un programme de quatre semestres et d’en profiter, et aux nouveaux membres de la profession de côtoyer des personnes qui exercent la profession depuis 30 ans et d’apprendre d’elles.»

En tant que partenaire principal, l’Ordre a participé conjointement aux discussions entourant ces nouveaux programmes avec le ministère de l’Éducation, notamment en ce qui concerne la durée et le contenu des cours et des périodes de stage. Au moment d’élaborer, de réviser ou de modifier leurs programmes de formation en enseignement, les facultés font appel à l’Ordre quand ils ont besoin d’un guide. L’Ordre doit en effet veiller à ce que leurs programmes répondent à un certain nombre de critères avant de leur accorder l’agrément.

Tout comme pour les cours menant à une qualification additionnelle, l’Ordre est en train d’élaborer un guide d’agrément visant à aider les facultés à satisfaire aux nouvelles conditions des programmes de formation prolongés. L’Ordre collaborera avec les écoles et les facultés d’éducation afin que les programmes soient conformes à ces nouvelles conditions.

Photo de la porte d’entrée de l’Université Charles Sturt.
Photo d’étudiants marchant en face d’un des édifices de l’Université Lakehead.
Photo d’un des bâtiments de l’Université d’Ottawa.
L’Ordre est en train d’élaborer un guide d’agrément pour aider les facultés d’éducation (comme celles de l’Université Charles-Sturt, de l’Université Lakehead et de l’Université d’Ottawa ci-dessus) à répondre aux nouvelles exigences du programme prolongé.

Au profit des étudiantes et étudiants
Les facultés d’éducation des quatre coins de l’Ontario se préparent. L’Ontario Association of Deans of Education (OADE) vient de rédiger un document qui en énonce les éléments clés et les résultats en matière d’apprentissage.

Quand j’étais en 2e année, je voulais déjà être enseignant. Pour moi, c’est une passion. Je pense que le programme prolongé est une excellente idée parce qu’il permettra d’acquérir plus d’expérience. J’ai hâte de voir les nouveaux cours.
- Kali, Sinclair Secondary School, Whitby

«Le document de l’OADE et le cadre de travail du programme s’alignent l’un sur l’autre, affirme Fiona Blaikie, doyenne de l’Université Brock et présidente de l’OADE. Nous espérons améliorer le programme au profit des étudiantes et étudiants en enseignement. Nos diplômés ont déjà reçu une excellente formation. Le programme prolongé permettra aux étudiants de s’investir plus en profondeur, aussi bien en théorie qu’en pratique.»

Deani Van Pelt, EAO, directrice du programme de formation à l’enseignement du Collège universitaire Redeemer, fait remarquer que la durée de son programme de formation à l’enseignement a toujours été plus longue. La durée du baccalauréat en éducation de cette université chrétienne spécialisée en sciences et en arts libéraux est effectivement de trois semestres. «Il a toujours été de notre avis que la formation d’un professionnel nécessite plus de huit mois, ajoute-t-elle, et c’est autour de ce principe que notre programme a été conçu.»

Cette faculté a déjà établi un programme pour se conformer aux nouvelles exigences, tout en maintenant les atouts distinctifs de l’université et l’héritage du programme existant.

«À mon avis, le programme prolongé améliorera les qualifications des enseignantes et enseignants qui entrent dans la profession, affirme Mme Van Pelt. Ces personnes auront eu plus de temps pour se développer, forger leur identité en tant que pédagogue, et peaufiner leurs compétences, lesquelles se baseront sur des connaissances fondamentales plus solides. Le fait de pouvoir s’appuyer sur un organisme professionnel est un privilège. Pour moi, le leadership de l’Ordre dans cette province par rapport à cette initiative aura des répercussions nationales, voire internationales.»

Deux ans me donneraient plus de temps pour me préparer à enseigner. Un an, c’est un peu court. Deux ans, ce serait mieux.
- Costa, White Oaks Secondary School, Oakville

Quels effets ces changements auront-ils sur les étudiants déjà inscrits?

L’Ordre travaille désormais à instaurer des transitions provisoires et à élaborer une réglementation qui, une fois approuvée, stipulera que toute personne ayant entamé (sans avoir terminé) un programme de formation à l’enseignement reconnu en Ontario au plus tard le 31 août 2015 sera admissible à l’inscription à l’Ordre.

Pour répondre au surplus d’enseignantes et d’enseignants – aussi bien au chômage qu’en situation de sous-emploi – la première cohorte du nouveau programme sera réduite de moitié. Dès septembre 2015, les facultés accepteront donc 4 500 étudiants. au lieu des 9 000 étudiants pour lesquels elles réservaient des places jusqu’à présent. Les premiers finissants du nouveau programme obtiendront leur diplôme en 2017.

«Il n’y aura donc aucun diplômé d’un programme consécutif en 2016, mais il pourrait y en avoir d’un programme concurrent», de dire Mme Longlade.

L’Ordre est fier de ses responsabilités en matière d’agrément. Jusqu’à présent, il a agréé plus d’une cinquantaine de programmes de formation à l’enseignement à temps plein et à temps partiel au sein de 18 facultés d’éducation ontariennes.

Bill Kirkwood, membre du conseil de l’Ordre et président du comité d’agrément, affirme que le comité et l’Ordre devront réévaluer et modifier le processus d’agrément, et que des rajustements seront nécessaires. également les efforts importants déployés pour inclure davantage de matière dans les nouveaux programmes d’éducation de l’enfance en difficulté et des traditions, cultures et points de vue des Premières Nations, des Métis et des Inuits. «Cela permet aux étudiants d’avoir un apprentissage plus vaste.»

En un clin d’œil

Avez-vous des questions?

Y avait-il un problème avec l’ancien programme?

Les politiques gouvernementales, les conseils des représentants du domaine de l’éducation, les pratiques dans d’autres provinces et les tendances mondiales sont autant de facteurs à avoir contribué à ce changement. D’après le sondage annuel de l’Ordre sur la transition à l’enseignement, les nouveaux pédagogues veulent pouvoir s’exercer davantage à enseigner.

Les membres en vigueur devront-ils se conformer aux nouvelles exigences ou renouveler leur adhésion en fonction des nouvelles exigences?

Si vous êtes membre en règle de l’Ordre, il ne sera pas nécessaire de vous conformer aux nouvelles exigences. L’Ordre travaille fort à examiner d’autres scénarios ou tout effet sur les anciens membres que pourrait avoir ce nouveau programme. Une nouvelle réglementation sera élaborée à l’hiver afin de mieux clarifier la situation. Il vous sera possible de la consulter dans les prochains numéros de Pour parler profession.

Ces changements auront-ils un effet sur les cours menant à une QA qui sont offerts actuellement?

Les cours menant à une qualification additionnelle sont très appréciés de nos membres, et le taux de participation reflète leur niveau d’engagement à l’apprentissage continu. En 2012, nos membres ont suivi au total 37 626 cours menant à une qualification additionnelle en Ontario. Il n’y a aura pas de changements au système de cours existant.

Les nouveaux membres seront-ils avantagés sur le marché du travail par rapport aux diplômés d’un programme d’un an?

Un membre de l’Ordre est un membre de l’Ordre. Les enseignantes et enseignants agréés de l’Ontario (EAO) ont rempli les critères d’agrément à un moment donné. Les exigences d’entrée dans la profession peuvent toujours changer.