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Mini questionnaires

avec Dominic Giroux

D’Hélène Matteau
Photo : Matthew Plexman

Photo de Dominic Giroux, assis à son bureau, devant une fenêtre. Il tient un stylo entre les mains.

Dominic Giroux, EAO, est devenu le neuvième recteur de l’Université Laurentienne en 2009, et il siège au conseil de direction de l’Association des universités et collèges du Canada à titre d’administrateur. Il est également vice-président de l’Association des universités de la francophonie canadienne. Il a été sous-ministre adjoint attaché aux ministères de l’Éducation de l’Ontario ainsi que de la Formation et des Collèges et Universités. En 2010, il a été nommé l’un des 40 Canadiens performants de moins de 40 ans. Au congrès du GREF, en avril dernier, il animait la tribune «L’éducation en langue française, point d’appui de la francophonie comme levier politique sur la scène régionale, nationale et mondiale ». Comment l’école peut-elle renforcer l’influence des communautés francophones au Canada?

On sait que l’éducation contribue à augmenter le poids politique des communautés. Comment ce principe s’applique-t-il aux minorités francophones?

Les communautés francophones et acadiennes doivent prendre – et non pas demander – la place qui leur revient. L’éducation revêt une importance capitale si nous voulons exercer un leadership important dans toutes les sphères de la société. Qui aurait pensé que l’université et l’hôpital de Sudbury seraient un jour dirigés par des francophones?

Et sur le plan économique, quel rôle l’école joue-t-elle?

Toute institution éducative contribue au développement économique de sa région par la création d’emplois. Des diplômés talentueux, ouverts sur le monde, qui ont le goût d’apprendre, d’entreprendre et de prendre des risques attirent les investissements.

Par exemple, ces 10 dernières années, l’Université Laurentienne a obtenu plus de 211 millions de dollars en contrats de recherche. C’est un rayonnement important et stimulant pour la prospérité de nos communautés. Le projet de notre École d’architecture, qui a ouvert ses portes en septembre au centre-ville de Sudbury, était justement de contribuer à la revitalisation économique de ce secteur névralgique de la ville. Une récente étude d’une tierce partie a chiffré l’impact économique annuel de la Laurentienne à plus de 310 millions de dollars et plus de 2 500 emplois.

Comment l’enseignant peut-il «vendre» à ses élèves l’importance des études post-secondaires comme levier social?

Environ 70 pour cent des nouveaux emplois nécessiteront des études postsecondaires. Le Canada aura besoin d’employés qui peuvent fonctionner en français, en anglais et même dans une troisième langue. La demande sera forte tant pour les programmes de métiers que pour les collèges et universités. En 2011, le salaire moyen des Canadiens était de 46 000 $ pour les titulaires d’un diplôme d’études secondaires et de 80 500 $ pour un diplôme universitaire. La Laurentienne est l’université ontarienne présentant les taux d’employabilité les plus élevés après l’obtention d’un grade. À cet égard, notre Plan stratégique 2012-2017 est très clair : préparer les étudiants à devenir des agents de changement en les incitant à ébranler nos connaissances et en leur donnant les moyens de trouver des solutions innovatrices aux problèmes locaux et mondiaux.

Les universitaires ont-ils un devoir de mobilisation sur la scène sociopolitique?

Le rôle des universités est de fournir l’espace nécessaire au choc des idées, même celles qui peuvent déplaire ou offusquer. C’est pourquoi la liberté du corps professoral est nécessaire. Nous encourageons nos professeurs à poursuivre des activités professionnelles hors de l’université et à offrir leurs services à la collectivité; c’est d’ailleurs précisé dans leur convention collective.

Pour en savoir plus

Photo de John Mighton, les bras croisés, appuyé contre un tableau noir où figurent des équations mathématiques.

avec John Mighton

De Laura Bickle
Photo : Chris Chapman

Dramaturge primé et auteur à succès de Toronto, John Mighton est d’avis que tout le monde peut apprendre à aimer les mathématiques. JUMP Math, son approche pédagogique renommée, a transformé la façon dont des milliers d’élèves font leurs calculs. En janvier, le ministère de l’Éducation des États-Unis a annoncé qu’il accordait une subvention de recherche de 2,7 millions de dollars américains à l’Hôpital pour enfants malades de Toronto afin de comparer son approche avec les autres méthodes utilisées en Ontario. Nommé Officier de l’Ordre du Canada et titulaire d’un Ph. D. en mathématiques ainsi que d’une M.A. en philosophie, M. Mighton espère que la recherche changera notre façon d’enseigner les maths.

JUMP Math, qu’est-ce que c’est?
Le programme JUMP suit le curriculum de mathématiques de la 1re à la 8e année; plus de 100 000 élèves l’utilisent au Canada.

L’approche équilibrée, nommée «découverte guidée», permet à l’élève d’explorer et de découvrir les concepts à son propre rythme avec le soutien de son enseignant. JUMP Math offre également une formation spécialisée et des ressources aux pédagogues.

Chaque leçon consiste en une série de défis de plus en plus difficiles.

L’évaluation est immédiate (contrairement aux tests de fin d’unité de travail, par exemple); les élèves sont ravis de leur succès et personne ne prend de retard. Des exercices aident à renforcer et donc à maîtriser chaque nouveau concept enseigné.

Qu’est-ce qui vous fait croire en l’efficacité du programme?

Si vous échafaudez les défis en proportions raisonnables et donnez immédiatement de la rétroaction, tous les élèves réussissent – vous les faites tous participer et leur cerveau fonctionne de façon plus efficace. Si la moitié des élèves trouvent qu’un défi est insurmontable, vous n’obtiendrez jamais l’enthousiasme suscité par le succès de toute une classe. Carol Dweck, psychologue réputée, dit que l’approche JUMP aide les enfants à développer une mentalité de croissance : ils apprennent à persévérer.

Il faut leur apprendre à utiliser la force du cerveau tout comme ses faiblesses. On est facilement dépassés par un trop-plein d’informations; on doit apprendre à consolider les concepts, mais il faut aussi recevoir de la rétroaction immédiatement pour garder l’intérêt élevé.

De nombreuses recherches suggèrent que le rappel automatique des chiffres est plus important que nous le croyions, car il libère l’espace mental pour traiter de nouvelles informations.

Si les chiffres ne vous disent rien, vous ne pouvez pas reconnaître une répétition ni faire une prédiction ou une estimation.

Parlez-nous de la recherche menée par l’Hôpital pour enfants malades.

Nous avons participé à une étude aléatoire avec une équipe de l’Hôpital pour enfants malades et de l’IEPO/UT qui a montré que, dans le cadre du programme JUMP, les progrès des élèves sont deux fois plus rapides que ceux du groupe témoin. L’hôpital a reçu la subvention grâce, en partie, à ces résultats.

La recherche en cours porte sur un plus grand nombre de classes et sur une période bien plus longue.

Quel résultat prévoyez-vous obtenir?

Jusqu’à présent, c’est difficile à dire. Les travaux de recherche se déroulent alors que les écoles témoins font déjà beaucoup d’efforts pour améliorer leur méthode d’enseignement des mathématiques. Il est donc difficile à dire si les résultats vont être aussi forts que par le passé.

Si les élèves du programme JUMP réussissent aussi bien ou mieux que ceux du groupe témoin, j’espère que les conseils scolaires permettront aux pédagogues d’essayer de nouvelles approches.

Pour faire des progrès, il faut leur donner le droit et les moyens d’innover.

Pour en savoir plus