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Mini questionnaire

avec Michael Fullan

De Laura Bickle

"N/A"

Chassez l’ennui et vous améliorerez l’éducation : c’est la pensée dominant les efforts que déploie Michael Fullan (michaelfullan.ca) dans la réforme de notre système scolaire.

En tant qu’ancien doyen de la Faculté d’éducation de l’Université de Toronto, le conseiller spécial du gouvernement de l’Ontario en éducation et professeur émérite à l’IEPO/UT est bien placé pour prononcer un tel discours. M. Fullan a écrit plusieurs livres et articles sur l’éducation, le changement et le leadership, dont The Principal: Three Keys to Maximizing Impact, publié cette année. Il a également reçu l’Ordre du Canada en raison de ses contributions.

M. Fullan explique en quoi encourager la collaboration, adopter la technologie et revoir la relation enseignant-élève peuvent rendre l’expérience éducative plus stimulante et plus productive.

Pourquoi faut-il réformer notre système d’éducation?

Nous devons combler l’écart entre les élèves ayant un bon rendement scolaire et ceux qui réussissent moins bien, et ce, partout dans le monde, y compris au Canada. L’ancien modèle ennuie les enseignants et les élèves; grâce à la technologie, la période d’apprentissage excède les heures normales de travail. Le fonctionnement des écoles doit être repensé, mais cela ne veut pas dire qu’il faille abandonner le système actuel – les enseignants sont essentiels.

Votre ouvrage The Stratosphere Integrating Technology, Pedagogy and Change Knowledge a fortement influencé les pédagogues; expliquez le titre.

La stratosphère fait référence à une vision qui prévoit des améliorations en enseignement en mettant l’accent sur la nouvelle pédagogie et en exploitant la technologie pour accélérer le processus. L’approche est associée à des méthodes de changement efficaces, comme des réunions du personnel régulières où les pédagogues parlent de leurs défis et succès afin de favoriser le perfectionnement professionnel. Le titre évoque les nuages, une image signifiant que l’atmosphère plus vaste fait partie du flux d’information.

En quoi consiste la nouvelle pédagogie?

C’est un partenariat entre enseignants et élèves qui donne de meilleurs résultats d’apprentissage. Le rôle du pédagogue change : de détenteur du savoir devant la classe, il devient collaborateur, ce qui permet un enseignement presque individuel. De plus, ce partenariat libère les enseignants. Cela leur donne la possibilité de travailler avec des groupes d’élèves et permet ainsi aux élèves de collaborer.

Comment définissez-vous l’apprentissage en profondeur?

L’apprentissage en profondeur suppose la compréhension et l’application des leçons enseignées, et non un processus de mémorisation. Il se compose de six éléments (appelés en anglais les «six C»), soit la pensée critique, la créativité, la collaboration, la communication, la formation du caractère et la citoyenneté.

En pratique, à quoi cela ressemble-t-il?

La classe inversée (consultez Pour parler profession, juin 2014, «Le monde à l’envers», à bit.ly/1uH3pFK) et l’apprentissage fondé sur la réalisation de projets sont deux exemples d’apprentissage plus enrichissant (mais il y en a d’autres). Vous constaterez également un meilleur esprit de collaboration entre pédagogues et élèves.

Quel est le rôle des directions d’école?

Elles travaillent avec les pédagogues à changer la culture de l’école. L’approche de haut en bas ne donne plus les résultats escomptés. Les directions encouragent l’autonomie des enseignants et les influencent, mais elles les écoutent également et apprennent d’eux.

Parlez-nous de votre dernier projet, Les nouvelles pédagogies pour un programme d’apprentissage en profondeur.

C’est un programme de trois ans auquel participent dix groupes de 100 écoles provenant de dix pays différents, y compris le Canada. Les écoles mettent en pratique les «six C» et la stratosphère. Le programme intègre la pratique dans la théorie, et non l’inverse. (Pour en savoir plus, visitez newpedagogies.info [en anglais]).

Quel rôle la technologie joue-t-elle?

Les gens ont peur des changements et de l’inconnu. Nous pouvons gérer cette anxiété en percevant la technologie comme une occasion d’apprentissage et en nous demandant de quelle façon elle peut améliorer notre travail. Puisque les élèves ont adopté l’utilisation d’appareils technologiques, pourquoi ne pas les inclure dans la solution? La technologie remplit une fonction et un rôle importants en éducation; nous n’avons qu’à y penser d’une façon critique.