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Protéger l’intérêt du public

Au fur et à mesure que l’enseignement et l’apprentissage évoluent au fil du XXIe siècle, la façon dont l’Ordre réglemente la profession enseignante de l’Ontario évolue elle aussi.

De Gabrielle Barkany et Brian Jamieson
Illustrations : Simon Dovar/Eye Candy

Illustration de la couverture du roman Frédéric qui représente une clé dans une serrure sur un fond blanc ressemblant à un casse-tête.

Chaque jour, des enseignantes et enseignants, comme vous, offrent à leurs élèves des occasions d’apprendre et d’enrichir leur vie. En incarnant les normes d’empathie, de confiance, de respect et d’intégrité, les membres de la profession enseignante sont une source d’inspiration pour leurs élèves et les aident à atteindre leur plein potentiel. D’ailleurs, d’autres professionnels, comme les infirmières et infirmiers, les médecins ainsi que les travailleuses et travailleurs sociaux, mettent en avant les mêmes qualités quand ils communiquent, prennent des décisions et interagissent avec les gens.

Attentes du public

Le mandat de l’Ordre est de servir et de protéger l’intérêt du public. Le public s’attend à ce que les professionnels possèdent un bagage de connaissances et de compétences particulières. Comme pour les membres de toute autre profession réglementée, le public veut avoir la certitude que les enseignantes et enseignants sont des professionnels agréés, qu’ils possèdent des connaissances à jour en matière de pratiques et qu’ils se sont engagés à apprendre la vie durant.

Un texte illustré dit : «Empathie, confiance, respect, intégrité».

Contexte changeant

Au fur et à mesure que l’enseignement et l’apprentissage évoluent au fil du XXIe siècle, la façon dont l’Ordre réglemente la profession enseignante de l’Ontario dans l’intérêt du public évolue elle aussi. Cette évolution est essentielle, car les attentes du public à l’égard des organismes d’autoréglementation professionnelle, comme l’Ordre, ont grandement changé.

Par exemple, nous vivons à une époque où il faut rendre des comptes. En tant que membres de la société d’aujourd’hui, nous sommes mieux informés et nous nous affirmons davantage. Nous posons plus de questions. Nous voulons avoir la certitude que les professionnels prennent des décisions de façon juste, invariable, impartiale et en fonction de normes compréhensibles et clairement établies, et ce, qu’il s’agisse d’un médecin qui prescrit un médicament ou d’une enseignante qui évalue l’exposé oral d’un élève.

Autrement dit, nous, membres du public, tenons les décideuses et décideurs responsables de leurs décisions. Nous voulons savoir comment et pourquoi ces décisions sont prises, et si les personnes et les établissements concernés répondent aux besoins des groupes qu’ils desservent. En tant que parents, élèves, clients ou patients, nous attendons d’un professionnel ou d’un organisme qu’il rende compte de ses activités, qu’il prenne ses responsabilités et qu’il révèle les résultats avec transparence.

Le fait de devoir rendre des comptes fait intrinsèquement partie de l’enseignement. Quand nous pensons à la responsabilité d’un enseignant, nous pensons à la façon dont elle s’applique au bien-être de ses élèves et aux comptes qu’il doit rendre sur leurs progrès. Mais qu’est-ce que cette particularité signifie pour des organismes de réglementation professionnelle comme l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario ou l’Ordre des vétérinaires de l’Ontario? Elle signifie que nous devons mener nos activités réglementaires de façon à servir et à protéger l’intérêt du public.

L’Ordre s’acquitte de ce devoir en travaillant sur les 11 objets énoncés dans sa Loi. L’Ordre établit et fait respecter les normes professionnelles et les normes de déontologie applicables à ses membres; n’accorde l’autorisation d’enseigner qu’aux personnes qui possèdent les qualifications requises, répondent aux exigences linguistiques et ont de bonnes mœurs; accorde l’agrément aux programmes de formation à l’enseignement; prévoit le perfectionnement professionnel des enseignants; et révoque ou suspend le certificat des membres qui transgressent les normes d’exercice et de déontologie établies par les enseignants, pour les enseignants.

Il est dans l’intérêt du public que les enseignantes et enseignants soient des professionnels certifiés et qualifiés qui aspirent aux normes professionnelles les plus élevées. Le public mérite de savoir que les élèves sont en sécurité et profitent d’occasions d’apprentissage pertinentes. C’est pourquoi le perfectionnement professionnel fait partie intégrante de la carrière de tout enseignant qui se respecte. Ainsi peut-il constamment améliorer les activités pédagogiques qu’il offre à ses élèves. Et cela est directement lié à l’intérêt du public.

Nous avons aussi la responsabilité légale de prévoir la formation continue de nos membres (reportez-vous à l’encadré Rôle de l’apprentissage professionnel). Nous nous acquittons de cette responsabilité, entre autres, en agréant les cours et programmes qui permettent aux pédagogues d’obtenir l’autorisation d’enseigner et de se perfectionner tout au long de leur carrière. De plus, de concert avec d’autres organismes, nous jouons un rôle en matière d’apprentissage professionnel. L’un des objets de l’Ordre est de prévoir la formation continue de ses membres, ce que nous faisons en agréant les cours menant à une qualification additionnelle (QA); en publiant des recommandations professionnelles à l’intention de nos membres afin d’enrichir leur jugement professionnel; et en communiquant régulièrement avec eux par l’entremise de Pour parler profession et du cyberbulletin Des nouvelles de l’Ordre pour leur transmettre de l’information à l’appui de leurs pratiques et connaissances professionnelles, deux normes d’exercice de la profession. Nous offrons aussi du perfectionnement continu lié directement à nos activités par l’entremise de séances d’information sur les normes, de présentations sur l’Ordre dans le cadre de cours menant à une QA et du congrès de l’Ordre.

Notre mandat ne change pas, mais le contexte dans lequel nous opérons est en constante évolution. Par exemple, nous avons joué un rôle de leadership dans l’élaboration du programme de formation à l’enseignement prolongé, et ce, en réponse à l’évolution du système d’éducation de l’Ontario. Et nous continuons à veiller à ce que nos membres soient prêts à enseigner dans les conditions d’aujourd’hui et à relever les défis de demain. Notre recommendation professionnelle sur l’utilisation des médias sociaux est un exemple de notre souplesse à suivre l’évolution de la société.

Communiquer avec le public

Afin de réglementer une profession dans l’intérêt du public, l’organisme responsable doit établir des relations avec ses membres pour leur fournir les conseils et l’appui dont ils auront besoin tout au long de leur carrière. Pour ce faire, il utilise une variété de moyens de communication.

Nous avons la responsabilité légale de communiquer avec le public au nom de nos membres. Cependant, nous devons déployer davantage d’efforts dans ce domaine. Selon les rapports sur les résultats de consultations récentes, nos membres et le public n’en savent pas assez sur notre rôle et nos responsabilités.

En 2014, pour pallier ce manque, nous avons lancé une initiative de sensibilisation du public (dont un programme complet de communication au moyen d’annonces imprimées, radiophoniques et électroniques) et une série de présentations aux conseillers scolaires et aux comités de parents au sein des conseils scolaires. Cette initiative a pour but de nous faire connaître du public afin qu’il sache ce que nous faisons et la façon dont nous réglementons la profession enseignante en Ontario. Mais, surtout, elle vise à informer le public que nos membres sont hautement qualifiés.

Faire participer les membres

Que ce soit par l’élaboration de recommandations professionnelles ou d’articles dans Pour parler profession, l’Ordre s’engage à aider ses membres et réfléchir à des moyens de faire avancer la profession.

L’Ordre présente les aspects du professionnalisme de ses membres dans son site web afin que le public ait confiance en la compétence des enseignantes et enseignants. Il ne s’agit pas de rendre hommage à des personnes en particulier, mais plutôt d’inspirer la confiance en la profession dans son ensemble.

Le contexte dans lequel nous opérons n’est pas immuable. Au fur et à mesure que l’Ordre évolue, il doit s’adapter à la nouvelle réglementation laquelle est en constante évolution.

Rôle de l’apprentissage professionnel

Michael Salvatori, EAO, registraire et chef de la direction de l’Ordre, a rencontré Margaret Wilson, EAO, première registraire de l’Ordre. Il s’est entretenu avec elle au sujet de sa vision de l’apprentissage professionnel, du rôle que joue l’Ordre dans ce domaine et de son importance pour le public.

Michael Salvatori : En réfléchissant au perfectionnement professionnel continu en tant que norme d’exercice, je retiens deux éléments : apprentissage et professionnel. Une personne se sert de son jugement professionnel pour déterminer quel apprentissage, quel perfectionnement professionnel et quelle information l’aideront à enrichir sa pratique. Je crois que l’apprentissage professionnel revêt diverses formes, par exemple les congrès, les ateliers, les séminaires, le dialogue professionnel, les communautés d’apprentissage professionnel et le mentorat.

Margaret, pouvez-vous m’expliquer quelle était la vision de l’apprentissage professionnel quand l’Ordre a vu le jour en 1997?

Margaret Wilson : À l’époque, on commençait à avoir un réel besoin de cibler l’apprentissage professionnel et de le rendre plus largement disponible aux enseignants obligés de suivre les nouvelles directives en matière de curriculum ou de nouvelles technologies. Par exemple, les modifications apportées au curriculum après l’abolition de la 13e année auraient dû être appuyées par une initiative de perfectionnement professionnel à l’échelle de la province. Ce que je n’ai pas vu se concrétiser, c’est un système dans lequel l’Ordre contribuerait en transmettant des idées au Ministère au moment de l’élaboration de certaines de ces initiatives.

MS : Dans une profession aussi riche et diversifiée que l’enseignement, nombre d’organismes jouent un rôle sur le plan de l’apprentissage professionnel. À votre avis, à titre de leader qui a établi l’Ordre comme organisme d’autoréglementation, quel rôle joue l’Ordre en ce qui concerne l’apprentissage professionnel continu de ses membres?

MW : L’Ordre devrait établir des attentes de base raisonnables en matière de perfectionnement professionnel. Une autre responsabilité est le contrôle de la qualité dans les domaines touchant l’approbation des fournisseurs. Par exemple, que savons-nous de l’expérience des membres quant aux cours menant à une qualification additionnelle qu’ils ont suivis? Je crois que l’Ordre devrait aussi publier des exemples des meilleures pratiques. En fait, c’est ce que l’on retrouve dans Pour parler profession quand on publie des articles sur des activités pédagogiques que les membres organisent et qui sont nouvelles, différentes et efficaces.

Les recommandations professionnelles sur divers enjeux sont aussi très utiles parce qu’elles sont pratiques. De nouvelles façons très productives de percevoir l’apprentissage professionnel afin de lancer des initiatives originales pourraient aussi émaner de discussions avec le Ministère.

MS : Qu’est-ce que le public peut s’attendre de savoir sur l’apprentissage professionnel continu des membres?

MW : Pour le moment, le public n’a accès qu’aux renseignements sur les cours menant à une qualification additionnelle et sur les cours universitaires que les enseignants ont demandé de faire inscrire à leur certificat.

Je crois que les conseils scolaires pourraient faire un bien meilleur travail pour faire savoir que leurs enseignants s’adonnent à des activités de perfectionnement professionnel. Les membres de chaque profession réglementée de l’Ontario, comme les infirmières et les ingénieurs, doivent montrer à leur organisme de réglementation qu’ils se sont adonnés à des activités d’apprentissage professionnel.

MS : L’un de nos objets est de communiquer avec le public au nom de nos membres. Ainsi, nous renseignons le public au sujet de l’apprentissage professionnel de nos membres par l’entremise de notre revue, de bulletins d’information et de présentations. À votre avis, devrions-nous adopter d’autres moyens de communication?

MW : La radio, surtout le matin, est très efficace. Les médias sociaux sont une autre façon de joindre un vaste public.

MS : Pourquoi est-ce si important de communiquer avec le public?

MW : Chaque profession veut que le public ait confiance en la compétence et le professionnalisme de ses membres. Les enseignantes et enseignants peuvent exercer leur profession durant 25, 35, voire 40 ans, il est donc très important que le public sache qu’ils sont à jour, qu’ils connaissent les besoins changeants des élèves et les nouvelles exigences du curriculum et qu’ils sont raisonnablement compétents en matière de nouvelles technologies.

En fin de compte, il s’agit de la confiance accordée à la profession et, par conséquent, aux écoles publiques et privées, ainsi qu’aux divers établissements où œuvrent les membres de l’Ordre, y compris les facultés d’éducation.

Mener par l’exemple

Comme de nombreux membres de la profession, Harriet Simand, EAO, comprend ce que sont des expériences d’apprentissage pertinentes pour ses élèves. Enseignante à l’élémentaire à Toronto et lauréate de l’un des Prix du Premier ministre pour l’excellence dans l’enseignement en 2012, Mme Simand a le don de transmettre à ses élèves l’amour d’apprendre. Elle a monté un test de relaxation pour réduire l’anxiété par rapport aux maths, a escorté ses élèves à l’hôtel de ville pour revendiquer l’interdiction des sacs en plastique et a présenté des écoles en milieu urbain à ses élèves pour les aider à comprendre la diversité.

«Je crois que, dès un jeune âge, on peut éveiller le sens de la justice sociale chez les élèves. Autrement dit, leur faire comprendre que l’on peut être moteur de changement et qu’on en a la responsabilité», a-t-elle expliqué dans une entrevue qu’elle a donnée à Pour parler profession, en 2013.

Mme Simand inculque le sens des responsabilités à ses élèves pour les aider à devenir des citoyens empathiques, ouverts et responsables. Le concept de responsabilité est lié aux attentes du public envers n’importe quel professionnel. En tant que membres d’une profession qui évolue, les enseignantes et enseignants ont la responsabilité d’examiner constamment leur propre niveau de compétence et d’efficacité, et de l’améliorer au besoin. D’ailleurs, l’Ordre a la même responsabilité.