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Autoréglementation

Cette section donne des renseignements sur les questions législatives et réglementaires qui touchent les membres de la profession. Vous y trouverez notamment les dernières nouvelles concernant l’agrément des programmes de formation, les exigences en matière de certification et de qualification, ainsi que les résolutions du conseil et les mesures disciplinaires.

Entretien avec Jean Charest

Pour parler profession s’est entretenu avec Jean Charest, 29e premier ministre du Québec et ancien vice-premier ministre du Canada, et l’un des orateurs principaux de la conférence de l’Ordre cette année, Inspirer la confiance au public.

De Gabrielle Barkany

Photo de Jean Charest, orateur principal du congrèsInspirer la confiance au public2014.
Jean Charest à notre conférence de 2014

Q : Vous avez été au service du public pendant près de 30 ans. Quelle est la plus importante leçon que vous en retenez?

R : Il faut aimer passionnément la vie. J’ai un amour très profond pour le Canada, pour ce peuple qui est pour moi une merveilleuse société. Il faut apprendre à écouter et réapprendre à écouter. S’il y a une chose que j’aurais faite différemment, c’est mieux communiquer. J’aurais fait plus d’efforts pour communiquer plus et mieux.

Q : Avez-vous fait des erreurs?

R : Ah oui! J’en ai fait plus que ma part. Je disais toujours en plaisantant au conseil des ministres qu’il ne fallait pas répéter les mêmes erreurs parce qu’il y avait tellement de nouvelles erreurs à faire... Si vous prenez des risques, vous allez faire des erreurs, et il faut apprendre de ses erreurs. J’ai beaucoup appris. Mes erreurs, je ne les ai pas faites par négligence, je les ai faites parce que j’avais une conviction que le changement n’arrive que par l’action, d’où le risque et la possibilité d’erreurs.

Q : Votre gouvernement a tenté d’instaurer un ordre des enseignants au Québec. Pourquoi était-ce important et pourquoi a-t-on abandonné l’idée?

R : On s’est inspiré de l’Ontario : vous offrez un exemple à suivre. Dans la première année de notre mandat, on a passé des lois qui étaient controversées et mal acceptées par les syndicats. Je constate que nous – et moi comme premier ministre – n’en avions pas fait suffisamment pour communiquer directement avec les personnes concernées et pour expliquer notre objectif.

Parce qu’on n’a pas fait suffisamment d’efforts, on n’a pas du tout été compris ni appuyés. On a abandonné le projet. Je pense toujours que c’est une bonne idée. L’objectif était d’abord de soutenir les enseignants et de les valoriser.

Q : Le public se méfie des instances gouvernementales. Pourquoi la notion de transparence est-elle importante?

R : Elle permet d’instaurer la confiance dans un environnement où il faut constamment regagner la confiance des gens. Il faut communiquer dans un langage qui rejoint les gens. Il faut se rappeler que les gens entendent parfois des choses différentes de ce que nous pensons avoir exprimé.

Q : Comment réconcilier le désir du public d’une plus grande transparence tout en assurant des audiences disciplinaires justes pour les parties concernées?

R : Très grand défi! Je pense que vous devez expliquer ce processus au public, ce qui n’est pas toujours facile. Défendre des droits fondamentaux ne rejoint pas toujours le degré de popularité que souhaiteraient certains médias, où tout devrait être connu.

Q : Parlez-nous d’un enseignant qui vous a marqué.

R : En 5e année du primaire, mon enseignant, Serge Christiaenssens, était aussi un comédien professionnel. Chaque cours d’histoire était jour de fête dans la classe : il jouait les personnages pour nous et nous étions fascinés. Cet homme m’a fait aimer l’histoire.

Q : Si vous pouviez passer une journée avec une personnalité historique, à qui penseriez-vous?

R : Je ne suis pas très religieux, mais je pense à Jean-Paul II, un homme dont on sous-estime la contribution. Il a joué un rôle clé dans la disparition du communisme et dans la vie de plusieurs millions de personnes pour qui le communisme était devenu un fardeau insupportable. Le mur de Berlin ne serait jamais tombé sans ce pape qui, dans les coulisses, a eu une influence déterminante dans la décision.

Q : Quels sont les traits de caractère que vous appréciez chez les personnes avec qui vous travaillez?

R : Je m’attends des gens autour de moi qu’ils soient francs avec moi. C’est comme ça qu’on m’a aidé le plus. Les équipes de travail que j’ai eues étaient extrêmement importantes, car il arrive souvent en politique qu’on ne puisse plus ou qu’on ne veuille plus parler aussi directement à la personne en charge, car ces personnes sont parfois intimidantes.

Quand on se retrouve en position d’autorité, comme premier ministre, et que l’on fait une erreur, ce n’est pas évident pour la personne qui est sous-ministre ou sous-ministre adjoint de dire «Franchement, ce que vous venez de faire est une erreur.» Il faut créer un environnement qui permet aux gens de donner le meilleur d’eux-mêmes, c’est-à-dire un environnement de travail qui est stimulant sur le plan humain. Ce que les gens ne savent pas, c’est à quel point le rapport est intense sur le plan humain dans la sphère politique. Les amitiés se forgent au fer rouge. C’est très enrichissant.

Q : Quels sont les traits de caractère qui vous déplaisent?

R : L’intolérance, la fermeture d’esprit, ceux qui ne font pas d’effort, qui n’écoutent pas, qui s’écoutent parler.

Q : Est-ce qu’on s’adoucit avec l’âge?

R : Ah! beaucoup! Plus on vieillit, plus on est heureux. On apprend que tout n’est pas tempête, que les contradictions ne sont pas toutes des offenses, qu’il faut accepter des choses dans la vie qui ne vont pas toujours dans le sens de ce qu’on voudrait. Pour les enseignants, c’est une question intéressante, car j’en suis venu à la conclusion qu’une des périodes les plus difficiles dans la vie, c’est l’adolescence. C’est une période très intense, de bonheur intense, de découvertes, mais, en même temps, nos habits sont tout le temps toujours trop grands ou trop petits. C’est une période difficile dans la vie d’un jeune et un défi pour l’enseignant qui les accompagne.

On réalise plus tard, lorsqu’on arrive à la fin de la quarantaine, que les choses sont relatives. Je vois autour de moi que les personnes dans la cinquantaine sont souvent plus heureuses que quand elles avaient 30 ou 40 ans.

L’entrevue a eté condensée pour les besoins de la publication.