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Mini questionnaire

avec Barbara Coloroso

De Laura Bickle
Photo : Lorella Zanetti

Portrait de Barbara Coloroso, souriante.

Comment une personne très compatissante s’y prendrait-elle? Cette question est au cœur de l’approche de Barbara Coloroso en matière de discipline et de déontologie. Ancienne enseignante et auteure de plusieurs livres, dont Le cadeau de la discipline personnelle, The Bully, the Bullied, and the Bystander et Just Because It’s Not Wrong Doesn’t Make It Right, Mme Coloroso a étudié la sociologie, l’éducation de l’enfance en difficulté, la théologie et la philosophie. Au cours de sa carrière s’échelonnant sur quatre décennies, elle a aidé maints conseils scolaires à élaborer des plans de discipline cohérents et respectueux, et a donné des conférences partout dans le monde. Depuis 30 ans, elle offre une formation de plusieurs jours à l’intention du personnel enseignant, à Toronto. Elle nous explique comment pratiquer sa philosophie en classe.

Comment les écoles peuvent-elles avoir des politiques disciplinaires plus efficaces?

Elles doivent bien comprendre la différence entre punir et discipliner. Punir, c’est ce que l’on fait aux élèves. Cela provoque encore plus de conflits et ne semble efficace qu’au moment présent. Discipliner, c’est ce que l’on fait avec les élèves. Cela a pour but de donner des ressources et d’aider les élèves à montrer de la compassion, à ne pas se laisser abattre et à prendre l’entière responsabilité de leur comportement.

Comment abordez-vous les problèmes de comportement?

Je les divise en trois niveaux : la bévue, la malice et la destruction. Il faut aborder chacun d’eux différemment. Marcher dans le corridor avec un crayon-feutre sans bouchon et laisser involontairement des traces sur le mur, c’est une bévue. Dessiner un jeu de tic-tac-toc sur le mur, c’est de la malice. Écrire quelque chose d’inapproprié ou de cruel à propos d’un camarade de classe, c’est de la destruction, laquelle englobe l’intimidation et l’intention de faire du mal.

Les élèves doivent prendre la responsabilité de leurs gestes, réparer les dégâts, en tirer une leçon et tourner la page. Quand la bévue, la malice ou la destruction causent de sérieux torts, la réparation, le règlement et la réconciliation doivent faire partie du processus disciplinaire.

Comment les enseignants réagissent-ils à cette approche?

Ils affirment que c’est bien plus facile quand ils ont un cadre de travail : «Si un élève se comporte mal, c’est ce que je dois faire.» Le défi, c’est de comprendre la différence entre ces trois niveaux et d’agir en conséquence, tout en faisant participer l’élève au processus.

Comment peut-on encourager les élèves à bien se comporter?

Il faut féliciter les gestes et non les enfants en montrant aux autres les répercussions du bon comportement. Trois choses sont très importantes à donner à nos élèves pour les inciter à faire preuve d’altruisme : de l’encouragement, de la rétroaction et beaucoup de compassion. Ils n’ont pas à être copains avec tous les élèves de la classe, mais ils doivent se soucier de chacun d’eux et les respecter. Et les enseignants doivent pratiquer ce qu’ils prêchent.