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S’envoler dans la médiasphère

Bien utilisés, les médias sociaux constituent un outil précieux pour augmenter la participation des élèves, appuyer leur apprentissage et faciliter le perfectionnement professionnel. L’information suivante vous aidera à orienter votre jugement quant à l’utilisation de cette technologie de plus en plus populaire.

De Stefan Dubowski
Illustrations : Rose Lloyd/Eye Candy

Illustration d’un ordinateur portable, d’une tablette et d’un téléphone intelligent. Des lignes vertes, orange et mauves partent des appareils électroniques et se dirigent dans plusieurs directions. Elles pointent vers une maison, des chaussures, une robe et un chapeau, un avion et une destination soleil, des masques de théâtre, un violon et des tableaux, des outils de géométrie, et une école.

Depuis 2011, l’année de publication de la recommandation professionnelle sur l’utilisation des moyens de communication électroniques et des médias sociaux de l’Ordre, bien des choses ont changé dans la médiasphère. Cela ne veut cependant pas dire que la recommandation est obsolète. Elle est en fait plus pertinente aujourd’hui qu’il y a cinq ans. Les enseignants et les élèves affluent vers Twitter, Facebook et autres médias sociaux, mais les pédagogues doivent être informés des meilleures pratiques et des politiques d’utilisation sûre.

«Les enseignants ont plus de raisons de se préoccuper des communications en ligne que les autres professionnels, déclare Nadine Carpenter, chef de l’Unité des plaintes et audiences de l’Ordre. En tant qu’enseignant, vous êtes un modèle. Si vous laissez vos gestes ternir votre image aux yeux de la collectivité, on pourrait vous le reprocher.»

Cet avertissement vise les pédagogues qui utilisent les médias sociaux. En tant qu’enseignante agréée ou enseignant agréé de l’Ontario, vous devez savoir que tout ce que vous affichez, visionnez ou partagez sur YouTube, Instagram ou Storify pourrait être jugé selon les normes particulièrement élevées que les membres de l’Ordre sont tenus de respecter.

«Quand vous êtes admis dans une profession, qu’il s’agisse de l’enseignement ou des soins infirmiers, vous bénéficiez de certains avantages. Mais des obligations et des restrictions sont également liées à l’adhésion, explique Bonni Ellis, associée du cabinet d’avocats Lerners s.r.l., à Toronto.

«Par exemple, on s’attend à ce que les enseignants se comportent d’une certaine façon à l’intérieur comme à l’extérieur de la salle de classe. Ils doivent savoir que leur vie privée peut être scrutée à la loupe.»

Il faut savoir que le comité d’enquête de l’Ordre étudie les plaintes sur la conduite ou les gestes des enseignants, y compris les plaintes déposées par les membres du public, et qu’il mène des enquêtes.

Utilisation inappropriée

Les sommaires des audiences disciplinaires publiés dans Pour parler profession sur l’utilisation inappropriée des médias sociaux rappellent l’importance de maintenir des limites professionnelles, en ligne ou autrement.

Dans un cas, une enseignante avait retenu les services d’un photographe pour une séance de photos avec son compagnon à l’occasion de la Saint- Valentin. Elle avait donné au photographe le mot de passe de son compte Facebook et lui avait demandé d’afficher une photo non suggestive sur sa page. Mais, par mégarde, il a publié toutes les photos. Les élèves ont vu des photos osées. Le conseil scolaire a été avisé et l’enseignante était mortifiée.

Dans un autre cas plus grave, un sous-comité de discipline de l’Ordre a reconnu un enseignant coupable de faute professionnelle. Il avait clavardé avec une élève sur Facebook et lui avait proposé d’aller prendre un verre. Le sous-comité a ordonné à l’enseignant de suivre un cours sur les limites appropriées avant d’occuper de nouveau un poste exigeant d’être titulaire d’un certificat de qualification et d’inscription.

Les pédagogues qui agissent de façon inappropriée dans les médias sociaux pourraient faire face à des conséquences semblables. Mme Carpenter soutient que l’enseignant qui transgresse gravement les normes de l’Ordre en utilisant les médias sociaux de façon inappropriée peut faire l’objet d’une plainte et d’une enquête et, dans les cas les plus graves, de mesures disciplinaires. Si l’enseignant est reconnu coupable de faute professionnelle, le comité de discipline peut ordonner que son certificat soit révoqué, suspendu ou assujetti à des conditions et restrictions. Il peut également exiger que l’enseignant suive, par exemple, un cours sur les limites appropriées dans la communauté scolaire.

Un enseignant dont le certificat a été révoqué n’a plus l’autorisation d’enseigner en Ontario ni ne peut occuper un poste qui exige d’être titulaire d’un certificat.

Meilleures pratiques

La recommandation professionnelle sur l’utilisation des moyens de communication électroniques et des médias sociaux de l’Ordre offre des conseils pour aider le personnel enseignant à éviter certains risques posés par les médias sociaux. Elle indique qu’on ne devrait jamais donner aux élèves des renseignements qu’on ne donnerait pas volontairement à l’école, dans un lieu lié à l’école ou à la communauté.

En outre, les enseignants doivent toujours servir d’exemple pour illustrer les comportements en ligne auxquels ils s’attendent de la part des élèves, et s’assurer de communiquer avec les élèves à des heures convenables et sur des plateformes à vocation éducative bien établies. On recommande d’utiliser une page web de l’école plutôt qu’un compte personnel de médias sociaux (voir l’encadré «À faire et à ne pas faire pour une utilisation responsable»).

Gestion des risques

Les enseignants avertis font preuve de prudence dans la médiasphère. Ils cherchent à éviter les problèmes auxquels ils peuvent faire face dans les sites web interactifs, comme la propriété du contenu, les renseignements sur les élèves, les paramètres de protection de la vie privée et le matériel inapproprié.

Les enseignants progressistes, conscients des risques potentiels des médias sociaux, les utilisent efficacement, tant au profit des élèves que de leur propre perfectionnement professionnel. Les réseaux sociaux suivants, qui sont les plus populaires chez les enseignants, sont utilisés à des fins pédagogiques.

Facebook (facebook.com)

Aujourd’hui, plus de un milliard d’utilisateurs s’en servent pour communiquer, jouer à des jeux et promouvoir des services. On y trouve facilement des pédagogues à qui parler et des sujets à discuter sur l’enseignement.

Instagram (instagram.com)

Il permet de télécharger, modifier et partager des images et de courtes vidéos. Instagram (qui appartient à Facebook) compte plus de 400 millions d’utilisateurs. Les enseignants l’utilisent pour montrer aux parents ce qui se passe dans la classe en temps réel.

Illustration d’un enseignant qui pointe vers un écran où figurent les icônes de divers médias sociaux. Sous l’enseignant, cinq élèves suivent le cours en face d’écrans de couleurs et de thèmes variés. Des lignes joignent l’écran de l’enseignant à celui des élèves.

Pinterest (pinterest.com)

Un panneau numérique permet d’afficher virtuellement des photos, des dessins et autres illustrations que vous créez ou que vous découvrez chez d’autres utilisateurs. Après avoir parcouru des milliers d’images, vous trouvez facilement de quoi vous inspirer pour votre prochain cours ou projet de classe.

Storify (storify.com)

Dans ce site, vous pouvez tirer des extraits de Twitter, Facebook et autres afin de créer des récits simplifiés sur des gazouillis, des messages et des photos. Les enseignants utilisent Storify pour créer des condensés sur les activités de classe. Ainsi, les parents ne sont pas constamment bombardés par les mises à jour de Twitter ou d’Instagram.

Twitter (twitter.com)

Initialement un site de microblogues, Twitter est un système de communication complet où les utilisateurs affichent des messages de 140 caractères et suivent d’autres comptes pour connaître les récents gazouillis. Nombre d’enseignants utilisent Twitter pour se joindre à d’autres pédagogues en quête de perfectionnement professionnel et pour renseigner les parents sur les activités scolaires.

YouTube (youtube.com)

Un site où trouver et visionner des vidéos personnelles et professionnelles sur une diversité étonnante de thèmes ou encore pour télécharger vos propres vidéos éducatives afin de participer de façon authentique à cette plateforme audiovisuelle d’envergure. Comptant plus de un milliard d’utilisateurs, YouTube permet de trouver facilement des vidéos sur toutes les matières, de l’algèbre et de l’entraînement physique à la littératie et la musique.

La plupart des enseignants utilisent les médias sociaux de façon efficace et responsable. Voici des histoires de réussite vécues par des enseignantes et enseignants agréés de l’Ontario qui en ont tiré des avantages importants dans la salle de classe et dans leur perfectionnement continu.

Communication avec les pairs

Tôt et souvent : telle est l’approche de la Holy Trinity School, à Richmond Hill, par rapport aux médias sociaux. Le personnel, les pédagogues et les élèves se tournent régulièrement vers la technologie pour établir des liens avec le monde.

Les petits du jardin d’enfants travaillent ensemble pour publier un résumé des activités de la journée sur Twitter afin de donner aux parents un aperçu de leur classe. Quant aux élèves de la 5e année, ils y discutent de livres. Parfois, l’enseignant informe l’auteur que ses élèves s’entretiennent sur son ouvrage et l’invite à se joindre à la conversation. En 12e année, les élèves qui étudient le droit national et international ont recours à certains réseaux sociaux afin de promouvoir la prise de conscience sur des questions importantes, comme l’exploitation de la main-d’œuvre dans l’industrie du vêtement.

Les enfants apprennent ainsi que les médias sociaux peuvent constituer un moyen de rester en contact avec leurs pairs, d’engager des discussions et de lancer des appels à l’action.

«Nous cherchons à protéger les élèves, surtout les plus jeunes, affirme Stephanie Stephens, EAO, directrice générale de l’innovation et de la technologie à l’école Holy Trinity. Ils gazouillent en tant que classe, et non en tant qu’individus; ainsi, leur identité est cachée. Les élèves de la 5e année ont des leçons sur les médias sociaux afin d’acquérir de bonnes habitudes de navigation, dont l’importance de garder confidentiel tout renseignement personnel.»

Communication avec les parents

À ses débuts à l’école, la fille de Jonathan So, EAO, avait peu à raconter sur sa journée. M. So, enseignant de 6e année à la Ray Lawson Public School, à Brampton, a compris que les parents de ses élèves n’en savaient pas plus que lui sur les activités scolaires de leur enfant.

M. So explique que, si vous demandez à l’élève : «Tu as fait quoi à l’école, aujourd’hui?», il répondra : «Rien». L’enseignant a décidé d’utiliser Twitter pour envoyer des messages aux parents sur ce qui se passait en classe (@MrSoclassroom). Les parents lui ont dit que les photos et les messages favorisaient des conversations animées avec leurs enfants. Raisonnement qui semble tout à fait logique pour M. So. Il est d’avis que si vous dites à votre enfant : «J’ai vu que tu as fait des impressions en 3D en classe, aujourd’hui. Qu’est-ce qui t’a plu le plus? Qu’as-tu fait? Qu’est-ce qui a été le plus difficile?», votre enfant aura la chance de se remémorer les détails de sa journée.

M. So gazouille 15 à 20 fois par jour. Il constate vite que nombre de parents se trouvent dépassés par la quantité de messages reçus. Il choisit donc Storify, un service qui permet de condenser les meilleurs gazouillis, photos et messages des médias sociaux en un bref récit. Ainsi, les parents des élèves de M. So visitent le compte Storify pour consulter les résumés hebdomadaires plutôt que de tenter de suivre toutes les communications affichées en temps réel.

Il accorde une grande attention au respect de la confidentialité des élèves. Il souligne que, généralement, seuls les élèves vus de derrière, leurs doigts et leurs travaux figurent sur les photos qu’il montre. En outre, les parents signent un formulaire de consentement, au début de l’année scolaire, lui permettant de partager des photos où paraît le visage de certains enfants.

Apprentissage en classe et perfectionnement professionnel

Allison Fuisz, EAO, enseignante d’immersion française de 7e et 8e année à la D. A. Moodie Intermediate School, à Ottawa, se sert de Twitter pour inculquer aux élèves un comportement en ligne responsable et pour poursuivre son perfectionnement professionnel.

Ses élèves publient des photos de leurs travaux et discutent des thèmes de cours dans leur compte Twitter de classe. Grâce aux activités en ligne, ils mettent en pratique les leçons de Mme Fuisz sur l’utilisation des médias sociaux. L’une d’elles porte sur le concept de tatouage numérique. L’enseignante fait remarquer qu’il est difficile d’effacer un vrai tatouage. Votre tatouage numérique, soit les photos et commentaires que vous affichez sur les médias sociaux, peut être aussi difficile à supprimer.

Les parents suivent le fil Twitter de la classe. «Ils adorent ça, dit Mme Fuisz. Ils aiment savoir ce que leurs enfants apprennent dans la journée.»

Quant au perfectionnement professionnel, Mme Fuisz a aidé à lancer #ONedchat, un fil Twitter qui permet aux enseignants partout en Ontario et plus loin encore de discuter des idées et d’échanger de meilleures pratiques. «Des pédagogues de Toronto, de London et d’Ottawa y participent. Il y a même des enseignants américains qui se joignent à nous. On aborde un tas de sujets, du soutien aux nouveaux enseignants à la santé mentale, jusqu’au codage informatique.»

Les clavardages ont lieu le deuxième mercredi du mois, de septembre à juin, à 20 h 30. On y invite tous les pédagogues.

Ces enseignantes et enseignants agréés de l’Ontario ne constituent que la pointe de l’iceberg. Un très grand nombre de pédagogues ont recours aux réseaux sociaux pour améliorer leur enseignement et pour communiquer avec leurs pairs. L’Ordre encourage les enseignants à suivre de près les lignes directrices qui se trouvent dans sa recommandation professionnelle sur l’utilisation des médias sociaux afin de s’assurer que leurs gazouillis, leurs messages, leurs «J’aime» et «Partager» respectent les normes de la profession.

À faire et à ne pas faire pour une utilisation responsable

Voici des conseils pratiques issus des lignes directrices, que les pédagogues adeptes des réseaux sociaux suivent.

À faire…

À ne pas faire…