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Pour enraciner l’apprentissage

Les élèves font bien plus que se salir les mains dans les jardins scolaires! Ils apprennent des notions de durabilité, de nutrition saine et de vie en communauté, et comprennent l’importance de sortir à l’air libre. Voici ce que vous devez savoir avant d’aménager un jardin dans votre école.

De Kira Vermond
Photos : Mark Burstyn

Photo d’un jeune élève, dehors, pointant vers l’objectif les racines d’un plant de pommes de terre.

Deidre Millar est une boule d’énergie! Fervente défenseure d’une nutrition saine, elle se décrit elle-même comme étant une personne visuelle. Pour les élèves de la Kikendaasogamig Elementary School de la Chippewas of Nawash Unceded First Nation Board of Education, elle est aussi magicienne!

En outre, Mme Millar sait comment transformer de petites graines brunes pas plus grosses que des têtes d’épingle en carottes croquantes, et des grains de maïs durs comme des cailloux en tiges vertes qui s’élèvent à deux mètres au-dessus du sol.

En tant que coordonnatrice du projet de nutrition de la communauté et de l’école, Mme Millar dirige le nouveau projet de jardin scolaire, qui s’adresse aux 75 à 85 élèves de l’élémentaire de la petite école de la Première Nation des Chippewas de Nawash, à Neyaashiinigmiing (Ontario), au nord d’Owen Sound, sur les rives de la baie Géorgienne. Et elle est la première à avouer que ce jardin lui a autant ouvert les yeux que ceux des enfants.

«Selon les recherches, être régulièrement à l’extérieur diminue l’anxiété et fait baisser la pression sanguine chez les enfants. Il y a aussi une corrélation entre la culture d’un potager et le maintien d’un poids santé.»

«En fait, j’étais abasourdie. Nous supposons que tous les élèves savent d’où proviennent les aliments, mais ce n’est pas toujours le cas. Certains pensent qu’ils viennent de l’épicerie», raconte-t-elle.

Plus maintenant. L’an dernier, alors que les enseignants regardaient les élèves jouer durant la récréation, elle a vu des élèves s’arrêter un moment près des quatre jardins nouvellement aménagés dans la cour et regorgeant de plants de légumes pour cueillir une cosse de pois ou un haricot.

Photo d’élèves occupés à planter des graines dans un petit jardin surélevé, aménagé à l’école. Photo d’une jeune élève en chandail bleu qui regarde une fleur, soulevée par la main d’un adulte.
Les élèves de l’école élémentaire La Mosaïque de Toronto plantent des graines au printemps dans leur jardin potager.

Certains membres du personnel de garde pour la récréation se sont demandé s’ils devaient les en empêcher, mais Mme Millar les en a dissuadés. «Je leur ai dit de les laisser cueillir les légumes, parce que c’était la récompense pour leur travail acharné. Ils goûtaient aux fruits de leur travail – littéralement.»

Le jardin Kikendaasogamig s’inscrit dans une tendance pédagogique de plus en plus populaire en Ontario, et d’un bout à l’autre de l’Amérique du Nord, qui combine l’apprentissage, la nature, la nutrition et le plaisir. Cette tendance arrive à un moment où les parents, les pédagogues et les chercheurs tentent de trouver de nouvelles façons de faire participer les enfants à un apprentissage expérientiel et fondé sur le jeu en plein air, au lieu de les maintenir rivés à un écran des heures durant chaque jour. Les jardins scolaires constituent aussi une excellente salle de classe extérieure où les enfants prennent conscience du lien qui existe entre la production de leurs aliments, la nutrition, la durabilité et les ressources renouvelables. Les changements climatiques sont l’un des plus grands défis du XXIe siècle; il n’est donc pas étonnant que les enseignants cherchent des façons de montrer aux élèves comment développer une conscience écologique, une pousse à la fois.

«Quand les élèves ont quelqu’un pour les guider, ils prennent conscience que le jardinage est très gratifiant», explique Stefan Dixon, EAO, directeur adjoint de l’école élémentaire La Mosaïque du Conseil scolaire Viamonde, à Toronto. En 2012, M. Dixon a aménagé un potager pour apprendre aux élèves des notions de durabilité. «Ils ont compris qu’ils n’avaient pas besoin de gants. Ils aiment toucher la terre. Quand ils regardent, sentent, touchent, entendent les oiseaux chanter, tous leurs sens sont éveillés.»

M. Dixon aborde un bon point. Selon les recherches, être régulièrement dehors diminue l’anxiété et fait baisser la pression sanguine chez les enfants. Il peut aussi y avoir une corrélation entre la culture d’un potager et le maintien d’un poids santé.

Photo de contenants en plastique transparent qui contiennent de la terre et des plantes. Un peu de ficelle les retient contre la clôture de l’école.
D’après des études, le jardinage favorise l’apprentissage de maintes matières.

Une récolte d’avantages!

En plus de favoriser une nutrition saine, les jardins scolaires répondent à différents besoins sociaux chez les élèves, affirme Katie German, chef du projet Field to Table Schools de l’organisme FoodShare de Toronto, lequel offre des ateliers de jardinage. Elle a vu des enfants tranquilles et timides oublier leur anxiété devant une feuille de laitue et des extravertis mener un groupe de camarades pour remplir un panier de légumes feuillus.

Passer du temps libre non structuré dans la nature est une bénédiction pour les personnes moins athlétiques. «Quand on jardine, on peut passer du temps dehors sans forcément pratiquer un sport. C’est bien pour certains enfants», explique-t-elle.

Il y a aussi d’autres avantages. Sunday Harrison, fidèle défenseure des jardins scolaires et directrice générale de l’organisme Green Thumbs Growing Kids de Toronto, affirme qu’il y a aussi maints gains pédagogiques.

«Les recherches démontrent que le jardinage appuie l’apprentissage des sciences, mais aussi du langage et des maths, et améliore les résultats aux tests normalisés, affirme-t-elle. Si vous voulez développer l’apprentissage fondé sur le questionnement dans votre classe, le jardinage est une excellente façon d’y parvenir.»

Selon une recherche suédoise, les élèves de 13 à 15 ans à qui on a enseigné des notions de biologie en plein air s’en souviennent davantage à long terme que ceux à qui on les a enseignées en salle de classe. Les élèves eux-mêmes disent se sentir plus alertes, plus concentrés et plus engagés, en partie parce qu’ils travaillent dans un milieu réel. Et l’air frais ne fait pas de tort non plus!

Comment pousse votre jardin?

Au Canada, la saison des récoltes tombe au beau milieu des vacances scolaires. Que faire? Contrairement aux jardiniers du sud des États-Unis, ceux du Canada doivent bien penser à ce qu’ils vont planter et à quel moment.

«Il faut penser à l’été, car nous sommes au Canada. On récolte en été, affirme Mme Harrison. Heureusement, il y a de nombreuses façons de gérer cette situation, lesquelles aident les élèves à en apprendre encore plus sur la culture des aliments.»

Photo d’un groupe d’élèves, en plein air, réunis autour d’un contenant de plantes. L’enseignant, assis parmi eux, parle des plantes pendant que les élèves écoutent.
Les jardins scolaires sont des classes en plein air où l’on apprend par l’expérience.

Prenons le jardin de la Bayridge Secondary School du Limestone District School Board, à Kingston. Julie Cameron, EAO, enseignante d’arts culinaires et avide jardinière, avec son collègue, Gareth Alexander, EAO, enseigne à ses élèves comment planifier l’aménagement d’un jardin en fonction de trois saisons, planter les graines, entretenir le potager et récolter les légumes. Ce jardin se trouve directement derrière la cuisine de la classe. Même en décembre, on y récolte du chou frisé.

Ce qui était deux lopins de terre est devenu un grand jardin aménagé et clôturé regorgeant d’arbres fruitiers et de buissons de haricots. En fait, il y a tellement de récoltes en automne qu’on incorpore les produits au programme de repas chauds, fort populaire. Chaque vendredi, environ 60 à 70 élèves et membres du personnel achètent un repas fait maison pour 5 $. L’argent récolté profite au programme d’arts culinaires qui comprend l’entretien du jardin.

«Nous avons stratégiquement planté des légumes – carottes, rutabagas, courges, navets, betteraves – qui poussent dans la terre et dont les plants n’ont besoin d’être entretenus, arrosés et désherbés que pendant l’été pour les récoltes de l’automne», explique Mme Cameron.

Après tout, les élèves qui commencent méticuleusement à préparer leurs plants de tomates en avril doivent pouvoir manger et servir ce qu’ils ont fait pousser.

Mme German, de FoodShare, présente d’autres stratégies pour que les jardins continuent d’être entretenus quand les enfants et les enseignants sont en vacances l’été : communiquer avec des groupes de la communauté ou des clubs de jardinage pour savoir si leurs membres pourraient désherber et arroser les plants en juillet et en août. Les écoles secondaires peuvent embaucher un élève d’un programme COOP ou adopter un programme de jardinage scolaire comme le programme Field to Table Schools de FoodShare. Elle dit que certaines écoles préparent un horaire d’été. Des familles se portent aussi volontaires pour entretenir le jardin pendant une ou deux semaines.

On peut aussi choisir des légumes qui poussent rapidement au printemps, comme la laitue ou les radis, et les planter de nouveau à l’automne.

Tout est possible en collaborant

Il est important d’avoir l’appui de tous avant d’aménager un jardin. Demandez à l’administration scolaire ainsi qu’aux groupes de parents et de la communauté. Et demandez aussi aux élèves!

Mme Harrison affirme que, sans appui, nombre de jardins scolaires languissent après quelques années quand les directions, les parents et les enseignants vont ailleurs.

Obtenir de l’appui au début ne sera certainement pas aussi facile que de creuser un trou et y mettre quelques graines, surtout si vous voyez grand. Mme Cameron confie qu’il a été facile de créer le jardin proprement dit, mais qu’il lui a fallu deux ans – et l’aide d’un collègue – pour régler tous les détails. De plus, comme elle envisageait de modifier le terrain, elle a dû en parler au conseil scolaire.

«Je suis enseignante à temps plein. Je ne suis pas entrepreneuse ni paysagiste. Je n’avais jamais participé à un processus d’appel d’offres. Nous avons donc appris», raconte-t-elle.

Tout ce travail a porté ses fruits, même à l’échelle de la communauté. Depuis la création du jardin, de nombreux parents passent tout près en accompagnant leurs enfants à l’école élémentaire. Ils s’arrêtent et disent à Mme Cameron à quel point le jardin a eu un effet positif sur leur famille. Et des enfants s’arrêtent chaque matin pour voir le jardin changer.

«Nous avons reçu tellement de beaux commentaires! Ce jardin a consolidé la communauté», déclare Mme Harrison.

Le jardin de Mme Millar à la Kikendaasogamig Elementary School a suivi un processus plus simple, car il est petit et servait avant tout à l’enseignement. De plus, elle a l’appui de l’organisme Canadian Feed the Children, qui soutient aussi d’autres programmes de nutrition à l’école.

«Tout ce travail a porté ses fruits, même à l’échelle de la communauté. Depuis la création du jardin, de nombreux parents passent tout près en accompagnant leurs enfants à l’école élémentaire.»

Mme Millar affirme que le jardin de ses élèves lui a permis d’offrir une leçon de vie et de culture qui n’aurait pas été possible autrement. Elle se souvient du temps où elle enseignait le modèle de jardinage des trois sœurs : maïs, haricots et courges. On plante ces légumes ensemble, car ils s’appuient les uns les autres contre les éléments. Les tiges de maïs supportent les buissons de haricots, et les feuilles des courges maintiennent l’humidité de la terre. C’est du compagnonnage végétal à la mode des Premières Nations.

«Le compagnonnage végétal, c’est de la collaboration, dit-elle. Quand on collabore, le résultat profite à tous.»

QA en études environnementales

Il existe plusieurs cours menant à une qualification additionnelle (QA) agréés par l’Ordre dans le domaine des études et sciences environnementales. Ces cours abordent une variété de concepts, comme l’intégration de pratiques environnementales durables; la gérance environnementale active; les pratiques pédagogiques à l’intérieur et à l’extérieur; et les politiques appuyant le bien-être, la résilience, l’efficacité et la santé mentale des élèves.

Pour en apprendre plus ou pour découvrir une QA qui répond à vos besoins, consultez notre outil de recherche en ligne, Trouver une QA, à oct-oeeo.ca/1NbIIVw

Ressources

Fixez un but

Vous aimeriez aménager un jardin dans votre école, mais n’êtes pas certain si l’administration vous appuiera? Rédigez une proposition. Ce processus concrétisera le projet dans votre esprit et la façon dont il appuiera votre programme. Le School Garden Wizard offre des conseils sur ce que vous devez inclure dans votre proposition.