Des enseignantes et enseignants ont lu ces ouvrages et les ont évalués pour vous.
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Sagement assis devant son bol de crème glacée, un jeune Jean-Baptiste Renaud mange en écoutant les histoires et anecdotes que racontent des membres de sa famille qui sont réunis pour l’occasion autour de la table de cuisine de ses grands-parents franco-ontariens. «On parlait de ce qui se passait à Ottawa, de la Guerre des épingles, de mon oncle qui est parti avec le cirque, de ma tante qui s’est mariée avec un Protestant. Scandale!» C’est grâce à ce bol de crème glacée que son intérêt pour les contes et l’histoire a pris forme
Il attend toutefois jusqu’à sa retraite de la fonction publique avant de prendre la plume. «Je ne pense pas que j’aurais été prêt si je l’avais fait avant», dit l’auteur en toute modestie. Le succès vient immédiatement. Son premier livre, Les orphelins : Rémi et Luc-John (Tome 1), a reçu le Prix littéraire LeDroit 2015, catégorie jeunesse, et en 2016, le deuxième tome est finaliste du même prix.
M. Renaud s’est inspiré d’une histoire vraie que lui avait racontée un collègue – celle d’un jeune garçon qui survit seul en forêt – pour tisser son récit et créer le personnage de Rémi.
Pour le personnage de Luc-John, un Autochtone, il s’est inspiré du témoignage d’un Autochtone qui lui a raconté que, lorsque son frère avait été gravement malade, il n’avait pas eu le droit de lui rendre visite. «Je voulais que les lecteurs se rendent compte combien cela avait dû être déchirant de vivre ça, explique M. Renaud. Dans les médias, on parle beaucoup des abus sexuels aux pensionnats, mais je voulais parler des abus dans un autre sens : la destruction des familles, le sentiment d’être dénigré et être amené à renier sa culture.»
L’auteur explore aussi la différence entre l’éducation autoritaire des Blancs, et l’éducation par l’expérience des Autochtones, qui respecte le rythme d’apprentissage de l’enfant.
Pour la suite, est-ce que ce sera l’histoire de l’oncle parti au cirque ou celle de la Guerre des épingles? Jean-Baptiste Renaud en a sûrement d’autres en réserve!
– Rochelle Pomerance, responsable de cette rubrique.
De Jean-Baptiste Renaud
Ce roman, pour les lecteurs de 14 à 18 ans, raconte l’histoire de deux adolescents. Rémi quitte la maison de son oncle et de sa tante, ne pouvant plus endurer la tension perpétuelle qui y règne, tandis que Luc-John, un jeune Autochtone, s’enfuit du pensionnat où il lui est interdit de parler sa langue. Non seulement il ne peut manger à sa faim, mais les locaux sont trop petits et certains pensionnaires sont atteints de maladies contagieuses graves, comme la tuberculose.
Les deux jeunes garçons partent dans les bois où ils doivent survivre, bravant froid, faim et dangers. Luc-John fait découvrir à Rémi les traditions, légendes et croyances de son peuple. Ils rencontrent Conrad, un étrange trappeur qui les prendra sous son aile.
Présentant des personnages pittoresques dans une narration à la première personne, le récit, haut en péripéties, propose une intrigue bien ficelée et se veut un habile mélange d’histoire et de spiritualité autochtone. Le texte, riche et rempli de descriptions étoffées, de dialogues et de référents culturels, est dense et exempt d’illustrations.
Un livre qui dépeint la dure réalité de la crise économique des années 1930 et l’acculturation des Premières Nations, thèmes qui se prêtent bien à une réflexion dirigée en classe.
Critique de Marie-Christine Payette, EAO, enseignante contractuelle et traductrice-réviseure, La Tuque.
Les orphelins : Rémi et Luc-John (Tome 1); Les Éditions David; Ottawa; 2014; ISBN 978-2-89597-436-9; 250 p.; 14,95 $; 613-830-3336; info@editionsdavid.com; www.editionsdavid.com
De Didier Leclair
Pourquoi recommander la lecture de ce roman franco-ontarien pour votre propre divertissement? Parce qu’il suscite une introspection dans vos relations avec les membres de votre famille. En effet, le personnage principal apprend au fil de l’histoire à faire face à ses démons. Il surmonte sa culpabilité par rapport à la mort de sa femme, décédée dans un accident de voiture après une dispute où elle lui avait annoncé qu’elle le quittait. Il explique comment il a soigné son alcoolisme sévère. On ressent tout le malaise qu’il entretient dans la relation avec son fils, qui le lui fait payer en le menaçant de l’empêcher de voir son petit-fils, Dimitri, d’où le titre du roman.
On attend patiemment que le père confronte son fils afin de régler leurs différends. «Et je m’endors souvent la larme à l’œil, tel un adulte pathétique qui aurait voulu une berceuse pour le réconforter.» Dans cet extrait, on comprend son impuissance. Comment soigner de vieilles plaies? Est-ce nécessaire de les gratter jusqu’au sang? Telles sont les questions que suscite cette lecture simple et rapide, qui donne matière à réflexion. L’auteur, Didier Leclair, a mérité le prix Trillium pour son roman, Toronto, je t’aime, et a été finaliste du prix du Gouverneur général pour Ce pays qui est le mien.
Critique de Mélany Bouchard-MacPhail, EAO, enseignante responsable des cours en ligne à l’école secondaire catholique Franco-Cité, Conseil des écoles catholiques du Centre-Est, Ottawa.
Pour l’amour de Dimitri; Les Éditions David; Ottawa; 2015; ISBN 978-2-89597-452-9; 222 p.; 21,95 $; 613-830-3336; info@editionsdavid.com; editionsdavid.com
De Mario Brassard, illustré par François Thisdale
Ce roman relate l’histoire d’un élève à qui trois camarades plus âgés lancent des injures racistes. Nouvellement arrivé du Sénégal avec ses parents, Salicou voit son monde intérieur s’écrouler lorsqu’il est persécuté à l’école à cause de ses origines. «Car dans la tête de Salicou, c’était la guerre jusqu’au bout de ses pieds. Tout autour de lui, ça grondait, ça explosait, ça ne faisait qu’empirer. S’il fermait les yeux trop longtemps, il voyait des armées en déroute qui l’abandonnaient au milieu du champ de bataille, il sentait le feu de son dragon tarir et, surtout, il était envahi par un tumulte de mots dont chaque lettre était plus froide que la lame d’un couteau.»
Mario Brassard a écrit un récit qui tient à la fois de la poésie et de la peinture. Par petites touches imagées, légères comme des détrempes, l’artiste raconte le cauchemar et le courage de Salicou. Le lecteur devient coauteur et témoin de la défaite de la bande des trois.
Quand hurle la nuit résonne comme un cri contre le racisme et le silence complice, tout en prônant l’inclusion et le lien entre l’école, la famille et la communauté. Ce livre s’adresse aux jeunes des cycles moyen et intermédiaire. Il contribuera à faire des écoles de la province des lieux d’apprentissage inclusifs et sécuritaires pour tous.
Critique de Bertrand Ndeffo Ladjape Mba, EAO, enseignant de français (11e et 12e année), Collège français de Toronto, Conseil scolaire Viamonde.
Quand hurle la nuit; Soulières Éditeur; Saint-Lambert; 2015; ISBN 978-2-89607-322-1; 88 p.; 12,95 $; 450-465-2968; soulieresediteur.com
De Dany Gagnon et Ted Adachi
Le quatrième volet de la collection Fin finaud, qui s’adresse aux élèves de 12 ans et plus, explore le thème du voyage en 400 questions. Ce jeu-questionnaire est présenté sous forme de cartes à jouer. Les règles du jeu sont simples et permettent à trois joueurs ou plus de poser à tour de rôle des questions, augmentant ainsi la valeur pédagogique de l’exercice. Sur chacune des cartes figurent deux questions. La première traite d’un pays en particulier et contient des informations supplémentaires à son sujet (continent, capitale, drapeau et emplacement géographique). La deuxième pose une question générale sur le monde.
Si les questions peuvent représenter un défi pour les élèves qui n’ont pas encore acquis une forte culture générale, les choix multiples leur permettent de tenter le coup. De plus, un joueur peut faire appel aux autres pour déterminer le continent et la capitale du pays exploré.
Bien que le contenu ne réponde pas particulièrement aux attentes des programmes-cadres d’histoire et de géographie de 7e et de 8e année, il s’agit avant tout d’un complément intéressant à ajouter à ses outils pédagogiques. Les élèves en apprendront sur la géographie humaine mondiale tout en s’amusant.
Critique de Ghislain Proulx, EAO, enseignant au Collège catholique Samuel- Genest, Conseil des écoles catholiques du Centre-Est, Ottawa, actuellement en prêt de service au Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques.
Fin finaud voyage; Kikigagne?; Montréal; 2015; 19,99 $; Distribution Le-Valet; 1-877-940-1107; distribution@levalet.com; distributionlevalet.com
Si le début du XXe siècle est marqué par la recherche du temps perdu et la nostalgie des neiges d’antan, celui du XXIe est plutôt marqué par la recherche identitaire – quelle qu’elle soit.
Le concept du livre est très intéressant. Il s’agit d’un recueil de 41 textes, tous de quelques pages, choisis dans le cadre du concours «Écrire pour se raconter ». N’est-ce pas dans la nouvelle que se déploie l’écriture la plus exigeante?
Chaque histoire est un monde à part dans lequel on se retrouve, surtout à travers la langue – le français. Ces textes vivants et palpitants incitent à la lecture, mais ils donnent aussi l’envie de raconter notre histoire.
La grande majorité des textes portent sur l’enfance et la jeunesse, ces moments magiques qui semblent durer une éternité et qui, bien sûr, s’envolent à une vitesse vertigineuse. À la fin de chaque récit, quelques notes biographiques nous parlent des auteurs.
Critique de Véra Nochtéva, EAO, enseignante de français au secondaire à la White Oaks Secondary School, Halton District School Board, Oakville.
Pour se raconter II. Parcours identitaires; Les Éditions David; Ottawa; 2015; 252 p.; ISBN 978-2-89597-449-9; 15 $; 613-830-3336; info@editionsdavid.com; editionsdavid.com
De Thomas Gordon
Écouter et comprendre l’élève devant nous, ouvrir le dialogue et résoudre avec lui de façon respectueuse les conflits, voilà l’essence même de cet ouvrage! Le concept d’enseignant efficace est exploité habilement au moyen de la communication verbale qui «peut faciliter ou perturber les relations […] éloigner ou rapprocher l’enseignant et ses élèves». La relation enseignant-élève étant essentielle pour le bien-être et la réussite de l’élève, il importe de la cultiver au quotidien.
Psychologue humaniste reconnu et pionnier en communication et résolution de conflits, M. Gordon présente en un volume – au style décontracté, mais concis – les concepts à privilégier pour établir une bonne relation avec les élèves. Onze chapitres, ponctués de pistes d’intervention, de cas vécus et de façons de faire, sauront mener le personnel enseignant vers une analyse de sa pratique afin de développer la relation enseignant-élève.
En somme, tout enseignant soucieux de faire de l’école un milieu où il fait bon vivre, autant pour lui que pour l’élève, saura grandement tirer profit des pistes développées dans ce volume.
Critique de Chantal Campbell, EAO, directrice du Service de soutien à l’apprentissage, volet Pédagogie maternelle à la 12e année, Conseil des écoles catholiques du Centre-Est, Ottawa.
Enseignants efficaces : Enseigner et être soi-même; Les Éditions de l’Homme, Montréal; 2015; ISBN 978-2-76194-279-9; 256 p.; 29,95 $; 514-523-1182; adpcommandes@messageries-adp.com; messageries-adp.com
De David Suzuki
Quel ultime héritage! Ce livre de David Suzuki est un recueil de lettres adressées à ses petits-enfants. Ce sont des lettres personnelles, mais ouvertes au public, écrites pour dévoiler au lecteur certains des grands évènements qui ont marqué le Canada au XXe siècle. Et si la langue n’y est pas très fleurie, on en apprend beaucoup sur l’identité canadienne, on se pose des questions sur l’intégration des gens et, surtout, dans notre contexte actuel, on réfléchit sur le drame de ceux qui cherchent refuge ailleurs.
À travers ces 19 chapitres, plusieurs questions sont abordées, dont les changements rapides de la société et les difficultés de l’être humain à s’y adapter; la relation parfois contradictoire avec sa propre langue; la peur séculaire de l’étranger; et l’au-delà et la survie.
Cette problématique est abordée à travers l’expérience de David Suzuki. Et comme dans chaque œuvre de talent, l’histoire y est présente partout. C’est surtout ce côté testimonial du livre que j’ai beaucoup apprécié. Je le recommanderais en tant que référence au secondaire.
Critique de Véra Nochtéva, EAO, enseignante de français au secondaire à la White Oaks Secondary School, Halton District School Board, Oakville.
Lettres à mes petits-enfants; Les Éditions du Boréal; 2015; Montréal; ISBN 978-2-76462-389-3; 272 p.; 24,95 $; 514-336-3941; info@dimedia.qc.ca; dimedia.com
De Jocelyne Robert et Jo-Anne Jacob
De Jocelyne Robert
Avec l’arrivée du curriculum révisé en éducation physique et santé, nombre de pédagogues recherchent de bons outils pour mieux présenter leurs leçons en matière d’éducation sexuelle. Ici, l’auteure, qui est sexologue, offre trois ouvrages divisés selon des étapes distinctes.
Le premier ouvrage s’adresse à tout intervenant de la petite enfance. L’histoire de Jojo y est présentée sous forme d’images et de dialogues ludiques. Jojo joue au docteur, fait des découvertes et obtient toutes les réponses souhaitées sur la conception, la fécondation et l’anatomie.
Le second aborde le fonctionnement des organes sexuels. Par l’entremise d’activités de réflexion, l’enfant démontre sa compréhension de la formation de l’embryon ou d’une relation sexuelle qui mène au plaisir. Il est aussi encouragé à aimer son corps tel qu’il est. Les parents et l’enfant sont également avisés des dangers potentiels de l’internet, notamment en matière de sollicitation sexuelle.
Le troisième explique les transformations physiques de la puberté. D’autres points sont soulevés, tels le plaisir sexuel, l’amitié, l’amour, l’attirance pour l’autre sexe ou pour le même sexe, les premières menstruations ou éjaculations. L’internet y est redéfini comme un vaste et potentiel terrain pour adultes prédateurs en quête de pornographie.
Je recommande cette série aux parents, car elle est conçue pour offrir une autoréflexion à l’enfant. Reste que les historiettes présentées s’avèrent de bonnes activités brise-glace pour l’enseignant en quête d’idées afin d’alimenter des discussions ouvertes et saines avec les élèves.
Critique de Chantal Leclerc, EAO, directrice de l’école élémentaire Trille des Bois, Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario, Vanier.
Ma sexualité de 0 à 6 ans; Les Éditions de l’Homme; Montréal : 2015; ISBN 978-2-76194-292-8; 88 p.; 14,95 $ / Ma sexualité de 6 à 9 ans; Les Éditions de l’Homme; Montréal : 2015; ISBN 978-2-76194-293-5; 64 p.; 14,95 $ / Ma sexualité de 9 à 11 ans; Les Éditions de l’Homme; Montréal : ISBN 978-2-7619-4294-2; Montréal; 2015; 64 p.; 14,95 $. Les messageries ADP; 514-523-1182; adpcommandes@messageries-adp.com; messageries-adp.com.
D’Anne-Marie Rocher
Cette série de trois vidéos, produite par l’Office national du film du Canada, porte sur six causes juridiques ayant mené à l’obtention de droits pour les francophones minoritaires dans plusieurs provinces et territoires du Canada. On y présente notamment des causes influentes dans le domaine de l’éducation, comme l’arrêt Mahé en Alberta et la cause de l’école Rose-desvents au Yukon. Cette vue panoramique des gains de cause sensibilise le public à l’évolution des écoles élémentaires et secondaires de langue française au pays.
J’ai relevé deux lacunes. D’une part, les vidéos ne mentionnent pas de cause juridique de l’Ontario, province ayant le plus grand nombre de francophones hors Québec. On aurait pu citer l’école de la Résistance, aujourd’hui l’école secondaire publique Le Caron du Conseil scolaire Viamonde, qui a été la première école secondaire de langue française financée par les fonds publics de la province. D’autre part, l’introduction de chaque vidéo est la même alors qu’on aurait pu en profiter pour explorer les critères d’admissibilité de l’Article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés par rapport au contexte du contenu.
Cela dit, cette série souligne le rôle primordial des parents dans l’obtention des droits en matière d’éducation minoritaire en langue française et la nécessité de collaborer avec divers intervenants de la communauté francophone. Les vidéos sont utiles, car l’objectif reste le même : assurer un avenir meilleur aux jeunes francophones; les jeunes sont nos revendicateurs des droits de demain.
Pour consulter le blogue où l’on présente la série et le guide : blogue.onf.ca/blogue/2016/01/19/ les-droits-linguistiques-se-racontent/.
Critique de Mélissa-Lynn Villella, EAO, M.A., directrice de l’école élémentaire Mgr-Rémi-Gaulin, Conseil des écoles catholiques du Centre-Est, Kingston, et doctorante en éducation à l’Université d’Ottawa.
Droit comme un F; Productions Testa Inc. en coproduction avec l’Office national du film du Canada; Toronto; 2015; trois vidéos d’une durée de 57 minutes chacune; disponible dans le site CAMPUS de l’ONF; 1-800-267-7710; info@onf.ca; onf.ca