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Pratiques exemplaires

Photo de Marc Hurtubise, bras croisés et souriant, debout le dos contre une murale qui représente la Terre, un vaisseau spatial et trois jeunes astronautes sur un ciel plein d’étoiles.

Heureux hurtubise

Son école lui ressemble : modeste, solidement organisée et pleine de vie. Pour Marc Hurtubise, EAO, directeur de l’école élémentaire publique Rose des Vents, la clé de la réussite, c’est… le bonheur!

D’Hélène Matteau
Photos : Matthew Liteplo

Exclusivité en ligne : Visionnez une vidéo de nos Pratiques exemplaires à Pour parler profession.

Le temps est gris sur Cornwall mais, une fois la porte de l’école élémentaire publique Rose des Vents franchie, tout s’éclaire! De joyeux cosmonautes – qui représentent les valeurs importantes à acquérir – dansent sur un mur. À droite, un grand tableau intitulé Le cycle de l’action : réfléchir, choisir, agir attire l’attention. Il s’agit du plan interdisciplinaire relié aux six thèmes du baccalauréat international : qui nous sommes; où nous nous situons dans l’espace et le temps; comment nous nous exprimons; comment le monde fonctionne; comment nous nous organisons; et le partage de la planète.

Ce tableau, qui représente les projets de recherche qu’auront réalisés les élèves de l’école durant l’année, fait la fierté du directeur de l’école, Marc Hurtubise, EAO, un homme pragmatique et passionné, qui a fait des études commerciales avant d’embrasser la profession enseignante. En septembre 2015, après trois années d’efforts qui ont mobilisé tout le personnel, son école a obtenu l’agrément du programme élémentaire de l’organisme Baccalauréat international. «Nous voulions le meilleur pour nos élèves. Nous voulions leur offrir toutes les chances de réussir, partout dans le monde!» Le directeur vise haut mais, quand il parle de critères élevés, il ne se limite pas au succès scolaire. Il inclut d’emblée… le bonheur!

Pour ce fils de camionneur originaire d’Alexandria, un village d’environ 3 500 habitants où il réside toujours, «le but, dans la vie, c’est d’être heureux. Je le suis. J’aime mon travail, mon école, mon conseil scolaire, mes élèves, mes collègues. Je fais tous les jours mon travail avec plaisir du mieux que je le peux, avec les talents que j’ai. Je n’ai jamais pensé que j’étais remarquable!», assure-t-il avec sincérité, en faisant allusion au Prix des directrices et directeurs d’école exceptionnels du Canada qu’il a reçu l’automne dernier pour l’ensemble de ses réalisations.

France Laverdure, adjointe administrative qui travaille avec lui depuis dix ans, confie : «C’est un homme humble. Il attribue toujours à l’équipe le crédit de ses bons coups!»

Marc Hurtubise est assis sur le plancher parmi des élèves qui, assis sur des petites planches à roulettes, se déplacent autour de lui dans toutes les directions..
Modeste et plein de vie, Marc Hurtubise, EAO, vise haut pour ses élèves. Il n’hésite pas à voir le monde de leur point de vue.

Bâtir son école

Ses bons coups, il ne cesse de les accumuler depuis 2006. Cette année-là, Marc Hurtubise accepte la direction de l’école Rose des Vents après avoir enseigné pendant une dizaine d’années. («J’ai adoré les 7e et 8e années!», dit-il de ces années). À l’époque, le conseil scolaire devait rénover la vieille école Horizon Jeunesse. Pour limiter les coûts, on consolida plutôt les deux établissements. Il faut donc agrandir Rose des Vents, laquelle aura désormais 14 classes pour deux fois plus d’élèves. Ce fut un énorme défi, un tour de force même, quand on sait qu’au milieu de toutes les perturbations qu’entraîne la reconstruction, Marc Hurtubise et son personnel enseignant ont si bien réussi à améliorer les résultats aux tests de l’Office de la qualité et de la responsabilité en éducation (OQRE) que leur école a fait partie, en 2011, des récipiendaires de la Reconnaissance du rendement scolaire Dre-Bette-M.-Stephenson, qui récompense les efforts des écoles à ce sujet.

«Pendant quatre ans, il a travaillé de concert avec la communauté, le conseil scolaire, le ministère de l’Éducation, mais aussi beaucoup avec les parents, témoigne Denis Dubuc, président du conseil d’école depuis huit ans. Sa vision et son leadership ont été déterminants pour l’intégration de plus de 400 jeunes dans un nouveau milieu d’apprentissage. Il n’a jamais compté ses heures. Même l’été, on le voyait sur le chantier.»

Aux yeux de Marc Hurtubise, il est primordial d’intégrer les parents dans le processus scolaire. «C’est à partir de leurs idées, affirme-t-il, que j’ai pu monter des projets comme une classe en plein air qui se déroule dans la cour des petits où un appentis protège les enfants du soleil, ou encore l’aménagement d’un terrain vague derrière l’école en une piste de 0,3 km destinée à la course l’été et à la raquette l’hiver.» Il n’a que des éloges pour son conseil d’école qui, pense-t-il, est composé de parents qui sont là pour tous les élèves, pas seulement pour leur enfant.

Le royaume des petits

L’aile des tout-petits est tranquille en ce début d’après-midi. Les enfants sont bien occupés autour de leurs éducatrices.

En face, deux portes fermées. Le directeur ouvre la première, tout doucement : dans la pénombre, une quinzaine d’enfants de 18 à 24 mois dorment sur leur matelas. «C’est ici que je viens passer quelques instants quand j’ai besoin de me ressourcer», chuchote-t-il. Derrière l’autre porte, autant de bambins de 2 et 3 ans se reposent aussi. Fait très rare : le service de garde de Rose des Vents est géré par l’école plutôt que par une tierce partie. «En 2006-2007, nous avons créé à l’école Rose des Vents des garderies qui étaient gérées par une agence externe. En 2013-2014, nous avons pris en charge les garderies de l’école pour en faire le Centre éducatif Rose des Vents.»

Plus loin, la bibliothèque regorge de livres en français, en anglais et en espagnol, conformément aux exigences du baccalauréat international. La salle communautaire, qui fait aussi office de deuxième gymnase, permet d’offrir deux ou trois périodes d’éducation physique par semaine.

Il n’a que des éloges pour son conseil d’école qui, pense-t-il, est composé de parents qui sont là pour tous les élèves, pas seulement pour leur enfant.

Sportif convaincu, Marc Hurtubise ne perd jamais de vue le bien-être et la sécurité des enfants. Par exemple, en fin de journée, la sortie des classes est organisée pour que les enfants n’aient jamais à marcher au milieu des autobus. Il prend un soin particulier à soutenir ceux qui ont besoin de l’aide de spécialistes, dont les élèves autistes, hyperactifs ou ayant une déficience.

Au service de l’autre

Au lieu de parler séparément avec chaque intervenant, il organise des rencontres avec une équipe interdisciplinaire composée de ces spécialistes deux ou trois fois par an, ce qui leur permet de passer 30 bonnes minutes à parler de chaque enfant. «Ces rencontres permettent de mettre nos efforts en commun et d’aller dans la même direction. Ainsi, chaque enfant reçoit le maximum d’aide», explique-t-il. C’est un modèle basé sur le service.

Une autre de ses initiatives est un programme de danse thérapeutique offert par Susan Powell, qui dirige l’école de danse Powell, à Cornwall, depuis 12 ans. «Je donnais déjà des cours à Rose des Vents, affirme Mme Powell. Marc Hurtubise disait que ça mettait plein de vie dans son école. En 2011, avec des parents d’enfants ayant des besoins particuliers et des ergothérapeutes du Centre de traitement pour enfants d’Ottawa, nous avons mis au point Rêve de ballerine, un programme financé par des donateurs. M. Hurtubise s’y est investi corps et âme, surtout en ce qui concerne l’aspect pédagogique.

Illustration d’un jeune astronaute avec un cœur sur sa combinaison spatiale.
«C’est un homme qui inspire confiance. Il a un grand sens de l’humour. Son énergie est communicative et les nouvelles idées l’enthousiasment.»

Il fait d’ailleurs toujours partie de notre conseil de direction. C’est un homme qui inspire confiance. Il a un grand sens de l’humour. Son énergie est communicative et les nouvelles idées l’enthousiasment.»

Technologie et humanité

En effet, la nouveauté n’effraie pas Marc Hurtubise. Il a doté son école d’un équipement technologique très actuel. «Toutes les classes disposent d’un téléviseur connecté, d’un tableau interactif et d’un système MF (modulation de fréquence). De plus, nous disposons de chariots d’iPad pour les petits et de Chromebook pour les plus grands, dit-il fièrement. Mais le numérique n’est qu’un outil. Il ne doit pas remplacer le contact humain!», s’empresse-t-il de préciser.

Il faut voir le directeur à l’œuvre, le sourire aux lèvres : arpenter les couloirs, souligner d’un bon mot le travail d’un enseignant et taquiner un grand ou encourager un petit. On comprend ainsi toute l’importance qu’il accorde à l’esprit d’équipe et au sentiment d’appartenance. «Il connaît le nom des enfants, leur fratrie et leur situation familiale, dit France Laverdure. Il tient à ce que son école participe à la communauté : les élèves chantent pour les aînés ou fabriquent des anges de Noël pour l’aide à l’enfance. Rose des Vents est une école qui redonne. Ça va dans le sens des valeurs personnelles de M. Hurtubise, un homme droit. Je suis fière de travailler avec lui!»

Du temps pour soi

«Je sais que je suis sur la bonne voie : les tests sont bons et il y a peu de mouvement de personnel, signe que l’atmosphère est saine… Mais une école, c’est une véritable entreprise. Même si ma communauté scolaire m’appuie beaucoup, cela n’empêche pas les risques d’épuisement. Je m’assure de prendre du temps pour me ressourcer, car je veux continuer.» Ce qui veut dire, pour lui, aller jouer au golf avec son père, son frère et, pour la première fois, son fils de 12 ans. Justement, le soleil vient de se pointer. Ça aussi, c’est du bonheur!

Cette rubrique met en vedette des enseignantes et enseignants qui ont reçu un prix en enseignement. Ces personnes répondent aux attentes de l’Ordre en incarnant des normes d’exercice professionnel élevées.

Quelques conseils de M. Hurtubise

L’enseignement est exigeant : on peut y consacrer facilement 12 à 15 heures par jour. Mais il est essentiel de trouver son équilibre. À trop travailler, on perd en efficacité. Voici mes trucs :

  1. Se faire confiance.
  2. Garder une vision positive et transformer les problèmes en défis. C’est bien plus stimulant pour trouver des solutions!
  3. S’arranger pour être heureux. Le bonheur est contagieux : tout le monde y gagne.
  4. Se souvenir qu’un leader, c’est comme un entraîneur de hockey. Il n’est pas meilleur que son équipe, ses partisans et son administration.
  5. Lire Les 7 habitudes de ceux qui réussissent tout ce qu’ils entreprennent de Stephen R. Covey. J’ai lu tous ses livres et, chaque été, j’en relis des extraits au bord de la piscine!