De Laura Bickle
À 15 ans, Wali Shah avait affronté plus de difficultés que le devraient la plupart des adolescents : il côtoyait des voyous, avait perdu un ami victime de violence, avait fait face à des accusations de voies de fait et risquait de se retrouver en prison. S’il n’avait pas rencontré deux enseignants de la Cawthra Park Secondary School, à Mississauga, il aurait sans doute continué dans cette voie. «Ils m’ont ouvert les yeux, explique M. Shah. Je me rends compte maintenant de l’importance d’avoir un mentor, une personne à qui parler.» L’encouragement des enseignants et sa propre détermination l’ont incité à retourner aux études. La poésie et le hip-hop lui ont servi d’exutoire pour repartir du bon pied et pour aider d’autres jeunes à composer avec des enjeux allant de la santé mentale à la résilience, en passant par l’identité et le patrimoine. Grâce à son travail en tant que conférencier (TEDx, WE Day, MTV Canada, Cause pour la cause de Bell) et poète orateur, Wali Shah a figuré parmi les jeunes leaders canadiens qui ont favorisé l’innovation dans leur collectivité et qui ont été lauréats des prix 20 ados avec brio 2014 de Youth in Motion (désormais Plan Canada’s). En 2015, son vidéoclip Change the World, produit par le Peel District School Board, était au programme de la Semaine de la sensibilisation à l’intimidation et de la prévention. À 22 ans, en quatrième année à l’Université de Toronto, il envisage une carrière en enseignement.
Parlez-nous de l’importance d’axer les initiatives visant à contrer l’intimidation sur les besoins des élèves.
Je crois que l’intimidation exprime l’insécurité plutôt que le besoin de dominer. Ce sont souvent les personnes qui se sentent délaissées et peu sûres d’elles qui projettent leur manque de confiance sur les autres par l’intimidation. Les écoles peuvent encourager les élèves à révéler leur identité et à partager leur vécu par l’écriture, le jeu, les activités parascolaires et la prise de parole.
Quel rôle les enseignants peuvent-ils jouer?
À l’école, j’avais des problèmes d’identité. Un enseignant m’a souri dans le couloir, un autre a pris un moment pour me parler. Leur appui m’a donné la confiance dont j’avais besoin pour assumer mon identité. Je me suis senti rassuré et en sécurité. C’est ça, un climat scolaire positif. Les petits gestes quotidiens qu’on néglige sont souvent ceux qui font toute la différence.
Pourquoi la musique aide-t-elle les élèves à communiquer?
Elle offre aux élèves un moyen pertinent de transmettre de l’information, car elle s’adresse à leur génération et reflète leurs intérêts. Elle les accroche. Exutoires et stratégies d’adaptation, les arts nous permettent de partager nos histoires et nos expériences. J’encourage les élèves et les pédagogues à en tirer parti.
Quels sont vos plans d’avenir?
Je vais continuer de faire le tour des écoles et d’animer des ateliers pour le personnel enseignant et les élèves. Dernièrement, j’ai tenu des séances sur la déconstruction de la masculinité avec des garçons à risque de la 7e à la 12e année et durant lesquelles nous nous sommes exprimés à l’aide de l’écriture narrative. Ça leur a donné les outils dont ils auront besoin pour s’exprimer tout au long de leur vie. Je préfère qu’ils écrivent des poèmes plutôt que d’abuser de l’alcool ou d’autre chose.