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Quand l’étudiant devient enseignant

D’anciens récipiendaires des bourses de l’Ordre nous parlent des leçons qu’ils ont tirées de leurs premières années dans la profession.

D’Olivia Yu
Illustration : Martin O’Neill/Three in a Box; de gauche à droite : Shyla Pogany, EAO; Megan Hamilton Clifford, EAO; Christopher Carswell, EAO

Harriet Simand Image

Depuis 2003, l’ordre reconnaît l’excellence en formation à l’enseignement en remettant des bourses aux personnes qui souhaitent joindre les rangs de la profession. Noun faisons le point avec trois de nos anciens récipiendaires qui évoquent leur carrière et leur interaction avec les élèves, proposant au passage quelques conseils aux nouveaux enseignants.

Portrait de Christopher Carswell

Christopher Carswell, EAO

Récipiendaire 2010 de la bourse d’excellence en formation à l’enseignement Joseph-W.-Atkinson

Christopher Carswell a toujours eu pour vocation d’enseigner. Pour lui, l’enseignement est une affaire de famille : son père, sa belle-mère et son beau-père sont tous dans la profession! Après avoir obtenu son diplôme de formation à l’enseignement à l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario (IEPO) de l’Université de Toronto, M. Carswell a commencé à enseigner dans des écoles privées, mettant sa passion des langues à l’avant-plan.

Actuellement dans sa cinquième année d’exercice, M. Carswell enseigne le latin à l’University of Toronto Schools (UTS), une école secondaire indépendante qui admet les élèves en fonction de leur mérite scolaire. Le linguiste parle avec fierté de son école et du travail qu’il y accomplit.

Enseigner les langues classiques à des élèves du secondaire peut néanmoins présenter des défis. Il est donc primordial d’instaurer un dialogue sain avec les élèves. «Il faut communiquer avec eux de façon concrète, dit M. Carswell. Demandez-leur, par exemple, quels sont les clubs qui les intéressent ou quelles sont leurs émissions de télé préférées, en faisant un lien avec une activité en classe. Songez à leur demander s’ils ont un surnom qu’ils aimeraient que vous utilisiez.»

M. Carswell souligne l’importance d’aller au-delà des principes et philosophies de l’enseignement. «Les nouveaux enseignants se concentrent sur ce qu’ils ont appris, mais l’enseignement va bien plus loin que le simple fait de transmettre de l’information aux élèves. C’est en faisant preuve d’humanité et en restant à l’écoute que l’on crée des liens.»

Pour être efficaces en classe, il faut, selon lui, être disposés à montrer que nous sommes des apprenants à vie et que nous acquérons, nous aussi, de nouvelles connaissances.

S’il devait donner un conseil aux novices, il leur dirait qu’il est inutile d’essayer d’être parfait. «C’est contre-intuitif. L’important, c’est de réfléchir à ce que l’on peut améliorer. Grâce à une réflexion continue, les nouveaux enseignants sauront atteindre leurs objectifs.»

Portrait de Shyla Pogany

Shyla Pogany, EAO

Récipiendaire 2013 de la bourse de l’Ordre pour les cycles primaire et moyen ou moyen et intermédiaire

La plupart des pédagogues ont leurs propres astuces pour rendre le programme plus intéressant. Pour Shyla Pogany, enseignante suppléante à long terme au service de l’Upper Grand District School Board, il s’agit de la Zumba, qui combine danse et mouvements d’aérobie sur un fond de musique au rythme endiablé.

En moins de trois mois, Mme Pogany et ses élèves ont chorégraphié au moins 12 danses dans le cadre de leur programme d’activité physique quotidienne et ils ne montrent aucun signe de fatigue.

«J’essaie d’incorporer mes intérêts au cours et j’invite mes élèves à faire de même, dit-elle de son cours de 5e-6e année. Je trouve les élèves nettement plus réceptifs lorsqu’ils participent activement à leur apprentissage.»

En termes concrets, Mme Pogany travaille étroitement avec chaque élève pour que tout le monde y trouve son compte. Elle donne, au besoin, des consignes distinctes afin que chacun dispose des adaptations nécessaires à sa réussite. «Tout le monde n’apprend pas de la même façon. Il faut déterminer quelle méthode parle à chaque élève et attendre le fameux “eurêka!”.»

L’enseignante s’acharne à trouver les outils qui favoriseront le mieux l’apprentissage de ses élèves. Elle souligne, cependant, que le fait d’établir différents modes d’apprentissage ne suffit pas. Fixer ensemble des objectifs pour que les élèves prennent leur apprentissage en main et consolident les objectifs visés est un moyen efficace de les aider à développer un état d’esprit axé sur la croissance et la résilience. Il ne faut pas s’alarmer si les élèves ratent leur coup. «L’apprentissage commence par l’épreuve de l’échec : faire des erreurs n’a rien de très grave.»

Elle encourage aussi ses élèves à former leur propre communauté et à apprendre à régler des problèmes entre eux. «Nous avons affiché au mur des ententes pour toute la classe. Je pense qu’il est important de fournir aux élèves des occasions propices à l’autoréflexion et à l’autorégulation. En cas de problème, ils peuvent consulter les ententes.»

Mme Pogany, qui enseigne principalement dans la région de Guelph, continue de parfaire ses compétences et se considère encore nouvelle dans la profession. «C’est souvent moi qui demande des conseils, et j’invite tous les nouveaux membres du personnel enseignant à faire de même. Servez-vous des ressources qui vous entourent. Posez des questions aux collègues. Discutez du programme, échangez des idées et partagez des leçons. Apprenez.»

Portrait de Megan Hamilton Clifford

Megan Hamilton Clifford, EAO

Récipiendaire 2007 de la bourse d’excellence en formation à l’enseignement Joseph-W.-Atkinson

Megan Hamilton Clifford est extrêmement fière de faire partie de l’équipe A du Limestone District School Board. Également connu sous l’appellation «équipe de soutien à l’autisme», ce groupe de pédagogues a été constitué afin de répondre aux besoins des élèves en difficulté. Mme Clifford et ses collègues n’exercent pas dans un établissement scolaire classique; ils travaillent dans plusieurs écoles, dans un périmètre qui s’étend de la ville de Kingston au comté de Frontenac, Lennox et Addington, selon la demande.

Après avoir obtenu son diplôme de l’Université Lakehead, Mme Clifford a enseigné le français à l’élémentaire, puis au secondaire, tout en suivant des cours menant à une qualification additionnelle, dont Éducation de l’enfance en difficulté. C’est là qu’elle a su qu’elle voulait travailler avec des élèves ayant des besoins particuliers. «Les enfants sont pour moi une source d’inspiration. Nous ne vivons pas dans un monde particulièrement accueillant, et ces élèves doivent relever des défis supplémentaires. J’aime les voir grandir, s’épanouir et surmonter les obstacles.»

Mme Clifford célèbre les victoires de ses élèves, les petites comme les grandes. Même le fait d’apprendre à préparer un jus d’orange à partir d’un concentré est une raison de se réjouir. Chaque progrès est un tremplin qui aide les élèves à atteindre leurs objectifs à long terme. «Certains de mes élèves vont maintenant à l’université, ils font des choses formidables.»

À titre d’enseignante en éducation de l’enfance en difficulté, Mme Clifford n’est pas une adepte du terme «déficience développementale», employé communément pour décrire ses élèves. «Je n’aime pas le mot “déficience”. Il ne s’agit pas d’une vision réduite du monde, mais d’une vision différente.»

En mettant à profit sa capacité à se mettre à la place des autres, elle comprend mieux ses élèves et parvient à «voir l’apprenant tout entier, pas seulement l’enfant qui n’a pas fait ses devoirs». Elle souligne qu’il est important de tenir compte d’autres facteurs qui jouent un rôle dans la vie des élèves.

Au fil des années, Mme Clifford a appris bien des choses, mais la plus grande leçon qu’elle a retenue, ou plutôt le conseil qu’elle veut donner aux nouveaux enseignants, se résume ainsi : «Pardonnez-vous pour vos erreurs, parce que vous allez en faire.» Elle ajoute : «On apprend autant de nos erreurs que de nos succès.»

Mme Clifford a également pris le temps de réfléchir à la signification de cette bourse. «Obtenir cette reconnaissance, en tant que jeune enseignante, était vraiment encourageant. La valorisation professionnelle et l’appui financier ont fait une grande différence. Je suis très reconnaissante de la bourse que j’ai reçue.»

«C’est souvent moi qui demande des conseils, et j’invite tous les nouveaux membres du personnel enseignant à faire de même. Servez-vous des ressources qui vous entourent. Posez des questions aux collègues. Discutez du programme, échangez des idées et partagez des leçons. Apprenez.»

Nous acceptons actuellement les demandes de bourses

Par l’entremise de notre programme de bourses, nous apportons un soutien aux étudiantes et étudiants en enseignement. Le programme met à l’honneur des aspirants qui incarnent les valeurs de la profession, en octroyant une aide financière aux personnes qui ont une passion et un grand idéal pour l’enseignement. Cette aide est rendue possible grâce à des dons. Les bourses sont versées directement aux personnes choisies en fonction des critères que nous avons établis. Pour en savoir plus, visitez oct-oeeo.ca/cvbwqs.