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Mot du registraire

Encadrons nos histoires

Où le maître du suspense et le pouvoir des enseignants se confrontent.

De Michael Salvatori, EAO
@Michael_OCTOEEO
Illustration : Studio 141 / Ordre des enseignantes et des enseignants de l'Ontario

Silhouette de Michael Salvatori, enseignant agréé de l'Ontario, chef de la direction et registraire de l'Ordre, dos à dos avec celle d'Alfred Hitchcock

Le printemps dernier, on m’a demandé de faire un discours liminaire sur le pouvoir des enseignantes et enseignants, à l’occasion d’un évènement universitaire regroupant anciens étudiants et amis. Mon premier défi a été de rétrécir ce vaste thème et de choisir un sujet. J’ai fini par me fixer sur trois notions comme le titre de la présentation l’indique : Mémoire, rigueur et le maître du suspense (Recall, Rigour and the Master of Suspense). Mon objectif était de tisser les trois notions pour illustrer la force du pouvoir que les enseignants exercent sur la société en général et les élèves en particulier.

Je vais commencer par mettre fin au suspense en révélant que ce fameux «maître du suspense» n’est autre qu’Alfred Hitchcock, un titre que ce grand cinéaste classique mérite bien. J’admire ses films tels que Fenêtre sur cour et L’homme qui en savait trop depuis longtemps. Bien que je connaisse ses films, je ne savais pas qu’il fournissait deux scénarios à ses acteurs : un bleu et un vert.

Récemment, durant un séminaire sur les communications, un présentateur a expliqué que le scénario bleu d’Hitchcock était prévisible : les textes des acteurs, la direction artistique, la description des décors, etc. Le scénario vert, en revanche, était plus intéressant et nuancé. Il décrivait les sentiments que la scène devait générer chez les spectateurs.

Dans ce scénario, Hitchcock télégraphiait les sentiments qu’il voulait provoquer. En réfléchissant à cette approche, j’ai pensé au travail que nous faisons afin de préparer les élèves pour demain et pour le rôle qu’ils vont jouer dans notre société. À quoi cela ressemblerait-il si on demandait aux jeunes les qualités qu’ils veulent posséder au lieu du métier qu’ils veulent exercer?

Collaborateur. Innovateur. Créatif. Honnête. Respectueux. Plutôt que…

Ingénieur. Enseignante. Fabriquant. Architecte.

C’est notre scénario vert qui nous permet d’aider les élèves à développer les aptitudes et attributs dont ils auront besoin pour préparer leur avenir et résoudre les problèmes qui se poseront à eux. Souvent, pour les aider à se mettre en scène, nous partageons notre expérience avec eux.

La mémoire, une autre notion de ma présentation, nous permet de nous rappeler des histoires et anecdotes afin de mieux nous brancher sur les élèves et les encourager à se brancher eux-mêmes sur leur propre vécu dans leur apprentissage.

Je vous invite à réfléchir aux normes d’exercice et de déontologie de votre profession en tant que cadre dans lequel vous pouvez partager vos propres histoires, et ce, pour susciter la discussion avec les élèves. Pour vous inspirer, les histoires d’autres membres de l’Ordre sont disponibles à oeeo.ca. Elles visent à renforcer les normes que nous avons en commun et à offrir un moyen d’explorer les façons d’incorporer l’empathie, la confiance, le respect et l’intégrité au cœur de notre pratique professionnelle. Cela a un impact considérable sur nos élèves.

En tant que cadre narratif ou comme moyen d’inculquer des valeurs à nos élèves, les normes de déontologie servent de fondation solide pour notre travail.

Hélas, le manque de place m’empêche de vous parler de la troisième notion : la rigueur. Je vais devoir faire durer le suspense jusqu’à une prochaine fois! Comme le fameux cinéaste l’a dit : «Il faut toujours faire souffrir l’audience le plus possible.»

Signature de Michael Salvatori