Partagez cette page 

Mini questionnaire

avec Maggie MacDonnell

De Laura Bickle
Photo : Abdullah Kafashe

Gros plan de Maggie MacDonnell.

Cette année, le prix international Global Teacher (globalteacherprize.org), d’une valeur de 1 M$ US, souligne le dévouement, l’empathie et la résilience de Maggie MacDonnell, qui a enseigné pendant sept ans à Salluit (Québec), un village inuit accessible par avion. Devenue un membre influent de cette communauté de l’Arctique canadien aux prises avec la pauvreté, des problèmes de violence conjugale et de suicide, Mme MacDonnell a joué un rôle déterminant dans l’ouverture d’un centre d’entraînement physique pour la communauté ainsi que dans la création d’un programme de nutrition scolaire géré par les élèves et d’un programme de placement professionnel et de mentorat dans une garderie locale.

Persuadée que les jeunes gagnent en assurance quand il leur est donné de rendre service, Mme MacDonnell a aidé ses élèves à recueillir plus de 90 000 $ pour la prévention du diabète ainsi que des programmes de promotion de la santé pour d’autres jeunes du Nord, tout en assumant avec son mari le rôle de famille d’accueil temporaire pour plusieurs enfants. «Certains élèves me considèrent comme un membre de leur famille», dit cette enseignante qui a grandi en Nouvelle-Écosse rurale. En février 2017, on l’a mutée à Kuujjuaq, à 600 km de Salluit, pour superviser des programmes de santé visant 17 écoles réparties dans 14 collectivités.

Que signifie ce prix pour vous?

Cela a eu un effet transformateur sur moi et mes élèves. Depuis, j’ai voyagé avec certains d’entre eux à Montréal, mais aussi en Argentine et au Chili, où ils ont rencontré le président et parlé honnêtement de leurs expériences, du logement et de l’éducation en milieu autochtone.

J’ai pris la parole aux Nations Unies à deux reprises et y ai emmené des jeunes de la région. Nous avons eu un entretien de une heure avec l’ancien président américain Bill Clinton et avons profité d’occasions de leadership impossibles à recréer en classe.

Que comptez-vous faire avec cet argent?

Je compte créer un organisme sans but lucratif qui répondra aux perspectives de la communauté autochtone. Un de nos projets nous a déjà permis d’emmener quatre résidents de Salluit en Nouvelle-Écosse pour travailler avec Canoe Kayak Nova Scotia. Après des décennies de colonisation, renouer avec la tradition du kayak aide la communauté à renforcer la résilience et la fierté culturelle.

Quelle est votre approche pédagogique?

Il est question avant tout de relations; c’est ce qui fait ma force. Mon approche vise le développement communautaire. Il est très important de faire participer les élèves afin qu’ils apportent eux-mêmes des solutions aux problèmes qui les entourent.

Le taux de rotation des pédagogues est élevé dans le Nord. Pourquoi êtes-vous restée?

J’ai travaillé en Afrique subsaharienne pendant cinq ans et cela m’a préparée à la réalité du terrain ici. On n’est pas suffisamment préparé à la réalité autochtone. On entend beaucoup parler de suicide et d’automutilation. Il est important de prendre soin de soi pour rester en bonne santé mentale.

Pourquoi installer un centre d’entraînement physique au village de Salluit?

Investir dans les jeunes et créer des possibilités d’activités récréatives saines, c’est offrir de meilleurs choix que la drogue et l’alcool. Le simple fait de bouger est un bon moyen de gérer le stress et d’améliorer la santé mentale.