De Laura Bickle
Photo : Kathryn Hollinrake
Entrepreneur et investisseur en capital-risque, Anthony Lacavera ne mâche pas ses mots lorsqu’il parle de ses préoccupations pour l’avenir du pays : «J’aime le Canada et ses valeurs, mais je crois qu’il n’est pas outillé pour prospérer à long terme. Nous sommes devenus complaisants.»
Le fondateur de Globalive, une société d’investissement mondiale, approfondit son message passionné dans How We Can Win: And What Happens to Us and Our Country If We Don’t, un livre qu’il a coécrit avec Kate Fillion, ancienne collaboratrice et envoyée spéciale du magazine Maclean’s. Connu surtout en tant que fondateur et PDG de l’entreprise WIND Mobile (maintenant Freedom Mobile), qu’il a vendue pour 1,6 milliard de dollars après l’avoir hissée au quatrième rang des fournisseurs de services sans fil au Canada, M. Lacavera estime que l’éducation joue un rôle fondamental dans la prospérité du pays. «Nous devons encourager la concurrence, l’audace, l’innovation, l’entrepreneuriat et l’avant-garde», soutient-il.
Reconnu par l’organisation Junior Achievement of Central Ontario pour son esprit novateur et son approche audacieuse, M. Lacavera exprime son point de vue sur la façon d’encourager les jeunes entrepreneurs.
Qu’est-ce qui vous a incité à écrire ce livre?
Nous vivons une période décisive. Nous devrons couper dans la sécurité sociale, la démocratie, les soins de santé et l’immigration si nous n’accélérons pas la croissance. L’innovation est la seule façon d’y parvenir.
Comment stimuler l’entrepreneuriat?
La culture canadienne décourage l’audace et la compétition. Tous les enfants reçoivent un certificat de participation. En revanche, au hockey, les joueurs sont farouchement compétitifs; il faut adopter la mentalité du hockey dans la culture de nos entreprises.
Il est sain d’être compétitif. Il ne faut pas s’inquiéter de perdre une partie, mais plutôt miser sur la saison entière. Si l’on doute de soi, on arrive toujours en deuxième place.
Quelles devraient être les priorités du système éducatif?
Il faut investir davantage dans l’éducation en général, surtout dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les maths (STIM) pour sortir vainqueur de la quatrième révolution industrielle : l’intelligence artificielle.
L’éducation financière est essentielle. Il faut enseigner aux élèves que le démarrage et le développement d’entreprises constituent un choix viable. Aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Chine, les enfants l’apprennent bien plus tôt que chez nous.
Quelles modifications au programme scolaire souhaiteriez-vous?
Enseigner que l’entrepreneuriat est un choix viable. Il faut célébrer les innovations révolutionnaires que nous avons réalisées. Les élèves doivent en apprendre sur Research in Motion (RIM), sur Nortel et sur la façon dont ces sociétés ont été bâties. J’aimerais que le thème des histoires d’entreprises se faufile un peu partout dans le programme.
Comment les pédagogues peuvent-ils renforcer ce message?
Les enfants vivent avec eux des moments précieux alors qu’ils se font un chemin dans la vie. Les histoires sont des sources de motivation.
Quel message voulez-vous transmettre aux élèves?
Nous sommes compétitifs et nous pouvons gagner. Allez-vous en profiter? Tout dépend de vous. Vous en possédez la capacité. Trouvez ce qui vous passionne et ignorez les détracteurs.