DE MELISSA CAMPEAU
PHOTO : AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE TINA ZITA, EAO
Bien que l’évolution soit une nécessité, le changement apporte souvent de très grandes améliorations. Il suffit de demander à Tina Zita, EAO, conférencière TEDx, conceptrice et instructrice de cours menant à une qualification additionnelle (QA) pour l’ lnstitut d’études pédagogiques de l’Ontario (IEPO), leader influente et enseignante-ressource pour l’apprentissage moderne au Peel District School Board. La profession continue de braquer les projecteurs sur l’approche fondée sur le questionnement et l’antioppression en classe, deux stratégies que Mme Zita estime très profitables, tant pour l’apprentissage professionnel des enseignants que pour la réussite des élèves, et son travail en ligne en est un exemple flagrant. Mme Zita a joué un rôle déterminant en aidant l’Ordre à intégrer les deux approches dans des lignes directrices de cours menant à une QA. Plus récemment, elle a contribué à la conception des lignes directrices de la QA Leadership en enseignement et à la création d’une nouvelle ressource pour appuyer les fournisseurs de cours menant à une QA [voir p. 6]. Elle nous fait part de ses réflexions sur ces orientations avant-gardistes et nous parle de son travail au sein de l’Ordre.
Comment définissez-vous l’approche fondée sur le questionnement et l’antioppression?
L’approche fondée sur le questionnement consiste à guider l’apprentissage en posant des questions importantes et en se demandant constamment comment mieux répondre aux besoins des apprenants. Quant à la démarche antioppressive, elle vise à reconnaître que nos systèmes ne sont pas justes pour tous. Elle exige que nous adoptions une approche fondée sur le questionnement dans notre pratique pour nous assurer d’être à l’écoute des diverses communautés et des leaders en matière d’équité en vue de trouver de nouvelles stratégies pour outiller tous les apprenants.
Estimez-vous que ces stratégies sont interreliées?
Oui. Si nous croyons que l’éducation doit favoriser une société critique, créative et saine, il faut alors reconnaître que tout le monde n’évolue pas dans une telle société. En tant que pédagogues, nous devons reconnaître que le système est injuste. C’est en s’ouvrant à cette réalité que l’on pourra trouver les changements à apporter à notre pratique.
Pourquoi ces approches sont-elles devenues si importantes pour vous?
C’est arrivé naturellement au fil des ans. J’ai grandi à l’étranger dans différents pays et, bien que je n’aie pas toujours réussi à l’école de la façon traditionnelle, j’ai eu des enseignants qui ont fait preuve d’un grand dévouement pour m’aider. Dans mon cas, l’approche fondée sur le questionnement s’est révélée par le désir de transmettre ce que j’ai vécu quand j’étais enfant, c’est-à-dire avoir le sentiment d’être compétente et capable.
Je me souviens d’un des premiers cours menant à une QA que j’ai donné pour l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario (IEPO). La salle était remplie de pédagogues compétents, et cela m’a rappelé qu’ici aussi, je pouvais stimuler l’apprentissage. C’était formidable de voir que les cours menant à une QA ne visent pas seulement à transmettre des connaissances, mais aussi à faire progresser nos apprentissages (les miens y compris) en tant que membres d’une communauté. Avec le temps, mon rôle est devenu celui d’une agitatrice.
Le document du programme du jardin d’enfants de l’Ontario contient une excellente citation sur la vision de l’apprenant. Il y est question de considérer que les apprenants sont compétents et capables et de respecter la diversité des familles et des communautés dont ils sont issus. Si je veux que les pédagogues adoptent cette vision des élèves, je dois aborder les cours menant à une QA de cette façon.
Si vous voyez les 20 ou 30 apprenants devant vous comme des personnes compétentes et capables, je pense que vous êtes orientés automatiquement vers une approche fondée sur le questionnement. C’est alors que vous vous demandez comment mettre leur apprentissage à l’épreuve et comment grandir avec eux.
À quels obstacles doit-on faire face avec ces approches?
L’une des difficultés (en classe tout comme dans un cours menant à une QA) consiste à trouver l’équilibre entre le fait d’avoir des attentes et des normes élevées et l’exploration personnelle, tout en jetant un regard critique qui remet en question nos préjugés et nos hypothèses. La difficulté réside dans cet équilibre que beaucoup d’entre nous n’ont pas connu dans leur propre éducation.
L’auteur Alvin Toffler, connu pour ses écrits sur les technologies modernes et la révolution numérique, dit que la compétence clé en littératie au XXIe siècle est la capacité d’apprendre, de désapprendre et de réapprendre. Beaucoup d’entre nous ont été éduqués dans un seul système, et nous essayons vraiment de remettre en question ce constat de façon proactive.
Quels conseils donneriez-vous pour mieux épouser ces approches?
Apprenez à connaître vos élèves. Écoutez-les et apprenez à les connaître en tant qu’êtres humains. Nous éduquons des êtres à part entière, nous ne nous concentrons pas seulement sur la facette scolaire de leur personnalité.
Il est aussi important de modeler soi-même cette approche fondée sur le questionnement – en situation d’animation, de conception ou d’enseignement – afin d’être ensemble dans une situation d’apprentissage actif, en tant que communauté. Il s’agit de se mettre dans un état d’apprentissage vulnérable et inconfortable, tout en poussant les autres à emboîter le pas.
Une dernière réflexion?
Nous devons modéliser ce que nous voulons que les apprenants et les élèves expérimentent. Si nous voulons que les enseignants honorent les voix, les cultures et les expériences qu’apporte chaque élève, nous devons faire de même au moment d’élaborer des expériences pour eux.
Vous voulez en savoir plus? Tina Zita, EAO et enseignante-ressource d’apprentissage moderne, recommande de réunir, au moyen des médias sociaux et des ouvrages imprimés, un éventail de points de vue de collègues, de chefs de file locaux et de personnalités internationales.
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