En vue de fournir une tribune libre et d’appuyer l’expression d’un large éventail de points de vue, Pour parler profession vous invite à écrire des lettres à revue@oeeo.ca en réponse aux articles que vous avez lus. Une lettre doit comporter le numéro de téléphone et de membre de son auteur. Les opinions exprimées dans les lettres que nous publions sont celles de leurs auteurs et ne doivent pas être interprétées comme étant celles de l’Ordre. Nous nous réservons le droit d’abréger les lettres en raison de contraintes d’espace et par souci de clarté.
Dans notre numéro de décembre, nous avons publié une lettre qui a blessé et bouleversé un grand nombre de nos membres. Nous regrettons sincèrement la détresse que cette lettre a causée.
La lettre en question portait sur l’article «Enseigner aux élèves LGBTQ» du numéro de juin 2019, à l’appui de notre mandat de protéger les élèves et de promouvoir l’application des normes de déontologie de la profession. L’article (voir ci-dessous) proposait aux enseignants des stratégies visant à favoriser la création d’un milieu inclusif et la priorisation de la visibilité de tous les élèves.
La lettre publiée reflétait l’opinion d’un membre et non pas celle de l’Ordre ni de son comité de rédaction, mais elle soulevait une question : Que faire en cas de conflit entre ses convictions et ses obligations professionnelles et juridiques? Après avoir longuement délibéré, le comité de rédaction a décidé de publier la lettre parce que la rubrique «Courrier des lecteurs» se veut une tribune où nos membres peuvent exprimer leurs points de vue en réaction aux articles publiés dans la revue.
Nous avons reçu des douzaines de lettres et plus d’un millier de billets sur les médias sociaux. Nous sommes à l’écoute de nos membres : bien que la politique d’examen du comité de rédaction soit judicieuse, un exercice de réflexion s’avère salutaire et peut donner lieu à des améliorations. Ainsi, le comité introduira une étape supplémentaire au moment d’examiner des textes qui pourraient s’avérer délicats. Outre le consensus, il cherchera à obtenir, au besoin, un avis au-delà du comité de rédaction.
Pour revenir sur la question soulevée dans la lettre en cause, le comité de rédaction a décidé de consacrer un article sur les solutions qui s’offrent aux pédagogues pour concilier leurs croyances personnelles avec certains éléments du programme-cadre, un style d’enseignement ou la philosophie de leur employeur.
Sincères salutations,
«À l’enseignante qui a exprimé son malaise à l’idée de parler des enjeux touchant les LGBTQ à l’école : je rappelle que les écoles (même catholiques) sont financées par les fonds publics, et qu’elles doivent ainsi se plier aux exigences du gouvernement. Je l’invite à lire Homophobia in the Hallways de Tonya D. Callaghan, sur le clivage qui persiste entre les écoles catholiques du pays et la Charte canadienne des droits et libertés, et sur les risques élevés de discrimi nation, d’intimidation et de dépression que courent les élèves LGBTQ.»
Lisa Snow, EAO, suppléante à l’élémentaire, Durham District School Board
«Je tiens à remercier l’auteure de la lettre du numéro de décembre 2019, qui s’interrogeait sur l’approche que les pédagogues devraient adopter lorsqu’ils ne peuvent concilier leurs convictions religieuses et des sujets abordés en classe, comme la tolérance à l’égard de la communauté 2SLGBTTIQ+. Les pédagogues ne se sentent pas tous à l’aise de discuter de ces enjeux et ne sont peut-être pas conscients de la souffrance que vivent au quotidien ceux qui s’identifient à cette communauté. Néanmoins, l’auteure a soulevé la question du conflit entre le sens moral individuel et les valeurs partagées.
Ce contraste illustre bien la politique de l’autruche : avant de pouvoir défendre efficacement les intérêts 2SLGBTTIQ+ au sein du système public, il faudrait faire le point sur les attitudes au sein de nos conseils scolaires et de nos écoles.»
Hubert Brard, EAO, directeur adjoint au Woodbridge College du York Region District School Board
«Je comprends le principe de la liberté d’expression, mais ce principe a ses limites. À titre d’enseignants, nous n’avons pas le loisir de promouvoir des idées et des opinions qui constituent des motifs de distinction illicite et vont à l’encontre de la Loi canadienne sur les droits de la personne.»
Aaren Zavarella, EAO, enseignante de 4e année à la Garthwood Park Public School du Peel District School Board
«Le conseil scolaire offre de l’appui et des ressources pour mener à bien ce travail d’inclusion important et nécessaire. Je suis persuadée que mes collègues du York Region District School Board, qui veillent à la bienveillance et à la sécurité dans les écoles, partagent cet avis.»
Kelly Krug, EAO, coordonnatrice du climat de l’apprentissage et du travail auprès du Peel District School Board
«À titre de pédagogue appartenant à la communauté LGBTQ+, j’estime nécessaire de rappeler que les membres de la profession ont le devoir d’appuyer tous les élèves qui leur sont confiés. Notre engagement englobe le respect et la reconnaissance de la diversité des expériences vécues. Nos élèves méritent que TOUS leurs enseignants soient non seulement des exemples à suivre, mais aussi des meneurs et des défenseurs de leurs droits à un milieu d’apprentissage inclusif qui les appuie.»
Louisa Julius, EAO, enseignante de français de base, 8e année, à la Bliss Carman Senior Public School du Toronto District School Board
«L’Ordre a pour mandat de faire respecter les normes de la profession et de rappeler aux membres leurs responsabilités à l’égard de la Loi sur l’éducation. En publiant cette lettre, l’Ordre a raté une bonne occasion de préciser sa position sur cette question et de signaler aux enseignantes et enseignants agréés de l’Ontario que les écoles financées par les fonds publics de la province sont tenues par la loi de “promouvoir un climat scolaire positif qui soit inclusif et où tous les élèves se sentent acceptés” [Loi sur l’éducation, partie VI, article 169.1, paragraphe (1), sous-alinéa a.1].»
Natasha Faroogh, EAO, enseignante de français en remplacement à long terme, Peel District School Board
«L’obligation de faire respecter les droits fondamentaux des élèves qu’on leur confie ne constitue pas une atteinte à la liberté de religion des membres de la profession. Ce principe a été clairement établi dans la législation tant ontarienne que canadienne.»
Catherine Coghlan, EAO, enseignante d’immersion française en 8e année à la David Leeder Middle School du Peel District School Board
«Pour parler profession est une publication sérieuse et bien pensée qui vise à refléter les normes d’exercice et de déontologie rigoureuses de la profession enseignante. Cette lettre porte atteinte à notre profession. Elle ne rehausse en rien son statut.»
Michael A. Moore, EAO, directeur adjoint à la John Ross Robertson Junior Public School du Toronto District School Board
«Précisons-le, l’enseignement de l’inclusion de toutes les identités est une exigence. L’existence et l’humanité de la communauté LGBTQ2S+ ne sont pas discutables, et ce, quelles que soient les croyances religieuses personnelles. Laisser entendre le contraire en donnant à cette lettre une plateforme dans une publication d’envergure comme Pour parler profession cause un préjudice réel et profond à un groupe déjà vulnérable. Le besoin d’éduquer davantage et d’appuyer les membres de la profession, en vue de les aider à réagir à de telles polémiques, est vital.»
Jane Sayaka Yajima, EAO, enseignante de 3e année à la King George Junior Public School du Toronto District School Board
«Les notes préliminaires de tous les programmes d’études de l’Ontario exigent que l’on fasse en sorte que tous nos élèves se voient représentés dans un milieu d’apprentissage où le respect et la tolérance pour la diversité règnent.»
Oliver Vidal, EAO, enseignant de français et d’espagnol à l’Oakville Trafalgar High School du Halton District School Board
«En tant que pédagogues, nous avons la responsabilité morale de promouvoir le respect de la loi et des valeurs canadiennes, et d’enseigner le respect de la différence dans une société pluraliste.»
Cindy Spackman, EAO, récemment retraitée, ancienne enseignante au cycle intermédiaire du Lakehead District School Board
«Dans une école financée par les fonds publics, cette enseignante a l’obligation de créer un milieu inclusif pour tous ses élèves, et ce, quelles que soient ses croyances. Il nous incombe de nous soucier des élèves, conformément au Code des droits de la personne et à la Loi sur l’éducation de l’Ontario. Les écoles de l’Ontario ont une politique d’éducation inclusive.»
Barry Bedford, EAO, directeur de la Coronation Public School du Durham District School Board
«Tout membre de l’Ordre devrait être pleinement conscient du fait qu’il n’a pas le loisir de choisir ce qu’il doit enseigner. Si l’auteure de la lettre est mal à l’aise quand elle doit parler des enjeux touchant la communauté 2SLGTBQ+, elle n’a pas pour autant le droit d’exprimer ses préjugés en classe. Le ministère de l’Éducation, la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario et l’Ordre exigent de toutes les enseignantes et de tous les enseignants qu’ils favorisent l’inclusion et l’équité en classe.»
Emma Rucchetto, EAO, enseignante, Peel District School Board
«Le point de vue exprimé dans la lettre va à l’encontre de la Loi sur l’éducation, qui indique que les conseils scolaires doivent “promouvoir un climat scolaire positif qui soit inclusif et où tous les élèves se sentent acceptés, sans égard à la race, à l’ascendance, au lieu d’origine, à la couleur, à l’origine ethnique, à la citoyenneté, à la croyance, au sexe, à l’orientation sexuelle, à l’identité sexuelle, à l’expression de l’identité sexuelle, à l’âge, à l’état matrimonial, à l’état familial ou au handicap”.»
Pam Strong, EAO, enseignante-ressource en équité et éducation inclusive auprès du Peel District School Board
«Un enseignant peut faire preuve d’intégrité en formulant un message analogue à celui-ci : “Qu’elles soient favorables ou non aux droits des LGBTQ+, mes croyances n’ont rien à voir avec mes responsabili- tés envers mes élèves. Je ne trahis pas ma foi en démontrant à mes élèves qu’ils méritent tous d’apprendre dans un milieu sûr et respectueux.”»
Kyle J. McGiverin, EAO, enseignant de français de base à la 7e année à la Thomas Street Middle School du Peel District School Board