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Enseignants remarquables

Mary Berg, championne de MasterChef Canada, tenant une tarte aux fraises.

Une recette en or

L’animatrice vedette Mary Berg se souvient des grandes leçons sur la confiance et la pensée critique qu’elle a tirées des cours de son enseignante d’histoire, Nancy Malcolmson.

De bill harris
Photos : CTV; Eric Malcolmson

Mary Berg, animatrice de l’émission culinaire Mary’s Kitchen Crush et gagnante de la 3e saison de MasterChef Canada, confie qu’elle a toujours aimé qu’on lui donne des étoiles de réussite. «Vous voulez me donner un autocollant? J’adore recevoir des étoiles!»

Après avoir accumulé les succès ces dernières années, elle a envie de donner à son tour une étoile, et se réjouit de pouvoir la remettre à Nancy (Turner) Malcolmson, EAO, son enseignante d’histoire en 10e, en 11e et en 12e année à la Pine Ridge Secondary School, à Pickering, en Ontario.

«Mme Malcolmson est l’une de ces personnes qui pourraient exceller dans n’importe quel domaine, mais je ne l’imagine nulle part ailleurs que dans une salle de classe. C’est qu’elle a touché tellement d’élèves! De l’histoire, elle en mange! Et l’histoire du Canada, elle la dévore! Elle était tellement intéressante, et sa présence était si enrichissante que tout un chacun buvait ses paroles et en a gardé un souvenir impérissable.»

Mary Berg soutient que les leçons enseignées par Mme Malcolmson lui ont largement servi dans tout ce qu’elle a accompli depuis l’école secondaire. Et ces leçons vont bien au-delà du programme d’histoire; l’enseignante était aussi un modèle féminin solide. L’animatrice a été inspirée par plusieurs des concepts qu’elle appliquait, comme l’approche analytique, le regard critique et la nécessité d’étayer ses opinions : «Comme leurs classes sont remplies d’adolescents, les enseignants du secondaire touchent les élèves dans un spectre beaucoup plus large que la matière qu’ils enseignent.» Elle a d’ailleurs communiqué avec son ancienne enseignante d’histoire après ses études secondaires, alors qu’elle avait besoin d’un regain de confiance en début de parcours à l’Université Wilfrid-Laurier, pendant son baccalauréat (études universitaires qu’elle a poursuivies à la maitrise, à l’Université de Toronto).

«Je crois qu’elle savait à l’époque ce qu’elle représentait pour moi, mais elle serait certainement heureuse d’apprendre que son influence se poursuit. Dans la période tumultueuse actuelle, le fait de poser un regard critique sur l’histoire plutôt que de simplement l’assimiler, de la voir dans le contexte où elle s’est écrite, est plus précieux que jamais. Et c’est ça qu’elle enseignait.»

Mme Malcolmson, qui enseigne toujours à la Pine Ridge Secondary School, est ravie d’entendre les bonnes paroles d’une ancienne élève : «C’est évidemment un grand honneur. Je suis vraiment heureuse de l’avoir encouragée, car c’est bien ce que j’essaie de faire dans mon travail. C’est franchement gratifiant d’apprendre que les enseignements que les élèves tirent du temps passé ensemble sont durables.»

L’enseignante tient à dire que Mary Berg est la même à la télévision que dans la vie. «Elle est si authentique! Je l’ai encouragée pendant son passage à MasterChef Canada, puis pour son émission (Mary’s Kitchen Crush). Son frère, à qui j’ai aussi enseigné, a participé au tournage d’un épisode avec sa mère, une femme formidable. J’ai pleuré en le regardant. Ils étaient merveilleux! Ces trois-là s’appuient sans flancher. Je suis convaincue du rôle important que cet appui a joué dans la construction de l’identité de Mary. Ce trio est fantastique.»

Il va sans dire que la personnalité pétillante, énergique et chaleureuse de Mary Berg crève l’écran, elle qui fait preuve d’un grand talent culinaire. Mais en repensant à l’adolescente qu’elle était à son premier cours d’histoire avec Mme Malcolmson en 10e année, l’animatrice doute que quiconque aurait pu prédire le virage – «vers la gauche», comme elle l’appelle –, soit son avenir de personnalité publique.

«J’ai fréquenté une très petite école à l’élémentaire. Quand je suis arrivée au secondaire, dans des classes beaucoup plus grandes, je suis devenue quelqu’un de profondément terrifié, j’étais presque bonasse. Je sais que je ne reflète pas cette personnalité dans la vie ou à la télévision. Durant tout mon secondaire, je ne visais que l’université. Je n’ai jamais été férue de sports. J’avais des amis et tout ça, mais j’ai toujours beaucoup aimé lire, chercher, décortiquer les faits, comprendre, établir des liens, et avec tous ces morceaux, créer tout un travail pour transmettre ma pensée.»

S’il est vrai que l’intérêt de l’animatrice pour l’histoire existait déjà, il s’avère que Mme Malcolmson a franchement été la bonne enseignante qui est tombée à pic. «Elle a vraiment provoqué une étincelle en moi. Elle nous encourageait toujours à exprimer nos opinions et nos émotions, mais il fallait les étayer. Elle voulait que l’on découvre nos champs d’intérêt, mais avec la viande, il fallait aussi lui donner les légumes!»

Quand on parle de l’importance d’être encouragé à l’école, Mme Malcolmson indique que l’un des piliers de sa philosophie d’enseignement remonte à l’époque où elle a dû faire un choix de carrière.

Nancy Malcolmson, EAO
Nancy Malcolmson, EAO, enseigne toujours à la Pine Ridge Secondary School.

Pendant ses études à l’Université de Toronto, l’enseignante se rappelle un moment formateur, alors qu’elle songeait à une carrière en droit. Pour l’aider à faire son choix, sa mère lui avait organisé une rencontre avec un avocat. «Il ne me connaissait pas, mais il m’a donné un aperçu de mon avenir dans le domaine. Il m’a dit très gentiment, mais sans détour, que je serais limitée parce que j’étais une femme. Quand j’ai choisi l’enseignement, je n’ai jamais oublié cette conversation, et je me suis promis de ne jamais être cette personne qui limite les autres, mais d’être toujours celle qui encourage.»

Les encouragements judicieux de Mme Malcolmson ont ouvert un tout nouveau monde de possibilités pour son élève. Par exemple, les deux femmes se rappellent avec émotion un projet vidéo de Mary sur la guerre de 1812. Fidèles à elles-mêmes, chacune attribue à l’autre le succès du projet.

«À l’école, j’ai toujours le DVD qu’elle avait préparé en 12e année pour sa présentation sur la guerre de 1812. Ses camarades faisaient des vidéos, mais ce n’était pas suffisant pour Mary. Oh non!, raconte l’enseignante en riant. Pour comprendre le conflit, Mary devait mettre sa mère dans la voiture pour qu’elle la conduise à Queenston, en Ontario, afin de visiter le monument Brock et tout autre endroit à valeur historique. Elle a tout filmé, et a fait rire sa mère en prime. Résultat : un contenu éducatif formidable pour la classe.»

La présentation contenait même des prises ratées. «Je pense que j’ai pleuré de rire pendant le visionnement, se rappelle Mme Malcolmson. Toute la classe a vraiment appris grâce à son travail. C’était du Mary tout craché.»

L’animatrice insiste pour dire que c’est son enseignante qui lui a donné l’enthousiasme et la volonté nécessaire pour tenter de réaliser un tel projet.

«Je le répète, je n’étais pas une fille extravertie à l’école. Je ne faisais pas du théâtre. Je m’occupais des décors des pièces de théâtre, mais je n’y jouais pas. Mais ce travail sur la bataille de Queenston Heights fut l’un de mes projets préférés de tout le secondaire.»

Si Mary Berg se rappelle avoir été une adolescente discrète et timide, son enseignante ajoute un fait intéressant. «Si vous me l’aviez demandé, je ne crois pas que j’aurais répondu qu’elle aurait une carrière à la télévision. Je l’aurais vu enseignante. Je la savais gênée, mais elle était capable de s’exprimer. Je me souviens aussi de son rire. Lorsqu’elle était surprise, on l’entendait glousser avant d’éclater de rire, et toute la classe en profitait.»

«Elle n’était pas la première à s’exprimer, poursuit Mme Malcolmson, mais lorsqu’elle se lançait, elle révélait ses convictions de façon impeccable. Avec le recul, je vois qu’elle possédait tous les ingrédients pour réussir. Elle n’avait besoin que de temps et du moment propice pour les réunir. Je pense que Mary se sous-estime encore un peu : elle était plus audacieuse qu’elle ne le croit. Elle excellerait dans n’importe quel domaine.»

Même courtière d’assurances, domaine dans lequel Mary Berg travaillait avant sa carrière au petit écran.

«Voilà l’emploi que je n’aurais pas pu prédire! Mais je suis certaine qu’elle s’y est très bien débrouillée, grâce à sa personnalité», estime l’enseignante.

Quant au domaine dans lequel elle excelle, la cuisine – un talent qui lui a ouvert les portes du milieu de la télévision –, il était déjà bien connu à l’adolescence. «Je cuisinais les soirs et fins de semaine, et j’apportais mes gourmandises en classe», précise l’animatrice.

Mme Malcolmson le confirme : les pâtisseries affluaient à l’école, et tout le monde en profitait. «Elle trouvait des façons d’intégrer cet intérêt dans ses travaux. Du Mary tout cuit.»

À la lumière des souvenirs du secondaire et des projets réalisés (pâtisseries comprises), de même que de l’enthousiasme pour les réussites récentes, il règne de toute évidence une admiration mutuelle entre les deux femmes. L’une est fière de la carrière de son ancienne élève, l’autre est reconnaissante de l’influence et des conseils de son enseignante. Deux étoiles bien méritées.

Cette rubrique met en vedette des personnalités canadiennes qui rendent hommage aux enseignantes et enseignants qui ont marqué leur vie en incarnant les normes de déontologie de la profession enseignante (empathie, respect, confiance et intégrité).