Les études technologiques vous intéressent?
Les partenaires en études technologiques ont un message pour les techniciens automobiles, cuisiniers, infirmières et autres ouvriers qualifiés : l'Ontario souffre d’une grave pénurie d’enseignants en études technologiques. La profession enseignante a besoin de vous. La société aussi.

de Helen Dolik
Photographie de Mark Stegel et John Smee

RYAN Wineberg s’éclatait dans la production d’annonces publicitaires télévisées. Maintenant, il s'en donne à cœur joie en classe.

«Il n’y a rien de plus satisfaisant que de voir la lumière se faire chez un élève», dit Wineberg, chef du secteur d’études technologiques de la Markville Secondary School à Markham et enseignant en technologie des communications.

Wineberg a conçu le premier programme de technologie des communications de l’école. Les élèves y apprennent à faire des vidéos et de la radio numériques et de la production audio et télévisuelle.

Il a mis sur pied trois laboratoires et utilise le dernier matériel informatique et numérique en date pour intégrer les attentes du curriculum en matière de technologie. Les élèves travaillent avec divers logiciels de pointe et applications industrielles. Ils apprennent en expérimentant.

Les inscriptions à ce programme populaire ont bondi en l’espace de trois ans, soit de six pour 100 à 40 pour 100 de l’effectif de l’école.

«Sa croissance rapide et sa popularité indiquent bien la valeur que les parents et les élèves donnent à l’apprentissage grâce à l’utilisation de la technologie dans les classes d’aujourd’hui, dit Wineberg. Les enfants disent “on aime la technologie. C’est ce qu’on veut apprendre. C’est ce qui est important pour nous. C’est ce qui a de la valeur pour notre avenir à nos yeux ”.»

Personnel enseignant demandé
En l’an 2000, la province comptait 4 712 enseignantes et enseignants en études technologiques. D’après les calculs de l ’Ordre, 37 pour 100 d’entre eux, soit 1 747, prendront leur retraite d’ici 2005. Et d’ici 2010, ils seront 58 pour 100 à le faire, soit 2 738.

Une enquête du ministère de l’Éducation pour un groupe de travail de 1998-99 sur le renouvellement du personnel enseignant a montré que 48 postes en études technologiques restaient à combler au 30 novembre 1998. Le Ministère a délivré 271 permissions intérimaires pour l’année scolaire 2000-2001 et 146 avaient été délivrées pour 2001-2002 en novembre 2001.

Wineberg est l’exemple parfait des personnes que la profession enseignante aime attirer dans ses rangs. Il a obtenu un baccalauréat ès arts en radio et télévision de l’Université Ryerson à Toronto. Il a produit des publicités télévisées, fait du hors-champ et possède un talent certain pour les accents et les voix de personnages de dessins animés. Son expérience professionnelle est un véritable atout pour l’enseignement. Il sait exactement ce qu’est une bonne pub parce qu’il en a fait. Ça revient presque à avoir comme enseignant un expert en la matière.

Pourquoi l’enseignement? Tout est arrivé lorsqu’il a travaillé à l’unité de conception des campagnes publicitaires de Procter & Gamble. Une de ses fonctions visait à former le personnel de direction à la production de vidéos.

«J’ai remarqué qu’enseigner était presque une seconde nature, dit-il. Partager mes connaissances me satisfaisait plus que de seulement les utiliser.»

Il a donc décidé de reprendre ses études et a fait un baccalauréat et une maîtrise en éducation. Pour lui, la transition vers l’enseignement s’est faite tout naturellement.

Le plaisir d’apprendre
«On devrait s’amuser en apprenant, dit-il. Ça peut être ardu, difficile, poser des défis et même être stressant, mais on devrait y prendre plaisir. J’aime m’amuser et les jeunes aussi. Nous formons une bonne équipe. Nous voulons tous joindre l’utile à l’agréable – et nous apprenons ensemble.»

Wineberg a obtenu son diplôme de l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario de l’Université de Toronto (IÉPO/UT) en 1999 et enseigne à l'école Markville depuis trois ans. Son secteur compte cinq autres personnes. Pendant sa première année, la Société Radio-Canada et la Monnaie royale canadienne ont lancé un concours national invitant les écoles à produire une annonce publicitaire pour lutter contre l’alcool au volant chez les adolescents. Le message était de ne pas conduire en état d’ivresse, mais de prendre un taxi. Un groupe d’élèves de Wineberg a envoyé son projet extrascolaire et a obtenu le premier prix en Ontario et la cinquième place au niveau national. Mais attendez la suite!

La Monnaie royale canadienne a frappé une pièce de 25 cents spéciale — Harmonie 2000 — et l’a distribuée aux finissants des écoles secondaires du Canada. La pièce devait servir à appeler un taxi. Elle a été lancée officiellement à l’école Markville et la publicité de l’école a été diffusée en direct sur le web et à la Société Radio-Canada. La pièce en circulation représente la Reine d'un côté et une feuille d’érable de l’autre. Si on regarde bien, on remarque que la feuille d’érable est faite de plusieurs jeunes se tenant la main. Ces jeunes sont les élèves de Wineberg.

«Ils étaient au septième ciel», dit Wineberg en parlant de ses élèves ainsi immortalisés. «Ça n’a pas de prix.»

Mais ce n’est pas tout. L’année suivante, le prix du meilleur message publicitaire télévisé pour les services publics en Ontario a été remis à un groupe de ses élèves dans le cadre d’un concours financé par la Canadian Association for Responsible Gambling. Le Conseil scolaire de district de la région de York a récemment reconnu les efforts de Wineberg et lui a décerné le Technology Incentive Award, destiné aux enseignantes et enseignants qui utilisent des méthodes exemplaires pour intégrer la technologie et les attentes du curriculum à leur programme.

Programme offert dans cinq universités
Les facultés d’éducation de l’Ontario comptaient 142 étudiants à la formation en études technologiques en 2000-2001. Cinq universités offrent ce type de programme : Brock, Queen’s, Western Ontario, Ottawa et l’IÉPO/UT.

L’Université d’Ottawa offre un programme en français. Le nombre d’étudiants n’est pas limité, mais le coordonnateur du programme, Bernard Cousineau, a eu au plus 22 étudiants. «Nous sommes toujours prêts à accueillir des étudiants», dit-il.

L’université passe des annonces dans des journaux locaux en Ontario. La section du programme d’études technologiques du site web de l’Université d’Ottawa essaie d’attirer des participants éventuels en leur demandant : «Vous désirez transmettre la passion de votre métier à des jeunes du secondaire qui ont entre 12 et 20 ans et les amener à être des membres productifs de la société des années 2000?»

Si vous avez des amis ou des parents qui songent à changer de carrière, faites circuler l’information. Les facultés d’éducation recherchent des étudiants passionnés de technologie qui possèdent des aptitudes en relations humaines et se dévouent à la jeunesse. Cela aide aussi d'être créatif. «Souvent les gens qui ont fait des choses intéressantes deviennent des enseignants intéressants», dit Bryan Perkins, adjoint administratif pour les études technologiques à la faculté d’éducation de l’Université Queen’s.

Le diplôme universitaire n’est pas requis pour enseigner une matière technologique. Mais il faut avoir de l’expérience et des compétences dans son domaine. Il faut un diplôme d’études secondaires, cinq ans d’expérience dans un domaine technologique, et avoir suivi le programme de formation à l’enseignement d’un an.

L’Ordre travaille avec ses partenaires en éducation pour résoudre le problème de la pénurie de personnel enseignant. Il a consulté des représentants des facultés d’éducation et de l’Ontario Council for Technology Education (OCTE) pour élaborer une stratégie de communications pour l’année à venir en vue de recruter des étudiants qualifiés pour les programmes de formation à l’enseignement. Il a été question entre autres du présent article dans Pour parler profession, d’un communiqué dans les journaux cet automne et d’autres contacts avec les médias.

Esprit de coopération
Un coup du sort tourne bien grâce à une université, des partenaires du secteur privé et des syndicats, des conseils scolaires et une fédération d’enseignants qui s’attaquent ensemble à la pénurie d’enseignants en études technologiques.

UNE menace de mises à pied à une société de pièces d’automobile électroniques a servi de catalyseur à un programme pilote universitaire destiné à parer au manque d’enseignants en études technologiques. L’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario de l’Université de Toronto (IÉPO/ UT) a lancé cet été un programme pilote de deux ans appelé le Technological Studies Apprenticeship Program. Ce programme a pour but de rendre le passage de l’usine à la salle de classe aussi aisé que possible, sans être trop coûteux.

L’usine de Visteon Corporation de Markham, qui fabrique des pièces et systèmes pour l’automobile, tels que des mécanismes antivols et des pièces pour sacs gonflables, devait fermer. En fin de compte, une partie de la société a été vendue et le nouveau propriétaire, AutoLiv, a repris l’affaire le 1er juillet. On s’attendait à ce qu’il garde environ 300 employés sur 1  200, dont 35 des 120 ouvriers qualifiés. D’autres ouvriers étaient transférés. Cependant, cela laissait presque 100 ouvriers qualifiés au chômage.

«C’était le moment pour eux de penser à un changement de carrière pour se diriger vers l’éducation », dit Sara McKitrick, coordonnatrice des études technologiques à l’IÉPO/UT. L’IÉPO, des partenaires du secteur privé et des syndicats, des conseils scolaires et la Fédération des enseignantes et des enseignants des écoles secondaires de l’Ontario ont collaboré pour transformer ce coup du sort en solution constructive et résoudre le problème de la pénurie d’enseignants en études technologiques.

Le Technological Studies Apprenticeship Program s’adresse aux ouvriers qualifiés provenant des secteurs privés qui ont un lien avec les matières pour lesquelles on manque d’enseignants. C’est un programme de formation à l’enseignement concentré, souple et modulaire, conçu pour que les participants, qui possèdent une grande expérience en technologie puissent se préparer à la profession sans perte de revenus considérable.

Ce programme se déroule en deux séances de six semaines, deux stages pratiques de 20 jours chacun et un stage en entreprise. Les cours n’ont pas lieu sur le campus, mais à la Sir William Mulock Secondary School à Newmarket, ce qui arrangeait mieux ce groupe particulier de participants.

«Le programme n’est ni une solution temporaire, ni un moyen de brûler les étapes. Il s’agit d’un programme de qualité. Nous avons juste fait en sorte que le programme pilote soit souple et modulaire.» L’IÉPO/UT offre également un programme de formation à l’enseignement en études technologiques en un an qui commence en septembre.

Faire une différence
Gord Buch est mécanicien industriel. Il est l’un des neuf employés de Visteon qui ont commencé à suivre des cours à la mi-juin. Le programme compte 27 participants. Buch a commencé à travailler chez Visteon en 1985  et y est demeuré pendant 17 ans. Pendant ses loisirs, il a fait du bénévolat à la bibliothèque scolaire publique de ses enfants et à des classes d’études technologiques dans des écoles secondaires. Il a aussi siégé au conseil d’école dont il est actuellement le vice-président. Sa femme est enseignante.

En janvier 2001, les ouvriers de Visteon ont appris que l’usine fermerait dans les 18 à 24 mois suivants et que personne ne garderait son emploi. Nombre d’employés étaient entrés à la compagnie tout jeunes et comptaient déjà de 15 à 20 ans d’expérience. Bien qu’ils aient été encore loin de l’âge de la retraite, chercher un emploi sur le marché du travail a été une révélation pour certains.

À l’automne 2001, Buch a vu sur le babillard au travail une annonce à propos d’un programme de formation à l'enseignement en études technologiques. Il n’avait jamais envisagé enseigner auparavant, mais il s’est informé. «J’avais l’impression d’être pris au piège avec seulement une profession. Je voulais avoir d’autres options.»

Plus tard, la société a annoncé aux employés qu’elle conserverait un quart des postes. Buch fait partie des chanceux. On lui a demandé de rester. Mais il ne place pas tous ses œufs dans le même panier. Il reste à AutoLiv et suit le programme de formation à l’enseignement. Il utilise tous ses congés et tente d’obtenir un congé sans solde. Il dit vouloir suivre le programme jusqu’au bout et pense qu’il saura alors mieux quel voie choisir — l’usine ou l’école. «C’est super de pouvoir faire une différence dans la vie de quelqu’un, dit-il. Quand on travaille dans une usine, on est juste un numéro. On fabrique peut-être une radio ou un sac gonflable, mais le travail est vraiment anonyme.

«Quand on enseigne, on a l’occasion de faire une différence dans la vie des jeunes et de donner quelque chose en retour à la société.»

Fermeture des ateliers

L’OCTE lance un appel pour que tous les élèves de l’Ontario aient accès à de solides programmes d’études technologiques uniformes, transparents et durables. «C’est une course contre la montre, car la liste des ateliers qui ferment ne cesse de s’allonger», dit Michael Scott, co-président de l’OCTE.

«Dans certains cas, on ne peut même plus les ouvrir, ajoute John Kish, également co-président de l’OCTE. C’est tout simplement impossible de trouver du personnel enseignant qualifié.» Scott dit que la pénurie est grave et que le salaire en est souvent la cause. Les salaires de départ vont de 30 000 $ à 35 000 $. Un ouvrier du secteur privé a dit à Scott : «C’est ce que je paie en impôts.» Pour d’autres, cela signifie parfois une baisse de salaire de 20 000 $ ou plus. Dans certains métiers, on gagne plus de 100 000 $ par an.

Les études technologiques ont subi une révision majeure dans les années 90. On a cessé de mettre l’accent sur les métiers du commerce et on a élargi le cadre des études technologiques. On a réussi à répartir plus de 50 cours, de la tôlerie à la cosmétologie, dans sept domaines majeurs : technologie des communications, technologie de la construction, technologie du tourisme et de l’hôtellerie, technologie de la fabrication, technologie des services personnels et de la santé, technologie du design technologique et technologie des transports.

Pour plus d'information sur les études technologiques, consultez ces sites web :
Ordre des enseignantes et des enseignants de l'Ontario : www.oct.ca/french/publications. asp > Vous pensez à une carrière en enseignement
Université Queen’s : www.educ.queensu.ca/teched
IÉPO/UT : www.ro.oise.utoronto.ca

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