Nouveaux enseignants,
nouvelles méthodes

Une nouvelle vague de jeunes enseignantes et enseignants fait son entrée dans la profession. Pour parler profession a demandé à quelques-uns d’entre eux et à quelques enseignants expérimentés de parler des changements que cela entraîne. Une chose est sûre : les nouveaux venus s’accordent à dire qu’ils ont toujours beaucoup à apprendre de leurs collègues plus âgés.


de 
Wendy Harris

On sent la tension monter à l’approche du jour des élections. Les stratèges conservateurs, libéraux, alliancistes et néo-démocrates se réunissent pour discuter des stratégies de dernière minute. Ceux qui écrivent les discours travaillent d’arrache-pied pour peaufiner les messages de façon à faire balancer les électeurs en leur faveur. Quel parti va finir par dominer l’électorat parfois volatile? Qui a le vent en poupe? Pour avoir la réponse à ces questions, il faudra attendre… la fin de la récréation.

Voici la classe de 5e et 6e années de Carrie Geberdt-Noade à la Northwood Public School à Windsor. Les électeurs, les rédacteurs de discours et les partisans sont tous des élèves de 5e année participant activement à une unité en sciences sociales sur la démocratie et les élections.

«Il ne s’agit pas seulement d’enseigner l’éducation à la citoyenneté, déclare Geberdt-Noade. Les élèves acquièrent des aptitudes à la communication et à l’écriture en préparant des discours, des aptitudes en mathématiques en analysant les chiffres et les tendances de vote, des compétences en informatique en faisant de la recherche sur Internet, des aptitudes sociales et coopératives en réglant des problèmes de parti. Mieux encore, les élèves s’amusent tellement avec l’étude des élections que cette autre forme d’apprentissage s’est naturellement intégrée dans un processus stimulant et entièrement démocratique, à en juger par le niveau de bruit engendré. C’est ce que l’on appelle de l’apprentissage actif.»

Geberdt-Noade fait partie de l’immense cohorte de jeunes enseignantes et enseignants ontariens qui contribueront à façonner nos écoles au cours de la première moitié du XXIe siècle. Ces nouveaux membres du corps enseignant apportent non seulement leur jeunesse, leur enthousiasme et leur éventail d’expériences de la vie, mais aussi des compétences pédagogiques innovatrices, modelées par de la recherche qui documente avec une précision croissante les besoins des enfants et des jeunes adultes en apprentissage.

D’ici 2005, environ 50 000 des 124 000 enseignantes et enseignants à plein temps du système financé par les fonds publics en Ontario auront cinq ans d’expérience ou moins. Autrement dit, deux enseignants sur cinq seront des nouveaux venus comme Geberdt-Noade, arrivant avec des idées fraîches et répandant de nouvelles pédagogies dans tout le système.

D E S     P O R T E - É T E N D A R D


S’il est vrai que ces nouveaux venus sont les porte-étendard de méthodes pédagogiques innovatrices, celles-ci sont également adoptées avec enthousiasme par des collègues plus expérimentés grâce à des activités de perfectionnement professionnel et des discussions dans la salle du personnel.

Jim Craigen est animateur d’activités en stratégies d’enseignement au Conseil scolaire de district de Durham, conseil reconnu à l’échelle internationale pour ses méthodes novatrices de formation à l’enseignement. Selon Craigen, la pédagogie s’est littéralement métamorphosée au cours des dix dernières années en raison des études importantes réalisées par les théoriciens et chercheurs du domaine de l’activité cérébrale et portant sur les divers modes d’apprentissage des adultes et surtout, des enfants.

«D’après toutes les informations dont nous disposons maintenant dans ce domaine, nous savons que les enfants apprennent d’une façon complètement différente de ce que nous pensions au départ, explique-t-il. Une véritable révolution de l’apprentissage est en voie de s’opérer. Nous pouvons désormais découvrir comment les enfants apprennent grâce à la radiographie à résonnance magnétique. Nous pouvons examiner les fonctions du cerveau et activer le cerveau en vue de déterminer les techniques et stratégies nécessaires pour favoriser l’apprentissage.»

L’une des stratégies les plus efficaces pour activer l’apprentissage chez les enfants s’appuie sur le concept des intelligences multiples. Il s’agit en fait d’adapter l’enseignement aux besoins et aux intelligences d’un enfant qui apprendra peut-être de façons différentes que selon les modes linguistique-verbal ou logique-mathématique traditionnels.

Quelque 95 pour 100 de tout le matériel didactique est conçu en fonction de ces deux intelligences. La plupart des enfants n’apprennent pas bien de cette façon, selon Craigen. Certains enfants apprennent de manière visuelle-spatiale, en réalisant des cartes mentales d’images qui les aident à assimiler les connaissances. D’autres apprennent de façon kinesthésique, en construisant des modèles ou en ayant recours à des manipulations en maths; d’autres encore font appel à la musique, au rythme ou à la poésie pour retenir des idées ou concepts nouveaux. (Il y a fort à parier que vous vous souvenez encore de la chanson de l’ABC…) La plupart des enfants apprennent lorsque les leçons sont conçues de manière à intéresser plusieurs de leurs huit intelligences.


U N E    D É M O N S T R A T I O N    C O N V A I N C A N T E

Todd Miller enseigne à la de 6e année à la Isabella Public School à Thunder Bay. Il a été le témoin d’un exemple édifiant d’intelligences multiples dans sa classe cette année.

Pendant une leçon en sciences, il a demandé à des élèves de concevoir et de construire une voiture fonctionnant sur piles. Quatre élèves qui obtenaient généralement C ou D ont eu vite fait de terminer leur voiture et ont obtenu des résultats exceptionnels. En d’autres termes, ils étaient tous des apprenants kinesthésiques – ils apprenaient avec leurs mains. Cependant, lorsqu’il leur a demandé d’écrire un journal sur le processus de création de la voiture, la tâche a été plus ardue.

Pendant ce temps-là, quatre autres élèves qui obtenaient habituellement des A ne cessaient de poser des questions sur ce qu’ils devaient faire. Il leur a fallu des heures pour présenter un véhicule convaincant. Pour Miller, cela illustrait bien que les enfants apprennent de différentes façons. «Les élèves qui obtiennent des A ne sont pas nécessairement beaucoup plus intelligents, mais ils sont plus réceptifs à la façon d’enseigner, déclare-t-il. Personnellement, j’apprends avec du papier et un crayon, et c’est le cas de nombreux collègues. C’est pour ça que j’ai eu de bons résultats à l’école.» Or, il est clair que cette méthode d’apprentissage ne convient pas à tout le monde.

Selon Miller, qui a formé des enseignantes et enseignants dans le monde entier, la majorité des jeunes Canadiens apprennent soit de façon physique-kinesthésique, soit de façon interpersonnelle, c’est-à-dire par l’interaction avec d’autres en tête à tête ou en groupe. «Bien des élèves ont besoin du soutien actif d’une autre personne.» C’est pourquoi en classe, on insiste de plus en plus sur l’apprentissage coopératif, la recherche collective et le travail de groupe.

Les constatations auxquelles les éducateurs sont arrivés au sujet des intelligences multiples ont donné naissance à de nombreuses techniques d’enseignement que des enseignantes et enseignants sont en voie d’adopter partout dans la province. L’alphabétisation animée en fait partie. Elle fait appel à la musique, au mouvement, à la poésie, aux gestes et aux repères visuels, ainsi qu’à une foule de techniques dérivées pour aider les enfants à apprendre à lire.

Les mathématiques de processus qui suivent le même ordre d’idées apprennent aux élèves à parvenir à des solutions mathématiques grâce à un processus d’investigation plutôt que mnémonique. L’apprentissage de groupe permet aux enseignantes et enseignants de favoriser des relations de travail solides et la responsabilité chez les élèves. Enfin, l’enseignement quantique, nouvelle méthode qui a vu le jour en Californie, cherche à intégrer toutes ces idées dans un style d’enseignement qui, selon Mark Joel, coordonnateur du perfectionnement du personnel pour le Conseil de Durham, «insuffle un regain d’énergie dans l’éducation.»


U N    A N G L E    D I F F É R E N T

Selon Joel, grâce aux récentes recherches convaincantes sur les merveilles de l’activité cérébrale publiées tous les jours, les éducateurs et le personnel enseignant sont amenés à examiner et à réexaminer leurs méthodes pour s’assurer qu’elles tiennent compte de l’état actuel des connaissances dans le domaine des fonctions du cerveau. «Si les éducateurs utilisent toujours la même méthode, ils continueront toujours d’obtenir les mêmes résultats, explique-t-il. Ils doivent apprendre à aborder l’enseignement sous un angle différent.»

C’est précisément ce qu’a fait Erin Aylward, une nouvelle enseignante, dans sa classe de 7e et 8e années à la C.D. Howe Public School à Thunder Bay lorsqu’elle s’est rendue compte du peu d’enthousiasme de ses élèves de 7e année à la perspective d’étudier la bataille des Plaines d’Abraham.

Aylward a décidé d’ajouter un élément d’art dramatique à la leçon en demandant aux élèves d’interpréter ce moment important de l’histoire canadienne. Un élève jouait le rôle du fleuve Saint-Laurent, un autre interprétait une horloge (leur recherche documentaire faisait allusion à l’heure à laquelle la bataille avait commencé), un autre était le général Wolfe, un autre, Montcalm, bien entendu.

Il y avait aussi beaucoup de rôles secondaires. «Les jeunes se sont tellement amusés, ils étaient morts de rire», raconte Aylward. Ils ont en outre bien retenu les faits historiques – à en juger par les notes vraiment élevées au test sur cette unité.

Il est évident qu’Aylward n’a pas la nostalgie du temps où les rangées de pupitres étaient bien alignées et où les élèves ne devaient pas broncher. Bien consciente du fait que les élèves apprennent de différentes manières, elle fait en sorte que les élèves confrontés à de nouvelles idées viennent revitaliser ses leçons, conçues de façon à faire un lien avec toutes les facettes de leurs personnalités.

Son enseignement ne repose pas sur le principe «prenez des notes, passez un test.» L’accent est plutôt mis sur la participation active et sur la synthèse des informations dont les élèves disposent déjà pour parvenir à une meilleure compréhension.


U N E     É N O R M E    D E T T E

Il ne faut pas en conclure pour autant que les enseignantes et enseignants d’expérience ou des générations précédentes ne sont pas dynamiques. Tous les nouveaux venus dans la profession interrogés dans le cadre de cet article enseignent au plus depuis trois ou quatre ans. Pour certains, c’est leur première année d’enseignement.

Chacun d’entre eux affirme qu’il doit beaucoup à ceux qui les ont précédés. Miller explique en disant : «Je n’essaie pas de faire œuvre de pionnier. Je travaille avec des collègues qui ont 20 ou 30 ans d’expérience et qui ont plus le sens de l’innovation que moi. Je cherche vraiment à les imiter.»

Val Palumbo d’Ottawa, qui a commencé à enseigner à la St. Pius X High School en 1999, n’a qu’à regarder en face d’elle lors des repas de famille pour trouver des modèles. Son père et sa mère ayant une longue carrière en enseignement, elle a grandi dans un milieu où l’on parlait souvent de tests et de curriculum. Bien que les membres de la famille partagent le même amour de l’enseignement, leurs opinions divergent parfois quant aux méthodes d’enseignement.

Selon Val, le nouveau curriculum de mathématiques de 9e et 10e années nous oblige à nous éloigner des méthodes traditionnelles pour permettre aux élèves d’étudier et d’exprimer les concepts mathématiques en ayant recours à tout un éventail de techniques. Cette approche est particulièrement efficace pour les élèves qui n’obtiennent pas d’habitude de bons résultats en maths parce qu’on les encourage à utiliser diverses méthodes d’investigation pour arriver à une réponse.

«Les élèves peuvent répondre aux questions en puisant au choix dans les outils qu’ils connais-sent», précise Val. Ils peuvent donc expliquer les concepts avec des mots plutôt qu’avec des chiffres, à l’aide d’un dessin ou en communiquant leur raisonnement d’une manière ou d’une autre. Cette approche diffère complètement de ce que ses parents ont sans doute appris lorsqu’ils ont commencé à enseigner il y a plus de 30 ans.

Carla Palumbo, la mère de Val, enseigne les maths à la Notre Dame High School à Ottawa. Elle enseigne aux élèves plus âgés (11e, 12e  année et CPO) et jusqu’à maintenant, elle n’a pas eu la possibilité de se familiariser avec le nouveau curriculum. D’après elle, pour pouvoir couvrir la totalité du curriculum, elle se voit contrainte de faire appel à une méthode socratique directe pour aller plus vite.


M A N Q U E    D E    T E M P S

«Finalement, je n’ai pas le temps d’utiliser des méthodes différentes», affirme-t-elle. En raison de l’étendue du curriculum, le personnel enseignant doit avoir recours à de vieilles techniques qui ont toujours fonctionné. Selon Carla, c’est dans le domaine des méthodes d’évaluation qu’il y a eu le plus de changements : autrefois, celles-ci reposaient entièrement sur les connaissances alors qu’aujourd’hui, elles reposent en plus sur les aptitudes à la réflexion, à la communication et à l’application.

Fidel, le père de Val, a pris sa retraite cette année après avoir enseigné l’histoire pendant 35 ans, plus récemment à la Hillcrest High School à Ottawa. Il a un point de vue légèrement différent de celui de son épouse. Au fil des années, il a élaboré son propre style d’enseignement pour répondre aux besoins des élèves et répondre aux exigences du curriculum.

«C’est un continuum, pense-t-il. Il n’y a pas eu de métamorphose spectaculaire.» Toutefois, Fidel n’a pas cessé d’apprendre des méthodes nouvelles et plus efficaces.

En fait, si les enseignantes et enseignants ne veulent pas se laisser distancer par l’évolution spectaculaire de la pédagogie et du curriculum, ils sont contraints d’être des apprenants actifs et dynamiques tout au long de leur carrière.

D’après Bev Freedman, surintendante des programmes au Conseil scolaire de district de Durham, le conseil a vraiment mis l’accent sur le perfectionnement du personnel. L’une des premières choses que les enseignantes et enseignants apprennent, c’est de tenir compte de la gamme étendue de styles et de capacités d’apprentissage de leurs élèves, car comme elle dit : «La vie n’est pas juste et les enfants n’ont pas tous les mêmes chances au départ.»

Certains enfants ont besoin de lunettes, d’autres pas. Certains ont de la difficulté à lire ou à écrire, à terminer leur travail ou à montrer dans un test qu’ils ont appris leur leçon. Étant donné ces inégalités, les enseignantes et enseignants doivent modifier leur façon d’enseigner en conséquence.

«Traditionnellement, le personnel enseignant s’occupait surtout des élèves qui se trouvaient au milieu, au détriment des élèves surdoués ou en difficulté», ajoute Freedman.

Par exemple, Freedman explique qu’une analyse des résultats aux tests de l’OQRE réalisée il y a plusieurs années au conseil a révélé clairement que «les garçons avaient des problèmes en lecture et en écriture. Nous avons découvert que les méthodes d’enseignement dans ces deux domaines n’avaient jamais été remises en question, et ce, en dépit des piètres résultats obtenus année après année.»


A L P H A B É T I S A T I O N    A N I M É E

Forts de ces connaissances, plusieurs enseignantes et enseignants de maternelle du Conseil de Durham se sont rendus en Californie voilà environ trois ans pour étudier l’alphabétisation animée. Ils en sont revenus convaincus de l’efficacité de cette méthode et ont passé les deux dernières années à la transmettre à tout le personnel enseignant de maternelle de leur conseil.

Wendy Armstrong, enseignante-ressource en alphabétisation des jeunes enfants pour le Conseil de Durham, a enseigné pendant 24 ans avant d’accéder au poste de formatrice du personnel enseignant cette année. Au cours de toute sa carrière, elle ne s’est jamais trouvée en présence d’un programme aussi complet et couronné de succès que l’alphabétisation animée. «Si seulement on avait pu s’en servir plus tôt!», déclare-t-elle.

Les enfants commencent par utiliser un son dans une phrase où ce son est répété à presque chaque mot (du genre : Le papa de Pierre et Pauline prépare la pâte à pizza dans un petit plat). Ils apprennent un geste et un mouvement qui accompagne le son P. Puis, ils mémorisent une chanson et ils dessinent. Ils procèdent de même avec la lettre A. Ils construisent le mot PAPA et l’appelle un nom. Le programme se poursuit ainsi. «Dans ce programme, il y a toujours quelque chose qu’un enfant peut faire et sur lequel il porte son attention… Les résultats sont là pour le prouver.»

Les enseignantes et enseignants qui adoptent les mathématiques de processus pour piquer la curiosité des enfants à l’égard des chiffres sont également impressionnés par les résultats. Anne Lakoff, enseignante de 5e  et 6e années en immersion en français à la Runnymede Public School à Toronto, explique que les méthodes strictes de jadis pour passer directement du point A au point B ont été remplacées par un processus d’investigation moins direct.

C’est un processus qui permet aux élèves d’explorer les notions mathématiques d’une foule de manières différentes – verbalement, en utilisant des mots pour décrire les problèmes de maths, kinesthésiquement, en ayant recours à des manipulations pour faire des démonstrations en trois dimensions et enfin, de façon interpersonnelle, en participant à un éventail d’activités de groupe.

«Il s’agit d’une approche réfléchie», explique Anne, s’empressant d’ajouter qu’elle peut aussi être très exubérante et créative. Les mathématiques de processus reposent en grande partie sur la résolution de problèmes de la vie quotidienne, comme par exemple, comment donner la bonne somme d’argent à l’épicerie ou comment partager équitablement une pizza entre cinq ou sept camarades.

L ’ A P P R E NT I S S A G E    D E    G R O U P E

Spice Donohue enseigne les sciences et les sciences sociales à la Nor’Wester View Public School à Thunder Bay. Elle affirme que sa formation et son intuition l’entraînent vers un style d’enseignement qui va naturellement dans le sens des nouvelles méthodes – l’intégration de leçons dans plusieurs disciplines à la fois, le recours à diverses stratégies pour capter l’attention des enfants ou à des structures d’apprentissage pour aider les élèves, entre autres.

Pour favoriser l’apprentissage coopératif, Donohue répartit ses élèves en groupes de façon à favoriser non seulement l’estime de soi, mais les relations de soutien réciproque chez les enfants à qui elle enseigne.

Ceux-ci participent souvent à un cercle communautaire où chaque enfant met en commun des idées ou des histoires tandis que les autres écoutent attentivement sans porter de jugement. Ils peuvent parler de leur animal favori ou de ce qu’ils ont fait avec leur famille pendant les vacances. Les élèves plus âgés se sont penchés sur des sujets bien plus graves : lors de la tuerie à Columbine, par exemple, ses élèves de 7e année ont parlé des armes, de la colère et de la désaffection des adolescents.

Donohue décrit le cercle communautaire comme étant «l’un des temps les plus forts de la classe.»

Selon elle, ce qui importe le plus d’enseigner à ses élèves, c’est l’aptitude à raisonner. «Nous essayons de les préparer à des emplois sans même savoir en quoi ils consisteront, précise Donohue. Tout change tellement vite. La réussite sourira à ceux qui arrivent à penser autrement que de façon cartésienne.»

Outre les théories sur l’activité cérébrale et les intelligences multiples, les méthodes d’enseignement utilisées dans les classes de la province subissent de nombreuses autres influences, notamment celle du rythme rapide du changement technologique.

Pour Tracy McGillivray, enseignante de 4e année à la St. Elizabeth Ann Seton Catholic School à Ottawa, la technologie est un élément vital de l’enseignement. Ses élèves de neuf et dix ans savent bien entendu se servir d’un ordinateur. De plus, ils utilisent régulièrement des appareils photo numériques, des scanners, des projecteurs, des imprimantes laser et toute une gamme de logiciels sophistiqués qu’ils sont censés intégrer à ce qu’ils apprennent. Là aussi, ses élèves travaillent souvent en groupe pour mettre en commun avec leurs camarades leurs dernières découvertes technologiques.

L’explosion des tests normalisés et de l’évaluation a également changé radicalement la façon dont les enseignantes et enseignants planifient leurs leçons et enseignent en classe.

Selon Denis Maika, directeur de la St. Herbert Catholic School à Mississauga, les enseignantes et enseignants doivent constamment se concentrer sur ce qu’ils attendent des élèves et sur la façon dont ils vont les évaluer, le but recherché étant d’obtenir une image homogène du rendement des élèves dans toute la province.

Une évaluation rigoureuse fondée sur des grilles qui montrent clairement le niveau actuel de l’élève, qui fournissent des exemples de travail satisfaisant et qui expliquent comment parvenir à ce résultat est absolument essentielle. Le fait d’utiliser des outils d’évaluation identiques dans tout l’Ontario permet maintenant aux enseignantes et enseignants d’identifier les élèves qui ne suivent pas et d’essayer des méthodes qui marcheront peut-être mieux.

C H A N G E M E N T S    E N    É V A L U A T I O N

Maika se souvient de l’époque où les éducateurs cherchaient presque exclusivement à favoriser la confiance en soi chez les enfants afin de créer un climat propice à l’apprentissage. Les notes et la notation se trouvaient alors tout en bas de la liste de préoccupations. L’ordre des priorités est quelque peu différent aujourd’hui, mais d’après lui, les écoles continuent de développer l’estime de soi dont les enfants ont besoin pour réussir. «Au fur et à mesure que les élèves obtiennent de meilleurs résultats scolaires, ils apprennent à mieux se connaître. Nous finirons par avoir des enfants qui auront confiance en eux tout en ayant de bons résultats.»

Tout bien considéré, ce qui se passe dans les écoles ontariennes aujourd’hui n’est pas si différent de ce qui s’y passait hier.


L E    M I L I E U    D ’ A P P R E N T I S S A G E

Teri Dunn, directrice de la St. Jude Catholic School à Mississauga, travaille en éducation depuis 34 ans dont 11 à la direction d’école. Elle pense que la base d’un bon enseignement repose sur plusieurs principes fondamentaux. En premier lieu, les enseignantes et enseignants doivent aimer les enfants. Ils doivent également posséder de bonnes aptitudes à la gestion de classe et à la planification. Ils doivent avoir une certaine vision de l’éducation. Enfin, ils doivent établir des liens étroits avec leurs collègues «parce qu’ils seront à même de les soutenir et de les comprendre.»

Cameron Grant, âgé de 30 ans et nouvel enseignant de 5e  et 6e années à la Brock Public School à Windsor, partage ces sentiments. Tout comme ses collègues, il choisit les stratégies qu’il juge les plus appropriées dans une vaste panoplie d’idées, de pratiques et de méthodes pédagogiques innovatrices.

Toutefois, selon lui, ce qui compte le plus en définitive, c’est le milieu d’apprentissage qu’il crée pour les élèves. La qualité de cette relation entre l’enseignante ou l’enseignant et l’élève est ce qui a attiré les nouveaux venus dans la profession en premier lieu et cela demeure une source de satisfaction profonde maintenant qu’ils exercent leur métier. Un bon enseignement restera toujours un bon enseignement.

Il s’agit d’établir un lien avec chaque enfant de la classe et de trouver un mode d’apprentissage qui lui convient et lui donne le goût d’apprendre. «À la base, il y a l’enseignante ou l’enseignant, l’élève et l’enseignement, explique Grant. Rien ne peut remplacer cette relation de base dans la classe.»

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