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Les sarraus de la réussite

Les enseignants qui ont suivi le tout premier cours menant à une qualification additionnelle offert par un conseil scolaire de l'Ontario, Sciences et technologie au cycle primaire du Toronto District School Board, ont participé à une nouvelle expérience, et ce, de plus d'une façon.

Ils ont exploré et élaboré des modèles d'enseignement en sciences et les ont testés. Leurs classes sont devenues de véritables laboratoires pour trouver de nouvelles façons d'améliorer l'apprentissage.

de Wendy Harris

L'étayage de la recherche-action des participants est la méthode scientifique (concevoir une hypothèse, créer des expériences pour la vérifier et tirer une conclusion) du cours menant à la qualification additionnelle Sciences et technologie au cycle primaire du Toronto DSB. La recherche-action exige que les enseignantes et enseignants posent des questions directement reliées à l'expérience qu'ils mènent avec leurs élèves. Ils doivent ensuite y répondre par le biais de la recherche.

Andrea Simsons, enseignante de 2e année à l'école publique Berner Trail de Scarborough, accompagnée de ses collègues Patti Gould et Jean McDonald, toutes deux enseignantes de 1re année, se sont demandé comment elles pourraient susciter l'enthousiasme de la découverte scientifique à leurs jeunes élèves. Elles voulaient rendre leurs élèves responsables de leur apprentissage et faire en sorte qu'ils s'amusent en appliquant le processus de recherche scientifique. Elles désiraient qu'ils se voient comme des scientifiques pour qu'ils se comportent comme des scientifiques.

Après avoir découvert ce que les élèves pensaient des hommes et femmes de sciences, elles ont conçu une expérience.

Proposition : enthousiasme

Elles se sont demandé : «Que se passerait-il si chaque enfant portait un sarrau durant l'expérience? Est-ce que cela changerait leur perception d'eux-mêmes? Est-ce que cela leur permettrait de croire qu'ils peuvent participer directement au processus scientifique et découvrir des principes scientifiques par eux-mêmes au lieu d'attendre que nous leur donnions la réponse?»

Les enseignantes ont déniché des sarraus usagés, les ont raccourcis et modifiés pour qu'ils aillent aux élèves, quelquefois à l'aide de ruban adhésif et d'agrafes. Une fois leurs élèves vêtus de sarraus, elles ont pu vérifier leur hypothèse. Les conclusions étaient claires.

Patti Gould, Jean McDonald et Andrea Simsons de l'école publique Berner Trail de Scarborough.

«Ils ont participé avec beaucoup d'enthousiasme», confie Mme Gould.

Leurs tee-shirts à fleurs ou à l'effigie de joueurs de hockey et autres étoiles du sport recouverts d'un sarrau, du moins pour un certain temps, ces scientifiques en herbe se sont épanouis.

«Les enfants avaient une certaine conception de ce qu'un scientifique a l'air et de ce qu'il fait, affirme Mme Simsons. Vêtus de sarraus, ils se percevaient comme des scientifiques et se comportaient de la sorte.»

Les enseignantes ont mesuré l'apprentissage de leurs élèves grâce à une série d'évaluations écrites et orales. Après avoir retiré leurs sarraus, les élèves de 1re année étaient en mesure de faire la différence entre étudier les sciences et étudier les mathématiques ou une autre matière, chose qu'ils ne pouvaient faire auparavant. Ils ont aussi retenu davantage ce qu'ils avaient appris.

«Vêtus de sarraus, ils se percevaient comme des scientifiques et se comportaient de la sorte.»

Quant aux élèves de 2e année, ils utilisent beaucoup plus la terminologie des sciences. «Ils ont commencé à appeler un nuage un nimbus ou un stratus au lieu d'un nuage tout simplement.»

L'enthousiasme des élèves à se percevoir comme des scientifiques était concret et contagieux : les autres classes ont commencé à revendiquer leurs propres sarraus.

Les résultats de l'école publique Berner Trail ne surprennent pas du tout Mike Farrell, partenaire et directeur de la recherche pour Youthography, un cabinet-conseil de recherche de Toronto qui cible les tendances et questions relatives aux jeunes. M. Farrell affirme qu'il est essentiel de faire participer les jeunes à leur propre apprentissage, et ce, de plus en plus tôt. À mesure qu'ils vieillissent, ils demanderont davantage de responsabilités vis-à-vis de leur apprentissage, et pour que leur apprentissage soit efficace, ils en auront besoin.

Être responsable de son propre apprentissage

«Tout conseil scolaire qui ne permet pas aux élèves d'être responsables de leur propre apprentissage crée potentiellement des élèves démotivés, affirme M. Farrell. Les élèves du primaire ont besoin de structure. Il s'agit d'une boussole qui guide leurs pas sur le chemin de l'apprentissage. Mais ils veulent aussi avoir la liberté de découvrir quelle route ils peuvent emprunter en fonction de leurs propres valeurs et de ce qui compte pour eux.»

Otto Wevers, instructeur en sciences et technologie au cycle primaire du Toronto DSB, a enseigné une section du cours le printemps dernier. Il affirme que rendre les élèves responsables de leur apprentissage et enseigner de solides compétences en recherche et en conception représentent la clé du succès (comment poser d'excellentes questions, faire de la recherche pour y répondre et concevoir l'expérience appropriée pour arriver à comprendre et à trouver une bonne réponse).

«Il ne s'agit pas tant du contenu, mais du processus qui rend un élève scientifiquement cultivé.»

«Il ne s'agit pas tant du contenu, mais du processus qui rend un élève scientifiquement cultivé, confie M. Wevers. Quand les enfants peuvent prendre des risques sans avoir peur de faire des erreurs, ils apprennent beaucoup plus.»

Pour nombre d'enseignants de l'élémentaire, cette affirmation est libératrice. En outre, les compétences en recherche et en conception qu'ils inculquent à leurs élèves reflètent la recherche menée en classe.

Jusqu'à cette année, les facultés d'éducation des universités étaient les principaux fournisseurs de cours menant à une qualification additionnelle dans la province. On pourrait favoriser l'accès à ces cours pour de nombreux enseignants de l'Ontario si certains d'entre eux étaient offerts par les conseils scolaires. Dans le cas du cours menant à la qualification additionnelle en sciences et technologie offert par le Toronto DSB, des subventions provenant du budget accordé au perfectionnement professionnel ont permis aux propres employés du conseil de payer des droits de scolarité de seulement 350 $, comparativement à 800 $ ou même 900 $ habituellement déboursés pour un cours de 125 heures.

Le lieu, ça compte

«Offrir des cours menant à une qualification additionnelle à l'échelle régionale signifie que plus d'enseignants de l'Ontario pourront se perfectionner et mettre à jour leurs compétences, affirme Kevin Lowe de l'Unité d'agrément de l'Ordre. Les conseils scolaires sont en mesure de cibler les besoins identifiés des enseignants et des élèves de leur région.»

M. Wevers est particulièrement heureux que le Toronto DSB ait pu offrir un cours menant à une qualification additionnelle en sciences. Cette matière a toujours reçu moins d'attention que les mathématiques et les compétences linguistiques. Et ceci est malheureux, selon M. Wevers, puisque seulement 600 des 10 500 enseignants du conseil ont une formation en sciences. Grâce à ce cours, le pourcentage d'enseignants ayant une formation en sciences est passé de six à sept pour cent.

«Les enfants avaient une certaine conception de ce qu'un scientifique a l'air et de ce qu'il fait», affirme Mme Simsons.

Catherine Little, une autre instructrice en sciences et technologie pour le Toronto DSB, qui a enseigné une section du cours, croit que les conseils scolaires sont des fournisseurs de cours idéaux. Ils connaissent les besoins des enseignants, les ressources particulières disponibles (comme le nécessaire scientifique du Toronto DSB pour l'élémentaire) et les questions de logistique qui se présentent pour l'enseignement d'un cours. Mais le plus important est que les conseils scolaires peuvent favoriser la création de solides communautés d'apprentissage qui continueront de fonctionner longtemps après la fin du cours. «En rencontrant le même groupe quelques fois par semaine, nous sommes en mesure d'établir des relations qui nous permettent de travailler plus efficacement», déclare Mme Little.

Comme tous les cours menant à une qualification additionnelle, celui en sciences et technologie offert par le Toronto DSB exige énormément de temps. Les participants se rencontraient deux fois par semaine, une fois après l'école pendant plusieurs heures, et une fois le samedi, pour un total de 125 heures réparties sur deux mois. Le conseil offre le cours de nouveau cet automne ainsi que les parties un et deux en hiver ou au début du printemps.

À faire

Depuis son instauration il y a près d'une décennie, lorsque l'Ordre est devenu responsable de l'agrément des programmes de formation à l'enseignement et du perfectionnement professionnel des enseignants, de nombreux fournisseurs de cours menant à une qualification additionnelle visant à approfondir les connaissances des enseignants dans une matière spécifique offrent de nouveaux défis et améliorent le statut professionnel.

En tant que fournisseurs, les conseils scolaires rendent ces cours disponibles non seulement aux postulants qualifiés à son emploi, mais à tous les postulants qualifiés.

Le Règlement 347/02 décrit les neuf exigences principales pour devenir fournisseur potentiel. Notons, entre autres, qu'il faut :

  • que le cours soit en harmonie avec le programme-cadre
  • que le programme ait des objectifs clairs
  • que les instructeurs aient de l'expérience en enseignement dans la province pertinente au programme
  • que l'intégrité des dossiers des participants soit maintenue
  • que l'on enseigne la théorie et la pratique.