Pour parler professionLa revue de L’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario
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Chroniques

Articles de fond

Transition à l’enseignement 2007 

de Frank McIntyre

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La crise de l’emploi touche certains pédagogues

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Vous enseignez en français? Vous avez de la chance!

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Du côté de l’insertion professionnelle

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Le marché du travail déçoit les enseignants néo-canadiens

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Bâtir l’avenir

d’Alex Bozikovic

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Rétablissement de la justice

de Melodie McCullough

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Ressources

Autoréglementation

 

Bâtir l’avenir

Les écoles d’aujourd’hui doivent se soucier des coûts d’immobilisations et d’entretien, répondre aux demandes communautaires et institutionnelles, et satisfaire à la multitude d’aptitudes et de besoins changeants des élèves.

Grâce aux mises à jour du Code du bâtiment et des pratiques de construction, l’accessibilité aux personnes présentant un handicap fait maintenant partie des exigences. Et bien que l’empreinte écologique ne soit pas toujours idéale, on vise de plus en plus un design éconergétique.

L’architecture et le design peuvent-ils améliorer le milieu d’apprentissage?

d’Alex Bozikovic

Dans la classe de Megan Schroeder, des élèves de la 4e à la 8e année apprennent la danse aux yeux de tous... du moins des personnes qui passent devant la Claude Watson School for the Arts de North York. En effet, dans le studio, une rangée de fenêtres panoramiques donne sur la rue, ce qui permet aux piétons de voir les classes de ballet jazz et de danse moderne. «J’aperçois les passants qui jettent un œil dans notre direction pour voir ce qui s’y passe, raconte Mme Schroeder. Je crois que ça améliore notre statut dans la communauté. Le gens savent ce que nous faisons.»

L’expérience est peut-être inusitée pour une classe, mais elle devient de plus en plus courante. En effet, une nouvelle vague d’écoles ontariennes – comme l’école Claude Watson, qui se spécialise dans les arts de la scène et dont les nouvelles installations ont vu le jour en 2005 – adoptent des concepts tels que la transparence et la souplesse. Cela se traduit par des écoles plus efficaces, plus claires, polyvalentes et adaptables aux techniques d’apprentissage. Ces édifices jouent un rôle de premier plan dans la communauté.

Transparence

Mme Schroeder sait bien maintenant que, du point de vue de l’architecture, un simple élément peut répondre à plus d’un besoin. Les fenêtres de son studio donnent une image publique à l’école, mais la lumière qu’elles laissent filtrer apporte beaucoup à la classe : elle favorise la bonne humeur et la créativité.

«Avoir de telles fenêtres dans un espace comme le nôtre améliore beaucoup la qualité du travail des enfants, soutient Mme Schroeder. J’essaie d’établir des liens avec l’extérieur. Ces fenêtres servent de rappel : il existe tout un monde en dehors de l’école, et ils en font partie.»

La Claude Watson School for the Arts de North York; Kohn Shnier Architects

Pour une nouvelle école du Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien, la lumière a été un facteur déterminant dans la création d’un milieu fonctionnel dans lequel les élèves peuvent apprendre et se sentent à l’aise. Ces objectifs étaient très clairs pour l’école élémentaire catholique de l’Ange-Gardien, qui a ouvert ses portes à North Lancaster, au nord-est de Cornwall, en 2005. Auparavant, les élèves fréquentaient trois écoles rurales. Ginette Forgues Hurtubise, la directrice, a vu ce projet comme une occasion de construire l’école de leurs rêves. «Les élèves ont pu participer à l’établissement des critères. Ne pas avoir à manger dans la salle de classe ou le gymnase faisait partie des points les plus importants pour eux.» Séguin Racine Architectes et Associés a donc conçu une superbe salle à manger qui favorise l’inspiration. «La lumière naturelle entre de partout», dit Mme Forgues Hurtubise, avec enthousiasme.

On a maintenu le concept d’ouverture jusque dans les classes et la bibliothèque. Cette dernière est séparée du laboratoire d’informatique par un mur de verre. Mme Forgues Hurtubise explique qu’un enseignant qui supervise sa classe à la bibliothèque peut permettre à un élève d’aller faire des recherches dans l’internet sans le perdre de vue.

Cette souplesse permet de mener plus d’une activité d’apprentissage à la fois et elle est très utile aux enseignants qui tentent de répondre aux besoins de tous leurs élèves. En outre, cette visibilité accrue vient augmenter d’autant la sécurité des enfants.

«Avoir de telles fenêtres dans un espace comme le nôtre améliore beaucoup la qualité du travail des enfants.»

Selon Sheila Penny du Toronto District School Board, le contact visuel – tant entre les murs de l’école qu’à l’extérieur – fait maintenant partie des plans de tout nouvel édifice. Mme Penny a coordonné la conception et la construction de la nouvelle école Claude Watson, réalisée par Kohn Shnier Architects. «Il est essentiel de profiter le plus possible de la lumière, dit-elle, et d’établir un lien entre les enfants et le monde physique qui existe au-delà de la salle de classe.»

L’architecte Edward Cuhaci, qui conçoit des écoles depuis les années 1960, a entrepris de nombreux projets dans les régions d’Ottawa et de l’est de la province. Il est d’accord avec Mme Penny sur ce dernier point.

«De nos jours, on fait entrer plus de lumière dans les écoles. C’est un des changements les plus marquants des dernières décennies», affirme-t-il.

Il ajoute que les percées dans la technologie du vitrage font en sorte qu’on peut installer des puits de lumière sans craindre les fuites. C’est grâce à cette nouvelle technologie qu’on a pu créer l’atrium central de la Holy Trinity Catholic High School de Kanata. M. Cuhaci a d’ailleurs utilisé cette caractéristique dans plusieurs des écoles qu’il a conçues.

Le terrain où l’on érigeait l’école était plutôt étroit; M. Cuhaci a proposé une structure de trois étages munie d’un atrium central. Le bâtiment occupe moins de place et dispose de plus de lumière. Les salles de classe sont alignées à la verticale et nombre d’entre elles sont orientées vers l’intérieur pour profiter de la lumière du puits central. L’atrium contribue grandement à l’atmosphère positive de toute l’école.

«Nous avons planté deux grands arbres et placé des bancs autour des quatre piliers. C’est un endroit ouvert et attirant, déclare la directrice de l’école, Susan Arbour. Les élèves s’y rassemblent pendant les périodes libres pour parler et faire leurs devoirs. Ils adorent l’endroit et je peux voir ce qui s’y passe. C’est plus facile de repérer un élève quand j’ai besoin de lui parler.»

Sécurité

À l’école Claude Watson, le champ de vision contribue aussi à la sécurité. Du haut de l’escalier, dans l’entrée principale, un enseignant a une vue d’ensemble sur l’extérieur de l’école, la cour et l’escalier. La cour est elle-même partiellement recouverte, ce qui en fait un auditorium extérieur pour les réunions non officielles.

Ce principe, qui profite à l’environnement des écoles secondaires, les pédagogues du Waterloo Region District School Board en ont tenu compte lorsqu’ils ont entamé la planification d’une nouvelle école dans l’ouest de la ville. La Sir John A. Macdonald Secondary School, inaugurée en 2004, dispose d’aires publiques éclairées, conçues pour favoriser la «supervision passive». Le bureau principal donne sur l’atrium et les vastes corridors s’étendent dans quatre directions. Les 1 500 élèves peuvent se réunir dans l’atrium ou dans une des aires ouvertes dispersées sur trois étages.

La Holy Trinity Catholic High School de Kanata; Edward J. Cuhaci and Associates Architects Inc.

La Sir John A. Macdonald Secondary School de Waterloo; Robertson Simmons Architects

«On peut surveiller les jeunes de partout, mais ils ne se sentent pas comme en prison, explique Laird Robertson, de la firme Robertson Simmons Architects, concepteur de l’édifice. Nous avons tenté de créer une communauté en trois dimensions.» M. Robertson estime que l’espace central de l’école est une agora, comme les places publiques de la Grèce antique.

À quelques pas du cœur même de l’école se trouve la bibliothèque. La salle est tranquille, claire et installée sur deux étages. La bibliothécaire, Nancy Froklage, a accueilli avec chaleur ce concept, qui est à cent lieues des bibliothèques sans fenêtres des écoles des années 1970 où elle avait enseigné auparavant. «Ces structures modifiaient les états d’âme, voyez-vous. Aussitôt que vous entriez, les portes claquaient derrière vous, comme les barrières du Parc Jurassique. Mais ici, on ne ressent pas la même chose. Même les escaliers sont larges et éclairés. On peut voir l’extérieur de partout, ce qui invite au rêve.»

Écologie

La circulation de la lumière et de l’air est un aspect primordial de l’efficacité énergétique. À l’école Holy Trinity, les classes intérieures sont éclairées par le puits de lumière de l’atrium. En bâtissant trois étages, on réduit le nombre de murs extérieurs et de couloirs interminables, ce qui équilibre les pertes et les gains de chaleur. L’atrium et l’aspect compact de l’école favorisent la circulation de l’air.

À la Thomas L. Wells Public School de Scarborough, Baird Sampson Neuert Architects ont respecté les pratiques exemplaires en matière de design viable pour l’installation des fenêtres. La plupart des classes disposent de grandes fenêtres faisant face au sud, avec vue sur un parc ou la cour d’école. Mais les fenêtres font plus qu’accueillir la lumière; elles la dirigent. Dans chaque classe, on trouve des «tablettes» horizontales qui, l’été, reflètent la lumière vers le plafond. L’hiver, elles envoient plutôt la lumière vers l’arrière de la classe.

«Les cinq enseignants qui partagent une nef peuvent échanger leurs idées pour mieux s’aider.»

Dans cette école qui, selon les architectes, dispose d’un système à la fine pointe de la technologie, on utilise aussi la chaleur du soleil. Pour contrôler efficacement la température, des dispositifs d’échange placés près du plafond captent l’air chaud et le dirigent dans les ouvertures situées près du plancher. On a installé d’autres dispositifs d’aération naturelle : chaque salle de classe est munie de deux rangées de fenêtres; une à la hauteur des yeux des jeunes enfants et l’autre, près du plafond. Les enseignants peuvent contrôler la température toute l’année en ouvrant ou en fermant ces fenêtres. Quoique ce soit une tâche supplémentaire, Barry Sampson croit qu’elle donne aux élèves un sens des responsabilités et, peut-être, du respect de l’environnement.

La Thomas L. Wells Public School de Scarborough; Baird Sampson Neuert Architects

On a aussi tenu compte de la qualité de l’air. Les architectes ont pris soin de choisir des matériaux et des peintures qui n’émettent pas de substances nocives. Les frais s’en sont trouvés accrus, mais M. Sampson se réjouit du souci que le Toronto District School Board a montré à cet égard. «C’est l’aspect de la conception écologique le plus difficile à quantifier, souligne-t-il. Mais si les enseignants et les élèves sont malades en raison des matériaux utilisés, ce sont des frais qui s’accumulent.»

Souplesse

Il peut être difficile d’établir un équilibre entre les frais initiaux et les avantages à long terme. Mais, quand on conçoit une école, il faut tenir compte des préférences et des besoins actuels, tout comme de l’utilisation future.

À l’école Sir John A. Macdonald, Nancy Froklage a pu faire preuve de créativité dans la configuration de sa bibliothèque. Elle a demandé aux architectes de placer le coin des ordinateurs, endroit bruyant s’il en est un, à l’extrémité de la salle qui est près de son bureau, et d’installer le coin lecture à l’autre. Entre les deux, les élèves disposent d’une «salle de séjour» où ils peuvent lire sans souci, ainsi que d’une salle de classe munie d’un SMART BoardMD pour faire des présentations. Et le tout peut être reconfiguré au besoin.

La Sir John A. Macdonald Secondary School de Waterloo; Robertson Simmons Architects

«Je ne m’attends pas à ce que la prochaine bibliothécaire garde tout tel quel, ajoute Mme Froklage, une personne enjouée qui se dit un peu plus extravagante que ses collègues. Si vous comparez le plan original et ce que j’en ai fait, vous verrez à quel point on m’a laissé le champ libre.»

Les aires à usages multiples sont une caractéristique de l’école Sir John A. Macdonald et d’autres nouvelles écoles bien conçues. Les salles de classe sont disposées en groupes de trois à cinq classes. Chacune est munie d’une fenêtre donnant sur une aire commune située au milieu. «Les enseignants appellent ces zones la «nef» (pod), explique Julie Telfer, directrice de l’école. Elles offrent un prolongement de la salle de classe tout en les isolant des couloirs. Elles favorisent le travail individuel ou en équipe, permettent d’accueillir des conférenciers ou de tenir des activités parascolaires.» Elles créent aussi un esprit communautaire. «Les cinq enseignants qui partagent une nef peuvent échanger leurs idées pour mieux s’aider, poursuit-elle.»

Collaboration

De l’avis du chef de la section d’histoire de l’école Sir John A., Jeffrey Chard, il est impossible de ne pas s’entraider dans un tel environnement. Mais les nefs font plus que cela. La section de M. Chard, comme d’autres d’ailleurs, affiche du matériel dans les aires communes pour inviter à la discussion. Les nefs contribuent grandement à l’apprentissage différentiel.

«On utilise beaucoup l’espace pour l’apprentissage par les pairs. On y associe parfois un élève plus fort à un plus faible, explique-t-il. C’est aussi une belle occasion d’enseigner, de donner des projets à la classe, puis de se rendre dans la nef pour parler à un élève. Tant que la porte est ouverte, on supervise.»

La Thomas L. Wells Public School de Scarborough; Baird Sampson Neuert Architects

Sa collègue, Paula Lebrun, coordonnatrice du programme coopératif, ajoute que la configuration aide le personnel à créer des liens entre eux, mais aussi avec les élèves qui ne sont pas dans leur classe. «Ça nous force à interagir avec nos collègues et les élèves à qui on n’enseigne pas nécessairement, dit-elle. Et ça, c’est un aspect positif sur toute la ligne.»

Installations

Laird Robertson explique que le concept de regroupement a vu le jour dans les écoles élémentaires, au cours des années 1980 et 1990, par suite des changements apportés à la pédagogie. On voulait alors mettre l’accent sur les différents modes d’apprentissage. L’apprentissage différencié est maintenant une réalité bien établie, et nombre d’écoles élémentaires mettent l’agglomérat à l’essai, comme la St. Gabriel Catholic Elementary School, qui a ouvert ses portes en 2003 dans une nouvelle communauté à côté de Brantford.

Gillian Parsons, enseignante de 1re année à l’école St. Gabriel, soutient que la configuration de l’école a eu des effets importants sur les élèves. Quand on les compare à ceux des écoles où les classes sont isolées, «les élèves de St. Gabriel ont une attitude beaucoup plus familiale». Debout devant le mur vert éclatant de sa classe bien éclairée, Mme Parsons fait la liste des caractéristiques culturelles de son école : coopération, collaboration, collégialité, technologies de la communication et communauté. «Les aires d’apprentissage communes font toute la différence», déclare-t-elle.

«Ça nous force à interagir avec nos collègues et les élèves à qui on n’enseigne pas nécessairement.»

À l’école St. Gabriel, des nefs de 400 pieds carrés munies de fenêtres comme celles de l’école Sir John A. Macdonald sont utilisées de diverses façons. On y trouve des ordinateurs et de l’espace pour l’apprentissage individuel ou en groupe, avec les enseignants ou des parents bénévoles.

«J’aime bien savoir que les parents peuvent voir ce qui se passe», affirme Mme Parsons. Et comme son groupe compte d’autres enseignants du cycle primaire, elle a accès à plus de ressources : ordinateurs, matériel d’apprentissage ou, tout simplement, l’attention de ses collègues. «Je peux superviser trois classes à la fois. Je ne suis donc pas seulement l’enseignante de 1re année. On note un certain respect de la part des enseignants et des élèves.»

La St. Gabriel Catholic (Elementary) School de Brantford; ZAS Architects

Le directeur de l’école, Louis Yacobucci, dit qu’il était clair dès le départ que le système de regroupement – qui crée des petites unités au sein de l’école – assouplirait les liens sociaux et éducatifs avec les élèves. «Les élèves commencent à se connaître.»

L’école encourage officiellement les élèves à interagir ainsi par l’entremise d’un système de jumelage. On associe un jeune élève à un élève plus âgé, et les résultats obtenus sont surprenants. «On jumelle un élève de 8e année à un de 1re année», raconte M. Yacobucci. En riant, il ajoute que, souvent, dans les réunions, ce sont les jeunes qui calment les plus âgés.

Le système d’agglomérat lui rappelle une période beaucoup plus lointaine que les années 1970. «Il y a longtemps, les classes se donnaient dans une même salle. Tous les élèves travaillaient ensemble. C’est ce qui se produit maintenant.»

Créer une communauté

Tout comme les écoles de campagne ontariennes autrefois, les grandes écoles d’aujourd’hui contribuent à créer des communautés, à quelques différences près.

L’école de l’Ange-Gardien de North Lancaster a rassemblé des élèves de communautés éparses. Cette méthode ne s’applique pas qu’aux écoles de campagne. En fait, les écoles de banlieue jouent à peu près le même rôle; et par suite des directives du ministère de l’Éducation, un grand nombre de nouvelles écoles sont conçues de façon à ce que les gymnases, les bibliothèques et les auditoriums puissent aussi servir au public après les heures de classe.

La conception d’une école peut également aider une communauté à tourner la page. Ce fut le cas de la Peetabeck Academy de Fort Albany. L’édifice construit en 2001 reflète les valeurs autochtones. «Il a pris la place de l’ancienne école St. Anne, un pensionnat avec des antécédents, explique Danny Metatawabin, directeur de l’éducation de la Mundo Peetabeck Education Authority. Nous voulions que les parents et les élèves se sentent à l’aise et en sécurité dans l’école, qu’ils se sentent détachés des abus que représentait l’ancienne école.»

«Les enfants sont la raison d’être de l’école, donc nous les avons mis de l’avant.»

Pour y parvenir, les architectes – H. Bradford Green de Thunder Bay et ANO Architects de Timmins – ont inclus des symboles puissants. Tout est conçu autour d’un cercle au milieu duquel on trouve un grand foyer et un attrape-rêves. M. Metatawabin ajoute : «C’est un lieu de rassemblement central, où la communauté vient entendre des légendes.»

Roch Belair d’ANO Architects raconte que consulter la communauté – des représentants, le chef et conseiller de Fort Albany, les aînés, les parents et les élèves – a été un aspect crucial des plans de conception. Étrangers aux coutumes, M. Belair et M. Green ont dû faire face à une longue histoire de relations difficiles avec le gouvernement fédéral. On les a d’abord accueillis avec des soupçons : «Qu’allez-vous nous faire cette fois-ci?», raconte-t-il.

La Peetabeck Academy de Fort Albany; H. Bradford Green Architect et ANO Architects

Certains thèmes sont ressortis des discussions. «Ils voulaient que l’on représente leur cycle de vie, explique M. Belair. La chasse, les saisons, le passage du temps de l’est à l’ouest. On entre dans l’école à l’est et on en ressort à l’ouest. L’ordre des classes suit cette direction, en ordre chronologique, à partir du jardin d’enfants.»

Peetabeck présente une large gamme d’activités éducatives. On y offre des classes de la maternelle à la 12e année et même des programmes postsecondaires satellites. Et tous les élèves profitent des salles de classe aux formes inhabituelles. «On trouve des classes traditionnelles dans lesquelles on entre par le couloir, explique M. Belair. Mais on a utilisé une géométrie non traditionnelle. Les classes offrent une certaine intimité mais, à l’intérieur, les formes sont différentes parce qu’elles sont construites autour d’un cercle.»

Les poutres apparentes font aussi honneur à la tradition locale. En fait, la structure a été montée par des travailleurs locaux grâce à qui le projet a pu voir le jour. Avec leur collaboration, on a pu épargner sur le transport du matériel et le personnel spécialisé. La participation de la communauté a fait la fierté de M. Belair, tout comme la réaction qu’a entraînée son projet. «Si cela éveille un enfant ou deux, s’ils peuvent tirer quoi que ce soit de cet édifice, ma mission sera accomplie.»

Accès communautaire

Les besoins et les priorités peuvent varier d’une collectivité à une autre. Mais l’essentiel demeure le même et la création d’une communauté est importante dans les nouveaux quartiers des banlieues. Si on inclut une entrée publique distincte ou prévoit un emplacement stratégique dans l’école, le public peut avoir accès aux auditoriums, bibliothèques et gymnases après les heures de classe.

Située dans un quartier résidentiel près de Brantford, la St. Gabriel Catholic School en est un parfait exemple. «Comme il s’agit d’un quartier nouvellement établi, on ne dispose pas d’installations communautaires, dit Wally Easton, directeur associé des services aux entreprises du Brant Haldimand Norfolk Catholic District School Board. Nos deux écoles sont donc devenues des centres communautaires.»

«Si cela éveille un enfant ou deux, s’ils peuvent tirer quoi que ce soit de cet édifice, ma mission sera accomplie.»

Ce n’est pas là le fruit du hasard. Pour l’école St. Gabriel, M. Easton et le conseil scolaire ont demandé à ZAS Architects de concevoir l’édifice en fonction du thème «connexion et communication». «Les architectes nous ont présenté quelques éléments inédits : une cour centrale, par exemple, qui laisse filtrer la lumière dans la bibliothèque et les couloirs. Tout comme la bibliothèque, le gymnase, qui sert aussi de salle polyvalente, est situé près de l’entrée de l’école, pour permettre au public d’y accéder après les heures de classe.»

Certains aspects que les architectes ont choisis sont symboliques et pratiques à la fois. Une rangée de fenêtres (en verre de sécurité, bien entendu) éclaire le gymnase, message visuel invitant la communauté.

«On voulait que les visiteurs puissent voir ce que font les enfants en entrant dans l’école, souligne M. Easton. Les enfants sont la raison d’être de l’école, donc nous les avons mis de l’avant.»

«Il faut d’abord s’assurer que l’édifice occupe une place de choix dans la communauté et qu’il respecte la nature.»

L’un des attributs de l’édifice est un porche bordé de colonnes d’acier aux couleurs vives et une grande enseigne portant le nom de l’établissement. L’école est, dans l’ensemble, recouverte de briques rouges, comme les maisons du quartier, mais le porche vient lui donner un air contemporain.

Le concept de nombreuses nouvelles écoles présente un mélange de styles semblable : plutôt que de reproduire l’architecture du siècle dernier, on veut adhérer aux critères du XXIe siècle. Sheila Penny, architecte d’expérience, maintenant fervente partisane d’écoles bien conçues, dit que le Toronto District School Board, duquel elle fait partie, réfléchit sérieusement à la conception et veut paver la voie à l’architecture éconergétique.

«Il faut d’abord s’assurer que l’édifice occupe une place de choix dans la communauté et qu’il respecte la nature, déclare-t-elle. Mais, fait encore plus important, il doit être accueillant pour les parents, la communauté et, surtout, les jeunes enfants. Nous devons aussi faire en sorte qu’il soit présent d’un point de vue municipal et qu’il réponde aux signes naturels et artificiels.»

L’école de l’Ange-Gardien de North Lancaster; Séguin Racine Architectes et Associés

Par exemple, prenons la Claude Watson School for the Arts. L’édifice original de style gothique avait été construit dans les années 1920, alors que les environs n’étaient pas encore développés. Le nouvel édifice, entouré par un nombre grandissant de tours de condominiums, correspond au contexte urbain de par ses couleurs vives et ses formes dramatiques. Megan Schroeder, qui a enseigné dans l’ancienne école, dit qu’il était parfaitement logique qu’une école suive les tendances de son siècle.

«Je crois que l’ancien édifice reflétait l’approche traditionnelle de l’apprentissage, nous confie-t-elle. La nouvelle école montre qu’on adopte un point de vue plus contemporain. Notre travail prend une nouvelle direction et l’architecture de l’école le prouve.»

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