Un apprentissage en or

Un apprentissage en or

Pierre de Frédy, baron de Coubertin, que l’on considère comme le fondateur des Jeux olympiques modernes, était d’abord et avant tout un pédagogue.

L’éducation était sa passion et l’olympisme était un moyen de «combiner le sport à la culture et à l’éducation pour créer un mode de vie fondé sur la joie émanant de l’effort, la valeur éducative du bon exemple et le respect des principes éthiques fondamentaux universels».

Cela ressemble beaucoup aux programmes de développement du caractère qui existent partout dans la province, ne trouvez-vous pas?

de Suzanne Blake, EAO

Patrick Chan, Shannon Condie, Jennifer Botterill et Jean Labonté sont quatre des athlètes qui visent les Jeux olympiques et paralympiques, et qui inspirent les élèves de l’Ontario.


La dernière visite du champion de patinage artistique Patrick Chan à l’école publique Dundas du Toronto District School Board remonte au mois d’octobre. Depuis trois ans, il visite l’école régulièrement ou envoie des courriels quand il participe à des compétitions aux quatre coins du monde, tout en travaillant à atteindre son objectif : les Jeux olympiques de Vancouver, en février.

Rachelle Landry, EAO, enseigne la 4e-5e année à Dundas, où elle a pris la tête du programme Parrainons un athlète.

«Le sport a toujours été important pour moi», explique Mme Landry. Alors, quand elle a reçu un courriel de la directrice, Maria Arone, EAO, qui cherchait quelqu’un pour organiser et diriger le programme à l’école, elle a saisi l’occasion.

«Pour les élèves, c’était l’occasion rêvée de voir des exemples positifs à suivre dans le domaine sportif.»

Mme Landry dit qu’il n’y avait aucune préférence quant au choix du sport; tout athlète s’entraînant pour les Jeux olympiques pouvait inspirer et motiver les élèves. Étant donné que 85 pour cent des élèves de l’école sont d’ascendance asiatique, elle espérait que sa classe soit jumelée à un athlète de même origine. Le patineur artistique Patrick Chan est devenu une source d’inspiration pour toute l’école.

Les collègues de Mme Landry ont été impressionnés dès la première présentation de M. Chan au cours d’une assemblée à l’école. Bien sûr, tout le monde a aimé l’effet produit par la présence d’un athlète si célèbre et prestigieux à l’école, mais le programme a surtout permis aux élèves d’avoir l’exemple d’une personne énergique, mature et optimiste, quelqu’un qui incarne beaucoup de bonnes valeurs et qui contribue à sa communauté.

Les élèves de l’école publique Dundas encouragent Patrick Chan en octobre dernier.

Les élèves écrivent des lettres à M. Chan et lui envoient des courriels. Dans le couloir, on a accroché un babillard pour que toute l’école connaisse les dernières nouvelles sur le patineur, qui envoie des courriels et des cartes postales des quatre coins du monde. Lors de visites, M. Chan a apporté ses médailles, des vidéos de ses performances et ses propres cartes à collectionner, pour les montrer aux élèves. Il a même apporté deux grands sacs en plastique remplis d’animaux en peluche que des admirateurs lui avaient lancés sur la glace après une compétition.

«Ce fut formidable pour les élèves de rencontrer un athlète qui a voyagé à travers le monde, un athlète qu’ils ont vu à la télévision, mais qui demeure une personne comme vous et moi, affirme Mme Landry. Patrick est humain; il vit des hauts et des bas.» La relation continue qu’entretient M. Chan avec l’école a permis aux élèves d’avoir un point de vue assez réaliste sur ses accomplissements.

«Il a montré aux élèves comment se fixer des buts et persévérer, et aussi qu’il n’est pas toujours facile d’obtenir ce qu’on veut dans la vie, ajoute-t-elle. C’est une précieuse leçon, d’autant plus qu’elle est mieux apprise parce que les élèves l’admirent et s’identifient à lui.»

C’est exactement ce que la directrice du programme, Lisa Wallace, veut entendre.

«Comme avec tous nos programmes éducatifs, explique-t-elle, le Comité olympique canadien (COC) essaie de faire participer les Canadiens au mouvement olympique.» Elle espère que, grâce à leurs échanges avec des olympiens, les élèves et leur famille deviendront des partisans de l’équipe olympique canadienne et le demeureront à vie.

Mme Wallace et les enseignantes et enseignants des écoles participantes espèrent que l’expérience aura été inspirante pour les élèves, et qu’ils s’efforceront d’atteindre leurs propres objectifs, que ce soit dans le sport ou ailleurs.

«Il y avait quelqu’un de réel derrière leur projet. Ce n’était pas de l’abstrait.»

Mme Landry relate ce qu’un autre enseignant de Dundas lui a raconté au sujet d’un élève du jardin d’enfants qui était auparavant timide et silencieux; l’élève était intarissable en parlant de Patrick après l’avoir rencontré lors d’une assemblée et regardé une vidéo le montrant en train de patiner. C’était l’une des premières fois que ce petit garçon s’exprimait devant ses camarades, et son enseignant a été impressionné par son enthousiasme et l’étendue de son vocabulaire. Quand Patrick en a entendu parler, il a envoyé des photographies autographiées et personnalisées à cet élève.

Mme Landry a constaté que la relation des élèves avec M. Chan leur a donné la confiance d’essayer de nouvelles choses. Ils l’écoutent véritablement et veulent suivre son exemple.

«À une assemblée, Patrick leur a inculqué certaines valeurs importantes. Il les a encouragés à écouter et à respecter les personnes qui s’occupent d’eux, comme les enseignants, les entraîneurs, les parents et les grands-parents. “Ayez confiance en leur sagesse, leur a-t-il dit, car ils ont votre intérêt à cœur.”»

Lynn Nolan-Fox, EAO, qui enseigne l’anglais en 7e année à l’école secondaire catholique Sainte-Famille de Mississauga, participe au programme Parrainons un athlète depuis l’an dernier, car elle cherchait des projets que ses élèves trouveraient plus pertinents dans le cadre de leur programme, qui mène au baccalauréat international.

Les élèves de Lynn Nolan-Fox, de l’école Ste-Famille de Mississauga, soutiennent la championne de taekwondo Shannon Condie, qui vise les Olympiques de 2012.

L’école a été jumelée à une autre athlète qui rêve de Jeux olympiques, Shannon Condie, huit fois championne canadienne de taekwondo, qui est actuellement classée deuxième au Canada et neuvième dans le monde. Mme Condie, résidente de Mississauga, étudie depuis trois ans à l’Université York pour obtenir une double majeure en kinésiologie et en anglais.

L’an dernier, elle a passé deux journées à l’école, faisant des exposés devant tous les groupes d’anglais de 7e année.

«Elle a expliqué ce qu’est son sport, son rêve, les rigueurs de son entraînement, le fait qu’elle soit encore à l’école, qu’elle doive participer à des compétitions interna-tionales, comment elle organise son temps et gère sa nutrition, relate Mme Nolan-Fox.

«Les élèves ont écrit des lettres à l’athlète, conçu des affiches et organisé une activité-bénéfice, le tout dans le cadre de leurs travaux scolaires. Ils ont vraiment aimé parce qu’il y avait quelqu’un de réel derrière leur projet. Ce n’était pas de l’abstrait, et c’est ce qui a contribué à la réussite du programme.

«Mais la participation des élèves ne s’arrête pas là, précise Mme Nolan-Fox. Notre but est vraiment d’accompagner Shannon jusqu’aux Olympiques de 2012!»

Alors, qu’en retirent les athlètes? Plus de travail pendant qu’ils sont sur la route et d’autres rendez-vous à insérer dans un emploi du temps déjà chargé?

Mme Nolan-Fox croit que Shannon Condie apprécie l’appui des élèves, mais aussi que ses aspirations personnelles et professionnelles se confondent. «C’est une jeune personne qui veut devenir enseignante, dit Mme Nolan-Fox. Pour elle aussi, c’est une belle expérience.»

Pour la double médaillée d’or olympique Jennifer Botterill, la réponse est simple.

«C’est une expérience incroyablement enrichissante, dit la joueuse de hockey, qui portera une fois de plus les couleurs du Canada, mais cette fois à Vancouver, en 2010. Je suis tellement reconnaissante de faire partie de l’équipe nationale de hockey. Pour moi, avoir la chance d’encourager d’autres personnes et d’avoir une petite influence, c’est vraiment exceptionnel.

«Je me souviens d’être allée à un tournoi de soccer quand j’étais en 9e année. Le nageur Mark Tewksbury (médaillé d’or olympique en 1992) était là et s’est adressé à la foule. Cela m’a marquée. Alors, pour moi, c’est extraordinaire d’être en mesure d’avoir ce même genre d’influence.»

Mme Botterill est jumelée à l’école Rolph Road du Toronto District School Board. Une classe de 5e année l’a parrainée, mais toute l’école a participé. L’athlète a apporté ses médailles d’or olympiques pour que les élèves puissent les passer autour de leur cou. Elle dit que ça lui a fait plaisir de regarder leurs yeux s’illuminer à la vue des médailles.

Elle espère que ses visites ont rendu les Jeux olympiques un peu plus concrets pour les élèves. Mais les visites l’ont aidée, elle aussi. «Je me sens toujours pleine d’énergie quand je quitte l’école», dit-elle.

Les athlètes communiquent une expérience de vie dont les valeurs sont le moteur. De plus, cette expérience repose sur la définition d’un objectif, ce qui peut être relié à bien des attentes du curriculum et des programmes scolaires de développement du caractère. C’est une situation dans laquelle tous les participants trouvent leur compte.

Et un peu d’éclat n’a jamais nui non plus.


Si vous voulez que votre classe ou votre école participe au programme Parrainons un athlète, écrivez un courriel à adoptanathlete@olympic.ca.

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