LE MENTORAT, UNE TRADITION
bien établie dans d’autres professions en Ontario

Il est fort probable que les programmes de mentorat soient de plus en plus utilisés pour appuyer la formation d’un nombre croissant de nouveaux enseignants et enseignantes. La profession suivrait ainsi les traces des professions autoréglementées les mieux établies en Ontario.


de Lois Browne

D’ici 2005, environ 50 000 des 124 000 enseignantes et enseignants à temps plein en Ontario, soit deux sur cinq, auront moins de cinq années d’expérience en classe. Cette situation résulte directement de l’important bouleversement démographique que subira la profession enseignante au fur et à mesure qu’un nombre considérable d’enseignantes et d’enseignants prendront leur retraite d’ici 2010.

Il n’est donc pas surprenant que le mentorat, qui consiste à avoir recours aux personnes d’expérience pour communiquer leur expertise aux débutants, soit de plus en plus perçu comme un élément essentiel de la formation. Chaque conseil scolaire a la responsabilité d’orienter ses nouveaux employés et plusieurs d’entre eux ont déjà commencé à élaborer leurs programmes d’encadrement.

Dans le numéro de décembre 1999 de Pour parler profession, Andy Hargreaves et Michael Fullan de l’IEPO/UT ont examiné certains défis associés au mentorat dans la profession. L’une des principales conclusions disait que les programmes de mentorat, bien que répandus de nos jours, n’ont pas connu le succès espéré, car «nous avons négligé de considérer l’encadrement comme une partie intégrante de l’enseignement et du professionnalisme.»

La ministre de l’Éducation ayant annoncé l’établissement d’un programme d’initiation (ou de mentorat) dans le cadre du programme d’évaluation du personnel enseignant, il pourrait y avoir là une occasion de maximiser l’efficacité des programmes d’encadrement. La mise en œuvre d’un programme d’initiation est d’ailleurs l’une des recommandations présentées par l’Ordre au Ministère concernant le projet d’évaluation du personnel enseignant du gouvernement.


D E      N O M B R E U S E S      P O S S I B I L I T É S

Dans sa recommandation, l’Ordre suggérait plusieurs possibilités, y compris un programme d’orientation, l’encadrement par le personnel enseignant et la direction de l’école, la rédaction d’un journal de réflexion, un soutien en ligne grâce à des groupes de discussion, des séances et des cours de perfectionnement professionnel. Certaines professions en Ontario prévoient l’encadrement des nouveaux venus, mais l’éventail de programmes offerts est très vaste, allant du jumelage de courte durée avec un professionnel qualifié à des programmes de plus longue durée où le débutant est suivi par un mentor avec qui il entretient un dialogue assez intense sur la pratique et la philosophie de travail.

L E S      S T A G E S      D ’ A V O C A T

Ce sont les avocats qui possèdent de loin le programme de mentorat le plus complet et le mieux organisé. Obligatoire pour l’entrée au Barreau, le stage comprend 12 mois de travail dans un cabinet d’avocat et permet au stagiaire de s’initier à la profession sous la supervision étroite de collègues d’expérience. Le stage constitue le plus important volet du Cours de formation professionnelle, qui porte également sur les techniques d’entrevue, la recherche, la rédaction et la gestion du cabinet.

Le mentor, qu’on appelle également le «maître de stage», doit posséder au moins trois années d’expérience. Il doit en faire la demande auprès du Barreau et se soumettre à un examen annuel. Un avocat qui possède moins de trois années d’expérience peut agir comme maître de stage, mais le Barreau doit nommer un mentor chargé de superviser le maître de stage.

Le mentor du maître de stage a habituellement déjà lui-même été mentor et met au point, de concert avec le maître de stage et le stagiaire, un plan de formation qui décrit les tâches du stagiaire. Le stage comprend deux évaluations; la première est administrée vers la moitié du stage et l’autre à la fin.

Les professions de la santé, quant à elles, ont tendance à incorporer beaucoup de travail clinique dans la formation de base afin qu’au moment de recevoir son diplôme, le débutant possède l’expérience pratique nécessaire pour prendre lui-même soin de patients. Il s’agit là d’une pratique courante au sein de nombreuses professions : infirmières, médecins, chirurgiens, audiologistes, orthophonistes, podologues, chiropraticiens, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, psychologues et autres. Une fois le diplôme obtenu, ce sont souvent les employeurs qui assurent l’encadrement, dont la forme varie grandement d’un employeur à l’autre.

F O R M A T I O N      P R A T I Q U E

Les infirmières n’ont pas ce que l’Ordre des infirmières et infirmiers appelle un programme de mentorat, mais les nouveaux venus sont formés dans un milieu pratique, déclare Ru Tagger, consultante auprès de l’Ordre des infirmières et infirmiers de l’Ontario. Les auxiliaires et les infirmières passent du temps avec les patients dès les débuts de leur formation. Pendant leur dernière année de formation, les futures infirmières s’occupent des patients qui leur sont assignés sous la supervision directe d’infirmières.

«Pour les intégrer à la profession, la majorité des hôpitaux jumellent les débutantes à des infirmières d’expérience» qui deviennent de fait leur mentor, ajoute Tagger. Il y a également une personne-ressource dans chaque unité.

Chez les médecins, l’Ordre des médecins et chirurgiens de l’Ontario exige que les diplômés en médecine fassent leur résidence (stage supervisé) dans un hôpital universitaire avant d’exercer la médecine de façon indépendante. La durée de résidence est établie en fonction de la spécialité. Pour devenir médecin de famille, par exemple, il faut deux ans de résidence.

Les chirurgiens-dentistes n’ont aucun programme de mentorat officiel, mais forment leurs étudiants en milieu clinique très tôt. «Les troisième et quatrième années de formation sont données principalement en milieu clinique, déclare le Dr Michael Gardiner du Royal College of Dental Surgeons of Ontario. Les étudiants voient les patients le matin et l’après-midi, sous la supervision d’un dentiste.» Pour les chirurgiens-dentistes, les possibilités d’apprendre de leurs collègues chevronnés sont nombreuses, affirme Gardiner, que ce soit par les associations professionnelles ou les organismes locaux. Par ailleurs, des règlements sur le perfectionnement professionnel, les lignes directrices de l’Ordre et son nouveau programme pilote d’examen de la pratique permettent également d’assurer la qualité au sein de la profession.

Les audiologistes et les orthophonistes doivent suivre des programmes de mentorat formels pour s’inscrire à l’Ordre et obtenir le droit d’exercer. Les étudiants se trouvent eux-mêmes un mentor en communiquant avec un employeur potentiel ou en sollicitant l’aide de l’Ordre des audiologistes et des orthophonistes de l’Ontario. Le débutant qui travaille à temps plein doit être suivi par un mentor pendant six mois. À la fin de cette période, le mentor évalue le rendement de son protégé et recommande à l’Ordre qu’il obtienne l’autorisation d’exercer.

D E S      N O R M E S      P O U R      L E S      M E N T O R S

Le mentor doit également respecter des exigences précises. Il doit notamment avoir exercé sa profession pendant au moins quatre ans et être membre en règle de l’Ordre.

Colleen Myrie, qui suit le programme de mentorat de l’Ordre des audiologistes et des orthophonistes de l’Ontario, mentionne qu’à l’heure actuelle, ce sont les débutants et leurs mentors qui fixent leurs objectifs professionnels. L’Ordre aspire cependant à harmoniser ces objectifs et établira des normes d’exercice de la profession qui seront précisées dans le contrat de mentorat.

L’ordre des ingénieurs de l’Ontario offre un programme de mentorat (ou stage) volontaire aux personnes qui souhaitent exercer la profession d’ingénieur. «Tous les ingénieurs doivent avoir au moins 48 mois d’expérience reconnue avant d’obtenir le droit d’exercer», déclare Gerry Mead de l’ordre des ingénieurs de l’Ontario. Lorsqu’un ingénieur qui souhaite s’inscrire à l’ordre a des doutes concernant la validité de son expérience pour son entrée dans la profession, ajoute-t-il, il peut participer au stage. La majorité des personnes qui s’inscrivent ont été formées à l’étranger et travaillent à temps partiel. L’ordre peut leur offrir l’encadrement nécessaire pour obtenir l’expérience nécessaire.

Notre programme de mentorat n’est pas encore formel, déclare Meade, ce qui est dû en grande partie au fait que nous n’avons pas les ressources pour établir un programme d’encadrement pour plus de 3 000 personnes chaque année.

D’après Doug Wilson, registrateur adjoint de l’Ordre des enseignantes et des enseignants : «Les nombreux modèles d’encadrement qu’emploient d’autres professions fourniront une panoplie d’exemples dont les partenaires pourront s’inspirer pour élaborer le programme à l’intention des enseignantes et enseignants débutants. «La profession doit trouver un moyen efficace de transmettre la sagesse acquise par des années d’expérience aux nouvelles générations.»

Pour lire l’article de Fullan et Hargreaves paru dans le numéro de décembre 1999 de Pour parler profession, consultez notre site web à www.oct.ca/french/ps/décembre_1999/mentoring.htm.

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