Des professeurs remarquables
L'enseignante remarquable de Louise Pitre :
Cheryl David


Louise Pitre, qui en ce moment chante à pleins poumons des chansons d'ABBA à New York (ce qui lui vaut des critiques dithyrambiques), se dirigeait autrefois vers une carrière de professeure de musique d'école secondaire au fin fond de l'Ontario.

Or, ce n'est autre qu'une professeure de musique - Cheryl David - qui l'a guidée sur une voie plus spectaculaire.

«Elle était d'un dévouement et d'une générosité extraordinaires», explique aujourd'hui Louise Pitre. Mme David n'a épargné ni son temps ni ses encouragements, aidant Louise à condenser des années de théorie et de pratique en deux ans seulement, de façon à ce qu'elle puisse être admise au programme de musique de l'Université Western Ontario.

Jusqu'à la 11e année, Mme Pitre avait joué du piano par pur plaisir, ayant commencé à sept ans sur les conseils de sa mère.

«Je crois qu'elle voulait que je joue parce que c'était quelque chose qu'elle aurait aimé faire, mais elle venait d'une famille très pauvre du nord du Québec et ses parents n'auraient jamais pu se permettre un piano.»

Pitre adorait jouer. «J'ai développé une véritable passion pour le piano, se rappelle-t-elle avec plaisir. Je jouais du piano en bas et ma mère m'appelait en disant "Louise, le souper est prêt. Viens man-an-anger"», s'esclaffe-t-elle en imitant sa mère.

Les leçons de piano données par une professeure de musique du quartier n'étaient pas très poussées. «Elle enseignait strictement à partir de partitions directrices, précise Pitre. On y trouve seulement la ligne de mélodie pour la main droite et les symboles d'accords au-dessus des notes. Alors, avec la main gauche, je me contentais de jouer toujours le même rythme.»

Néanmoins, c'était un moyen épatant d'apprendre parce que «je pouvais jouer tout de suite des airs que je connaissais et c'était vraiment emballant».

Tout ce qui précède remonte à l'époque où sa famille habitait Montréal, après être partie de Smooth Rock en Ontario, lieu de naissance de Louise. En 1970, la famille Pitre est retournée en Ontario, pour s'installer à Welland. Âgée de 13 ans, Louise a entamé sa 9e année à l'école secondaire Confédération, école bilingue où elle a appris l'anglais. Elle jouait du piano lors des assemblées et de temps en temps sur un vieux crincrin qui se trouvait dans le vestiaire des garçons, près du gymnase.

«La pièce était remplie de matériel, et le piano se trouvait dans un coin. Il fallait que je joue debout contre le mur - je devais me faire toute petite - et j'interprétais des airs d'Elton John et de Carole King, mes idoles.»

Deux ans plus tard, l'arrivée d'une nouvelle professeure de musique et l'introduction d'un programme inédit ont eu un impact significatif sur la voie qu'elle allait prendre.

«Il y avait une salle de musique toute pimpante dans la nouvelle aile de l'école. Quand j'y ai vu des élèves en train de jouer de la trompette et de la clarinette entre autres, j'étais folle de joie.»

Mais l'instrument réservé à Louise n'était pas un piano. «C'était la première fois que je jouais de la trompette. Pourtant, ça a bien marché et en 12e année, mes parents m'ont offert un instrument pour mon anniversaire; je suis devenue première trompette de l'orchestre. J'étais aux anges!»

La professeure en question était Cheryl David, joueuse de clarinette (également capable de jouer de presque n'importe quel autre instrument). Elle était «incroyablement accessible et absolument passionnée de musique, affirme Louise. J'étais si impressionnée par le fait qu'elle puisse prendre un instrument au hasard et en jouer.»

Pitre se souvient d'avoir mentionné à Mme David qu'elle souhaitait étudier la musique à l'université. Lorsqu'elle s'est renseignée sur les conditions d'admission, elle a eu un choc. «Je devais suivre les cours du conservatoire et d'harmonie de 9e année, et je n'en avais pour ainsi dire jamais entendu parler.»

Cheryl David (1975)

Cependant, Mme David ne s'est pas laissée impressionner. «"Si tu es prête à étudier sérieusement, il faut que l'on s'organise", a-t-elle déclaré, et elle m'a donné tous ses vieux livres de musique.» Elle a également aidé Louise à trouver un nouveau professeur de piano qui pourrait la préparer pour son audition à l'université.

«En gros, j'avais deux ans pour faire tout ça, se rappelle Louise. Après l'école, Cheryl David m'a enseigné l'harmonie et la théorie dont j'avais besoin pour passer les examens et elle m'a étroitement suivie pendant toute cette période. Et j'ai été admise!»

Louise a passé une audition pour une comédie musicale et a décroché le rôle. C'est alors que sa vie a pris un tournant décisif et qu'elle a décidé de faire carrière dans la musique.

Dernièrement, après 33 ans d'enseignement, Cheryl David a pris sa retraite. Elle est intarissable d'éloges à propos de Louise : «C'était une étudiante franchement exceptionnelle. Il n'y avait personne d'autre comme elle.» Elle est ravie du succès de son élève, mais parle avec modestie du rôle qu'elle a joué. «Elle est remarquablement douée, je n'ai fait que la guider sur le bon chemin.»

Louise maintient catégoriquement que Cheryl David a joué un rôle déterminant dans sa carrière. «C'est grâce à Mme David en grande partie que je suis devenue chanteuse. C'est la première qui m'ait donné ce dont j'avais besoin pour arriver là où j'en suis aujourd'hui.»

Lorsqu'on a demandé à Louise de se produire en concert à l'église du Sacré-Cœur de Welland il y a quelques années, elle a demandé à Mme David de jouer de la clarinette. Elle en a également profité pour la remercier en public. «Mes premiers mots ont été pour elle, et je l'ai invitée à me rejoindre. Elle était si nerveuse qu'elle tremblait, se remémore Louise. Nous avons interprété ensemble Someone to Watch Over Me; j'ai chanté d'abord, puis elle a exécuté ce superbe solo et nous avons terminé par un duo. C'était merveilleux!»

Mme Pitre pense qu'elle continuera à jouer dans Mamma Mia! à New York pendant quelques années et commencera bientôt à répéter pour une autre production : une nouvelle version de Sweeney Todd avec la Calgary Opera Company prévue pour 2004.

Accueil | Bloc générique | Archives

Mot de la présidente  |   Mot du registrateur  |   Des professeurs remarquables  |   Pages bleues
Échos de la profession  |   Lu, vu, écouté  |   Calendrier  |   Cyberespace  |   Questions fréquentes  |   Courrier des lecteurs

Ordre des enseignantes et des enseignants de l'Ontario
121, rue Bloor Est,
Toronto ON  M4W 3M5
Téléphone : 416-961-8800 Télécopieur : 416-961-8822 Sans frais en Ontario : 1-888-534-2222
www.oct.ca
revue@oct.ca