Transition À l’enseignement 2008

Les pédagogues francophones toujours en demande

de Frank McIntyre

Le marchÉ de l’enseignement en franÇais continue d’être à la hausse en Ontario. Les conseils scolaires de langue française recrutent la majorité des nouveaux enseignants à des postes permanents pendant leur première année dans la profession. Le taux de diplômés ayant suivi une formation à l’enseignement en français et ayant décroché un emploi pendant la première année de carrière demeure élevé.

Les nouveaux diplômés en mesure d’enseigner le français langue seconde dans les conseils scolaires de langue anglaise décrochent plus de postes permanents au cours de leur première année d’enseignement que tout autre groupe de nouveaux enseignants.

J’ai été chanceuse, car le français est ma langue maternelle. Mes amis n’ont pas eu cette chance. Il y a une pénurie d’emplois disponibles en anglais.

Diplômée d’un programme de formation à l’enseignement en anglais travaillant dans un conseil scolaire de langue française, dans l’est de l’Ontario

La plupart, soit 72 %, des enseignantes et enseignants qui ont suivi un programme de formation à l’enseignement en français à l’Université Laurentienne ou à l’Université d’Ottawa en 2007 et qui ont enseigné en Ontario pendant l’année scolaire 2007-2008 ont décroché des postes permanents. Ce taux est beaucoup plus élevé que celui indiqué par les diplômés des programmes de formation en anglais, établi à 30 %. Deux sur cinq (39 %) ont décroché un poste permanent après l’obtention de leur diplôme. Une proportion de 33 % a décroché un poste permanent au cours de la première année. Seulement 13 % des nouveaux enseignants ont indiqué n’avoir pu trouver autant d’occasions qu’ils le désiraient au cours de la première année. Pas moins de 97 % des nouveaux venus signalent avoir été embauchés pour enseigner, alors que seulement 1 % d’entre eux affirment ne pas enseigner faute d’avoir pu trouver un emploi qui leur convenait.

La plupart (88 %) des enseignantes et enseignants diplômés d’un programme de formation à l’enseignement en français en 2007 ont indiqué avoir obtenu un contrat d’enseignement avec des conseils scolaires de langue française. Cela représente une augmentation par rapport à la proportion de 76 % de pédagogues embauchés par ces conseils au cours de l’année précédente. Les personnes qui enseignent pour la première année dans des conseils catholiques de langue française présentent le plus haut taux d’obtention d’un emploi permanent (77 %). Les conseils publics de langue française suivent de près (66 %), et ces pédagogues sont bien plus nombreux que ceux qui travaillent dans des conseils publics (32 %) et des conseils catholiques (20 %) de langue anglaise.

J’ai été embauchée immédiatement après un entretien à l’université à la fin du mois d’avril.

Enseignante aux cycles primaire et moyen dans un conseil de langue française de la région de Toronto qui a suivi une formation à l’enseignement en français

J’ai obtenu un poste de suppléance à long terme après un entretien. Toutefois, j’ai dû quitter ce poste un jour avant le début des classes pour accepter un poste permanent. Il y a eu plusieurs entretiens de dernière minute pour des occasions d’emploi.

Enseignant aux cycles primaire et moyen dans un conseil de langue française de l’est de l’Ontario

Les diplômés ayant suivi un programme de formation à l’enseignement en français ont réussi à obtenir des emplois permanents tant au palier élémentaire que secondaire. Une proportion de 66 % des diplômés qualifiés aux cycles primaire et moyen, et une proportion de 79 % des diplômés qualifiés aux cycles intermédiaire et supérieur ont décroché un emploi permanent.

Les programmes de français langue seconde (FLS) des conseils scolaires de langue anglaise continuent d’offrir des emplois permanents aux nouveaux diplômés qui peuvent enseigner en français. Ceux qui peuvent enseigner le FLS et le FLS-immersion signalent avoir obtenu des postes permanents avant la fin de l’année, dans une proportion de 78 %, ce qui représente une légère hausse par rapport aux 75 % de l’année précédente.

J’ai présenté une demande au conseil de ma région. J’ai eu un entretien et obtenu un poste permanent. En 2007, j’ai été affectée à des classes d’immersion en français de 6e et de 7e année.

Enseignante qualifiée aux cycles primaire et moyen et possédant la qualification pour enseigner le FLS, sud-ouest de l’Ontario

Je possède des antécédents en français mais pas les qualifications pour l’enseignement du FLS. J’ai passé un entretien pour un poste de français langue seconde, 4e année, et j’ai obtenu une permission intérimaire.

Enseignant à l’élémentaire à un poste permanent dans la région de Toronto

Lente intégration pour les nombreux pédagogues anglophones

Nombre de diplômés en 2007 ont consacré leur première année professionnelle à faire de la suppléance. Plus d’un nouvel enseignant en Ontario sur quatre (28 %) affirme qu’il continuait à faire de la suppléance à la journée à la fin de l’année, tandis que 36 % des nouveaux pédagogues avaient décroché des contrats de suppléance à long terme. Un peu plus de un sur trois (36 %) avait décroché un poste permanent au printemps 2008. Le taux d’obtention d’un poste permanent pendant la première année d’enseignement est inférieur aux taux relevés en 2006 (51 %) et en 2007 (41 %).

Ces chiffres combinent les résultats de deux marchés de l’emploi bien distincts, soit l’enseignement en français et l’enseignement en anglais. Pour les nouveaux enseignants anglophones, le marché de l’emploi en Ontario est très concurrentiel. Par ailleurs, la plupart des diplômés francophones qualifiés pour enseigner dans les écoles de langue française ou le français langue seconde dans les écoles de langue anglaise décrochent des emplois permanents avec une grande facilité puisque leur langue et leurs compétences en enseignement continuent d’être en forte demande.

De nombreux nouveaux enseignants anglophones ayant accédé au marché du travail au cours des années précédentes continuent de rechercher des occasions de passer de la suppléance quotidienne à des contrats de suppléance à long terme et à des contrats permanents. Chaque année, la transition vers un poste permanent se fait de plus en plus longue; les diplômés d’une année se trouvent donc en compétition avec ceux de l’année suivante, et les nouveaux venus dépendent de plus en plus fortement de la suppléance.

Il m’a été difficile de trouver un emploi dans mon domaine, car les entretiens sont accordés aux suppléants ou aux nouveaux diplômés qui possèdent des contacts. Un étudiant sans contact aura de la difficulté à obtenir un entretien avec un conseil.

Suppléante à temps partiel aux cycles primaire et moyen dans la région de Toronto

C’est frustrant. Le conseil de ma région a affiché un appel en août et a mené les entretiens en octobre. Il m’était impossible de commencer avant janvier, alors j’ai été contrainte de trouver un emploi dans un domaine sans lien avec l’enseignement.

Suppléante à temps partiel aux cycles intermédiaire et supérieur, qualifiée pour enseigner les arts visuels et la géographie, sud-ouest de l’Ontario

Environ un pédagogue anglophone en première année d’enseignement sur quatre (27 %) ayant répondu aux sondages sur la transition à l’enseignement cette année a indiqué avoir décroché un emploi à temps plein. Ce nombre est inférieur au taux d’obtention d’un poste permanent de 32 % de l’an dernier. Deux sur cinq (40 %) indiquent avoir été sous-employés au cours de leur première année de pratique. Ce taux est semblable à celui de l’an dernier (38 %).

Perspectives d’emploi moindres dans toutes les régions et à tous les niveaux

Les perspectives d’emploi, auparavant évidentes pour les enseignantes et enseignants de la région de Toronto et, en particulier, pour les anglophones qualifiés pour enseigner au secondaire, se sont quelque peu amoindries en comparaison aux années précédentes. Chez les pédagogues anglophones de la région de Toronto, le taux d’obtention d’un poste permanent a chuté de 45 % en 2006-2007 à 35 % cette année. Un sur trois (32 %) a indiqué avoir été sous-employé au cours de sa première année d’enseignement.

Proportion d’emplois permanents du côté anglophone au printemps 2008

Cycles Région de Toronto Autres régions de l’Ontario Total
Primaire-moyen 23 (36)* 18 (17) 20 (25)
Moyen-intermédiaire 34 (53) 21 (9) 29 (29)
Intermédiaire-supérieur 51 (52) 12 (33) 32 (43)
Éducation technologique 78 (60) 50 (57) 62 (58)
Tous les cycles 35 (45) 17 (21) 27 (32)

* Les données comparatives du printemps 2007 figurent entre parenthèses.

Les enseignantes et enseignants des cycles intermédiaire et supérieur sont de plus en plus touchés par la tendance à la baisse du marché de l’emploi pour les pédagogues anglophones, où un sur quatre seulement décroche un emploi permanent. Dans la province, un nouvel enseignant au secondaire sur trois (32 %) a décroché un poste permanent, contre 43 % l’an dernier. La région de Toronto continue d’offrir des emplois permanents au secondaire : 78 % des diplômés qualifiés pour enseigner l’éducation technologique et 51 % de ceux qui enseignent les matières générales s’y trouvent un emploi, des taux bien supérieurs à ce que l’on trouve dans le reste de la province.

Ma recherche d’emploi a été difficile et décourageante. J’ai fait des appels pendant des mois avant d’être inscrite sur la liste des suppléants. J’ai l’impression d’être un accessoire jetable.

Suppléante à la journée qualifiée pour l’enseignement des sciences générales et du cours «l’être humain en société», centre de l’Ontario

Le surplus grandissant d’enseignantes et d’enseignants qui travaillent en anglais signifie qu’un plus grand nombre de pédagogues entament leur carrière en faisant de la suppléance à la journée et occupent des postes de suppléance pendant de plus longues périodes en début de carrière. Plus de la moitié (56 %) des diplômés de 2007 qui enseignent en Ontario ont entamé leur carrière en faisant de la suppléance à la journée et, dans une proportion de 22 %, comme suppléants à long terme.

À la fin de la première année de pratique, une proportion de 27 % seulement avait obtenu un poste permanent, tandis que un sur trois (33 %) a continué de faire de la suppléance à la journée. Pendant l’année scolaire 2007-2008, la proportion d’enseignantes et d’enseignants en deuxième année de carrière ayant décroché un poste permanent est passée à 57 %, tandis que 26 % ont continué de faire de la suppléance à long terme et 17 %, à la journée.

L’importance grandissante de la suppléance à la journée est particulièrement manifeste chez les nouveaux enseignants anglophones aux cycles primaire et moyen. Au cours des sept dernières années, les enseignantes et enseignants des cycles moyen et intermédiaire, et intermédiaire et supérieur ont également attendu plus longtemps avant d’obtenir leur propre classe.

Alors que la demande de personnes qualifiées pour enseigner les matières générales au secondaire (32 % des postes permanents) continue d’être à la baisse, certaines qualifications en enseignement continuent d’être en demande.

Les diplômés anglophones possédant des qualifications en enseignement des affaires et commerce, de l’informatique, des mathématiques, de la physique ou de la chimie ont décroché un poste permanent dans une proportion de 41 %, alors que, pour les nouveaux enseignants des autres matières, le taux d’obtention d’un poste permanent n’a été que de 30 %.

La demande demeure à la hausse pour la qualification en éducation technologique. Plus de trois diplômés anglophones sur cinq (62 %) possédant cette qualification ont décroché un poste permanent au cours de leur première année d’enseignement.

Dans l’ensemble, cette expérience a été très éducative et satisfaisante pour moi. Ayant travaillé pendant 29 ans dans l’industrie automobile, il s’agit de ma seconde carrière.

Enseignant en études technologiques, à temps plein, sud-ouest de l’Ontario

Taux de réussite moins élevé pour les diplômés des collèges frontaliers et les pédagogues qui viennent d’arriver en Ontario

Bien que le nombre de nouveaux diplômés des collèges frontaliers américains ait accusé une baisse, passant de 1 744 en 2006 à 1 594 en 2007, les programmes de formation des États de New York et du Maine conçus pour l’enseignement en Ontario continuent de jouer un rôle important en fournissant de nouveaux pédagogues dans la province. Ceux-ci signalent leur difficulté à se trouver un emploi en Ontario en comparaison aux diplômés des facultés d’éducation de l’Ontario. Une proportion de 12 % d’entre eux a décroché un emploi permanent, contre 28 % chez les diplômés des programmes de formation à l’enseignement de l’Ontario. Près de la moitié d’entre eux (45 %) signalent n’avoir pu trouver autant d’occasions d’enseigner pendant leur première année de pratique, contre 32 % chez les diplômés des facultés d’éducation de l’Ontario.

Une fois mon diplôme en main, j’ai dû attendre un an avant d’obtenir un entretien avec un conseil scolaire public. Je n’exerce pas la profession en ce moment.

Enseignante sans emploi, qualifiée pour enseigner aux cycles primaire et moyen, diplômée d’un collège frontalier américain

Ce désavantage concurrentiel touche davantage les enseignantes et enseignants qualifiés pour enseigner aux cycles primaire et moyen, ce qui représente 77 % de tous les diplômés des collèges frontaliers.

Moins de diplômés des collèges frontaliers américains décrochent des postes permanents

  Primaire-moyen Intermédiaire-supérieur Tous les cycles
Facultés de l’Ontario 34 (37)* 42 (52) 39 (44)
Collèges frontaliers amèricains 15 (16) 35 (28) 18 (19)

* Les données comparatives du printemps 2007 figurent entre parenthèses.

Les nouveaux enseignants canadiens qui ont terminé leur formation en enseignement à l’extérieur du Canada et obtenu leur carte de compétence en 2007 ont signalé de plus faibles taux d’obtention d’un poste que tout autre nouvel enseignant en Ontario au cours de l’année scolaire 2007-2008. Près de la moitié d’entre eux (46 %) n’ont pas été en mesure de décrocher des contrats de suppléance. Une proportion de 58 % des enseignantes et enseignants qui ont décroché un contrat d’enseignement ont affirmé vouloir enseigner plus souvent. Un sur douze (8 %) seulement a décroché un poste permanent dans un conseil scolaire de l’Ontario.

Recherchons pédagogues pouvant enseigner le français

Les nouveaux pédagogues qui peuvent enseigner le français ont une longueur d’avance sur le marché du travail en Ontario. En effet, les personnes formées pour enseigner en français dans un conseil scolaire de langue française ou le français dans un conseil scolaire de langue anglaise sont des perles rares.

L’étude de l’Ordre sur la transition à l’enseignement financée par le ministère de l’Éducation de l’Ontario existe depuis sept ans et révèle que la demande de personnel enseignant pouvant enseigner le français ou en français est très forte.

«Les personnes nouvellement diplômées qui peuvent enseigner en français ont bien plus de chances d’obtenir un premier poste régulier que tout autre nouvel enseignant en Ontario», précise Lise Roy-Kolbusz, registrateure adjointe de l’Ordre.

À l’opposé des nouveaux diplômés des programmes de formation à l’enseignement en anglais, ceux qui peuvent enseigner en français ont encore accès à un marché de l’emploi vigoureux. La plupart d’entre eux continuent de décrocher des postes permanents tôt dans leur carrière. Selon notre sondage auprès des diplômés de 2007, 97 % ont trouvé un emploi en enseignement pendant l’année scolaire 2007-2008.

La demande pour des pédagogues francophones qualifiés persiste partout en Ontario, dans toutes les matières et à tous les niveaux.

Afin d’aider à combler la pénurie, l’Ordre, en collaboration avec la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) et les conseils scolaires de langue française, a mis sur pied le projet provincial Journées carrières en éducation. Diverses activités organisées dans les écoles secondaires permettent de mieux faire connaître les possibilités d’emplois en enseignement.

Ces journées d’animation auprès des élèves de 11e et de 12e année des écoles de langue française de l’Ontario visent à les sensibiliser aux carrières en éducation et à les encourager à se diriger vers l’enseignement. Il s’agit donc d’augmenter le nombre d’inscriptions pour combler le besoin de personnel enseignant capable d’enseigner en français. Dans la province, l’Université d’Ottawa et l’Université Laurentienne offrent en tout cinq programmes de formation à l’enseignement, à temps plein ou à temps partiel.

En octobre, l’équipe d’animation de la FESFO s’est rendue à Cornwall, Windsor, Sudbury, Mississauga et Thunder Bay.

Afin de remédier à cette pénurie, nous continuons de participer aux foires de l’emploi en Ontario et au Québec. Les résultats de notre étude sur la transition à l’enseignement nous font comprendre le besoin d’engager davantage de personnel qui peut enseigner en français.


L’étude sur la transition à l’enseignement examine le taux d’obtention de postes par les nouveaux enseignants au cours de l’année scolaire 2007-2008 et les expériences en enseignement des diplômés des programmes de formation à l’enseignement de 2003 à 2007 et des pédagogues formés à l’extérieur de la province qui viennent enseigner en Ontario. Les réponses des 3 613 pédagogues ayant participé au sondage confirment la tendance des deux marchés de l’emploi distincts qui ont émergé en Ontario au cours de la décennie.

Cette étude a été rendue possible grâce à une subvention du ministère de l’Éducation de l’Ontario. Ce rapport ne reflète pas nécessairement les politiques, opinions et exigences du ministère de l’Éducation de l’Ontario.

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