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Décembre 1999

S’ouvrir les yeux
au monde de l’enseignement


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La plupart des enseignantes et enseignants aiment apprendre et il n’existe pas d’autres expériences d’apprentissage plus totales que de se submerger dans la culture, la langue et les coutumes d’un autre pays.

Déménager à l’autre bout du monde pendant une année est un luxe que bien peu peuvent se permettre, mais un organisme dans le sud de l’Ontario aide des dizaines d’enseignantes et d’enseignants – ainsi que des élèves et des directrices et directeurs d’école – à réaliser cette aventure chaque année.

La Canadian Education Exchange Foundation (CEEF), organisme à but non lucratif situé à Barrie, assure le jumelage d’éducatrices et d’éducateurs avec des collègues d’ailleurs dans le monde – et d’ailleurs au Canada – qui veulent briser la routine et vivre l’expérience d’apprentissage par excellence. Les échanges d’enseignantes et d’enseignants à l’élémentaire et au secondaire sont d’une durée d’un an, mais la fondation aide aussi à organiser des jumelages en observation à court terme pour les administrateurs scolaires, des programmes de partenariats d’écoles pour des groupes d’élèves, ainsi que des échanges de six mois pour les élèves.

«Cette expérience vous revitalise ainsi que votre enseignement, elle élargit votre vision du monde, vous donne l’occasion d’apprendre à travailler avec de nouvelles méthodes, de se faire de nouveaux amis, de voir des lieux inconnus», promet Dennis Nolan du CEEF. Et si l’on se fie à l’enthousiasme des commentaires des participants, il a tout à fait raison.

«En fait, j’en ai retiré bien plus que je ne l’aurais cru», dit Sheila Capperauld, qui a passé l’année 1997 à enseigner en 2e et 3e année à Waikerie en Australie méridionale. Capperauld, maintenant directrice de l’école publique Uptergrove à Orillia dit que «cette expérience s’est avérée des plus enrichissantes, tant au plan personnel que professionnel.»

Betty Hamilton, qui a passé une année à Wollongong en Nouvelles-Galles-du-Sud, en Australie, à enseigner les mathématiques, répète les propos de Capperauld. «Cette expérience a été merveilleuse.» Hamilton a quitté son emploi à l’école secondaire John Fraser de Mississauga en 1995. «L’Australie fut une découverte fantastique pour moi. Je me suis fait de nouveaux amis pour la vie.»

Grâce au programme de la fondation, une enseignante ou un enseignant d’ici échange son emploi avec un collègue d’un autre pays ou d’une autre province tout en demeurant à l’emploi de son conseil scolaire qui continue de payer son salaire et ses avantages sociaux. Le nombre d’années de service continue aussi de s’accumuler. Habituellement, les deux personnes échangent aussi leur demeure, mais il y a des exceptions, rares toutefois.

Pour être admissible à un échange, il faut avoir accumuler cinq années d’expérience réussie en enseignement et avoir l’appui du conseil scolaire qui vous emploie. Parfois, le processus de jumelage se fait en Ontario; parfois, il se fait dans le territoire du collègue. Le processus de jumelage peut s’avérer très complexe – et la fondation est très claire à cet égard – mais la plupart des participants le comprennent sans difficulté.

«J’ai rempli ma demande à l’automne et ils ont fait le reste du travail. On m’a offert un poste le printemps suivant et je suis partie pour l’Australie à la fin de l’année», précise Hamilton.

Une fois qu’un jumelage possible a été établi, les formulaires sont échangés entre écoles et l’échange doit être approuvé par la direction de chaque école et par chaque conseil scolaire. Puis, restent à régler les questions des coûts de déplacement, d’hébergement, de ce qui devra être mis en entreposage. De plus en plus d’enseignantes et d’enseignants se servent du courrier électronique pour établir la communication avec leur collègue et se préparer à leur nouvelle expérience.

DESTINATIONS

La fondation a des liens avec les organismes d’échange de bon nombre de pays d’Europe, des États-Unis, d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Les pays de langue anglaise comptent parmi les destinations les plus recherchées, pourtant, pour bien des enseignantes et enseignants, les différences linguistiques ont été une source d’apprentissage cocasse.

«Le terme «root» (racine) est utilisé couramment en mathématiques au Canada, raconte Betty Hamilton. Mais en Australie, il signifie forniquer. Les premières fois que je l’ai utilisé, mes élèves avaient l’air étonné. Et plus ils étaient vieux, plus ils rigolaient.»

Capperauld a aussi dû s’habituer à l’accent australien. «J’ai voulu constater les connaissances de mes élèves en orthographe. Quand je disais le mot ‘pet’, ils n’avaient pas de réaction. Ils n’étaient pas sûrs si je disais ‘pat’, ‘put’ ou ‘pit’.»

Néanmoins, l’Australie et la Nouvelle-Zélande demeurent les destinations les plus populaires pour les enseignantes et enseignants de l’Ontario. Les échanges dans cette partie du monde ont lieu pendant leur année scolaire qui commence au début de février et se rend jusqu’à Noël. Les enseignantes et enseignants du secondaire ontariens des écoles semestrielles commencent l’échange à la fin du premier semestre et parfois en janvier. Dans les autres écoles, l’échange commence en janvier. Dans les écoles élémentaires, l’enseignante ou l’enseignant venant d’Australie arrive dans une classe le premier jour d’école en janvier et son collègue ontarien commence à enseigner en Australie vers le 1er février.

L’Europe est aussi une destination populaire, mais il faut complètement maîtriser la langue du pays visité – même si l’on prévoit enseigner l’anglais – pour communiquer avec l’administration, les collègues sur place et les parents. La France donne préférence aux francophones. Au palier élémentaire, les élèves sont l’équivalent de la maternelle à la 6e  année en Ontario. En France, il existe deux paliers secondaires : le collège et le lycée. Le palier collégial commence à ce qui correspond à la 7e année en Ontario; le lycée correspond au palier supérieur.

Les échanges en Allemagne, en Espagne et aux Pays-Bas se limitent aux écoles secondaires. Les Néerlandais comptent quelques écoles bilingues (néerlandais-français ou néerlandais-anglais) où les matières sont enseignées en français ou en anglais, tout comme dans les écoles d’immersion française ontariennes. Il faut quand même avoir une bonne base du néerlandais.

La Suisse représente la destination la plus populaire en Europe, mais les régions de langue française de Suisse sont les seules à accepter des enseignantes et enseignants à l’élémentaire. Au secondaire, toutes les régions de Suisse acceptent des échanges, peu importe la langue parlée sur place : français, allemand ou italien. La Suisse accepte des échanges pour toutes les matières et toutes les langues, bien que la plupart des jumelages qui réussissent se font entre du personnel de langue française ou dans des programmes d’immersion française.

Le Royaume-Uni demeure un bon choix pour les enseignantes et enseignants ontariens qui ne parlent que l’anglais. Les enseignantes et enseignants travaillant dans un conseil scolaire catholique qui n’embauche que du personnel catholique ont encore de meilleures chances d’obtenir un échange en République d’Irlande. Au palier élémentaire, les échanges avec l’Irlande ne se font que depuis un an seulement et certains échanges seront offerts au palier secondaire pour l’année 2000-2001.

Chaque année, la fondation offre des échanges avec les États-Unis, y compris avec les dépendances américaines comme Puerto Rico et les Îles vierges. Un organisme central de Washington coordonne tous les échanges avec les États-Unis.

Il est également possible d’organiser des échanges interprovinciaux. Le Québec ne participe actuellement pas au programme d’échange, mais il existe des programmes d’immersion française dans les autres provinces canadiennes pour lesquels il est possible de faire une demande. La fondation a organisé des échanges entre des enseignantes et enseignants de la Colombie-Britannique et des Maritimes.

AUTRES AVANTAGES

Les avantages d’un jumelage vont au-delà du voyage. Betty Hamilton a également appris en rencontrant d’autres collègues d’échange en Australie qui se réunissaient régulièrement pour se donner des conseils et se réconforter. «J’ai rencontré des enseignantes et des enseignants de partout dans le monde. Il est fascinant d’apprendre ce qui se fait ailleurs.»  Son expérience l’a convaincue de continuer sa participation une fois revenue au Canada; elle organise depuis de nombreuses activités à l’intention des personnes venues ici au Canada.

Robert McDougall est l’un d’entre eux. Venu de la West Barns Primary School, située à West Barns en Écosse, McDougall a découvert qu’il était possible d’enseigner dans d’autres pays à la lecture d’un dépliant diffusé par la League for the Exchange of Commonwealth Teachers (LECT), équivalent de la fondation en Écosse. «Je songeais justement à faire quelque chose de différent et le jumelage m’est apparu comme la solution.

Comme bien des enseignantes et enseignants du Canada, le premier choix de McDougall était la Nouvelle-Zélande ou l’Australie, mais il a envoyé sa demande trop tard pour leur année scolaire, puis on lui a offert le Canada. «Je voulais une école différente de ce que je connaissais, et je l’ai eue.» L’école secondaire John Fraser à Mississauga compte 600 élèves; la population d’où il vient s’élève à 400 personnes. C’est différent, mais il aime beaucoup son expérience.

Avant de commencer à enseigner, McDougall a passé quelques semaines sur l’île de Vancouver et dans les Rocheuses; la beauté du paysage l’a ravi. Depuis, il a passé de nombreux week-ends à Ottawa et dans la région de Haliburton. «En Écosse, il est impensable de faire cinq heures de route pour partir un week-end seulement», dit-il. Il passe une bonne partie de son temps libre à mieux connaître ses nouveaux collègues et jusqu’à maintenant, «je passe la meilleure année de ma vie.»

LA CLÉ : LA FLEXIBILITÉ

Les enseignantes et enseignants à qui l’on offre un jumelage ont presque toujours quelques mois pour se préparer au déménagement. L’un des éléments importants à considérer est la différence du coût de la vie. Les enseignantes et enseignants du Canada paient leurs coûts de déplacement et aiment aussi en profiter pour effectuer d’autres voyages sur place pendant leur année d’échange. Certains pays, comme la Suisse où le coût de la vie est très élevé, fournissent une allocation, mais c’est plutôt rare. Au plan financier, un échange peut être inégal et le salaire d’un enseignant ne correspond pas aux dépenses courantes dans un autre pays ni au désir de faire des voyages ailleurs. Il ne faut tout de même pas s’arrêter qu’à un seul facteur.

McDougall est moins payé qu’un enseignant ontarien et, en Écosse, le coût de la vie est bien plus élevé, mais le taux de change est à son avantage. «J’obtiens 2,50 $ pour une livre, et bien des choses coûtent moins chères. Je paierais l’équivalent de 1,80 $ le litre d’essence en Écosse. Financièrement, je n’ai donc pas eu ce problème.»

Ses élèves en Écosse et en Ontario profitent aussi de son aventure. «La LECT exige que je réalise un projet professionnel. J’ai donc demandé à mes élèves d’Écosse de dresser un portrait d’eux-mêmes pour mes élèves d’ici. Ces derniers sont vraiment intéressés par l’Écosse maintenant; ils veulent s’y rendre.»

Dans le cadre du projet, les élèves ontariens de McDougall effectuent une recherche sur l’Écosse et posent des questions auxquelles les élèves de West Barns doivent répondre. «J’espère que mes élèves d’ici produiront un document sur l’Écosse qu’ils pourront envoyer aux élèves de West Barns», ajoute McDougall.Les enseignantes et enseignants jumelés, qu’ils partent du Canada vers l’étranger ou qu’ils arrivent d’ailleurs, obtiennent de l’aide en vue de leur adaptation aux différences culturelles et professionnelles de la part de la Canadian League for Educational Exchange (CLEE) qui tient des conférences et des ateliers trois fois l’an.

Jim Palsetia, président de la CLEE, a participé à des échanges en Angleterre et en Australie. «La personnalité compte beaucoup dans la réussite du jumelage. Ce que je répète toujours, c’est qu’il faut comparer l’énergie requise pour réussir à l’énergie que l’on consacre à la première année d’enseignement.» Mais lui aussi a trouvé l’expérience «fantastique» et passe une partie de ses vacances d’été en Angleterre où il visite des amis qu’il s’est faits sur place.

AUTRES POSSIBILITÉS

Les échanges entre directrices et directeurs d’école et directrices adjointes et directeurs adjoints sont organisés en fonction des exigences professionnelles des administrateurs scolaires. Il existe des possibilités d’échange avec des administrateurs d’écoles élémentaires et secondaires aux Pays-Bas, en Suisse et au Royaume-Uni sur des périodes de temps beaucoup plus courtes. Sur demande, il est possible d’explorer la possibilité d’effectuer des échanges avec d’autres pays. Ces programmes sont organisés à des périodes qui conviennent aux deux parties et sont habituellement d’une durée de quatre semaines, deux semaines dans chaque pays. Plutôt que d’un échange comme cela est le cas pour une enseignante ou un enseignant, les administrateurs travaillent ensemble et ont la possibilité d’explorer les écoles, l’organisation et la culture de l’autre.

Les échanges entre élèves permettent à des jeunes de 14 à 17 ans de vivre une expérience éducative qui les emportera bien au-delà des manuels scolaires dans la classe globale. La fondation organise le jumelage d’élèves du Canada avec des élèves d’autres pays. Les participants vivent avec la famille de leur partenaire et fréquentent l’école du pays hôte. Chaque étape de l’échange dure trois mois. L’élève arrive au Canada vers la mi-août et reste jusqu’à la mi-novembre et l’élève canadien part pour la demeure et l’école de son partenaire étranger en février pour revenir au Canada en mai.

Pour l’élève, le but est d’améliorer sa connaissance de la langue, de se familiariser avec d’autres cultures, de favoriser la croissance personnelle et de se sensibiliser au monde qui l’entoure. L’année d’échange devient une aventure pour toute la famille et pour les écoles.

Les enseignantes et enseignants s’entendent pour dire que les élèves d’échange dans leurs classes constituent une expérience enrichissante pour tous leurs élèves. Le nombre croissant de participants aux échanges tient dans une plus grande connaissance des possibilités d’échange. «Souvent, il suffit de faire connaître ces possibilités aux jeunes. Comme pour tant d’autres choses, il faut vendre son produit, en parler. Les avantages sont nombreux pour tous», dit Nolan.

En plus des échanges individuels, la fondation donne aux enseignantes et enseignants la possibilité d’offrir l’aventure et l’enthousiasme dans le cadre du curriculum intégré grâce à son programme d’échange par petits groupes ou par classe. Chaque programme fait participer une classe, une école ou un groupe d’un conseil scolaire qui comprend une enseignante ou un enseignant. L’échange dure de deux à quatre semaines avec un partenaire scolaire à l’étranger. Le programme est offert aux élèves du secondaire et aux élèves de 7e et 8e année. Les enseignantes et enseignants qui ont participé à ce programme répètent souvent l’expérience avec le même partenaire année après année.

Ce que les élèves apprennent ne se limite pas au curriculum. Comme le dit William Purkey dans Self Concept and School Achievement, «Aucun écrit, aucun discours ne peut enseigner aux jeunes esprits ce que les hommes devraient être. Pas même tous les livres sur les tablettes, mais ce que les enseignants sont eux-mêmes.»

Pour obtenir des renseignements sur la Canadian Education Exchange Foundation, composez le (705) 739-7596 ou sans frais le 1-800-899-8367.