Remarkable Teachers

George Stroumboulopoulos

n’a pas oublié son enseignant remarquable Rob Ciccotelli, EAO

de Bill Harris

Animateur de l’émission The Hour à CBC, George Stroumboulopoulos mène des entrevues posées et divertissantes avec tous ses invités, qu’ils soient premiers ministres, présidents, acteurs ou chanteurs rock. Essentiellement, M. Stroumboulopoulos est un artiste de la scène et un orateur. Il attribue son succès à Rob Ciccotelli, l’un de ses enseignants de l’école secondaire catholique Ascension of Our Lord de Malton. «C’est évident que, sans Rob Ciccotelli, je n’aurais jamais exercé ce métier», déclare-t-il.

M. Ciccotelli, qui enseigne maintenant l’art dramatique et la photographie à l’école secondaire catholique Robert F. Hall de Caledon East, en est à sa vingt-quatrième année dans la profession. Il a passé huit ans à Ascen-sion avant de travailler à Robert F. Hall, où il enseigne depuis 16 ans.

«George était vraiment un bon gars, se rappelle M. Ciccotelli. Il avait toutefois un petit côté rebelle. Je peux comprendre que certains enseignants aient eu quelques difficultés avec lui.

«J’ai appris à ne pas porter de jugement. Les jeunes punks avec des coiffures hérissées sont parfois les meilleurs enfants, les plus intelligents. George était vraiment bien avec moi. Il m’a même aidé à emménager dans ma maison quand il a fini le secondaire, avec deux autres jeunes, sans que je le paie et sans attendre quelque chose en retour.»

M. Stroumboulopoulos aurait peut-être pu faire bon usage d’un peu d’argent. Bien qu’il ne soit pas catholique, il a fréquenté une école catholique, car «quand on fréquente une école catholique, on n’a pas besoin d’acheter de vêtements, puisqu’on porte un uniforme. Nous étions très pauvres dans ma famille et, pour aller à l’école, on n’avait besoin que de deux pantalons gris, deux chemises blanches et un cardigan. Il n’y avait pas de compétition vestimentaire.

«Quand on est jeune, les vêtements nous définissent souvent. Ma mère était donc d’avis que la meilleure façon de contourner le problème, du moins pour les vêtements, c’était que tout le monde soit pareil.»

Rebelle dans l’âme

Malgré sa relation positive avec M. Ciccotelli, M. Stroumboulopoulos n’aimait pas l’école. «Je détestais l’école. J’étais un élève médiocre, avoue-t-il. J’aimais passer du temps avec les autres jeunes, mais, quand je pense à l’école en tant que telle, disons que je ne suis pas le gars qui souhaiterait retourner au secondaire.

«Je m’ennuyais. Ça ne fonctionnait pas. Maintenant, avec du recul, je comprends que ce n’était pas la faute de l’école. C’était la mienne, n’est-ce pas? J’étais un jeune garçon qui s’en fichait. Je ne crois pas que l’école aurait pu faire quelque chose de différent. Il y aura toujours des jeunes qui ne se sentent pas concernés et qui n’arrivent pas à se connecter.»

M. Stroumboulopoulos ajoute que, même s’il n’était pas un fanatique de l’école, il aimait Ascension.

«Je suis heureux que vous écriviez cet article, car c’est important de parler des bons enseignants.»

«Je suis heureux que vous écriviez cet article, car c’est important de parler des bons enseignants, et il y avait un groupe d’enseignants à cette école qui étaient bons pour moi, déclare-t-il. Non pas qu’ils étaient des copains, mais ils ont joué un rôle clé.

«Ascension était vraiment une bonne école et Rob Ciccotelli n’était pas le seul bon enseignant. C’est simplement que, à mesure que je vieillissais, Rob me prenait sous son aile. Il m’a enseigné beaucoup de choses.»

Le jeune Stroumboulopoulos n’était pas un fan d’art dramatique. C’est pourquoi le fait que M. Ciccotelli, l’enseignant d’art dramatique et chef du club de théâtre, ait croisé son chemin a été un pur hasard.

«En 10e année, si vous m’aviez demandé de choisir les cours que je voulais le moins suivre, l’art dramatique aurait remporté la palme», dit-il.

M. Stroumboulopoulos voulait devenir graphiste et architecte, mais l’enseignante d’art ne voulait pas de lui dans sa classe. M. Stroumboulopoulos se souvient  : «Elle m’a dit : “Non, tu ne peux pas suivre ce cours, je ne crois pas que tu puisses faire ça.” J’avais besoin d’un crédit en art pour obtenir mon diplôme, alors j’ai dû prendre le cours d’art dramatique. J’ai été chanceux. J’ai atterri dans le monde de M. Ciccotelli.»

M. Ciccotelli rit quand il entend l’histoire. «Je n’étais pas au courant!» déclare-t-il.

C’est donc ainsi qu’il a été amené à enseigner l’anglais et l’art dramatique à M. Stroumboulopoulos. Mais ensuite?

«Ensuite, je ne m’inscrivais qu’aux cours qu’il donnait, révèle-t-il. J’ai suivi le cours de rédaction parce que c’est lui qui l’enseignait.»

Qu’y avait-il dans la personnalité de Rob Ciccotelli qui attirait le jeune George?

«Premièrement, il était jeune, de dire M. Stroumboulopoulos. On parle beaucoup de la façon d’enseigner aux jeunes, mais je pense qu’il n’est pas facile de comprendre ce qui se passe dans la tête des garçons du secondaire. Plus ils sont loin de cette réalité, plus il est difficile pour certains enseignants de le comprendre. Mais Rob semblait comprendre.

«Aussi, il était amusant. Par exemple, il utilisait la musique, comme les Doors et Jefferson Airplane, pour transmettre son opinion.»

M. Ciccotelli dit qu’il a toujours cherché des façons de capter l’attention des élèves.

«Je ne suis pas du genre à me planter là et à transmettre de l’information, déclare-t-il. Je suis plutôt du genre à vouloir que mes élèves continuent à faire des choses et à les aider à s’améliorer.

«J’ai le sens de l’humour. Je crois que beaucoup d’élèves aiment le fait que je suis décontracté et que je les fais rire de temps en temps.

«Et je pratique activement les deux arts que j’enseigne. Je suis dramaturge, alors j’écris tout le temps. Et je suis photographe professionnel, alors je prends des photos constamment. Les jeunes ne me voient pas seulement en tant qu’enseignant. Ils me voient comme pratiquant les arts que j’enseigne, activement, à l’extérieur de l’école.»

M. Ciccotelli s’est montré un intermédiaire de grande valeur pour M. Stroumboulopoulos, non seulement relativement à sa future profession, mais aussi concernant son développement personnel.

Trouver son chemin

«À l’époque, j’étais timide, confie M. Stroumboulopoulos. Et quand on est timide, on peut surcompenser en se mettant simplement à l’avant. Rob m’a appris comment exploiter ça.

«Il m’a montré comment analyser un scénario. Il m’a aidé à diriger une pièce. Il m’a confié un rôle et a travaillé avec moi en tant qu’artiste de la scène. J’ai reçu un prix d’interprétation pour un rôle que j’ai tenu, et c’est grâce à lui.»

M. Stroumboulopoulos, âgé de 37 ans, n’est pas devenu acteur, bien entendu, mais, pour la scène de la télévision comme pour celle du théâtre, certaines compétences sont nécessaires.

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Rob Ciccotelli visite George Stroumboulopoulos sur le plateau de The Hour.

«Je vais l’expliquer comme ceci : pour faire ce boulot, à la radio comme à la télé, aussi longtemps que je l’ai fait, il faut un groupe de personnes qui vous aident. Ces personnes vous entraînent et vous guident, et j’ai eu la chance de bénéficier de cette aide.

«Rob a été le premier à manifester de l’intérêt pour ce que je faisais. Il a été le premier à travailler avec moi et à me montrer comment interpréter un rôle. Vous savez, des commentaires du genre “Essaie ça. Pourquoi ne le dis-tu pas de cette façon?”

«Donc, en ce sens, Rob m’a aidé durant mes répétitions. Et le fait que je gagne maintenant ma vie en tant qu’animateur a définitivement été influencé par ce qu’il m’a enseigné.»

M. Ciccotelli a lancé une troupe théâtrale environ un an après que M. Stroumboulopoulos a fini le secondaire.

«George a été la vedette de mon premier spectacle à l’extérieur de l’école, se souvient M. Ciccotelli. Un groupe d’anciens participait à la pièce, mais George menait le bal. Il était extraordinaire, fantastique.»

M. Ciccotelli a-t-il pressenti que George aurait une carrière en radiodiffusion?

«George était un élève légèrement rebelle, mais très intelligent, et il avait beaucoup de potentiel, affirme M. Ciccotelli. Avec sa voix grave et son magnétisme sur scène, il était clair qu’il avait beaucoup de talent.

«Il m’a dit qu’il allait étudier la diffusion radiophonique au collège. J’ai trouvé que c’était une excellente idée. Je l’ai encouragé, car je le voyais très bien faire ce métier.»

En 2005, après avoir travaillé à la radio et à MuchMusic, George Stroumboulopoulos a commencé à animer l’émission The Hour à CBC. C’est là qu’il s’est démarqué comme l’un des meilleurs interviewers au Canada.

«Il n’y a pas de doute que je ne serais pas ici sans Rob, parce que je n’aurais jamais eu d’intérêt, déclare M. Stroumboulopoulos. L’art dramatique m’a montré comment m’exprimer, comment aller chercher plus loin, comment gérer le stress dans les coulisses quand 2 000 jeunes sont là, dont les copains, et qu’il est possible qu’ils rient de moi. Toutes ces petites leçons de vie que je mets en pratique pendant mon émission, je les ai d’abord apprises de Rob.»

«Avec sa voix grave et son magnétisme sur scène, il était clair qu’il avait beaucoup de talent.»

M. Stroumboulopoulos et M. Ciccotelli sont restés en communication.

«Quand il était à MuchMusic, je l’ai fait venir à notre école pour une journée carrière, se rappelle M. Ciccotelli. Les jeunes se sont rassemblés autour de lui (et ils étaient nombreux), car il avait toutes ces histoires intéressantes sur les groupes qu’il avait interviewés.

«L’an passé, j’ai amené quelques jeunes sur le plateau de The Hour et George a été fantastique. Après l’émission, il leur a parlé pendant une heure et demie. Il a pris des photos avec eux sur le sofa. Ils étaient au paradis! George n’a arrêté qu’au moment où les membres de son équipe lui ont dit qu’ils étaient fatigués et qu’ils voulaient rentrer chez eux.»

M. Stroumboulopoulos a-t-il déjà avoué à M. Ciccotelli tout ce qu’il représentait pour lui?

«Il sait qu’il compte beaucoup pour moi, de dire M. Stroumboulopoulos. Mais je sais aussi que je ne suis pas le seul pour qui il compte. Je suis probablement un parmi des milliers d’élèves qui ressentent la même chose pour lui, parce qu’il est un bon enseignant. En fait, il est fantastique.

«Un bon enseignant est bon pour tout le monde. Mais il est particulièrement bon pour les gars comme moi, qui n’aiment pas vraiment l’école et qui ont toute cette énergie à dépenser. Vous savez, de jeunes niaiseux un peu enragés, un peu perdus.

«Quand vous êtes comme ça, il est important que les gens puissent venir vous chercher. Et ce n’est pas tout le monde qui y parvient. Mais de nombreux enseignants essaient. Peu importe la raison, Rob a compris ça et il l’a fait. Quand il parlait, j’écoutais.

«Rob Ciccotelli a joué un rôle important dans ma vie. Oui, je le lui ai dit. Mais la raison pour laquelle je vous en parle, c’est que je veux que tout le monde le sache.»

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