Les rectifications orthographiques s’implantent… lentement!
Vos élèves ont raison! Il n’y a plus d’accent
circonflexe sur les mots «boite»
et «gout»!
Il y a plus de 17 ans, le Conseil supérieur de la langue
française recommandait l’élimination de quelques «anomalies
et absurdités» et offrait des solutions aux orthographes
contradictoires que l’on relevait dans les divers dictionnaires.
Comme toute proposition de changement, celle-ci a soulevé des
polémiques. Mais une chose est certaine, la langue continue
d’évoluer et l’orthographe se simplifie.
Pour parler profession s’est penché sur les
derniers changements qui arrivent
à pas de tortue dans votre salle de classe.
de Lyse Ward
illustrations de Marie-Ève Tremblay, colagene.com
Les enseignantes et enseignants canadiens ne sont pas les seuls à déplorer
les fautes d’orthographe dans les devoirs. Selon des enquêtes
menées en France en 1989, les fautes les plus fréquentes
aux examens de fin d’études secondaires
étaient l’accent circonflexe (45,9 %) et les consonnes
doubles (34,72 %). Il semble donc logique de vouloir éliminer
l’accent circonflexe sur le i et sur le u, ainsi que la consonne
double de certains mots. Mais aussi officielles soient-elles, ces rectifications
orthographiques mettent du temps à s’implanter.
C’est en juin 1989 que le premier ministre français Michel
Rocard a formé
le Conseil supérieur de la langue française, afin «d’étudier
[…] les questions relatives à l’usage, à l’aménagement, à l’enrichissement, à la
promotion et
à la diffusion de la langue française en France et hors
de France». Le Conseil se composait de linguistes, de cinéastes
et d’écrivains, notamment le philologue belge André Goosse,
le journaliste Bernard Pivot, le cinéaste Jean-Luc Godard, l’écrivain
marocain Tahar Ben Jelloun, la romancière canadienne Anne Hébert,
ainsi que le professeur Pierre Martel de l’Université de
Sherbrooke.
Sa première tâche était d’éliminer
quelques «anomalies et absurdités» du français
et des «contradictions entre les dictionnaires». Les recommandations énoncées
dans son rapport «Les rectifications de l’orthographe» paru
dans le Journal officiel de la République française, à la
fin de 1990, touchaient à quelque 2 000 mots (les dictionnaires
usuels en ont environ 60 000).
Aucune des deux graphies ne peut être tenue pour fautive
Il est important de garder à l’esprit que la «nouvelle
orthographe» est recommandée et non imposée. Ce
qui signifie que l’ancienne et la nouvelle orthographe vivront
longtemps côte à côte.
Dans une circulaire distribuée en 1996 aux enseignantes et
enseignants de la Suisse romande, on stipulait : «Étant
donné que les graphies anciennes et nouvelles coexistent déjà dans
beaucoup de dictionnaires ou de grammaires de référence,
aucun élève ne doit être sanctionné pour
avoir utilisé l’une ou l’autre variante.» C’est
d’ailleurs ce que précisent toutes les instances gouvernementales
et autres.
(Pour un aperçu des rectifications orthographiques proposées,
voir la page 36. Consultez également le site www.orthographe-recommandee.info,
où vous pourrez télécharger un miniguide, et le
site du Réseau pour
la nouvelle orthographe du français (RENOUVO) pour une liste
complète des mots rectifiés.)
Maitrise de l’orthographe
Dans son ouvrage La «nouvelle» orthographe, paru
en 1991, André Goosse examine les divers arguments que l’on
n’a pas manqué de soulever contre les rectifications orthographiques
de 1990, à la lumière des nombreux changements dont la
langue française a fait l’objet dans son histoire.
Au Moyen Âge, l’écriture reproduisait assez fidèlement
la langue parlée, chaque lettre représentant un son.
En 1549, alors que parait Deffence, et illustration de la langue
francoyse de Joachin du Bellay, les accents, le trait d’union
et la cédille venaient à peine d’être inventés
et ne s’étaient pas encore répandus dans l’usage.
En 1684, Madame de Sévigné écrivait dans une
lettre :
iariue [arrivai] hier a cinq heures au pont de se, apres ayoir vey
le matin a saumur ma niece de bussy, et entandu la messe a la bonne
nostre dame, je trouué (trouvai) sur le bort de ce pont vn
carosse a six cheuaux qui me parut estre mon fils, cestait son carosse,
et labé charyes quila enuoyé me receuoir parce quil…
Alors, pourquoi a-t-on tendance à penser qu’on écrivait
mieux «avant»? André
Goosse fait remarquer qu’il est difficile de situer «cet âge
d’or où tout le monde mettait l’orthographe sans
peine et sans faute. […] Hélas! c’est un rêve
comme tous les âges d’or», conclut-il. Il rappelle
que nous lisons les classiques
«rhabillés selon l’orthographe d’aujourd’hui»,
car l’orthographe a bien changé
depuis le XVIIe siècle!
«Les rectifications orthographiques n’éliminent
pas de mots.»
L’orthographe a subi bien des changements pour rendre à l’écrit
le parler des locuteurs du français. En 1740, par exemple, l’Académie
a modifié l’orthographe de plus de six-mille mots. C’est
de cette époque que date la substitution du è au é dans
des mots tels que père, règle, règne,
etc., qui se prononçaient ainsi depuis bien longtemps. Mais
il a fallu attendre jusqu’en 1878 pour que collége, piége,
etc., prennent un accent grave.
En 1835, on a entériné de nombreux changements, dont
l’élimination de la graphie en oi des verbes à l’imparfait :
il alloit, elle faisoit. Un siècle plus tard,
entre 1932 et 1935, 500 autres mots subiront des modifications orthographiques.
Au XXe siècle, cependant, bien d’autres changements
feront l’objet d’études et de rapports de toutes
sortes, sans pour autant être adoptés.
Les pédagogues sont en faveur du changement
Sous la pression des enseignants favorables à une simplification
raisonnable et progressive de l’orthographe, et d’éminents
linguistes ayant rédigé un manifeste paru dans Le
Monde, le premier ministre français a créé le
Conseil supérieur de la langue française.
Il est important de préciser que les rectifications orthographiques
n’éliminent pas de mots, mais offrent une façon
plus uniforme d’écrire. Par exemple, jusqu’à
présent, on pouvait écrire gaiement ou gaîment, gaieté ou gaîté.
Les dernières rectifications proposent gaiment et gaité.
La nouvelle règle du pluriel des mots composés vise également
la simplicité. Il ne sera dorénavant plus nécessaire
de se demander si le couvre-pied ou couvre-pieds couvre
les deux pieds d’une personne ou le pied du lit.
Dans leur manifeste, les auteurs de Moderniser l’écriture
du français précisent que la réforme orthographique
de 1740 accusait un retard considérable sur l’usage.
Les rectifications actuelles aussi suivent l’usage et ne le
précèdent pas.
Il ne nous viendrait plus à l’idée d’écrire
comme autrefois Gascoigne, besoigne, roignon ou coignée.
C’est par souci d’uniformisation qu’oignon devient
maintenant ognon.
Quand, au XVIe siècle, les scribes ont pu avoir
recours à la cédille, le e servant à adoucir
le c devant un a (il commencea) a pu être éliminé; douceâtre avait
cependant échappé à cette correction. D’autres
rectifications éliminent d’autres incohérences,
comme la graphie de charriot, seul mot dérivé de char (charrue,
charrette, etc.) à ne posséder qu’un r.
M. Goosse fait remarquer que l’orthographe des verbes en -eler et
en -eter ne répondait à aucune règle jusqu’à maintenant,
et que celle du pluriel des noms composés a donné lieu à de
nombreuses contradictions dans les dictionnaires. Ainsi a-t-on trouvé un pèse-lettres (Littré)
et un pèse-lettre (Larousse); un essuie-main, des
essuie-main ou des essuie-mains (Académie) et un essuie-mains (Larousse);
et bien d’autres.
La langue suit son cours
Pourquoi ne suffit-il pas de laisser l’usage changer l’orthographe?
Les linguistes font remarquer que, si la langue orale change régulièrement
avec l’usage, son orthographe ne suit pas nécessairement.
Au fil des années, ce sont les copistes, les imprimeurs, les éditeurs
de dictionnaires et les grammairiens qui ont déterminé les
graphies, tandis que les écrivains n’en faisaient qu’à leur
tête! En effet, comme le fait remarquer M. Goosse, jusqu’au
début du XIXe siècle, on vivait à une époque
où «la connaissance de l’orthographe n’était
pas considérée comme une obligation pour la plupart des
écrivains, connaissance qu’ils laissaient à leur
imprimeur.
«Il était moins difficile de faire évoluer la
graphie quand elle n’était vraiment connue que d’une
minorité constituée surtout de spécialistes.» Claude
Gruaz, directeur de recherche honoraire au CNRS et auteur de plusieurs
ouvrages sur la structure du mot français, souligne que «depuis
Jules Ferry, l’orthographe du français a cessé d’évoluer,
ce qui pouvait se comprendre à une époque où
la priorité était d’enseigner une orthographe commune à tous».
Situation actuelle
En 2002-2003, on a fait un sondage sur la connaissance et la pratique
des rectifications auprès de groupes d’étudiants
de diverses universités francophones (Belgique, France, Québec
et Suisse). Les Belges se sont avérés les mieux informés
des rectifications, avec un pourcentage de 60,61 (la France était
en dernière position). Selon l’auteure du rapport, ces
résultats ne sont pas étonnants, les étudiants
belges ayant été mis en contact avec les rectifications
au cours de leurs études secondaires et même élémentaires.
«Les enseignantes et enseignants ont un
rôle majeur à jouer dans la diffusion et l’adoption
des rectifications orthographiques.»
Il est clair que, outre les organismes officiels, les gens de lettres,
les rédactrices et rédacteurs des principaux dictionnaires
et, surtout, les enseignantes et enseignants ont un rôle majeur à jouer
dans la diffusion et l’adoption des rectifications orthographiques.
Le Conseil supérieur de la langue française du Québec
ajoute que «ce sont les étudiants et les professeurs qui
en seront les premiers bénéficiaires, […] l’apprentissage
de l’orthographe [représentant beaucoup] de temps et d’efforts
[…] et les résultats [étant] décevants».
Situation au pays
À première vue, la situation en Ontario donne à penser
que nous avançons bien lentement. Au ministère de l’Éducation,
on n’a pas encore mis en œuvre la nouvelle orthographe
et on ne planifie pas de le faire pour le moment. Dans les conseils
scolaires, aucune politique n’existe à cet égard
et on semble croire que la plupart des enseignantes et enseignants
ne sont pas encore au courant des rectifications.
Cependant, certains pédagogues les connaissent fort bien et
les enseignent. Même des écoles entières en font
la promotion.
Lorianne Ratté, enseignante de français en 7e et 8e
année à l’École catholique Nouveau Regard
de Cochrane du Conseil scolaire catholique de district des Grandes
Rivières, enseigne les nouvelles règles à ses élèves
depuis maintenant trois ans. «Les élèves restent
bouche bée lorsqu’ils rentrent dans ma classe le premier
jour de l’année et voient la date au tableau “le
29 aout” écrite sans accent. Mais ils s’y habituent
en peu de temps.»
Mme Ratté se fait un point d’honneur d’utiliser
correctement la nouvelle orthographe et garde toujours près
d’elle son Vadémécum de l’orthographe
recommandée. «J’en apprends toujours sur le
sujet, dit-elle. Et lorsqu’il reste quelques minutes
à la fin du cours, je fais des exercices d’orthographe
avec mes élèves pour qu’ils s’exercent à utiliser
les nouvelles graphies. C’est rapide et amusant, et ils s’en
souviennent.»
Le directeur de son école, Frédérick Villeneuve,
est à la source de l’adoption des ressources orthographiques
par ses enseignants. «D’abord, j’adore la langue
française. C’est une question de passion, et les rectifications
orthographiques sont pour moi un signe d’évolution. Une
langue qui stagne, c’est une langue qui risque de mourir. C’est
aussi simple que cela.
«Et puis, poursuit-il, je crois qu’il faut simplifier
son orthographe, montrer aux élèves qu’on travaille à leur
rendre la tâche plus facile. Par exemple, enseigner comment écrire
les numéraux composés prenait autrefois trois ou quatre
jours. Maintenant, cinq minutes suffisent. J’ai besoin d’arguments
pour encourager les élèves qui me disent que le français
est trop difficile à écrire.»
Frédérick Villeneuve écrit lui-même selon
la nouvelle orthographe et envoie au début de chaque année
une lettre aux parents pour les mettre au courant de l’existence
des différentes graphies. C’est donc toute la communauté qui
en bénéficie. En outre, tout en respectant le choix personnel
des enseignants de son école, il leur demande d’en faire
la promotion dans l’école et les incite
à l’enseigner aux élèves, ce que font déjà,
bien sûr, les enseignants de français. Il va sans dire
que les deux orthographes sont admises dans les textes des
élèves de cette école, et ce, quelle que soit
la matière.
«Une langue qui stagne, c’est une
langue qui risque de mourir. C’est aussi simple que cela.»
Olivier St-Hilaire, enseignant d’immersion française à la
Herb Campbell Public School, enseigne lui aussi la nouvelle orthographe. «Puisque
les rectifications simplifient la connaissance de la langue, pourquoi
ne pas les adopter? On se sent un peu nostalgique lorsqu’on dit à nos élèves
de ne plus utiliser l’accent circonflexe sur le i ou le u...
les temps changent», déclare-t-il.
Au Nouveau-Brunswick, l’Université de Moncton, campus
d’Edmundston, inscrit la mention «Ce document souscrit
aux règles de la nouvelle orthographe» sur nombre de pages
de son site web, notamment celles consacrées aux nouvelles.
Toutefois, au ministère de l’Éducation, bien qu’on
soit au courant des rectifications
à l’orthographe du français, on n’est pas
encore prêt à les adopter officiellement.
«Je suis de près, depuis neuf ans, l’évolution
des rectifications orthographiques, mais aucune politique de mise en œuvre
n’a été créée pour l’instant»,
a fait remarquer Johanne Carrier, responsable des programmes de langue
française au ministère de l’Éducation du
Nouveau-Brunswick.
La formation à l’enseignement se met au diapason
Les étudiantes et étudiants qui suivent les cours de
formation à l’enseignement de l’Université d’Ottawa
bénéficient d’un atelier de formation du FARE sur
la grammaire et l’orthographe, qui les sensibilise à la
nouvelle orthographe. Nicole Bertrand-Wilcox, qui enseigne à temps
partiel au campus de Glendon de la faculté d’éducation
de l’Université d’Ottawa, souligne cependant que
leur exposition aux rectifications orthographiques compte pour bien
peu dans les 39 heures du cours de didactique des langues à l’élémentaire. «Les
nouveaux enseignants sont certes exposés à la nouvelle
orthographe, de sorte qu’ils sauront reconnaitre et accepter
les différentes graphies de la part des élèves,
mais on ne leur montre pas comment l’enseigner. Le manque de
temps nous empêche,
à la faculté, d’approfondir cette dimension de
la langue écrite.»
Du côté du Québec, les programmes de formation
des futurs enseignants de l’Université
du Québec à Montréal (UQAM) et de l’Université de
Montréal, par exemple, comprennent une initiation à la
nouvelle orthographe. Dans d’autres établissements d’enseignement,
on est au fait des rectifications et on rédige selon la nouvelle
orthographe.
Interrogée au sujet des progrès de l’orthographe
rectifiée dans les universités, Chantal Contant du GQMNF,
qui enseigne le français à l’UQAM, fait remarquer
qu’il y a certes une amélioration depuis deux ans. «Tandis
qu’on ne faisait qu’accepter les deux graphies, précise-t-elle,
on enseigne maintenant les nouvelles règles dès qu’on
rencontre un mot ou un accord rattaché aux rectifications orthographiques
de 1990.» Elle déplore cependant la lenteur des autorités
québécoises.
«J’aimerais que les choses aillent plus vite, poursuit-elle,
que l’Office québécois de la langue française
s’emploie à sensibiliser le grand public, qu’il
utilise des évènements tels que la Fête de la francophonie
pour informer les gens.»
En plus de demander qu’on renseigne les enseignants sur les
rectifications orthographiques, l’Association québécoise
des professeurs de français dit aussi souscrire aux propos d’Érick
Falardeau de l’Université Laval, qui a écrit en
décembre 2004, dans un bulletin du Centre de recherche interuniversitaire
sur la formation et la profession enseignante, que les récentes
rectifications orthographiques «s’inscrivent de plain-pied
dans l’esprit de la nouvelle grammaire […], qui cherche à comprendre
les régularités de la langue française en éliminant
dans la mesure du possible les critères de catégorisation
confus pour désigner des objets similaires».
Dictionnaires et logiciels
Les dictionnaires et logiciels que l’on utilise le plus couramment
dans les
écoles et autres établissements scolaires attestent de
plus en plus les rectifications. Par exemple, L’Art de conjuguer (2006)
de Bescherelle, a été entièrement remis
à jour; l’édition 2008 du Petit Robert compte
52 % des rectifications; et l’édition de 2003 du Multidictionnaire
de la langue française, 26 %. Pour ce qui est des logiciels,
le correcteur d’orthographe Antidote, par exemple, accepte
entièrement la nouvelle graphie, tandis que les correcteurs
de Word, Outlook, PowerPoint et Excel de Microsoft ont également
intégré les rectifications orthographiques depuis avril
2005 dans Office XP (une mise à jour est disponible gratuitement
pour Office 2003).
Consultez le présent article dans le site web de l’Ordre
pour avoir une liste plus complète des ressources informatiques
et dictionnaires.
Logo et vignette de conformité
Depuis plusieurs années, les textes (imprimés ou dans
internet) signalent aux lectrices et lecteurs l’application des
rectifications orthographiques en apposant un logo ou une vignette
de conformité. Il est téléchargeable à www.orthographe-recommandee.info/pros/.
On trouve aussi des phrases en début ou en fin de texte telles
que :
«Ce texte est conforme à la nouvelle orthographe» ou «Ce
document souscrit aux règles de la nouvelle orthographe».
Ces phrases servent non seulement à
expliquer l’orthographe choisie, mais constituent également
une prise de position.
Au fait, avez-vous remarqué que le texte que vous lisez actuellement
est écrit selon l’orthographe rectifiée?
Ça bouge au Québec et en Europe
Belgique, Suisse et France
En Belgique, on fonde, dès 1991, l’Association pour l’application
des recommandations orthographiques (APARO). Un organisme semblable
existait déjà en France depuis 1983 : l’Association
pour l’information et la recherche sur les orthographes et les
systèmes d’écriture (AIROÉ).
Pour sa part, la Suisse crée, en 1992, la Délégation à la
langue française chargée d’harmoniser les programmes
scolaires. Elle sera le premier pays de la francophonie, en 1996, à mettre
ses enseignantes et enseignants au courant des nouvelles règles
de l’orthographe.
En 1998, c’est au tour du ministère de l’Éducation
de la Belgique d’informer officiellement son personnel enseignant
des rectifications recommandées.
En 2001, l’APARO, l’AIROÉ et l’ANO (Association
pour la nouvelle orthographe créée en Suisse en 2000)
forment le Réseau pour la nouvelle orthographe du français
(RENOUVO) dans le but de publier un document d’information commun
: Vadémécum de l’orthographe recommandée.
L’Académie française avait approuvé, trés
tôt, les rectifications proposées. Enfin, en avril 2007,
on précise dans le Bulletin officiel du ministère de
l’Éducation nationale (France) portant sur ses nouveaux
programmes scolaires : «On s’inscrira dans le cadre de
l’orthographe rectifiée.»
Québec
Le Conseil supérieur de la langue française du Québec émet,
dès 1991, un avis favorable aux rectifications et recommande
leur application du moment que la France fera de même. Mais ce
n’est qu’en 2005 qu’il rédige un mémoire
dans lequel il fait des recommandations au ministère de l’Éducation
du Québec en ce qui a trait à la correction et à l’enseignement
de la nouvelle orthographe.
La même année, l’Association québécoise
des professeurs de français (AQPF) se prononce en faveur des
rectifications et recommande au ministère de l’Éducation
du Québec d’informer adéquatement les pédagogues
de la province et de leur donner des directives précises quant à l’enseignement
de la nouvelle orthographe.
En 2007, le ministère de l’Éducation, du Loisir
et du Sport (MELS) du Québec confirme que la correction de l’épreuve
de français des élèves de 5e secondaire se fait
dans l’acceptation de toute «forme orthographique d’un
mot dès qu’il y a une entrée au dictionnaire.» En
outre, le MELS énonce dans son programme scolaire des règles
et phénomènes qui relèvent directement de certaines
rectifications de l’orthographe.
Entretemps se forme au Québec, en 2004, le Groupe québécois
pour la modernisation de la norme du français (GQMNF) dans le
but de combler le manque d’information au Québec. L’organisme
se joint à ses homologues européens au sein du RENOUVO
(auquel se joint l’organisme haïtien la Coalition pour l’application
des rectifications orthographiques).
Le GQMNF s’emploie depuis à sensibiliser la population
québécoise, tant le grand public que les instances éducationnelles,
multipliant conférences, ateliers, séances de formation
et entrevues. Le groupe a également obtenu les droits canadiens
d’impression et de distribution du Vadémécum
de l’orthographe recommandée.
Consultez ce portail qui mène à de nombreuses ressources
en ligne : www.nouvelleorthographe.info.
Survol des rectifications orthographiques
1. Trait d’union
Il est remplacé par la soudure dans :
- tous les mots composés avec contr(e)-, entr(e)- (contrindiquer)
- tous les mots composés avec extra-, infra-, intra-,
ultra- (extrafin)
- les mots composés d’éléments savants,
en particulier en –o (radioactif)
- les composés de formation onomatopéique ou étrangère (coincoin)
- certains composés formés d’un verbe et d’un
nom, ou d’un verbe et de –tout (porteclé, mangetout)
- des mots composés avec bas(se)-, mille-, haut(e)- (millepatte)
- quelques autres composés.
Il relie systématiquement les numéraux composés (mille-deux-cent-quatre-vingt).
2. Pluriel
Les noms empruntés à d’autres langues, dont le
latin, suivent la règle générale du pluriel (les
matchs).
Les noms composés avec trait d’union prennent la marque
du pluriel seulement et toujours au second élément (les
essuie-mains).
3. Accents et le tréma
Le è remplace le é devant une syllabe contenant un e muet :
- dans des mots tels que évènement, règlementaire
- au futur et au conditionnel des verbes du type céder
(il cèdera)
- dans les inversions interrogatives avec le pronom personnel je
(aimè-je).
L’accent circonflexe disparait sur les lettres i et u (boite,
gout) sauf dans les terminaisons verbales du passé simple
et du subjonctif, et dans quelques cas d’ambigüité.
Le tréma est :
- déplacé sur la lettre u, qui est prononcée,
dans les séquences –güe et
–güi (aigüe, ambigüité)
- ajouté pour corriger quelques fausses prononciations (argüer,
gageüre).
Dans les mots empruntés, les accents sont utilisés selon
la règle du français (allégro, imprésario,
séniorita).
4. Accord du participe passé
Le participe passé de laisser suivi d’un infinitif est
invariable (les enfants que nous avons laissé partir).
5. Anomalies et incohérences
Familles raccordées (p. ex. : charriot prend deux r comme charrue et charrette)
Anomalies supprimées (p. ex. : exéma s’écrit
comme examen)
Accent ajouté parce qu’antérieurement omis ou
en raison d’une prononciation différente (bésicles)
Simplification des consonnes doubles
- Les verbes en –eler et –eter se conjuguent
comme les verbes peler et acheter : avec un è suivi
d’une seule consonne (leurs dérivés suivent le
même modèle).
- Une seule consonne suit un e instable (dit «e muet»)
comme dentelier.
- Les mots anciennement en –olle et les verbes en –otter,
de même que leurs dérivés, n’ont plus qu’une
consonne (girole, frisoter).
La finale en –illier est remplacée par –iller lorsque
le i ne s’entend pas, comme serpillère.
Ressources
Sites web
www.orthographe-recommandee.info
Site créé par le Groupe de modernisation de la langue,
organisme relevant du ministère français de la Culture
et de la Communication, afin de donner de l’information sur la
nouvelle orthographe. Vous y trouverez notamment le miniguide La
nouvelle orthographe, parlons-en! On peut également en télécharger
le logo de conformité (www.orthographe-recommandee.info/pros/)
www.renouvo.org
Site créé par le RENOUVO contenant des renseignements
sur la nouvelle orthographe, dont les règles et les mots concernés
par les rectifications.
www.renouvo.org/gqmnf
Site maintenu par le GQMNF. Vous y trouverez de nombreux renseignements,
dont une brochure intitulée La nouvelle orthographe et l’enseignement :
Tout ce que vous devez savoir (pages.videotron.com/sylvaind/doc_enseignement.pdf).
On y trouve également la liste des publications, dictionnaires
et logiciels, qui tiennent compte de la nouvelle orthographe.
www.nouvelleorthographe.info
Portail tenu par le GQMNF, qui fournit les liens menant à toutes
les informations importantes sur la nouvelle orthographe.
www.ccdmd.qc.ca
Site du CCDMD, offrant des exercices de français dans
lesquels on fait référence aux rectifications orthographiques
(www.ccdmd.qc.ca/fr/jeux_pedagogiques/?id=75) et une visite au Musée
de la nouvelle orthographe (www.ccdmd.qc.ca/fr/jeux_pedagogiques/?id=1077&action=animer#)
Guides pratiques et listes des mots touchés par les rectifications
orthographiques
APARO. L’essentiel de la nouvelle orthographe : les
huit-cents mots les plus fréquents, Bruxelles, 1997, www.enseignement.be/@librairie/documents/ressources/D021/nouvorth.pdf
Contant, Chantal et Romain Muller. Connaitre et maitriser la nouvelle
orthographe – Guide pratique et exercices, édition De
Champlain, 2005, ISBN 978-2-9808720-0-6, www.dechamplain.ca/livres
Goosse, André. La «nouvelle» orthographe – Exposé et
commentaires, Duculot, Paris – Louvain-la-Neuve, 1991.
RENOUVO. Vadémécum de l’orthographe recommandée – Le
millepatte sur un nénufar, éd. Réseau pour
la nouvelle orthographe du français, 2005, ISBN 978-2-9808720-1-6.
Rey-Debove, Josette et Béatrice Le Beau-Bensa. La réforme
de l’orthographe au banc d’essai du Robert, Dictionnaires
Le Robert, Paris 1991, ISBN 2-85036 133-X.
Autres publications sur la nouvelle orthographe
Biedermann-Pasques, Liselotte et Fabrice Jejcic (dir.). Les rectifications
orthographiques de 1990 : analyses des pratiques réelles
(Belgique, France Québec Suisse, 2002-2004), coll. Les
cahiers de l’Observatoire des pratiques linguistiques n°
1, DGLFLF Presses universitaires d’Orléans, 2006, www.dglf.culture.gouv.fr/publications/rectifications_ortho.pdf
Catach, Nina, et al. «Moderniser l’écriture
du français», Le Monde, 7 février
1989, www.teluq.uquebec.ca/diverscite/naviRess/ortho/hist_txt.htm
Centre collégial de développement de matériel
didactique (CCDMD). Correspondance, vol. 10, no 2,
nov. 2004, www.ccdmd.qc.ca/correspo/Corr10-2/Connaitre.html et
vol. 10, no 3, févr. 2005, www.ccdmd.qc.ca/correspo/Corr10-3/Maitriser.html
Conseil supérieur de la langue française. Mémoire
sur l’orthographe, Québec, 22 novembre 2005. Téléchargeable
en format PDF à www.cslf.gouv.qc.ca/publications/PubF214/F214.pdf
Gruaz, Claude. «Vers de nouvelles rectifications… Et
l’avenir», Liaisons-AIROÉ, no 34-35,
Paris, 2002.
Gruaz, Claude. Réflexions pour un «Manifeste» des
rectifications : usage, système, norme, Liaisons-AIROÉ, no 36-37,
Paris, 2003-2004.
Observatoire des pratiques linguistiques. «Les rectifications
orthographiques», Langues et cité, no 7,
sept. 2006, www.culture.gouv.fr/culture/dglf/Langues_et_cite/langues_cite7.pdf
RENOUVO. Le point sur les Rectifications de l’orthographe
en 2005 : essai de bilan de la diffusion de la nouvelle orthographe
dans la francophonie, Liaisons-AIROÉ, no 38,
2005, ISSN 0244-3910, téléchargeable en format PDF
depuis www.renouvo.org/bilan2005.pdf
Sauvé, Mathieu-Robert. «Le français frisote», L’Actualité,
15 octobre 2007, www.lactualite.com/education/article.jsp?content=20070921_165020_5136
Sommant, Micheline. «L’orthographe : des rectifications
de 1990 à ses applications – Tradition et évolution
des graphies», Liaisons-AIROÉ, no 34-35,
Paris, février 2002.
Quelques revues/journaux/ouvrages rédigés en nouvelle
orthographe au Canada
Forum : journal officiel de l'Université de Montréal
Lurelu : revue consacrée à la
littérature pour la jeunesse
Les Diplômés : revue de l'Université de
Montréal
Le Ramat de la typographie (édition 2005) : ouvrage
de référence en révision-correction-édition
L’Express grammatical (2006, ERPI) : en voir la
recension dans Pour parler profession, mars 2007)
La grammaire nouvelle : la comprendre et l’enseigner (2005,
Chenelière Éducation) : en voir la recension dans Pour
parler profession, juin 2006)
Didactique du français, les voies actuelles de la recherche (2006,
Presses de l’Université Laval)
Ensemble des ouvrages publiés aux éditions du Soleil
de minuit depuis janvier 2005 (www.editions-soleildeminuit.com)
Ensemble des ouvrages publiés aux éditions Perce-Neige
ltée (Moncton, N.-B.) depuis septembre 2005
Quelques dictionnaires et ouvrages de référence dans
lesquels on atteste la nouvelle orthographe ou on présente
les règles ou les graphies rectifiées
Le bon usage (Grevisse-Goosse, depuis 1993)
Bescherelle L'Art de conjuguer – 12 000 verbes (édition
2006, HMH)
Nouveau dictionnaire des difficultés du français
moderne (Hanse et Blampain, 1994)
Dictionnaire des difficultés du français (Péchoin
et Dauphin, Larousse, 2001)
Dictionnaire de l'Académie française (9e édition,
depuis 1992)
Dictionnaire Hachette (entièrement mis à jour
en 2002)
Dictionnaire Hachette scolaire (France – Hachette Éducation)
Dictionnaire Hachette encyclopédique de poche (2007)
Le Nouveau Littré (Garnier, 2006)
Dictionnaire du français usuel (Picoche et Rolland,
De Boeck,
écrit exclusivement en nouvelle orthographe)
Bescherelle pratique et Bescherelle de l'orthographe (avec
règles et graphies rectifiées)
Dictionnaire des verbes français (publié chez
Pocket en France, uniquement les graphies rectifiées)
Guide de poche – Conjugaison (Larousse 2005)
Guide de poche – Orthographe (Larousse 2005)
Toute la conjugaison (coll. Les Dicos d'Or, Bernard
Pivot)
Toute l'orthographe (coll. Les Dicos d'Or, Bernard
Pivot)
Le sommet de l’apprentissage du français écrit, cahier
12, éditions Myrtille (présentation des rectifications
dans les exercices, avec corrigés : edmyrtille@videotron.ca)
Logiciels et outils d’aide à la rédaction intégrant
entièrement la nouvelle orthographe
Correcteurs Antidote Prisme (2003) et Antidote RX (2006) (voir www.druide.com/rectifications)
Correcteurs professionnels ProLexis et Cordial (2003)
Encyclopédie Encarta (Microsoft 2004)
Correcteurs de Word, Outlook, PowerPoint et Excel (Microsoft, avril
2005)
Correcteur d’OpenOffice.org (sept. 2006)
|