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Chroniques

un enseignant remarquable

Leslie Nielsen se souvient d'Alexander Stockwell

Leslie Nielsen

Quand il se remémore ses années passées sur les bancs d'école, Leslie Nielsen n'est pas nostalgique. «À l'époque, les enfants n'avaient pas un mot à dire», raconte-t-il, flegmatique. Il conserve tout de même un bon souvenir et il croit fermement à l'importance d'une bonne éducation.


Né à Regina d'un père agent de la GRC, M. Nielsen a à son actif plus de 100 films et on l'a vu plus de 1 500 fois à la télévision. Il a vécu ses premières années à Fort Norman, près du cercle polaire arctique. Lorsqu'il eut cinq ans, sa famille a emménagé à Edmonton, où ses frères et luimême ont fréquenté l'école McKay Avenue.

Il se souvient de l'atmosphère dans cet imposant immeuble de pierre : «Mon frère Gordon a reçu des coups de sangle pour avoir sifflé dans le couloir. Un jour, j'ai interrompu une bagarre, dehors. Mais le directeur, un homme desséché et belligérant, ne l'a pas vu ainsi. Ma bonne action s'est transformée en crime. J'ai reçu des coups de sangle, simplement parce qu'il ne m'a pas cru.»

Il décrit un autre enseignant comme un tyran de quatre pieds onze pouces. «J'avais huit ans et je passais le plus clair de mon temps à esquiver les coups», déclare-t-il.

Ces hommes ont laissé une marque indélébile sur l'acteur qui, plus tard, sera reconnu pour ses rôles d'hommes autoritaires. «Les enseignants ne sont pas censés être des agents de police; ils sont censés faire régner la discipline.»

Cette observation est juste. Les temps ont changé et les enseignants ne sont plus des figures d'autorité. Un bon enseignant se réjouit de travailler avec les enfants et nourrit leurs talents. Cela est évident lorsqu'on constate la personnalité de l'enseignant remarquable de Leslie Nielsen.

Alexander Stockwell enseignait la 4e année à l'école McKay Avenue, dans les années 30. C'était un homme bon, stimulant et à l'œil pétillant.

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Alexander Stockwell

«Je sentais qu'il m'appréciait vraiment», dit l'acteur.

«Je ne sais pas pourquoi il m'a autant marqué, mais je me souviens très bien de lui. Je vois encore son visage. Il interpellait les élèves, et je me levais d'un bond. Et il se tenait là, le long du mur, sourire aux lèvres.»

«On ne se fréquentait pas en dehors de l'école. Mais un jour qu'il se trouvait à la piscine South Side, il m'a dit : “Bonjour Leslie, comment allez-vous?” Il ne m'ignorait pas et je me suis senti fier d'être dans son entourage.»

À la fin de sa 4e année scolaire, le jeune Nielsen a déménagé avec sa famille à Thorhild, un village situé à environ 80 kilomètres d'Edmonton. Leslie s'est retrouvé dans une petite classe, entassé avec des élèves de la 5e à la 8e année.

Mais les leçons de M. Stockwell ont subsisté. «Il a dû avoir une influence sur mes choix scolaires et professionnels, sinon je n'aurais pas un souvenir aussi vif de lui, raconte M. Nielsen. Je l'amusais et il appréciait mon sens de l'humour.» Au fond, peut-être avait-il déjà remarqué les talents de comédien de son élève...

«Si je le rencontrais aujourd'hui, je lui dirais à quel point il était merveilleux…»

Leslie Nielsen regrette d'avoir perdu de vue son enseignant.

«Si je le rencontrais aujourd'hui, je lui dirais à quel point il était merveilleux et combien il m'était cher. J'ai été son élève pendant un an seulement, et je crois que j'ai eu beaucoup de chance compte tenu de l'atmosphère austère de l'époque.»

Après ses études secondaires, il a pris la voie du show-business et a travaillé dans une station de radio de Calgary. Il a étudié à la Lorne Greene's Academy of Radio Arts de Toronto et a reçu une bourse d'études pour le Neighborhood Playhouse à New York. Au cours des années 50, 60 et 70, il a joué des rôles dramatiques au petit comme au grand écran. Puis, sa carrière a pris un nouveau tournant en 1980.

Dans la comédie à faible budget Y a-t-il un pilote dans l'avion?, M. Nielsen campe le personnage d'un médecin pince-sans-rire à bord d'un avion en détresse. Le public craque. En 1988, il crée Frank Drebin, un lieutenant à l'incompétence légendaire. Grâce à Drebin, l'antihéros des films L'Agent fait la farce, il est devenu l'un des comédiens les plus connus de l'époque.

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Leslie Nielsen (assis) dans le rôle du commandant John J. Adams dans le film de science-fiction Planète interdite (1956)

Mais M. Nielsen n'a rien en commun avec son personnage.

Parmi les personnages qu'il a joués, notons l'avocat américain pour les droits civils, Clarence Darrow. Il a pris les traits de M. Darrow aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada, dans une pièce solo qui résumait ses procès les plus connus. On y parlait, entre autres, du Scopes Monkey Trial (1925), au cours duquel John Scopes, un enseignant, était accusé d'avoir enseigné la théorie de l'évolution, alors que l'État du Tennessee avait passé une loi la même année qui rendait cette pratique illégale.

Selon lui, nous devons nous attarder aux méthodes d'enseignement actuelles. Prêchant par l'exemple, il appuie depuis de nombreuses années le National Academic Games Project aux États-Unis. Le projet encourage les enfants à faire mieux que leurs pairs en mathématiques, en langues et en études sociales. Les enfants élaborent et résolvent des problèmes, individuellement ou en équipes.

Cette initiative a été créée par un bon ami, Robert Allen, récipiendaire de plusieurs prix d'excellence en enseignement en Californie, et son frère, Layman Allen, professeur de droit à l'Université du Michigan.

«Il peut être amusant de développer ses aptitudes pour la pensée profonde et le raisonnement, affirme l'acteur. J'ai assisté à une compétition entre 10 écoles de milieux défavorisés. Les élèves ont fait des mathématiques pendant près de cinq heures. Vous auriez dû voir leur enthousiasme! Les gagnants ont levé leur enseignant sur leurs épaules et l'ont transporté jusqu'à l'autobus en scandant “Nous sommes les meilleurs, nous sommes les meilleurs!” C'était frappant.»

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M. Nielsen joue Terrence Brynne McKennie dans la série télévisée Liography (2001)

Ces jours-ci, Leslie Nielsen se consacre à sa deuxième carrière : flâneur et golfeur. «Je n'ai ni but ni ambition, nous dit-il. J'espère toutefois conserver mon statut de célébrité pour qu'on continue à m'inviter aux tournois.» Il a donc publié des livres et des vidéocassettes cocasses sur le golf pour aider les mauvais golfeurs à se sentir plus compétents.

Dans son premier ouvrage, il soutient que le golf est un sport qui s'enseigne. «Malheureusement, conclut-il, il est impossible de l'apprendre!»


Leslie Nielsen sera bientôt sur le grand écran dans Music Within. En 2001, son nom a été ajouté à l'Allée des célébrités canadiennes. Il est également Officier de l'Ordre du Canada.

Alexander Stockwell a consacré 36 années de sa vie à l'enseignement, à titre d'enseignant et de directeur d'école dans le système scolaire public d'Edmonton. Il est décédé en 1963, à l'âge de 63 ans.