Améliorer les capacités cognitives

de Leanne Miller

Barbara Arrowsmith Young a élaboré des moyens efficaces pour favoriser le succès des élèves ayant des troubles d’apprentissage. Diverses écoles du Canada et des États-Unis ont adopté le programme Arrowsmith. C’est d’ailleurs celui qu’utilise le Toronto Catholic District School Board.

Les résultats des participants laissent présager que le programme contribuera au succès de nombreux autres enfants.

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La journée de Laura Lessa commence comme celle de nombreux autres enseignants d’éducation de l’enfance en difficulté. Ses élèves arrivent, écoutent l’hymne national et une prière, puis s’installent. C’est ici que s’arrêtent les similitudes.

Les enfants se couvrent l’œil gauche puis écrivent inlassablement des séries de symboles. Ils font des exercices sur des ordinateurs personnels qui rapportent leurs progrès. Il s’agit notamment d’exercices de mathématiques avec des cartes éclair, d’un jeu qui permet de travailler la concentration et la mémoire à l’aide de symboles, et d’un autre pour lequel il faut lire l’heure sur des horloges ayant jusqu’à dix aiguilles. Les élèves sont occupés et concentrés, et ils travaillent individuellement. Mais ils ne voient rien du curriculum.

Il s’agit d’une approche unique à la prestation de programmes d’éducation de l’enfance en difficulté, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais les commentaires des enseignants, des parents et des élèves sont extrêmement positifs.

Les élèves de Mme Lessa à la Transfiguration of Our Lord Catholic School, à Toronto, font partie du programme Arrowsmith. Des troubles d’apprentissage ont été décelés chez les 11 enfants de la classe, qui comprend des élèves de la 1re à la 8e année. Mme Lessa enseigne donc à une classe de retrait partiel. Mais ce programme n’est probablement pas comme les autres programmes de retrait que l’on connaît.

Ordinairement, on enseigne aux enfants ayant des troubles d’apprentissage à compenser pour ces troubles et non à les surmonter. Par exemple, ceux dont la motricité fine laisse à désirer utilisent des ordinateurs en raison de leur mauvaise écriture, et on leur permet d’utiliser les notes de leurs camarades de classe. Les élèves éprouvant des difficultés à faire des calculs ont recours à une calculatrice au lieu de s’efforcer (souvent en vain) de mémoriser les tables de multiplication. Un enfant souffrant d’hyperactivité avec déficit de l’attention peut apprendre des stratégies pour organiser et gérer son temps. L’approche du programme Arrowsmith est tout à fait différente.

Élaboré par Barbara Arrowsmith Young, le programme se base sur la théorie de la neuroplasticité.

«Un enfant souffrant d’hyperactivité avec déficit de l’attention peut apprendre des stratégies pour organiser et gérer son temps.»

«Nous savons que le cerveau est malléable et non figé comme nous le pensions auparavant, explique Mme Young. À l’aide de stimuli, on peut le modifier physiquement et développer de nouveaux neurones et contacts synaptiques.Le cerveau des enfants ayant des troubles d’apprentissage peut être renforcé de façon à atteindre un niveau de fonctionnement moyen ou supérieur à la moyenne.»

Sheila Brown Vitullo travaille au Toronto Catholic District School Board depuis 25 ans. Elle enseigne à l’aide du programme Arrowsmith à la St. Theresa Catholic School de Scarborough depuis neuf ans. Avant cela, elle enseignait à des classes régulières et à des classes d’éducation de l’enfance en difficulté.

«Le programme est vraiment remarquable. Il offre un avenir plus prometteur à des enfants habituellement désavantagés. Ces enfants arrivent à atteindre leur plein potentiel et à progresser au même rythme que leurs pairs des classes régulières.

Selon l’approche Arrowsmith, les aires du cerveau réservées aux fonctions cognitives peuvent être développées grâce à des exercices qui améliorent les capacités mentales et renforcent la faculté d’apprentissage. Lorsqu’une aire plus faible est développée, l’enfant exécute plus facilement des tâches complexes, comme la lecture et l’écriture. Cette façon plutôt radicale d’aborder les choses pourrait changer l’approche de l’éducation de l’enfance en difficulté en Ontario, et c’est certainement ce que souhaite Mme Young.

Pas une panacée

Mais le programme Arrowsmith n’est pas pour tout le monde. Il aide habituellement les élèves qui ont une intelligence moyenne ou supérieure à la moyenne, mais qui éprouvent divers troubles d’apprentissage, dont des problèmes de lecture, d’écriture, de mathématiques, de mémorisation, de compréhension, de dyslexie, de pensée non verbale, de même que des problèmes reliés à l’hyperactivité avec déficit de l’attention, comme la difficulté à penser et à parler en même temps; à retenir des informations ou des consignes verbales; à se souvenir de la façon dont les symboles sont disposés, ce qui est nécessaire à la lecture; à résoudre des problèmes; et à faire du calcul mental. Cette approche n’est pas destinée aux enfants ayant des troubles du comportement, un traumatisme crânien ou des troubles du spectre autistique.

Le programme cerne et renforce les facultés cognitives plus faibles qui ont des répercussions sur l’apprentissage. On les appelle des dysfonctionnements cognitifs. Les recherches de Mme Young ont permis d’en identifier 19 jusqu’à maintenant. Elle explique les origines du programme :

«J’ai grandi dans les années 1950. Mon enseignante de 1re année a dit à mes parents que j’avais un “blocage psychologique” et que je ne serais jamais capable d’apprendre comme les autres enfants, que je serais toujours en retard. J’ai été placée dans le groupe de lecture des “tortues”.»

Sa mère, une enseignante, a mis au point un système pour aider sa fille.

«Elle a fabriqué des cartes éclair pour la lecture et les mathématiques et, chaque jour, elle m’a fait faire des exercices. J’ai appris à masquer mes faiblesses en travaillant avec ardeur.»

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Apprendre à lire l’heure sur des horloges analogiques – en commençant avec des horloges à deux aiguilles et, plus tard, à dix aiguilles – aide les élèves à raisonner.

Mme Young dit qu’aujourd’hui, elle aurait reçu un diagnostic de dyslexie et de difficultés dans le traitement des informations auditives. Elle ne pouvait comprendre les concepts et ce qu’elle lisait dans les livres, ni même s’en souvenir. Elle ne pouvait pas lire l’heure sur les horloges ni suivre les discussions en classe. Alors, elle a appris à compenser.

«Si je lisais quelque chose 40 fois ou que je me remémorais une conversation pendant des heures, j’arrivais finalement à comprendre.»

Mme Young n’a jamais aimé l’école et dit que l’expérience fut très difficile pour elle.

«Je n’avais pas une haute estime de moi et, si j’avais une bonne note, je croyais que c’était une question de chance. Autour de moi, je voyais des enfants fournir le dixième des efforts que je faisais tout en atteignant les mêmes résultats. C’était frustrant et démoralisant.»

C’est probablement ainsi que se sentent aujourd’hui de nombreux enfants ayant des troubles d’apprentissage.

C’est en travaillant d’arrache-pied que Mme Young a passé son secondaire et ses années à l’Université Guelph, où elle a suivi des cours en études de l’enfant.

«Je voulais comprendre mes problèmes d’apprentissage, explique-t-elle. C’était ma motivation.»

Enrichir les cerveaux

Une fois diplômée, Mme Young a travaillé sur la psychologie scolaire à l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario, et c’est ainsi qu’elle a pu comprendre ses propres difficultés, en lisant, notamment, les travaux du psychologue Mark Rosenzweig et du neuropsychologue Alexander Luria.

M. Rosenzweig a observé des rats dans trois milieux : l’un avec des jeux, un autre dans un milieu normal et un troisième n’offrant aucune stimulation. Il a constaté que, comparés aux autres rats, les rats qui se trouvaient avec des jeux avaient plus de facilité à apprendre des tâches nouvelles et complexes. Il a ensuite étudié leur cerveau et a constaté des changements neurophysiologiques, dont une augmentation des neurotransmetteurs. Il en a conclu que le cerveau du rat est malléable et que sa capacité d’apprentissage peut être améliorée par des stimuli. Au début des années 1960, il s’agissait là d’une vision radicale.

M. Rosenzweig se demanda si ses conclusions pouvaient s’appliquer aux humains, et Mme Young releva le défi.

«J’ai créé l’exercice des horloges pour tester l’hypothèse de M. Rosenzweig sur moi-même», relate-t-elle.

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Barbara Arrowsmith Young a constaté que ses aptitudes en mathématiques s’étaient grandement améliorées en s’exerçant à lire l’heure sur des horloges analogiques.

Elle ne pouvait toujours pas lire l’heure sur une horloge analogique, et elle avait toujours eu de la difficulté à comprendre les relations de cause à effet et les concepts mathématiques. Elle a créé des centaines de cartes éclair avec des horloges et s’est exercée à lire l’heure, d’abord avec deux aiguilles, ensuite avec trois et, enfin, avec quatre.

«Après de nombreuses heures de pratique, les choses ont commencé à s’améliorer, explique-t-elle. Pour la première fois, j’ai commencé à établir des liens quand je lisais. J’ai commencé à comprendre les concepts de cause à effet. Je me suis testée quant à certains concepts mathématiques, et après d’innombrables heures de travail sur les horloges, j’ai constaté que mes aptitudes en mathématiques s’étaient grandement améliorées.»

Mme Young se tourna alors vers les travaux de M. Luria sur le fonctionnement d’aires précises du cerveau, travaux qui ont permis de constater que des activités cognitives complexes, comme la lecture, l’écriture et le raisonnement mathématique, requièrent l’interaction de plusieurs aires cérébrales. M. Luria conclut que, si une aire du cerveau était faible, la performance à l’activité correspondante serait faible elle aussi.

Gardant à l’esprit les conclusions de M. Rosenzweig, Mme Young élabora des exercices pour renforcer le cerveau, qu’elle testa sur des enfants ayant des troubles d’apprentissage. Identifiant d’abord leurs aires cognitives plus faibles, elle retira leurs «béquilles d’apprentissage» avant de tester les exercices ciblés. Elle constata que les habiletés des enfants s’amélioraient en conséquence.

Puis, Mme Young a poursuivi son travail en élaborant des exercices ciblant chacun des 19 dysfonctionnements cognitifs qu’elle avait cernés. Après avoir élaboré le programme Arrowsmith, elle a ouvert, en 1980, l’école Arrowsmith de Toronto et a commencé à obtenir des résultats exceptionnels et stables chez des élèves ayant des troubles d’apprentissage.

Exercices ciblés

Aujourd’hui, tout comme dans les années 1980, chaque élève est rigoureusement évalué, et les programmes sont taillés sur mesure pour répondre aux besoins de chacun. Le programme Arrowsmith inclut des exercices écrits, visuels, auditifs et informatiques. Tels des muscles affaiblis, les aires cérébrales moins performantes sont intensément stimulées et renforcées grâce à des exercices cognitifs ciblés.

«Comme s’il s’agissait d’un laser ciblant des aires précises du cerveau afin de le stimuler, explique Mme Young. Pour chaque enfant, nous commençons un peu au-dessus du niveau de fonctionnement cognitif identifié et travaillons à renforcer ses aptitudes, jusqu’au moment où il atteint un niveau de compétence moyen ou supérieur à la moyenne. Cela demande du temps et un travail assidu, mais ça fonctionne.»

Le but est de renforcer les capacités d’apprentissage des élèves pour les réintégrer dans les classes régulières afin qu’ils suivent le curriculum complet une fois le programme terminé, ce qui se produit habituellement après trois ou quatre ans. La majorité des élèves ne requiert alors plus d’interventions pour enfants en difficulté ni de modifications du programme. Les élèves passent au moins quatre périodes de 40 minutes chaque jour à travailler en fonction d’Arrowsmith, programme pour lequel le rapport d’élèves par enseignant est de dix pour un.

Les résultats les plus courants du programme sont, notamment :

  • renforcement des processus cognitifs nécessaires à un apprentissage plus efficace
  • amélioration de la mémoire visuelle et auditive, ainsi que de l’attention et de la concentration
  • amélioration de la faculté à former des concepts, à la fois pour le matériel visuel-spatial et pour le matériel linguistique
  • amélioration de la motricité fine nécessaire à l’écriture et à la prise de notes
  • renforcement de la mémoire de travail, de la vitesse de traitement de l’information et de l’efficacité cognitive
  • amélioration de la pensée verbale et non verbale, du raisonnement et de la résolution de problèmes.

«Il s’agit de répéter des exercices pour le cerveau», explique Laura Lessa. Les enfants s’affairent à l’ordinateur et se pratiquent à lire l’heure sur des horloges analogiques, tout comme Mme Young le faisait avec des cartes éclair dans les années 1970. Ils commencent avec des horloges à deux aiguilles et, éventuellement, ils lisent des horloges à dix aiguilles. Cela les aide à raisonner de manière mathéma­tique, à comprendre des textes et à déterminer les relations de cause à effet.

Ils lisent à haute voix des mots insensés à syllabes multiples, se pratiquant à mettre l’accent sur chaque syllabe et les lisent dans un sens puis dans l’autre.

lic´ pro fun
lic pro´ fun
lic pro fun´
fun´ lic pro

Nombre d’élèves ayant des troubles d’apprentissage ont de la difficulté à assimiler de nouveaux mots et trouvent difficile de parler et de penser en même temps. Cet exercice, nommé Broca, du nom de l’aire du cerveau correspondante, aide à surmonter ce dysfonctionnement en développant la capacité de l’élève à faire correspondre les sons et les symboles de même que la mémoire phonémique nécessaire à la lecture phonétique.

Les élèves écoutent d’abord les mots sur un CD pour entendre et pratiquer les syllabes et les tonalités. Ensuite, ils le font seuls et, quand ils sont prêts, ils montrent à leur enseignante qu’ils maîtrisent la série de mots. Il y a toujours une autre série à faire, plus difficile, qui compte plus de syllabes.

Les élèves examinent des images de Norman Rockwell pour comprendre l’action qui s’y déroule. Ils discutent de ces images avec leur enseignante qui les encourage à regarder les indices et les détails pour élaborer une histoire. Ensuite, individuellement, ils pensent à ce qui est arrivé avant, aux événements qui ont mené à l’image. Finalement, ils pensent à ce qui arrivera après.

Cet exercice est difficile pour la plupart des élèves ayant des troubles d’apprentissage parce qu’ils ont de la difficulté à résoudre des problèmes et à interpréter l’information non verbale et les expressions faciales. En s’exerçant, ils finissent par y arriver et les répercussions sur leur capacité à apprendre sont énormes.

Surveiller les progrès

Dans la classe de Mme Lessa, à la Transfiguration of Our Lord Catholic School, Nathan travaille avec l’œil caché. Il écrit des symboles inlassablement; 30 minutes avec le bandeau et cinq minutes sans.

«Couvrir mon œil gauche force le côté gauche de mon cerveau à travailler plus fort; c’est là qu’il est le plus faible, explique-t-il. Pensez-y : si vous courez sur un tapis roulant et que votre jambe droite est plus faible que la gauche, vous pouvez mettre un poids sur la cheville plus faible pour la renforcer. C’est la même chose.»

Quand Nathan enlève le bandeau et écrit, c’est beaucoup plus facile pour lui. Il est plus rapide et ses symboles sont mieux écrits. Cet exercice est crucial pour tous les élèves et ils doivent le faire chaque soir à la maison, de même que pendant les fins de semaine et les vacances.

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Tracer des symboles, l’œil caché, pendant 30 minutes puis cinq minutes sans bandeau, améliore l’écriture, la capacité à se concentrer et la prise de notes.

Nathan est certain que son écriture et sa capacité à se concentrer, à prendre des notes et à apprendre se sont grandement améliorés depuis qu’il a commencé le programme il y a deux ans.

Il existe une grande variété d’exercices que les enfants font en fonction de leurs dysfonctionnements cognitifs. Tous les exercices deviennent de plus en plus complexes et difficiles, et Mme Lessa surveille les progrès des enfants et s’assure qu’ils continuent d’avancer.

Les critères d’évaluation de la performance inhérents à chaque programme sont basés sur les principes de l’exactitude, de la stabilité et de l’automatisme dans l’exécution des tâches. Une fois que les élèves maîtrisent un niveau, ils passent au prochain. Les programmes individualisés sont modifiés chaque année en fonction des progrès.

Préoccupations et coûts

Parce que le programme Arrowsmith vise d’abord le développement cognitif des élèves, ces derniers ne voient rien du curriculum traditionnel pendant au moins la moitié de leur journée d’école. Alors, prennent-ils du retard?

C’est une préoccupation courante chez les parents, mais Sheila Brown Vitullo les rassure.

«Une fois que les élèves ont développé leurs capacités cognitives, ils peuvent rattraper leur retard. Quand leurs aptitudes pour la mémorisation et la réflexion s’améliorent, ils sont en mesure de retenir les concepts.»

La majorité des élèves suivent le programme de la 4e année à la 7e année et, idéalement, réintègrent les classes régulières en 8e année. La plupart d’entre eux bénéficient d’un minimum de soutien au moment de quitter Arrowsmith. Le but est de reprendre l’étude du curriculum et d’être prêt pour le secondaire.

«Les programmes sont taillés sur mesure pour répondre aux besoins de chacun.»

«Ceux qui ont terminé notre programme ont réussi à l’école secondaire, explique Mme Brown Vitullo. Ils ont réussi le test de compétence linguistique de 10e année et nombre d’entre eux sont allés au collège ou à l’université.

«La discipline qu’ils ont acquise dans le programme Arrowsmith ainsi que leurs capacités cognitives renforcées contribuent à leur succès», dit-elle.

Mme Young a fondé sa première école privée Arrowsmith à Toronto en 1980 et une filiale de cette école a ouvert à Peterborough en 2005. Des écoles privées offrant le programme existent également en Ontario, en Colombie-Britannique, en Californie, en Floride, au New Jersey et dans l’État de New York. Depuis 10 ans, le Toronto Catholic District School Board offre le programme dans sept écoles. Les droits de scolarité à l’école privée Arrowsmith de Toronto s’élèvent à 19 000 $ par année. Les programmes offerts par le Toronto Catholic District School Board sont gratuits.

Alors, pourquoi n’y a-t-il pas plus d’écoles offrant le programme? Le coût est certainement un facteur. Il en coûte 4 000 $ pour lancer un programme, montant qui inclut la formation d’un pédagogue. Ensuite, il en coûte annuellement 3 500 $ par élève. Cela est, certes, beaucoup d’argent, mais ne représente sûrement qu’une fraction de l’ensemble du budget d’un conseil scolaire. De plus, le programme semble avoir des résultats bien tangibles. En vaut-il l’investissement?

Succès étudié

L’une des tâches de tous les enseignants formés pour le programme Arrowsmith est de recueillir des données sur les progrès de leurs élèves. Le Toronto Catholic DSB voulait aussi connaître ces progrès et a donc étudié les résultats des élèves qui ont suivi le programme depuis qu’il est en place, c’est-à-dire depuis dix ans. Le rapport qui en résulte examine la réussite des élèves à des tests normalisés ainsi que les ressources qui leur ont été nécessaires avant et après leur passage dans le programme. Le rapport contient aussi des commentaires anecdotiques de parents, d’enseignants et d’élèves au sujet d’améliorations observées chez ces derniers sur le plan cognitif et de la réussite scolaire, de même qu’au sujet de la réussite globale des élèves.

Les données démontrent que la vitesse d’apprentissage des élèves pour des tâches scolaires précises, comme la reconnaissance de mots, l’arithmétique, la compréhension de textes et la vitesse de lecture, a augmenté au moins de 1,5 fois et jusqu’à 3 fois par rapport à la vitesse d’apprentissage avant leur passage dans le programme.

«Ce sont des améliorations notables», souligne Mme Young.

Parmi les 42 élèves du programme Arrowsmith qui étudient au palier secondaire ou dans un programme d’études postsecondaires, 95 % n’avaient besoin d’aucune période de soutien (69 %) ou n’avaient besoin que d’une période par jour (26 %) à l’aide de ressources. Avant le programme, 55 % de ces élèves avaient besoin d’une ou de deux périodes de soutien à l’aide de ressources, et 45 % avaient besoin d’un tel soutien pour une période atteignant 50 % de leur horaire. La moyenne générale indiquée sur les bulletins de ces élèves à l’école secondaire était de 79 %. Les notes de ceux qui étaient inscrits à des programmes d’études postsecondaires étaient de 80 % à 90 %.

«Les commentaires des enseignants, des parents et des élèves sont extrêmement positifs.»

Beaucoup d’élèves interrogés dans le cadre de cette étude ont dit se sentir plus confiants et mieux réussir à l’école. Leur mémoire, en particulier, s’était améliorée.

«Je peux mieux me concentrer, mieux penser et mieux écouter», ont indiqué de nombreux élèves.

Nombre d’élèves ont dit pouvoir mieux comprendre ce qu’on leur enseignait et mieux prendre des notes en classe. Un grand nombre a signalé avoir une plus belle écriture, être meilleur en orthographe et lire plus rapidement tout en faisant moins d’erreurs. Beaucoup d’élèves ont aussi dit qu’ils s’étaient améliorés en mathématiques, indiquant notamment qu’ils étaient plus rapides et qu’ils faisaient moins d’erreurs.

Les parents, eux aussi, ont commenté en grand nombre la confiance accrue de leurs enfants, sur leur capacité à se concentrer et leurs aptitudes pour l’organisation. Dans tous les cas, les élèves ont obtenu de meilleures notes.

Un père a écrit :

J’ai constaté que les notes de mon fils augmentaient grâce au programme Arrowsmith, mais j’ai été surpris de voir que le programme améliorait également la qualité de vie de toute la famille. Les problèmes de traitement des informations auditives de mon fils avaient eu des répercussions sur tout, des conversations les plus banales aux soirées de films en famille.

Il nous demandait continuellement de rembobiner le film pour pouvoir suivre l’histoire plus lentement. Il va sans dire que tout le monde attendait qu’il dorme pour regarder un film. Moins de quatre mois plus tard, il regardait les films avec le reste de la famille et riait aux bons moments... Quand il obtiendra son diplôme, il aura une meilleure qualité de vie, de meilleures relations interpersonnelles et plus de choix… Les gens le verront enfin comme l’enfant brillant qu’il a toujours été.

Alors, y a-t-il des éléments du programme Arrowsmith qu’un enseignant d’une classe régulière puisse mettre en pratique? «Beaucoup, dit Sheila Brown Vitullo.

«Fixer des buts, établir une structure et motiver les élèves sont des éléments cruciaux de tout programme qui réussit.»

Le programme est taillé sur mesure pour combler leurs besoins et améliorer leurs capacités. Ils réalisent très rapidement que les exercices les aideront à s’améliorer et ils constatent leurs progrès.

«Les rappels visuels, comme les autocollants et les tableaux sur les murs, sont d’une importance cruciale pour tous les enfants, et surtout pour ceux-ci, dit Mme Brown Vitullo. Les élèves ont besoin de voir leurs progrès et la façon dont ils vont atteindre leurs objectifs. C’est ce que le programme Arrowsmith permet de faire. Il leur offre un avenir dans lequel ils peuvent faire et être ce qu’ils désirent. L’école n’est plus un obstacle à surmonter. C’est une occasion à saisir.»

Barbara Arrowsmith Young aimerait que tous les enfants aient un avenir sans limites. Son rêve est de voir un jour chaque enfant de 1re année bénéficier du programme Arrowsmith pendant deux périodes chaque jour.

«Cela nous aiderait à repérer certains des enfants plus faibles et à les aider à atteindre les capacités cognitives moyennes. Nous pourrions identifier ceux qui auront besoin de plus de soutien, et cela améliorerait les capacités cognitives des enfants qui sont dans la moyenne ou au-dessus de la moyenne. Tous en profiteraient.»

Elle pense à son propre passage à l’école élémentaire : «J’avais 28 ans quand j’ai commencé à élaborer ce programme et il m’a fallu 10 ans de plus pour arrêter de penser que j’étais idiote. Faisons en sorte que cela n’arrive pas à d’autres enfants.»

Enseigner le programme Arrowsmith

Chaque enseignant d’une classe Arrowsmith du Toronto Catholic District School Board a suivi un cours de formation. D’une durée de trois semaines, ce cours intensif est donné à Toronto en août et est conçu pour transmettre la théorie et permettre d’acquérir les compétences pratiques nécessaires pour prendre en charge une classe du programme Arrowsmith.

Le cours fournit la méthode et le matériel nécessaires à la mise en œuvre du programme dans une école, de même que de la supervision, du soutien et du perfectionnement professionnel continus. Il aide les enseignants titulaires à élaborer un profil d’apprentissage en fonction des forces et des faiblesses de chaque élève dans des aires cognitives précises. Il établit un programme d’exercices cognitifs basé sur le profil d’apprentissage de chaque élève, et ce, pour chaque année pour laquelle il est inscrit. Il permet le suivi et l’évaluation des progrès de chaque élève au moyen d’un dossier en ligne, qui les compare à des points de référence.

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Andrea Peirson forme le personnel pour enseigner le programme Arrowsmith.

Un coordonnateur du programme est affecté à chaque école. Son rôle est de suivre mensuellement l’évolution des élèves, de soutenir en tout temps l’enseignant titulaire et de permettre le perfectionnement professionnel de ce dernier. Melissa Brown est coordonnatrice du programme Arrowsmith pour les sept écoles du Toronto Catholic District School Board offrant le programme.

«J’ai enseigné à des élèves ayant des troubles d’apprentissage en tant qu’enseignante titulaire régulière, dit Mme Brown. Je trouvais frustrant d’essayer d’aider d’innombrables élèves ayant différents types de dyslexie; ils avaient tous des besoins différents. Grâce à l’approche Arrowsmith, on peut cerner les faiblesses cognitives de chaque élève. Le programme est ensuite taillé sur mesure pour cibler et renforcer ces facultés cognitives plus faibles.»

Ressources en anglais

www.arrowsmithschool.org

psychology.berkeley.edu/faculty/profiles/mrosenzweig.html

luria.ucsd.edu

The Brain That Changes Itself: Stories of Personal Triumph from the Frontiers of Brain Science de Norman Doidge, M.D.; New York; Viking Penguin; 2007.

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