Duncan McIntyre

Un univers où les maths, le plaisir et le succès coexistent.

Enseignant depuis dix ans, Duncan McIntyre a reçu, en 2006, l’un des Prix du Premier ministre pour l’excellence dans l’enseignement. Son style d’enseignement non traditionnel et ses techniques novatrices captivent les élèves et les invitent à voir les maths sous un autre angle.

«Les maths sont comme du Splenda. Elles sont sucrées mais n’ont aucune calorie.»

«On n’a pas des devoirs, mais des vouloirs de maths.»

«Manger. Dormir. Faire des maths.»

«Les fractions sont comme des amies, elles sont fraternelles.»

Dans la classe de Duncan McIntyre, on ne fait pas seulement des maths pour les maths. On applique des

compétences mathématiques à des situations réelles et on acquiert une solide préparation au travail et aux études postsecondaires. Les cours permettent d’avoir du plaisir, sont remplis de jeux et suscitent l’enthousiasme.

Dès le début de sa carrière d’enseignant, qu’il a commencée en Haïti il y a dix ans, M. McIntyre a mis l’enthousiasme et l’inventivité au cœur de son enseignement.

«Je n’avais qu’un tableau pour tout matériel, et il fallait que j’intéresse les enfants et que je les captive. Une situation formidable pour développer mes aptitudes et apprendre à établir un rapport avec les jeunes.»

Depuis son retour au Canada, M. McIntyre enseigne à l’Anderson Collegiate and Vocational Institute de Durham, où il est chef de la section de mathématiques depuis quatre ans. Il déclare ne pas vouloir se trouver ailleurs que dans sa classe portative, et il veut que ses élèves pensent la même chose.

«Nous sommes chanceux de l’avoir, dit le directeur de l’école, John Morrison. Duncan capte l’attention des élèves, il est créatif et travailleur. C’est un modèle pour les enseignants comme pour les élèves. Les jeunes s’amusent, mais ils apprennent aussi.»

Que la fête commence!

Pendant qu’il donne ses leçons, M. McIntyre rit, fait des blagues. Il chante et danse même parfois. Il trouve toujours un mot d’esprit ou une suggestion pour renforcer l’idée que les mathématiques sont amusantes.

«On célèbre la Saint-Valentin avec de l’amour et des cœurs parce qu’on adore les maths et que la fête tombe un mois avant le jour Pi. Le 14 du 3e mois, comme 3,14 bien sûr.»

Duncan McIntyre croit avoir la responsabilité de donner à ses élèves une expérience d’apprentissage valable et divertissante. Il veut que les jeunes croient, tout comme lui, que les mathématiques ne sont pas ennuyeuses, mais qu’elles sont amusantes et utiles.

«Je passe 75 minutes par jour avec eux. Et durant ces 75 minutes, je dois m’assurer qu’ils vivront une expérience positive et auront le sentiment de ne pas vouloir être ailleurs que dans ma classe.» Son enthousiasme est contagieux, mais cela ne veut pas dire que les jeunes ne travaillent pas.

Exercices à succès

En 9e et 10e année, les cours de M. McIntyre commencent toujours par ce qu’il appelle un «quiz sur papier», et ce, quel que soit le niveau des élèves : de base, études appliquées ou pré-universitaire.

Ainsi les élèves reçoivent-ils une feuille comptant 25 multiplications. Au début du semestre, ils ont 90 secondes pour répondre aux questions. La plupart des jeunes commencent par bien réussir. Puis, chaque semaine, M. McIntyre enlève cinq secondes au temps alloué jusqu’à ce qu’il ne leur reste plus que 25 secondes.

«C’est un très bon exercice d’entraînement, dit M. McIntyre. Il faut qu’ils développent leurs compétences en calcul mental. Ils ont besoin d’avoir confiance en eux, de savoir qu’ils peuvent faire des maths. Et ce genre d’exercice les aide beaucoup à prendre de l’assurance.» Tous les élèves améliorent leur résultat et leur rapidité au cours du semestre.

«Je dois m’assurer qu’ils vivront une expérience positive et auront le sentiment de ne pas vouloir être ailleurs que dans ma classe.»

Le but n’est pas seulement de mémoriser des tables de multiplication. Cet exercice aide également les élèves à se concentrer sur les mathématiques dès le début de chaque cours et les incite à arriver à l’heure.

Ils ne tardent pas à poser l’inévitable question : «Pourquoi faut-il faire ça tous les jours?»

M. McIntyre leur répond bien habilement : «Pour que vous soyez capables, quand vous travaillerez à temps partiel chez Home Depot, de répondre à un client qui vous demande le prix d’une poignée de clous ou de quelques planches de bois de 2 po sur 4 po. Ce sont des mathématiques pratiques. C’est bon pour vous.»

Tous les vendredis, les élèves reçoivent une feuille sur laquelle sont inscrits leurs résultats de la semaine. Ils totalisent leurs résultats, font des moyennes et déterminent leur médiane, puis ils dessinent un graphique linéaire ou un diagramme à barres représentant leurs notes de la semaine. Ils peuvent ainsi suivre leurs progrès hebdomadaires.

Voir et écrire

Comme bien des pédagogues, M. McIntyre utilise un projecteur pour présenter de nouveaux concepts. Il sait que de nombreux élèves ne sont pas habiles à prendre des notes et, comme il veut être sûr qu’ils auront des renseignements complets et corrects dans leur cahier, il leur remet des photocopies de ce qu’il leur projette. Après avoir expliqué un concept, il invite les élèves à poser des questions et à suggérer des réponses. Toute la classe résout les problèmes à l’écran.

Puis, les élèves travaillent sur quelques problèmes individuellement, et M. McIntyre les corrige pour s’assurer que les concepts ont été bien assimilés.

M. McIntyre apporte de la variété dans ses leçons, de sorte qu’un cours magistral est d’ordinaire suivi d’une activité d’application du concept amusante et centrée sur les élèves.

Aujourd’hui, il présente les équations à une classe de 10e année.

Après l’exposé, les élèves forment des équipes pour mettre la théorie en pratique. Il remet à chaque équipe 16 carrés de papier mesurant chacun 5 cm sur 5 cm. Sur deux des côtés figurent des équations telles que 2x – 7 = 9, tandis que les deux autres comportent des réponses, comme x = 8. Une lettre se trouve au milieu de chaque carré.

Les équipes travaillent à disposer leurs carrés en quatre rangées de quatre carrés de façon à ce que le problème sur le côté d’un carré soit aligné avec la réponse correspondante sur le carré suivant. Quand les carrés sont tous au bon endroit, la grille formée de 16 cases comporte un message : «Les maths sont meilleures que les friandises». 

M. McIntyre circule dans la classe pour vérifier les progrès, et aide ceux qui en ont besoin. Les élèves se parlent et s’entraident. Puis, quand ils ont terminé, ils sont prêts à faire leurs vouloirs. Après tout, les maths, ce n’est jamais du travail; dans l’univers de M. McIntyre, c’est toujours amusant.

Gérer un magasin

La classe de 9e année d’études de base essentielles passe plusieurs périodes à apprendre à gérer un magasin. Les élèves remplissent des bons de commandes et revoient l’addition et la multiplication pour calculer les totaux, ainsi que les pourcentages pour calculer les taxes. Ils deviennent habiles dans le maniement de l’argent et le calcul de la monnaie à rendre aux clients. En petits groupes, ils décorent la devanture de leur magasin et fixent le prix de leur marchandise. Après plusieurs jours bien occupés, ils sont prêts à recevoir des clients et à mettre leurs compétences en pratique.

Des administrateurs et enseignants arrivent avec de l’argent factice, magasinent et passent leur commande. Les élèves s’affairent; certains s’énervent, d’autres font des erreurs. M. McIntyre, son assistant de 12e année et deux aide-enseignants appuient les élèves durant la vente puis au moment de compter les recettes après une période de vente intense de 30 minutes.

(Photo)

M. McIntyre et ses élèves travaillent à résoudre un problème ensemble.

Une fois la classe remise en ordre, les élèves s’assoient avec M. McIntyre qui dirige une discussion réflexive. Il demande aux élèves comment ils ont vécu leur expérience. Certains expriment le stress qu’ils ont ressenti au moment de rendre la monnaie, de prendre correctement les commandes et de calculer les totaux avec exactitude. Mais ils ont aussi eu du plaisir.

«C’est mieux qu’un cours magistral!», s’exclame un élève en riant.

M. McIntyre sait que les élèves participent sans rechigner quand on leur montre comment appliquer dans la vie ce qu’ils apprennent. Les mathématiques deviennent ainsi concrètes, et cela leur donne de l’assurance.

«Quand vous aurez un emploi, vous aurez déjà une idée de ce qu’il faut faire pour travailler dans un magasin ou tenir une caisse enregistreuse. Vous saurez déjà quoi faire, vous serez sûrs de vous et vous réussirez. Vous n’aurez rien à craindre parce que vous vous serez déjà exercés.»

Vie réelle, réel plaisir

M. McIntyre cherche des idées d’activités amusantes et applicables pour ses élèves de tous les niveaux, qu’ils soient dans les classes de base, les classes avancées ou dans les classes préparant aux études appliquées.

Pour tous ses élèves du cours pré­universitaire de gestion des données, cela prend la forme d’une journée de casino. Les classes de toute l’école viennent au casino bâti par les élèves et font l’apprentissage des probabilités en s’adonnant à des jeux de hasard.

«Les élèves du cycle supérieur visent l’université et cherchent à obtenir des notes élevées, dit M. McIntyre, mais ils veulent tout de même se détendre et s’amuser.» La journée de casino permet de se divertir et de s’adonner à une variété d’activités d’apprentissage. 

«Les élèves apprennent à appliquer une théorie avancée à des activités réelles. Ils doivent communiquer avec d’autres qui ne sont pas au courant des concepts mathématiques, et utiliser les termes qui conviennent.» 

«Duncan suscite l’enthousiasme des jeunes parce qu’il est lui-même très enthousiaste. Et son engouement est réel. Il est dynamique, engageant, et il aime les jeunes. Ce sont eux qui viennent en premier, pas les mathématiques, affirme Doug Craven, qui enseigne la technologie des communications.»

Heather et Laminatu, deux élèves de 10e année, acquiescent.

«Il enseigne les maths de façon à se qu’on comprenne. Il ne s’impatiente jamais. Il chante, il danse, il fait ce qu’il faut pour qu’on comprenne et qu’on se souvienne de nos maths.»

Mahadeo, un autre élève de 10e année, ajoute : «Il ne se fâche pas si nous ne comprenons pas du premier coup. Il continue de nous expliquer jusqu’à ce qu’on comprenne. Il ne nous laisse pas tomber».

Soyez vous-même

M. McIntyre est un enseignant original qui n’a pas peur de jouer aux humoristes en classe et qui s’efforce d’inspirer de l’enthousiasme, mais les conseils qu’il prodigue à ses collègues comportent une mise en garde. 

«Soyez vous-même. N’essayez pas d’enseigner dans un style qui n’est pas le vôtre. Les jeunes vont se rendre compte que vous jouez la comédie et refuseront de vous suivre.

Profitez de chaque minute que vous passez avec vos élèves parce l’enseignement est vraiment la plus belle carrière qui soit. Ne vous attendez pas à la perfection tous les jours. Il faut du temps pour élaborer des activités intéressantes et efficaces. Prenez le temps de le faire comme il faut.»

M. McIntyre n’hésite pas à partager la gloire avec ses collègues.

«Il ne s’agit pas seulement de moi, explique-t-il. Je vois la créativité de mes collègues, leur discipline, leur compassion, le calme qu’ils manifestent avec des élèves stressés ou réticents, et ils m’impressionnent tous. Ils ont tous des forces différentes et j’apprends constamment de chacun d’eux.»

Alors, que réserve l’avenir dans le merveilleux univers mathématique de M. McIntyre? «Je travaille au meilleur endroit qui soit et je serais heureux de passer dix autres années dans ma portative.»

Prix du premier ministre pour l’excellence dans l’enseignement

Le Prix du premier ministre pour l’excellence dans l’enseignement souligne le travail extraordinaire et innovateur de la part d’enseignantes et d’enseignants, aux paliers élémentaire et secondaire dans toutes les matières, qui réussissent à faire acquérir à leurs élèves les compétences dont ils auront besoin pour répondre aux défis de la société et de l’économie au XXIe siècle.

Pour en savoir plus, visitez www.pma-ppm.gc.ca.

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