Pionnier des services aux francophones

Jules-Léger est à la fois un centre de recherche et un refuge pour enfants.

de Tracy Morey

La province tient compte des conseils sur le financement de l'éducation de l'enfance en difficulté

Alors que Mordechai Rozanski était président du Groupe d'étude sur l'égalité en matière d'éducation, l'un des messages qui sont ressortis clairement des consultations publiques à l'automne dernier est que le financement des 190 000 élèves ayant des besoins particuliers est inadéquat.

À l'heure actuelle, les conseils scolaires reçoivent une Subvention pour l'éducation de l'enfance en difficulté en deux volets : l'allocation pour l'éducation de l'enfance en difficulté fondée sur l'effectif (ADIFE), calculée selon l'effectif total d'un conseil scolaire, et l'allocation d'aide spécialisée (AAS), calculée selon la proportion d'élèves d'un conseil qui ont besoin de programmes spécialisés coûteux. Or, la formule de financement par élève actuelle a été établie en 1998 et repose sur les chiffres de 1997 qui n'ont pas été mis à jour depuis.

Dans sa recommandation au Groupe d'étude, le Conseil consultatif sur l'éducation de l'enfance en difficulté recommande que le Ministère améliore : les normes, les niveaux de financement, la rapidité du transfert des fonds aux conseils scolaires, les arriérés, la coordination avec d'autres ministères, le transport des élèves, la recherche, la responsabilisation et le perfectionnement professionnel des enseignants.

Dans son rapport de 2001 sur l'optimisation des ressources de l'enfance en difficulté de l'Ontario, le vérificateur provincial a souligné que le Ministère et les conseils scolaires ne disposent pas «des renseignements ou d'un mécanisme permettant de déterminer si les programmes et services d'éducation de l'enfance en difficulté qu'il finance sont offerts de façon efficace et efficiente et s'ils permettent d'atteindre les objectifs fixés». Les conseils, rapporte le vérificateur, dépensent 95 millions de plus qu'ils ne reçoivent du gouvernement pour financer l'éducation de l'enfance en difficulté.

En décembre dernier, alors qu'il évaluait la formule de financement du gouvernement, Rozanski a recommandé d'injecter 269 millions de plus ainsi que 88 millions pour actualiser la formule sur une période de trois ans.

Le rapport Rozanski, Investir dans l'éducation publique : Favoriser l'amélioration continue de l'apprentissage et du rendement des élèves, recommande que le Ministère :

  • accorde 130 millions aux conseils scolaires pour les demandes d'AAS en 2002-2003
  • finance toutes les demandes d'AAS approuvées en 2003-2004
  • élabore une politique de financement pour le transport des élèves ayant des besoins particuliers
  • augmente de 19 millions l'ADIFE pour les élèves du secondaire
  • publie de nouvelles normes pour que les conseils scolaires rendent mieux compte au public de leurs dépenses.

En guise de réponse, le gouvernement a annoncé qu'il investirait 250 millions supplémentaires, soit un total de 1,624 milliard pour 2002-2003. Depuis 1998, le financement accordé à l'éducation de l'enfance en difficulté a augmenté d'environ 40 pour 100.

Pour consulter le rapport Rozanski, rendez-vous à www.edfundingreview.on.ca/fre/index.html

Certains employés l'appellent le trésor caché de l'Ontario, ce qui semble une façon extravagante de décrire le vaste édifice des années 60 qui abrite le Centre Jules-Léger à Ottawa.

Mais le Centre est unique, constituant à la fois un laboratoire d'idées et un atelier de formation des enseignants dans une école provinciale pour les sourds et un centre de ressources pour les aveugles. On y offre également un programme de pensionnat de deux ans pour élèves en sérieuse difficulté d'apprentissage (y compris l'hyperactivité avec déficit de l'attention) qui sert de laboratoire d'enseignement. Le Centre a également établi des programmes satellites et des partenariats de toutes sortes avec la communauté.

«Nous avons été les pionniers et notre mandat est énorme», précise André Duguay, directeur général du Centre.Le Centre a été créé par l'Université d'Ottawa en 1979 et le ministère de l'Éducation en a pris la responsabilité au milieu des années 80. Il dessert la population francophone de deux à 21 ans.

«Nous ne pouvions pas attendre d'avoir des experts, explique monsieur Duguay. Il nous a fallu inventer la roue, parce qu'il n'y avait pas de modèles adéquats en milieu francophone, ni en Ontario ni au Québec. Nous avons été obligés de produire et de créer les qualifications des enseignants et le processus a été édifiant.»

Le Centre a élaboré des définitions de cas, des types d'intervention, et créé de nouveaux services. Il s'est mis à servir de laboratoire pour l'avancement de l'enseignement aux enfants hyperactifs présentant un déficit de l'attention.

Navette des élèves

Tous les dimanches soirs, des jeunes de Windsor à Hearst se rendent à Jules-Léger par avion ou par autobus pour débuter leur semaine scolaire. Des élèves qui habitent la région d'Ottawa fréquentent également l'école provinciale le jour.

Le directeur de l'école, Jean-Marc Sauvé, parle aux élèves dans les corridors en langage des signes. On ne s'inquiète pas tellement des enfants sourds qui vivent loin de leur foyer. Le problème est ressenti davantage par les parents, disent les experts. La surdité est une tout autre culture, souligne monsieur Sauvé, et les enfants veulent à tout prix communiquer avec les autres.

C'est peut-être ce qui donne au Centre son atmosphère particulière : une cafétéria silencieuse remplie d'enfants, des corridors où règne le calme et où les murs sont décorés d'éléments visuels de toutes sortes. Dans un studio à vidéo, les grands de l'école préparent une version en langage des signes des Trois petits cochons, à la demande d'un enseignant de 2e année. Le personnel se compose de 22 enseignants et de 13 consultants.

Le slogan «Tu veux, tu peux» est partout dans l'école.

Services de braille
Se retrouver loin de la maison n'est pas aussi facile pour les élèves qui ont un problème de vue, parce qu'ils s'intègrent plus facilement dans les écoles ordinaires, poursuit le directeur général du Centre. Du point de vue mobilité générale, les enfants qui ont un problème de vue ont besoin de devenir autonomes. Alors souvent, les envoyer étudier au loin ne fonctionne pas bien. Pour ces élèves, le Centre offre plutôt des services de consultation.

En plus du pensionnat et de l'école provinciale qui compte 38 élèves, Jules-Léger abrite un internat de démonstration comptant 37 enfants en sérieuse difficulté d'apprentissage ou hyperactifs présentant un déficit de l'attention. Des équipes d'enseignants travaillent avec les enfants qui ont été choisis de façon à présenter tout un éventail de difficultés dans le but d'élaborer des modèles d'enseignement. «Quand ils partiront, les enfants auront encore des difficultés d'apprentissage, ajoute monsieur Duguay, mais ils connaîtront aussi des stratégies d'adaptation.»

En ce moment, le Centre participe à un projet d'étude avec l'Université d'Ottawa afin de voir si les stratégies et les pratiques sociales des enfants qui ont des difficultés d'apprentissage sont celles des élèves ordinaires.

Le Centre se consacre au perfectionnement professionnel de son propre personnel et des enseignants affectés à des enfants aux problèmes bien particuliers provenant des conseils scolaires. L'un des principaux objectifs, explique Jean-Marc Sauvé, est de «créer la première génération d'enseignants qui sont sourds ou malentendants.» Sept personnes étudient au Centre dans le but d'obtenir un diplôme universitaire. Des professeurs de l'Université d'Ottawa viennent y donner des cours qui sont interprétés simultanément en langage des signes par le personnel du Centre.

Le taux de succès des diplômés est impressionnant. Monsieur Sauvé estime que le Centre a fourni une éducation à quelque 500 Franco-Ontariens et formé au moins 15 professionnels par année, sans parler des centaines d'enfants qui ont bénéficié de services de consultation.
«Mais écoutez, dit Jean-Marc Sauvé, ce sont les enseignants qui sont les véritables héros.»

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