Pionnier des services aux francophones Jules-Léger est à la fois un centre de recherche et un refuge pour enfants. |
de Tracy Morey
Certains employés l'appellent le trésor caché de l'Ontario, ce qui semble une façon extravagante de décrire le vaste édifice des années 60 qui abrite le Centre Jules-Léger à Ottawa. Mais le Centre est unique, constituant à la fois un laboratoire d'idées et un atelier de formation des enseignants dans une école provinciale pour les sourds et un centre de ressources pour les aveugles. On y offre également un programme de pensionnat de deux ans pour élèves en sérieuse difficulté d'apprentissage (y compris l'hyperactivité avec déficit de l'attention) qui sert de laboratoire d'enseignement. Le Centre a également établi des programmes satellites et des partenariats de toutes sortes avec la communauté. «Nous avons été les pionniers et notre mandat est énorme», précise André Duguay, directeur général du Centre.Le Centre a été créé par l'Université d'Ottawa en 1979 et le ministère de l'Éducation en a pris la responsabilité au milieu des années 80. Il dessert la population francophone de deux à 21 ans. «Nous ne pouvions pas attendre d'avoir des experts, explique monsieur Duguay. Il nous a fallu inventer la roue, parce qu'il n'y avait pas de modèles adéquats en milieu francophone, ni en Ontario ni au Québec. Nous avons été obligés de produire et de créer les qualifications des enseignants et le processus a été édifiant.» Le Centre a élaboré des définitions de cas, des types d'intervention, et créé de nouveaux services. Il s'est mis à servir de laboratoire pour l'avancement de l'enseignement aux enfants hyperactifs présentant un déficit de l'attention. Navette des élèves Tous les dimanches soirs, des jeunes de Windsor à Hearst se rendent à Jules-Léger par avion ou par autobus pour débuter leur semaine scolaire. Des élèves qui habitent la région d'Ottawa fréquentent également l'école provinciale le jour. Le directeur de l'école, Jean-Marc Sauvé, parle aux élèves dans les corridors en langage des signes. On ne s'inquiète pas tellement des enfants sourds qui vivent loin de leur foyer. Le problème est ressenti davantage par les parents, disent les experts. La surdité est une tout autre culture, souligne monsieur Sauvé, et les enfants veulent à tout prix communiquer avec les autres. C'est peut-être ce qui donne au Centre son atmosphère particulière : une cafétéria silencieuse remplie d'enfants, des corridors où règne le calme et où les murs sont décorés d'éléments visuels de toutes sortes. Dans un studio à vidéo, les grands de l'école préparent une version en langage des signes des Trois petits cochons, à la demande d'un enseignant de 2e année. Le personnel se compose de 22 enseignants et de 13 consultants. Le slogan «Tu veux, tu peux» est partout dans l'école. Services de braille En plus du pensionnat et de l'école provinciale qui compte 38 élèves, Jules-Léger abrite un internat de démonstration comptant 37 enfants en sérieuse difficulté d'apprentissage ou hyperactifs présentant un déficit de l'attention. Des équipes d'enseignants travaillent avec les enfants qui ont été choisis de façon à présenter tout un éventail de difficultés dans le but d'élaborer des modèles d'enseignement. «Quand ils partiront, les enfants auront encore des difficultés d'apprentissage, ajoute monsieur Duguay, mais ils connaîtront aussi des stratégies d'adaptation.» En ce moment, le Centre participe à un projet d'étude avec l'Université d'Ottawa afin de voir si les stratégies et les pratiques sociales des enfants qui ont des difficultés d'apprentissage sont celles des élèves ordinaires. Le Centre se consacre au perfectionnement professionnel de son propre personnel et des enseignants affectés à des enfants aux problèmes bien particuliers provenant des conseils scolaires. L'un des principaux objectifs, explique Jean-Marc Sauvé, est de «créer la première génération d'enseignants qui sont sourds ou malentendants.» Sept personnes étudient au Centre dans le but d'obtenir un diplôme universitaire. Des professeurs de l'Université d'Ottawa viennent y donner des cours qui sont interprétés simultanément en langage des signes par le personnel du Centre. Le taux de succès
des diplômés est impressionnant. Monsieur Sauvé estime
que le Centre a fourni une éducation à quelque 500 Franco-Ontariens
et formé au moins 15 professionnels par année, sans parler
des centaines d'enfants qui ont bénéficié de services
de consultation. |
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