Leadership. Excellence. Responsabilité.

Les plus belles qualités de la profession enseignante sont mises en valeur par la façon dont les enseignants réglementent la profession.

de Doug Wilson

L'autoréglementation dans l'intérêt du public offre aux Canadiens maints avantages : une éducation et des services de santé publics de qualité, un système judiciaire équitable, des milieux sécuritaires, des conseils financiers fiables et des normes pour différents services professionnels.

En Ontario, l'autoréglementation est une pratique qui remonte à la fondation du Barreau du Haut-Canada en 1797, avant la Confédération.

De nos jours, l'Ontario compte 37 ordres professionnels qui défendent l'intérêt du public, dont les enseignants, les avocats, les médecins, les infirmières et bien d'autres professions du domaine de la santé ainsi que les vétérinaires, les architectes, les ingénieurs et les comptables agréés.

Toutefois, bon nombre de membres du public et de professionnels, enseignants y compris, se méprennent sur la raison d'être et le rôle d'un ordre professionnel.

Pour mieux comprendre ce que signifie l'autoréglementation dans le contexte de notre profession, il faut réfuter certains mythes.

«L'Ordre est tenu de servir et de protéger l'intérêt public.»
Loi sur l'Ordre des enseignantes et des enseignants de l'Ontario

L'autoréglementation ne donne pas le droit au public de déterminer les conditions de travail des enseignants ni de dire aux directeurs comment gérer leurs écoles. Tout comme il faut distinguer l'enseignant de la profession, il convient de différencier l'intérêt des individus de l'intérêt du public.

Les enseignants, habitués d'être représentés par les fédérations, croient parfois que l'Ordre devrait également se porter à leur défense. Le simple fait d'élire des enseignants au conseil contribue à renforcer ce malentendu.

Bien que l'idée puisse sembler contradictoire dans notre démocratie, les membres du conseil sont élus pour représenter l'ensemble de la profession et non pas leur circonscription.

Les membres nommés au conseil ne suivent pas les directives du gouvernement et ne représentent pas des intérêts privés. À l'instar des élus, ils doivent veiller à ce que la profession enseignante offre un système d'éducation publique de qualité.

L'intérêt du public est la clé de voûte qui unit les membres élus et nommés au conseil. Ainsi, le conseil doit prendre des décisions fidèles aux objectifs de la société en général.

L'établissement d'un ordre professionnel repose sur la conviction que les enseignants possèdent les connaissances et l'expertise nécessaires pour ériger des normes et juger du comportement de leurs collègues au nom du public. Dans la majorité des cas, l'autoréglementation se traduit par une convergence des intérêts des enseignants et du public. Les décisions qui profitent au public profiteront également aux enseignants qui les appuieront d'emblée.

L'autoréglementation remet à une profession la responsabilité de ses normes, de la certification et de la discipline de ses membres, lui permettant ainsi d'inspirer la confiance du public. Les membres de l'Ordre devraient se réjouir de la présence de parents et de membres de la communauté au conseil, sachant qu'ils sont là pour veiller à ce que la profession réponde aux besoins variés des élèves.

Dans son rapport Pour l'amour d'apprendre (1995), la Commission royale sur l'éducation avait recommandé :

que soit établi un corps professionnel à réglementation autonome pour les [...] enseignants, l'Ordre des enseignantes et des enseignants de l'Ontario [...] L'Ordre devrait avoir la responsabilité de fixer les normes de la profession, de délivrer le brevet d'enseignement et d'approuver les programmes d'éducation des [...] enseignants. Les [...] éducateurs professionnels devraient constituer la majorité des membres de l'Ordre, mais la communauté dans son ensemble devrait être bien représentée par des personnes extérieures au monde de l'éducation.

Aujourd'hui, cette vision tient toujours. En juin dernier, le ministre de l'Éducation, Gerard Kennedy, rappelait d'ailleurs au conseil l'importance, pour un ordre professionnel, de protéger l'intérêt du public. «La raison d'être de l'Ordre n'est pas de défendre l'intérêt des enseignants. Ce serait incompatible avec la responsabilité que lui a déléguée le gouvernement. Seul un nombre restreint de professions jouissent du privilège de s'autoréglementer.»