<i>Pour parler profession</i>RubriquesChroniquesArticles de fondRessourcesAutoréglementation


Chroniques

un enseignant exemplaire

Steve Hammel

une enseignante remarquable

Roch Carrier parle de Sœur Brigitte

La réussite en bout de route

En ce lundi matin, huit enfants se précipitent dans la classe joliment décorée de Steve Hammel. Ils sont immédiatement attirés par les huit animaux en peluche et la boîte aux lettres qui trônent sur le rebord du tableau.

Les yeux brillants, David demande si l'un d'eux lui est destiné. Pierre se demande bien à quoi servira la boîte aux lettres.

«Attendez un peu, répond M. Hammel. Il faut d'abord réciter les maximes.»

(Veuillez noter que nous avons changé le nom des élèves.)

Récipiendaire du Prix du premier ministre pour l'excellence en enseignement, Steve Hammel enseigne à l'enfance en difficulté au Woodview Children's Centre du Halton District School Board depuis 1987. Depuis 2001, il fait partie d'une équipe de diagnostic et d'intervention précoces (Early Identification and Early Intervention Outreach [EIEIO]) formée de quatre personnes travaillant dans des classes de huit élèves.

Cette semaine, les animaux en peluche joueront un rôle essentiel  : enseigner le module sur l'amitié à David, Pierre et à leurs six camarades. Il est important de se faire des amis, et ces élèves en auront besoin pour réussir dans la vie et à l'école.

«Ces enfants éprouvent des difficultés et cela entrave leur réussite scolaire», explique Steve Kovar, travailleur d'expérience auprès des enfants et des jeunes, et collègue de Steve Hammel.

Le programme EIEIO allie traitements et éducation. Les élèves acquièrent des aptitudes et des stratégies pour faire face aux problèmes, gérer la colère et interagir avec leurs pairs et les adultes, tout en apprenant divers aspects du curriculum de l'Ontario.

M. Hammel s'occupe de la partie du programme qui a trait au curriculum.

«Nos attentes envers ces enfants sont personnalisées et liées à leur année scolaire, dit-il. Ils apprennent la lecture, l'écriture, l'orthographe, les mathématiques et la résolution de problèmes. Ils doivent apprendre, mais il est tout aussi important qu'ils soient contents d'apprendre. C'est ce qui leur restera.

«Le secret est d'établir des objectifs réalisables mais tout de même stimulants.»

Grâce à des activités pratiques originales et centrées sur eux, des devoirs courts et intéressants, des activités et une panoplie d'accessoires et d'aides visuelles, les élèves entreprennent des travaux qu'ils n'auraient jamais pu effectuer avant de joindre le programme.

Bon nombre de ces élèves sont intelligents et la plupart connaissent assez tôt un certain succès scolaire.

Les membres de l'équipe ne peuvent s'empêcher de sourire en entendant Sébastien s'écrier : «J'adore les maths!»

Apprentissage intégré

M. Hammel souligne que les activités portent surtout sur la littératie et la numératie, et que dans la mesure du possible, les élèves tirent des leçons individuelles des modules en utilisant des métaphores pour faire le lien entre les sujets et eux-mêmes.

Par exemple, quand on enseigne aux élèves la formation et les éruptions des volcans, on fabrique des maquettes, mais on parle également de la façon dont la colère peut exploser et comment on peut la maîtriser.

Cette journée-là, M. Hammel entame le module sur l'amitié. C'est une autre occasion d'acquérir des aptitudes de vie importantes.

Malgré l'énervement provoqué par les peluches, on ne déroge pas à la routine habituelle. On mentionne la date, on récite les maximes et on passe en revue les activités du jour écrites au tableau.

Ensuite, M. Hammel explique aux enfants qu'ils auront chacun un nouvel ami qui les a déjà choisis... façon ingénieuse d'éviter les conflits. Il distribue les animaux et des lettres écrites à la main qui sont rapidement ouvertes.

«Le secret est d'établir des objectifs réalisables, mais tout de même stimulants.»

«C'est un tigre de Sibérie et il s'appelle Rayure!», s'exclame Julie.

Les lettres informent les élèves sur leur nouvel ami. Les enfants en écriront une à leur tour pour parler d'eux à leur animal.

M. Hammel, M. Kovar et Melissa Mainolfi aident les élèves à mettre leurs idées sur papier. Pierre est le premier à poster sa lettre. «Pensez-vous que Chico me répondra?», demande-t-il avec empressement.

Une fois que les lettres sont rédigées et postées, les enfants ont droit à une autre récompense : ils peuvent confectionner un collier de l'amitié.

La plupart des enfants ont de la difficulté à écrire leur lettre et certains deviennent frustrés. On envoie Marc en pénitence au fond de la classe; Louis part faire une marche. Certains refusent de participer. Mélissa ne veut pas écrire. M. Kovar l'encourage, la cajole, insiste. Rien n'y fait. La perspective de confectionner un collier ne la motive pas. Elle semble comprendre les consignes et posséder les aptitudes nécessaires, mais on dirait que son esprit est ailleurs.

Le thème de l'amitié se poursuit durant toute la semaine et fera partie de nombreux travaux. Chaque jour, les élèves reçoivent et écrivent des lettres. M. Hammel aime beaucoup ce module, car il encourage les élèves à révéler des choses sur eux qu'ils ne feraient pas autrement. Mélissa écrira peut-être à Rayure demain, et la lettre pourrait comporter des indices.

Rester positif

«Nous œuvrons dans un centre de santé mentale pour enfants, précise Garry Stuart, directeur administratif du Woodview Children's Centre. De nombreux jeunes ici ont perdu confiance en eux. Notre équipe excelle à la leur rendre.»

«Comme tout bon enseignant, nous nous concentrons sur les aspects positifs et sur ce que les enfants peuvent faire», dit M. Hammel.

Il soutient que pour travailler et apprendre efficacement, il faut que le personnel enseignant et les élèves connaissent leurs propres points forts.

Il ajoute : «Chaque élève doit s'approprier sa réussite. Il faut les aider à trouver ce qui leur donne confiance, ce qui les aide à réussir, et inclure ces éléments au programme.»

(Photo)

La travailleuse sociale, Laura Harper-Ciaramella, qui offre du counseling familial et individuel afin de soutenir les élèves, en compagnie de l'enseignant Steve Hammel et des travailleurs auprès des enfants et des jeunes, Melissa Mainolfi et Steve Kovar

M. Hammel sait comment motiver ses élèves, mais il sait aussi quand ralentir le pas. Vers la fin de la journée, les élèves sont fatigués. C'est donc le temps de raconter des histoires.

Il leur demande de s'asseoir en silence, de fermer les yeux s'ils le désirent. Mais ils ne doivent pas déranger les autres.

Il lit avec enthousiasme. À l'aide d'un dragon en peluche, il pose des questions, récapitule et demande aux élèves de deviner la suite de l'histoire. Ceux qui donnent une bonne réponse peuvent tenir le dragon pendant un certain temps.

À la fin de la classe, Caleb a les yeux pleins de larmes. Il vient d'apprendre qu'il ne peut apporter son nouvel ami à la maison. Mais M. Hammel le rassure : «Balourd t'attendra ici demain.»

Après le départ des élèves, les adultes s'arrêtent quelques instants pour reprendre haleine, puis passent la journée en revue. On échange des renseignements et on se prépare pour une autre journée de réussite.

Les maximes de la classe de M. Hammel

La classe de M. Hammel se définit par deux maximes. Chaque matin, les élèves les récitent et les adultes s'en servent au cours de la journée :

  • Sens-toi bien pour mieux réfléchir; réfléchis bien pour mieux te sentir.

  • Si je me respecte, les autres me respecteront. Si je persévère, je peux réussir. Si j'abandonne, j'échouerai. Je peux résoudre des problèmes si j'échange mes idées et sentiments avec ceux et celles qui veulent m'aider. Mon avenir peut être brillant si je collabore avec les autres. La perfection n'existe pas; je peux seulement faire de mon mieux. De bonnes choses peuvent arriver si je fais tous les efforts possibles.

L'aspect positif de la première maxime prend son sens quand les élèves se sentent bien à propos de leur réussite et qu'ils désirent apprendre davantage. Cela les mène à d'autres réussites, et ainsi de suite.

D'ici la fin du programme, les élèves pourront réciter la deuxième maxime par cœur. Puissent-ils apprendre à la vivre et à les concrétiser à l'avenir.

Stratégies d'engagement
  • Diviser les éléments en petites sections d'apprentissage.
  • Demander aux élèves de montrer leurs travaux à leurs parents.
  • Encourager les élèves à lire à leurs parents.
  • Ne pas s'éterniser sur une même activité, même si elle est très intéressante.
  • Inclure de la diversité.
  • Toujours écrire les activités du jour au tableau.
Diagnostic et intervention précoces

Le Woodview Children's Centre du Halton District School Board est un centre de santé mentale agréé et sans but lucratif pour enfants. On y offre des services de pension, des services de jour, des traitements et du soutien communautaire aux enfants, aux jeunes adultes et à leur famille.

Le programme de diagnostic et d'intervention précoces (Early Identification and Early Intervention Outreach [EIEIO]) aide les enfants de la 1re à la 4e année qui éprouvent des problèmes sociaux, émotionnels et comportementaux. Ce programme intensif d'une durée de 20 semaines a été conçu pour intervenir rapidement auprès des élèves et faire en sorte qu'ils réintègrent bien leur école.

Dans chaque classe, une équipe multidisciplinaire composée d'un enseignant, de deux travailleurs auprès des enfants et des jeunes et d'un travailleur social offre du counseling à l'enfant et à sa famille.

Les parents prennent part à dix séances avec leurs enfants. «Ils trouvent utile de voir leurs enfants interagir et apprendre. Ainsi peuvent-ils arriver à les appuyer», explique M. Hammel. Certains doivent acquérir des techniques efficaces d'éducation et des méthodes d'adaptation. Les travailleurs sociaux et les travailleurs auprès d'enfants et de jeunes sont des ressources inestimables à ce chapitre.

Prix du premier ministre pour l'excellence en enseignement

Les prix du premier ministre pour l'excellence en enseignement rendent hommage aux enseignantes et enseignants exceptionnels qui insufflent l'amour d'apprendre aux élèves et qui les aident à réussir et à se préparer à l'avenir. Les prix sont remis chaque année aux membres de la profession qui obtiennent des résultats extraordinaires avec leurs élèves, qui les inspirent à apprendre la vie durant, qui leur donnent les aptitudes et attitudes nécessaires dans une société en constante évolution et dont l'économie porte sur les connaissances. Pour plus de détails ou pour proposer une candidature, consultez le site www.edu.gov.on.ca/prixenseignement/.