IMPACT, INSPIRATION, INTÉRÊT :
Mark Bridges stimule l’intelligence de ses élèves grâce à la vidéo


On dit de la télévision qu’elle peut envoûter les téléspectateurs dans une torpeur passive. Pourtant, les méthodes pédagogiques de cet enseignant de Kitchener sont loin de ressembler à une garderie électronique.


de Peter Alexander

Les enfants passent trop de temps écrasés devant le petit écran! Voilà une critique qu’il n’est pas rare d’entendre. Or, pour Mark Bridges, la télévision peut devenir une ressource extraordinaire dans une salle de classe. Bridges est directeur adjoint à la William G. Davis Public School à Cambridge. Jusqu’à tout récemment, il était directeur adjoint à la Westmount Public School à Kitchener, où il avait également enseigné.

Son utilisation créative de la programmation non commerciale offerte sur câble dans ses plans de leçon lui a valu le deuxième prix dans le cadre d’un programme parrainé par la chaîne Arts and Entertainment. C’est d’ailleurs dans le cadre de ce programme qu’il a remporté trois prix, dont le grand prix en 1998.

«Je crois fermement en l’usage de la vidéo, particulièrement en l’utilisation de brefs clips d’une ou deux minutes qui donnent une nouvelle dimension à une leçon», dit Bridges. C’est avec soin qu’il intègre ces vidéoclips dans les activités individuelles ou de groupe et ce, d’une manière appropriée au curriculum. Il en résulte des activités rehaussées de clips qui, ensemble, visent l’atteinte de résultats d’apprentissage particuliers.

Même si une attente du curriculum ne semble pas être directement liée à l’usage de la vidéo, Bridges maintient qu’en faisant preuve de créativité, il est toujours possible d’utiliser la vidéo avec beaucoup de succès. Par exemple, il mentionne certaines attentes en lecture au cycle primaire-moyen où l’élève doit être en mesure de dégager l’idée principale et certains détails d’un texte.

L’enseignant peut utiliser un article de journal ou un extrait de livre pour évaluer le rendement d’un élève. Or, Bridges aime montrer un vidéoclip pour susciter les trois ingrédients essentiels à l’apprentissage  : impact, inspiration et intérêt. Il combine ces trois éléments avec une variété d’activités non liées à la vidéo qui ensemble appuient le résultat d’apprentissage.


P E N S E R      À      P E N S E R

Par exemple, dans une leçon qu’il a élaborée sur le thème «Penser à penser», Bridges s’est servi d’un vidéoclip sur la vie d’Albert Einstein. «Plutôt que de se limiter à parler d’Albert Einstein et de certaines choses que l’on peut regrouper sous le raisonnement ou la pensée critique, pourquoi ne pas les montrer? Ce clip a ajouté une toute nouvelle dimension à l’activité.» Ainsi, «les élèves sont davantage préparés à l’activité, ils semblent plus éveillés et prêts à commencer.» Cette méthode peut susciter l’intérêt de l’élève dans une activité ultérieure en écriture ou en lecture que Bridges peut utiliser pour évaluer le rendement en fonction d’un résultat d’apprentissage.

Pour une enseignante ou un enseignant, la difficulté réside dans la possibilité de trouver des clips stimulants et appropriés. Un clip peut provenir d’une émission enregistrée sur une chaîne accessible par câble, ou encore une école peut graduellement se monter une collection vidéo en enregistrant ou en achetant des émissions. Bridges consulte l’horaire de diverses chaînes et le synopsis des programmes à sa disposition – et ce, jusqu’à six mois à l’avance – pour planifier ses enregistrements. Une fois ses enregistrements terminés, il regarde l’émission en espérant y trouver un extrait qui aura un impact immédiat chez ses élèves, qui les inspirera tout au long du semestre et qui les intéressera, car il aura un lien direct avec le sujet étudié ou leur monde.

«Il faut prendre le temps de bien s’assurer que le clip va droit au cœur du curriculum et du résultat d’apprentissage visé, qu’il rehausse l’activité, autrement le clip n’a aucune valeur et devient inutile.» Habituellement, Bridges passe une quinzaine de minutes pour survoler une émission de 60  minutes et sélectionner les clips dont il a besoin. «Il est possible de développer l’habileté de visionner un clip et de trouver des moyens d’en insérer des extraits dans une activité», ajoute-t-il. Les enseignantes et enseignants qui mettent en commun leurs idées et commentaires sur le matériel vidéo qui leur a été le plus utile noteront également qu’ils pourront gagner du temps en collaborant entre eux.


U N      C L I P      D O I T      Ê T R E      C O U R T

Bridges offre des conseils à ceux qui voudraient expérimenter avec la vidéo. D’abord, un clip doit être court pour maintenir l’intérêt des élèves. «Au-delà de cinq minutes, vous commencez à en perdre quelques-uns. Vous ne voulez surtout pas que le clip ait l’effet opposé à celui recherché.» Un clip plus court donne plus de temps à l’enseignement et permet à l’enseignante ou à l’enseignant de passer à la prochaine étape d’une leçon. Ensuite, «il faut s’assurer de leur montrer un clip qui colle à leur apprentissage et s’assurer que le suivi que vous faites du vidéo est aussi pertinent.»

Bien qu’il puisse être difficile de trouver le meilleur clip possible, Bridges apprécie l’élément de créativité dans la préparation de ses leçons. «Je suis libre de faire beaucoup de choses, et c’est ça qui me passionne. Ce qui ressort, et ce peu importe le thème tiré du curriculum ou le résultat d’apprentissage visé, c’est qu’il existe des clips passe-partout.» À ses collègues, il recommande d’y aller prudemment. «Essayez de vous en tenir à un clip par jour.» Assurez-vous d’utiliser une variété de clips et ne tenez pas pour acquis qu’un clip ne conviendra pas à certaines matières. Par exemple, un de ses collègues semblait croire que les mathématiques se prêtaient peu à ce type de méthode. Bridges lui a prouvé le contraire. Il a décidé de se servir d’une visite virtuelle de la bourse de New York qui comprenait une discussion sur les pourcentages, les actions, les statistiques et ainsi de suite dans le contexte de la multiplication.


F O L I E      D U      M A R C H É      B O U R S I E R

«Je leur ai montré des extraits de la frénésie qui s’empare du parquet de la bourse.» Bridges arrêtait momentanément le clip pour lancer une discussion sur ce que signifiaient les chiffres à l’écran. «Cette leçon leur a davantage plu qu’elle l’aurait été sans le clip. J’en suis persuadé.» Pendant les deux heures d’enseignement, Bridges peut se servir de deux ou trois vidéoclips, et peut-être d’un clip audio, intercalés entre diverses activités individuelles et de groupe. Il s’assure de limiter son temps de parole – pas plus de sept ou huit minutes – avant de passer à une autre activité.

«Il ne faut surtout pas sous-estimer l’impact d’un clip, y compris un impact négatif.» Par exemple, lors d’une leçon pour des élèves de la 3e à la 5e année, Bridges voulait parler de la violence dans le monde. «J’avais choisi un clip qui montrait un policier faisant une enquête sur une situation violente. Le clip ne mettait pas suffisamment l’accent sur la violence, il y faisait simplement allusion. Il était tout à fait plausible pour des élèves de la 3e à la 5e année d’entendre parler de la violence, mais pas de voir dans un clip quelque chose d’inapproprié.»

En observant le travail de Bridges dans une classe, il est évident que la vidéo ne représente qu’un élément de ce qui constitue un éducateur chevronné. Bridges est chaleureux et ouvert, passé maître dans l’art de susciter la participation des élèves. Ses leçons sont remplies d’aides et d’encouragements pour ses élèves, il met en valeur la capacité de chacun d’entre eux de contribuer à la leçon et de rendre le monde meilleur. Le vidéoclip n’est pas l’élément principal de ses leçons. Plutôt, il sert de moteur à une série d’activités et de questions qui aident à maintenir un fil conducteur, mais qui nécessitent l’utilisation de diverses techniques et de divers points de vue.


Pour en savoir plus, Mark Bridges suggère de communiquer avec Cable in the Classroom au 1-800-244-9049 ou encore de visiter leur site web à www.cableducation.ca . Cet organisme sans but lucratif peut mettre en contact des enseignants avec des collègues de leur région qui peuvent les renseigner sur la façon d’utiliser la vidéo en classe.

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