Lorsque je lui ai demandé de me parler des activités danimation culturelle à
son école, elle ne savait quoi me répondre. Elle nétait même pas consciente de
lexistence de cette discipline. Peut-être est-ce que parce que son école fait bien
la chose?
Cest-à-dire que son école suit parfaitement la consigne qui veut que
lanimation culturelle ne soit pas une matière à part, mais bien quelle soit
intégrée à la vie quotidienne de lécole et dans toutes les matières.
Le rap nétait peut-être pas tout à fait ce que le ministère de
lÉducation et de la Formation avait prévu lorsquen 1996, il a remplacé le
Fonds dactivités culturelles, destiné aux écoles françaises, par le Fonds
dappui à lanimation culturelle. Il est peut-être trop tôt, en
loccurrence, pour bien mesurer limpact de ce nouveau fonds, et des activités
quil subventionne. Toutefois, selon Marilyn Laframboise, membre du conseil de
lOrdre et enseignante à lécole St-Jean-Baptiste à Amherstburg, la
philosophie repose sur le fait que «la culture fait partie de ce que nous sommes; ce que
nous faisons, cest nous assurer de sa présence dans les écoles.»
UNE RÉALITÉ DIFFÉRENTE
En effet, la démarche identitaire dans les écoles de langue anglaise, souvent
majoritairement multiculturelles en milieu urbain, est axée prioritairement sur
lidée de tisser lharmonie dans la diversité. La réalité dans les écoles
de langue française est tout autre. Cest souvent un travail dabord de
préservation, et ensuite de développement. Et on y rencontre souvent des obstacles.
«À mon école, dit ma fille, les jeunes ne veulent pas du tout parler français entre
eux, sauf les 15 pour cent environ qui viennent de France. Dans bien des cas,
laissés à eux-mêmes, ils ne choisiraient même pas lécole française. Cest
le choix de leurs parents.»
Cest précisément la situation vécue par beaucoup denseignantes et
denseignants et bénévoles qui se consacrent à lanimation culturelle en
milieu scolaire. Pour qui sy intéresse, une étude publiée cette année par le
ministère de lÉducation et de la Formation de lOntario Perspectives sur
lanimation culturelle, étude des premiers rapports du Fonds dappui à
lanimation culturelle, année scolaire 199697 savère révélatrice et
utile.
Selon cette étude, «lanimation culturelle regroupe un ensemble de pratiques qui
mettent en valeur la langue et la culture dexpression française en milieu scolaire.
Ces pratiques visent à favoriser la réussite scolaire et lépanouissement des
élèves en appuyant le mandat particulier des écoles franco-ontariennes.
Lanimation culturelle repose sur un modèle de cheminement culturel où
lélève est appelé à façonner une identité francophone en suivant trois
étapes : léveil, lidentification et lengagement.»
UN DÉFI RÉEL
Fournir un espace social et culturel où les choses se passent en français peut être
un défi de taille dans certaines écoles. Parfois, certains élèves ne maîtrisent même
pas suffisamment la langue pour participer pleinement aux activités. Dans les grands
centres, on voit plus souvent des élèves issus de foyers allophones. Dans certains cas,
comme dans les écoles anglaises, on doit consacrer une partie des efforts à
laccueil et à lintégration des jeunes de cultures très différentes de la
culture franco-ontarienne.
Si la pratique de lanimation culturelle, maintenant répandue dans les écoles
élémentaires et secondaires de langue française partout en Ontario, est relativement
récente ici, ce nest pas le cas ailleurs.
LUniversité du Québec à Montréal offre un programme de baccalauréat en
animation culturelle depuis plus de 25 ans. On y forme des animateurs culturels et des
spécialistes en matière dintervention, danimation et de recherche dans le
champ culturel. Ce programme demeure le nec plus ultra pour ceux qui voient en
lanimation culturelle une spécialité. Dautres préfèrent y voir une façon
de vivre, comme le dit si bien Marilyn Laframboise, «lidéal, cest que ça
infuse toute la journée.»
Létude réalisée par le ministère a constaté que les arts demeurent le lieu
privilégié pour les activités danimation culturelle, suivis des activités
sociales et communautaires et des sports. Toutefois, dans le quart des conseils scolaires
sondés, on constate lémergence de champs «moins liés traditionnellement à
lanimation culturelle dont, principalement, les sciences, les mathématiques, la
technologie et lappui à lapprentissage.
UN ENGAGEMENT IMPRESSIONNANT
Dans la majorité des cas, cest encore lécole qui assume presque
lentière responsabilité des programmes danimation culturelle. À part les
activités pédagogiques et scolaires, il y a des tentatives de mettre en uvre des
interventions régionales ou provinciales qui permettraient doffrir une perspective
sur la jeunesse francophone. Les partenaires conseils, sections, écoles, élèves
et autres ont financé 52 pour cent des 1 607 042 $ dépensés pour les activités
danimation culturelle dans les écoles de langue française de lOntario
lannée dernière, ce qui indique quand même un degré dengagement
impressionnant.
Plusieurs conseils scolaires ont embauché des personnes dont cest la mission à
plein temps, et elles trouvent toutes sortes de moyens pour insérer des activités
danimation culturelle dans le programme, soit introduire des artistes
franco-ontariens, la radio ou la télévision scolaires, ou des activités par
lentremise des clubs de jeux. «La personne-ressource va chercher tous les aspects
de la culture, notamment le réveillon à Noël, les traditions canadiennes françaises,
la Sainte-Catherine et les fêtes.»
LInternet regorge de ressources pour le personnel enseignant et les bénévoles
à la recherche didées et de méthodes. On y trouve des outils pédagogiques pour
tous les groupes dâges : idées, fiches, outils de participation, éléments
artistiques et musicaux, comptes rendus dexpériences pertinentes. On trouve
justement de plus en plus de joyeux reportages de ce genre dactivités, maintenant
accessibles par le web dans le monde entier. Voici un bref compte rendu de lAction
de grâces de lécole Madeleine-de-Roybon à Kingston :
«Il y avait de latmosphère à lécole, le matin du 11 octobre, et pour
cause! Tout le monde, élèves, enseignantes et enseignants, concierge, directrices et
tout un bataillon de parents saffairaient, qui à préparer les pommes de terre, les
crudités et le blé dInde, qui à réchauffer les dindes, la sauce et la farce, qui
à décorer les tables, qui à préparer les tables de service, qui... Sur le coup de
midi, tout fut prêt, nos invités arrivèrent et tout le monde prit place dans le
gymnase. Le dîner fut un régal et une fête. Le conseil des élèves fit une courte
présentation très bien amenée et se mérita un cadeau de 200 $ de la part de Barry
OConnor, directeur de léducation de notre conseil scolaire, pour financer une
partie de ses activités de lannée.»
«Le dîner de lAction de grâces fut un tel succès que nous avons décidé
den faire une tradition à Madeleine-de-Roybon. Qui dit succès dit aussi
participation de tous et de toutes. Un merci très sincère à tous les parents qui nous
ont aidés à réaliser ce projet.»