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Décembre 1998

 

L’animation culturelle :
une démarche identitaire


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de Pauline Couture

Le mois prochain, ma fille ira, avec ses copains et copines de classe, et un peu à contrecœur, voir un groupe de rap français. Elle n’est pas trop certaine d’y croire – ses amis non plus – mais elle ira, et cela lui fera une occasion de plus pour constater que la vie en français, même à Toronto, existe et ce, dans toutes ses dimensions, y compris les rythmes répétitifs du rap.

Lorsque je lui ai demandé de me parler des activités d’animation culturelle à son école, elle ne savait quoi me répondre. Elle n’était même pas consciente de l’existence de cette discipline. Peut-être est-ce que parce que son école fait bien la chose?

C’est-à-dire que son école suit parfaitement la consigne qui veut que l’animation culturelle ne soit pas une matière à part, mais bien qu’elle soit intégrée à la vie quotidienne de l’école et dans toutes les matières.

Le rap n’était peut-être pas tout à fait ce que le ministère de l’Éducation et de la Formation avait prévu lorsqu’en 1996, il a remplacé le Fonds d’activités culturelles, destiné aux écoles françaises, par le Fonds d’appui à l’animation culturelle. Il est peut-être trop tôt, en l’occurrence, pour bien mesurer l’impact de ce nouveau fonds, et des activités qu’il subventionne. Toutefois, selon Marilyn Laframboise, membre du conseil de l’Ordre et enseignante à l’école St-Jean-Baptiste à Amherstburg, la philosophie repose sur le fait que «la culture fait partie de ce que nous sommes; ce que nous faisons, c’est nous assurer de sa présence dans les écoles.»

UNE RÉALITÉ DIFFÉRENTE

En effet, la démarche identitaire dans les écoles de langue anglaise, souvent majoritairement multiculturelles en milieu urbain, est axée prioritairement sur l’idée de tisser l’harmonie dans la diversité. La réalité dans les écoles de langue française est tout autre. C’est souvent un travail d’abord de préservation, et ensuite de développement. Et on y rencontre souvent des obstacles.

«À mon école, dit ma fille, les jeunes ne veulent pas du tout parler français entre eux, sauf les 15 pour cent environ qui viennent de France. Dans bien des cas, laissés à eux-mêmes, ils ne choisiraient même pas l’école française. C’est le choix de leurs parents.»

C’est précisément la situation vécue par beaucoup d’enseignantes et d’enseignants et bénévoles qui se consacrent à l’animation culturelle en milieu scolaire. Pour qui s’y intéresse, une étude publiée cette année par le ministère de l’Éducation et de la Formation de l’Ontario Perspectives sur l’animation culturelle, étude des premiers rapports du Fonds d’appui à l’animation culturelle, année scolaire 1996–97 s’avère révélatrice et utile.

Selon cette étude, «l’animation culturelle regroupe un ensemble de pratiques qui mettent en valeur la langue et la culture d’expression française en milieu scolaire. Ces pratiques visent à favoriser la réussite scolaire et l’épanouissement des élèves en appuyant le mandat particulier des écoles franco-ontariennes. L’animation culturelle repose sur un modèle de cheminement culturel où l’élève est appelé à façonner une identité francophone en suivant trois étapes : l’éveil, l’identification et l’engagement.»

UN DÉFI RÉEL

Fournir un espace social et culturel où les choses se passent en français peut être un défi de taille dans certaines écoles. Parfois, certains élèves ne maîtrisent même pas suffisamment la langue pour participer pleinement aux activités. Dans les grands centres, on voit plus souvent des élèves issus de foyers allophones. Dans certains cas, comme dans les écoles anglaises, on doit consacrer une partie des efforts à l’accueil et à l’intégration des jeunes de cultures très différentes de la culture franco-ontarienne.

Si la pratique de l’animation culturelle, maintenant répandue dans les écoles élémentaires et secondaires de langue française partout en Ontario, est relativement récente ici, ce n’est pas le cas ailleurs.

L’Université du Québec à Montréal offre un programme de baccalauréat en animation culturelle depuis plus de 25 ans. On y forme des animateurs culturels et des spécialistes en matière d’intervention, d’animation et de recherche dans le champ culturel. Ce programme demeure le nec plus ultra pour ceux qui voient en l’animation culturelle une spécialité. D’autres préfèrent y voir une façon de vivre, comme le dit si bien Marilyn Laframboise, «l’idéal, c’est que ça infuse toute la journée.»

L’étude réalisée par le ministère a constaté que les arts demeurent le lieu privilégié pour les activités d’animation culturelle, suivis des activités sociales et communautaires et des sports. Toutefois, dans le quart des conseils scolaires sondés, on constate l’émergence de champs «moins liés traditionnellement à l’animation culturelle dont, principalement, les sciences, les mathématiques, la technologie et l’appui à l’apprentissage.

UN ENGAGEMENT IMPRESSIONNANT

Dans la majorité des cas, c’est encore l’école qui assume presque l’entière responsabilité des programmes d’animation culturelle. À part les activités pédagogiques et scolaires, il y a des tentatives de mettre en œuvre des interventions régionales ou provinciales qui permettraient d’offrir une perspective sur la jeunesse francophone. Les partenaires – conseils, sections, écoles, élèves et autres – ont financé 52 pour cent des 1 607 042 $ dépensés pour les activités d’animation culturelle dans les écoles de langue française de l’Ontario l’année dernière, ce qui indique quand même un degré d’engagement impressionnant.

Plusieurs conseils scolaires ont embauché des personnes dont c’est la mission à plein temps, et elles trouvent toutes sortes de moyens pour insérer des activités d’animation culturelle dans le programme, soit introduire des artistes franco-ontariens, la radio ou la télévision scolaires, ou des activités par l’entremise des clubs de jeux. «La personne-ressource va chercher tous les aspects de la culture, notamment le réveillon à Noël, les traditions canadiennes françaises, la Sainte-Catherine et les fêtes.»

L’Internet regorge de ressources pour le personnel enseignant et les bénévoles à la recherche d’idées et de méthodes. On y trouve des outils pédagogiques pour tous les groupes d’âges : idées, fiches, outils de participation, éléments artistiques et musicaux, comptes rendus d’expériences pertinentes. On trouve justement de plus en plus de joyeux reportages de ce genre d’activités, maintenant accessibles par le web dans le monde entier. Voici un bref compte rendu de l’Action de grâces de l’école Madeleine-de-Roybon à Kingston :

«Il y avait de l’atmosphère à l’école, le matin du 11 octobre, et pour cause! Tout le monde, élèves, enseignantes et enseignants, concierge, directrices et tout un bataillon de parents s’affairaient, qui à préparer les pommes de terre, les crudités et le blé d’Inde, qui à réchauffer les dindes, la sauce et la farce, qui à décorer les tables, qui à préparer les tables de service, qui... Sur le coup de midi, tout fut prêt, nos invités arrivèrent et tout le monde prit place dans le gymnase. Le dîner fut un régal et une fête. Le conseil des élèves fit une courte présentation très bien amenée et se mérita un cadeau de 200 $ de la part de Barry O’Connor, directeur de l’éducation de notre conseil scolaire, pour financer une partie de ses activités de l’année.»

«Le dîner de l’Action de grâces fut un tel succès que nous avons décidé d’en faire une tradition à Madeleine-de-Roybon. Qui dit succès dit aussi participation de tous et de toutes. Un merci très sincère à tous les parents qui nous ont aidés à réaliser ce projet.»

Ressources en animation culturelle

Il existe de nombreuses ressources pour aider les enseignantes et enseignants intéressés par l’animation culturelle. En voici quelques-unes :

Fédération culturelle canadienne-française
Place de la francophonie
450 rue Rideau, bureau 405
Ottawa ON K1N 5Z4
Tél. : (613) 241-8770 ou 1-800-267-2005
Téléc. : (613) 241-6064
fccf@franco.ca
francoculture.ca/fccf/

Alliance culturelle de l’Ontario
Michel-Louis Beauchamp, représentant
203–282 rue Dupuis
Vanier ON K1L 7H9
Tél. : (613) 745-2322
Téléc. : (613) 745-1733
www.francoculture.ca/aco/

Service commun de la documentation de l’Université de Metz 
www.scd.univ-metz.fr/AnimationCulturelle  

Centre d’Animation Culturelle de Stratford inc.
www.megantic.net/stratford/default.htm

www.franceplus.com/golfe.de.st-tropez/la_mole/anim_cult.htm
www.cegep-sorel-tracy.qc.ca/ ServicesEtudiants/animationculturelle.html

ANIMATHION
70 fiches de l’élève, guide pédagogique (20 po), le tout dans une boîte. Cette trousse contient des activités privilégiant chez les jeunes une prise de conscience de leur identité en tant que Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens tout en approfondissant des concepts mathématiques. Activités de résolution de problèmes, dessin, écriture, diagrammes, tableaux de données, etc. Coût : 14,95 $. Renseignements : www.librairie.cforp.ca/mat/MAT539.HTM

CHANSONS + MUSIQUES ONTAROISES
Une nouvelle vague musicale déferle sur l’Ontario français. Sur cet enregistrement, vous trouverez 14 artistes ou groupes et 14 chansons originales très originales. World beat, ballade, pop rock, musique instrumentale, rock pur et dur, cet enregistrement peut s’écouter pour le simple plaisir, mais il saura très bien servir les radios scolaires, les audiothèques, les discothèques du vendredi soir en plus d’appuyer certains efforts d’animation culturelle. Renseignements : www.librairie.cforp.ca/mat/MUS061D1.HTM

COUP DE COEUR – UNE FENÊTRE OUVERTE SUR LE PATRIMOINE
Propose des façons agréables de découvrir et d’apprendre à apprécier son patrimoine francophone tout en pratiquant l’enseignement intégré. Fiches réalisation : activités dans les domaines histoire et culture, échelonnées sur plusieurs mois et qui mènent à la production de matériel que l’on pourra utiliser à l’occasion de la semaine du patrimoine qui, en Ontario, se tient en février. Fiches documentation : références, documentation et outils nécessaires pour réaliser les activités. Fiches événements : jalons d’organisation des différents événements de la semaine du patrimoine. Renseignements : www.librairie.cforp.ca/mat/INT138.HTM