Plus tard à la maison, ils feront un devoir pour vérifier sils ont bien compris
les mesures quils feront corriger par leurs parents. Dans le but de trouver une
façon dinclure les parents directement dans le nouveau curriculum ontarien, je les
ai invités à corriger les devoirs pendant une unité denseignement.
Les parents ont réagi avec enthousiasme à lidée de corriger les devoirs de
leurs enfants et avaient aussi hâte que moi de connaître les résultats de cette
expérience. Pour voir sil était possible de mesurer leffet de leur
participation, les parents ont accepté dalterner la correction de devoirs lors
dunités consécutives. De cette façon, tous les parents auraient la chance de
corriger les devoirs de leurs enfants.
Pour commencer, on a choisi le volet de mathématiques de 6e année portant sur la
mesure. Jai préparé des devoirs qui appuyaient les attentes du curriculum de
lOntario, lesquelles étaient clairement indiquées au haut de chaque page. Les
devoirs étaient accompagnés dune feuille de réponses pour les parents, en plus
dune grille de correction.
DES DEVOIRS IDENTIQUES
Tous les élèves ont eu les mêmes leçons en classe et ont reçu les mêmes devoirs
à faire pendant la semaine. Cependant, jai divisé la classe en deux groupes
délèves ayant à peu près les mêmes capacités et remis la feuille de réponses
aux parents des élèves dun seul groupe. Les réactions des parents ayant reçu les
feuilles de réponses ont été immédiates et parfois surprenantes. Jai reçu des
notes décrivant les difficultés et les réussites des parents à la maison.
Certains demandaient que leur enfant reçoive plus daide à lécole pour
certaines questions. Dautres demandaient des travaux plus compliqués. Certains
parents ont voulu améliorer leur propre connaissance dun sujet et
jimagine que cétait inévitable un parent a relevé une erreur sur
lun de mes devoirs.
Certains parents mont raconté comment ils sy prenaient à la maison pour
faire les devoirs avec leurs enfants.
On ma dit, par exemple «Mon fils sarrache les cheveux avec la question 2»
ou encore «Il ne faut rien ménager pour bien comprendre la matière».
Ces observations mont aidée à mieux comprendre les forces et faiblesses des
élèves et, par conséquent, de mieux répondre à leurs besoins. Je me suis demandée :
«Et si les parents navaient pas été à laise de mexprimer leurs
préoccupations?» Qui sait combien de temps il maurait fallu pour me rendre compte
des problèmes sans ces observations. Les questions, les commentaires et le dialogue entre
la maison et lécole ont créé un véritable partenariat où nous étions tous unis
par notre désir daider chaque élève à bien assimiler la matière.
UNE AMÉLIORATION MARQUÉE
À la fin de lunité, après avoir recueilli les devoirs de tous les élèves, je
leur ai donné un test sur la matière enseignée. (Cependant, vu la nature de cette
étude, les résultats nont pas été inclus dans les notes finales.) Les résultats
des tests confirmaient mon hypothèse. Le groupe dont les parents avaient corrigé les
devoirs avait mieux réussi au test que lautre groupe.
Pour mettre mon hypothèse à lépreuve encore une fois, pour massurer que
les groupes étaient effectivement de capacité égale et pour donner à tous les parents
la même occasion dinteraction, jai répété lexpérience avec une
autre unité denseignement en remettant cette fois la feuille de réponses à
lautre groupe de parents. Lunité portait cette fois sur la numération et le
sens du nombre. Je crois, cependant, que cette méthode peut aussi bien sappliquer
à dautres matières.
Encore une fois, lors du test à la fin de lunité, les élèves dont les parents
avaient été invités à noter les devoirs ont mieux réussi. Ces résultats étaient
plus gratifiants étant donné que ce groupe avait moins bien réussi au premier test. De
fait, les résultats du groupe dont les parents participaient à la correction des devoirs
ont été plus élevés que ceux de lautre groupe par quatre fois, avec une
amélioration de 5,8 pour 100.
PENDANT CE TEMPS À LA MAISON...
Les parents ont été les premiers à voir comment les enfants se débrouillaient avec
les devoirs. Comme lexplique lun deux : «Jai bien aimé corriger
les devoirs de ma fille. Ça me permet de voir là où elle éprouve des difficultés et
ce que je peux faire pour laider. Aussi, les jeunes comprennent parfois mieux
lorsque cest une autre personne que lenseignante qui leur explique les
travaux.»
UNE PARTICIPATION ACCRUE
Ce ne sont pas tous les parents qui ont travaillé avec leurs enfants, mais de toute
évidence, tous ont participé davantage à lunité denseignement. Peut-être
cela a-t-il eu pour effet de créer chez les élèves un sentiment accru de
responsabilité ou de fierté.
Au cours dune discussion subséquente au sujet de lexpérience, les
élèves ont raconté avec enthousiasme que leurs parents avaient passé plus de temps
avec eux à les aider et à partager leurs propres expériences et souvenirs
décoliers.
Et les parents dans tout ça? Sur un questionnaire envoyé à la maison à la fin de
lexpérience, les parents ont indiqué quils aiment être informés des
attentes précises du curriculum ontarien, que les devoirs leur permettent de voir les
progrès de leurs enfants et quils trouvent utile davoir une feuille de
réponses.
La plupart des parents ont réagi avec enthousiasme à lunité
denseignement et au fait de pouvoir aider leur enfant. Karin Kennedy dont
lenfant est en 5e année, a dit : «Je crois que lexpérience a été
bénéfique pour nous deux. Nous avons hâte au prochain devoir.»
À la fin de lexpérience, javais recueilli une montagne de commentaires de
la part des parents.
Je les ai relus et jai trouvé trois changements que jaimerais apporter à
mon enseignement si je cherchais une participation structurée des parents à
lavenir. Premièrement, intégrer les suggestions des parents dans mes leçons;
deuxièmement, faire en sorte que chaque devoir soit court et quil porte sur des
concepts essentiels; enfin, préparer une feuille de réponses et dauto-évaluation
pour chaque élève. Les parents avaient non seulement contribué au succès de leurs
enfants dans les unités denseignement visées, mais aussi à mon efficacité en
tant quenseignante pour les unités futures.
UNE MEILLEURE COMMUNICATION
Javais prévu que lexpérience augmenterait la communication entre la
maison et lécole et quelle aiderait les élèves à mieux comprendre la
matière. Mais au fur et à mesure que progressait le semestre, je me suis rendue compte
quil y avait dautres avantages, plus subtils cette fois, à ce que les parents
corrigent les devoirs.
- Au cours de lunité, le niveau dintérêt des élèves en classe était
extraordinaire. Ils se sentaient épaulés davantage grâce à la collaboration entre
leurs parents et moi.
- Parce que les élèves avaient une semaine pour terminer et corriger leurs devoirs, les
parents avaient réussi à planifier leur participation autour des autres activités de la
famille. Le fait denvoyer les devoirs et la feuille de réponses à la maison
plutôt que dobliger les parents à venir les chercher à lécole pendant la
journée plaisait aux parents qui travaillent à lextérieur.
- Chaque étape de lexpérience commençait par un appel à la maison. Cétait
loccasion de prendre contact avec les parents et, bien sûr, de sassurer que
la feuille de réponses était entre bonnes mains.
- La grande majorité des élèves ont rapporté leurs devoirs.
- Bien que certains parents participent aux devoirs de leurs enfants sans quon ne
leur demande, le fait de leur fournir une feuille de réponses et de recueillir les
devoirs corrigés a amené tous les parents dans la classe, sans porter atteinte à leurs
propres capacités.
- Lorsque les attentes précises du curriculum sont indiquées sur les devoirs et
corrigées par les parents, ces derniers sentent quils participent à la
préparation du bulletin de leur enfant, ce qui élimine tout risque dune mauvaise
surprise dans le bulletin.
- La préparation des devoirs était longue. Cependant, elle permettait de bien revoir
chaque attente du curriculum. Avec ces feuilles, jai pu concentrer mon enseignement
sur lamélioration de la compréhension des élèves, lapplication des
connaissances, la résolution de problèmes, le travail en groupe, etc.
Les parents constituent un outil précieux pour les enseignants. Ce nest
quavec une bonne communication que parents et enseignants peuvent, de concert,
éduquer et guider les enfants. Je ne recommande pas nécessairement que la méthodologie
décrite ci-dessus soit adoptée telle quelle, mais je la présente pour encourager les
enseignantes, enseignants, élèves et parents à travailler ensemble.
Laurie Mitchell est une étudiante à la maîtrise à lInstitute of Child
Study de lUniversité de Toronto. On peut communiquer avec elle par courriel à mitchell5250@msn.com. Elle désire remercier Cathy
Brown, David Werry et les familles des élèves de 5e et 6e année de la Glen Dhu Public
School du conseil de Durham ainsi que Janette Pelletier de lInstitute of Child Study
de lUniversité de Toronto pour son aide.