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Décembre 1998

Quand les parents
font la correction


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Cette étude sur la participation des parents montre que les élèves réussissent mieux quand ce sont les parents qui corrigent les devoirs… et que les deux aiment ça!

de Laurie Mitchell

Dans le cadre du cours de mathématiques, les élèves de 5e et 6e de la Glen Dhu Public School de Whitby enveloppent un cadeau. En fait, ils doivent d’abord trouver combien de centimètres carrés de papier il leur faut. Ensuite, ils demanderont à un autre groupe d’élèves de mesurer le papier afin de confirmer leurs calculs.

Plus tard à la maison, ils feront un devoir pour vérifier s’ils ont bien compris les mesures qu’ils feront corriger par leurs parents. Dans le but de trouver une façon d’inclure les parents directement dans le nouveau curriculum ontarien, je les ai invités à corriger les devoirs pendant une unité d’enseignement.

Les parents ont réagi avec enthousiasme à l’idée de corriger les devoirs de leurs enfants et avaient aussi hâte que moi de connaître les résultats de cette expérience. Pour voir s’il était possible de mesurer l’effet de leur participation, les parents ont accepté d’alterner la correction de devoirs lors d’unités consécutives. De cette façon, tous les parents auraient la chance de corriger les devoirs de leurs enfants.

Pour commencer, on a choisi le volet de mathématiques de 6e année portant sur la mesure. J’ai préparé des devoirs qui appuyaient les attentes du curriculum de l’Ontario, lesquelles étaient clairement indiquées au haut de chaque page. Les devoirs étaient accompagnés d’une feuille de réponses pour les parents, en plus d’une grille de correction.

DES DEVOIRS IDENTIQUES

Tous les élèves ont eu les mêmes leçons en classe et ont reçu les mêmes devoirs à faire pendant la semaine. Cependant, j’ai divisé la classe en deux groupes d’élèves ayant à peu près les mêmes capacités et remis la feuille de réponses aux parents des élèves d’un seul groupe. Les réactions des parents ayant reçu les feuilles de réponses ont été immédiates et parfois surprenantes. J’ai reçu des notes décrivant les difficultés et les réussites des parents à la maison.

Certains demandaient que leur enfant reçoive plus d’aide à l’école pour certaines questions. D’autres demandaient des travaux plus compliqués. Certains parents ont voulu améliorer leur propre connaissance d’un sujet et – j’imagine que c’était inévitable – un parent a relevé une erreur sur l’un de mes devoirs.

Certains parents m’ont raconté comment ils s’y prenaient à la maison pour faire les devoirs avec leurs enfants.

On m’a dit, par exemple «Mon fils s’arrache les cheveux avec la question 2» ou encore «Il ne faut rien ménager pour bien comprendre la matière».

Ces observations m’ont aidée à mieux comprendre les forces et faiblesses des élèves et, par conséquent, de mieux répondre à leurs besoins. Je me suis demandée : «Et si les parents n’avaient pas été à l’aise de m’exprimer leurs préoccupations?» Qui sait combien de temps il m’aurait fallu pour me rendre compte des problèmes sans ces observations. Les questions, les commentaires et le dialogue entre la maison et l’école ont créé un véritable partenariat où nous étions tous unis par notre désir d’aider chaque élève à bien assimiler la matière.

UNE AMÉLIORATION MARQUÉE

À la fin de l’unité, après avoir recueilli les devoirs de tous les élèves, je leur ai donné un test sur la matière enseignée. (Cependant, vu la nature de cette étude, les résultats n’ont pas été inclus dans les notes finales.) Les résultats des tests confirmaient mon hypothèse. Le groupe dont les parents avaient corrigé les devoirs avait mieux réussi au test que l’autre groupe.

Pour mettre mon hypothèse à l’épreuve encore une fois, pour m’assurer que les groupes étaient effectivement de capacité égale et pour donner à tous les parents la même occasion d’interaction, j’ai répété l’expérience avec une autre unité d’enseignement en remettant cette fois la feuille de réponses à l’autre groupe de parents. L’unité portait cette fois sur la numération et le sens du nombre. Je crois, cependant, que cette méthode peut aussi bien s’appliquer à d’autres matières.

Encore une fois, lors du test à la fin de l’unité, les élèves dont les parents avaient été invités à noter les devoirs ont mieux réussi. Ces résultats étaient plus gratifiants étant donné que ce groupe avait moins bien réussi au premier test. De fait, les résultats du groupe dont les parents participaient à la correction des devoirs ont été plus élevés que ceux de l’autre groupe par quatre fois, avec une amélioration de 5,8 pour 100.

PENDANT CE TEMPS À LA MAISON...

Les parents ont été les premiers à voir comment les enfants se débrouillaient avec les devoirs. Comme l’explique l’un d’eux : «J’ai bien aimé corriger les devoirs de ma fille. Ça me permet de voir là où elle éprouve des difficultés et ce que je peux faire pour l’aider. Aussi, les jeunes comprennent parfois mieux lorsque c’est une autre personne que l’enseignante qui leur explique les travaux.»

UNE PARTICIPATION ACCRUE

Ce ne sont pas tous les parents qui ont travaillé avec leurs enfants, mais de toute évidence, tous ont participé davantage à l’unité d’enseignement. Peut-être cela a-t-il eu pour effet de créer chez les élèves un sentiment accru de responsabilité ou de fierté.

Au cours d’une discussion subséquente au sujet de l’expérience, les élèves ont raconté avec enthousiasme que leurs parents avaient passé plus de temps avec eux à les aider et à partager leurs propres expériences et souvenirs d’écoliers.

Et les parents dans tout ça? Sur un questionnaire envoyé à la maison à la fin de l’expérience, les parents ont indiqué qu’ils aiment être informés des attentes précises du curriculum ontarien, que les devoirs leur permettent de voir les progrès de leurs enfants et qu’ils trouvent utile d’avoir une feuille de réponses.

La plupart des parents ont réagi avec enthousiasme à l’unité d’enseignement et au fait de pouvoir aider leur enfant. Karin Kennedy dont l’enfant est en 5e année, a dit : «Je crois que l’expérience a été bénéfique pour nous deux. Nous avons hâte au prochain devoir.»

À la fin de l’expérience, j’avais recueilli une montagne de commentaires de la part des parents.

Je les ai relus et j’ai trouvé trois changements que j’aimerais apporter à mon enseignement si je cherchais une participation structurée des parents à l’avenir. Premièrement, intégrer les suggestions des parents dans mes leçons; deuxièmement, faire en sorte que chaque devoir soit court et qu’il porte sur des concepts essentiels; enfin, préparer une feuille de réponses et d’auto-évaluation pour chaque élève. Les parents avaient non seulement contribué au succès de leurs enfants dans les unités d’enseignement visées, mais aussi à mon efficacité en tant qu’enseignante pour les unités futures.

UNE MEILLEURE COMMUNICATION

J’avais prévu que l’expérience augmenterait la communication entre la maison et l’école et qu’elle aiderait les élèves à mieux comprendre la matière. Mais au fur et à mesure que progressait le semestre, je me suis rendue compte qu’il y avait d’autres avantages, plus subtils cette fois, à ce que les parents corrigent les devoirs.

  • Au cours de l’unité, le niveau d’intérêt des élèves en classe était extraordinaire. Ils se sentaient épaulés davantage grâce à la collaboration entre leurs parents et moi.
  • Parce que les élèves avaient une semaine pour terminer et corriger leurs devoirs, les parents avaient réussi à planifier leur participation autour des autres activités de la famille. Le fait d’envoyer les devoirs et la feuille de réponses à la maison plutôt que d’obliger les parents à venir les chercher à l’école pendant la journée plaisait aux parents qui travaillent à l’extérieur.
  • Chaque étape de l’expérience commençait par un appel à la maison. C’était l’occasion de prendre contact avec les parents et, bien sûr, de s’assurer que la feuille de réponses était entre bonnes mains.
  • La grande majorité des élèves ont rapporté leurs devoirs.
  • Bien que certains parents participent aux devoirs de leurs enfants sans qu’on ne leur demande, le fait de leur fournir une feuille de réponses et de recueillir les devoirs corrigés a amené tous les parents dans la classe, sans porter atteinte à leurs propres capacités.
  • Lorsque les attentes précises du curriculum sont indiquées sur les devoirs et corrigées par les parents, ces derniers sentent qu’ils participent à la préparation du bulletin de leur enfant, ce qui élimine tout risque d’une mauvaise surprise dans le bulletin.
  • La préparation des devoirs était longue. Cependant, elle permettait de bien revoir chaque attente du curriculum. Avec ces feuilles, j’ai pu concentrer mon enseignement sur l’amélioration de la compréhension des élèves, l’application des connaissances, la résolution de problèmes, le travail en groupe, etc.

Les parents constituent un outil précieux pour les enseignants. Ce n’est qu’avec une bonne communication que parents et enseignants peuvent, de concert, éduquer et guider les enfants. Je ne recommande pas nécessairement que la méthodologie décrite ci-dessus soit adoptée telle quelle, mais je la présente pour encourager les enseignantes, enseignants, élèves et parents à travailler ensemble.

Laurie Mitchell est une étudiante à la maîtrise à l’Institute of Child Study de l’Université de Toronto. On peut communiquer avec elle par courriel à mitchell5250@msn.com. Elle désire remercier Cathy Brown, David Werry et les familles des élèves de 5e et 6e année de la Glen Dhu Public School du conseil de Durham ainsi que Janette Pelletier de l’Institute of Child Study de l’Université de Toronto pour son aide.