L'éveil identitaire mis en scène par Lise Paiement


Donovan Bailey se souvient de Mme Swaby


La technologie à la portée des jeunes

«Mme Swaby a insufflé chez les enfants l'idée qu'ils pouvaient tout faire, qu'il n'y avait pas de limites. C'est une idée qui aide à faire son chemin dans la vie.»

Donovan Bailey

Lorsque Donovan Bailey s'installera dans la cabine surplombant le stade olympique d'Athènes, son enseignante de 1re année, Carmen Swaby, ne sera pas au premier plan de ses pensées, mais elle y occupera quand même une place.

Né en Jamaïque en 1967, Donovan Bailey avait 13 ans à son arrivée au Canada. Enfant, il courait vite, mais n'a commencé à s'entraîner sérieusement qu'une fois sorti du collège.

En 1995, il a remporté le Championnat du monde au 100 mètres avec un record de 9,97 secondes. L'année suivante, il a décroché la médaille d'or aux Jeux olympiques d'Atlanta devant des millions de spectateurs. Les Canadiens étaient aux anges. Bailey détient toujours le record olympique du 100 mètres avec un temps de 9,84 secondes.

Cette fois-ci, Bailey ne participera pas à la compétition. Il sera commentateur pour Eurosport, la chaîne de télévision la plus répandue en Europe.

Bailey a grandi à Manchester, zone montagneuse située sur la côte sud de la Jamaïque. Il doit un bon départ dans la vie à ses parents et à Carmen Swaby, son enseignante de 1re année à l'école élémentaire Mount Olivet.

«Les principes inculqués à la maison étaient renforcés par Mme Swaby. Elle nous apprenait la ponctualité, l'hygiène, etc., explique-t-il. Elle nous donnait des projets simples que nous devions mener à bien par nous-mêmes et présenter ensuite à la classe. C'est sa façon d'enseigner qui m'a aidé.»

Elle était une source d'inspiration, tout en étant sévère. «Elle disait que si l'on ne faisait pas son travail, on aurait la fessée. Tous les enseignants le faisaient et les parents ne s'y opposaient pas. La fessée était courante en Jamaïque à cette époque-là.» déclare-t-il. A-t-il eu droit à la fessée lui aussi? «Bien sûr. Je n'étais pas toujours un ange!»

Enfant, Donovan a acquis la notion d'un potentiel illimité.

«Mme Swaby insistait sur l'importance de s'entourer de gens tout aussi intelligents que vous, sinon plus. Elle a insufflé chez les enfants l'idée qu'ils pouvaient tout faire, qu'il n'y avait pas de limites. C'est une idée qui aide à faire son chemin dans la vie.»

«J'ai toujours visé haut. L'ambiance qui régnait à la maison, mes enseignants, mes amis et les personnes dont je me suis entouré ont tous joué un rôle dans mes choix.»

Il est peu probable qu'une enseignante de 1re année ait un impact direct sur les choix d'un enfant en matière d'éducation ou de carrière. Bailey maintient cependant que Mme Swaby a eu une influence. «J'ai toujours visé haut. L'ambiance qui régnait à la maison, mes enseignants, mes amis et les personnes dont je me suis entouré ont tous joué un rôle dans mes choix. Quel que que soit le projet que j'entreprenais, je me disais que j'allais réussir.»

Il est intéressant de noter que Mme Swaby ne lui a pas enseigné l'éducation physique, mais Claris Lambert, une de ses collègues qui travaille toujours comme enseignante à Mount Olivet, se souvient que le jeune Donovan était déjà doué pour la course.

«Il avait des dons en athlétisme dès la 1re année, se souvient Mme Lambert. Il arrivait toujours en tête dans les courses. C'est un privilège qu'il ait eu la possibilité d'exceller au Canada. Nous sommes fiers de lui.»

Après que Bailey a immigré au Canada et s'est installé à Oakville avec sa famille, il a fréquenté l'école Queen Elizabeth Park où il a rencontré Gary Gregson, entraîneur de basket-ball midget. «Il était comme un père, quasi autoritaire. Il a fait comprendre à tous les gamins qu'on devait aller à l'école et que le basket-ball était fait pour s'amuser.

«La taille des joueurs et les techniques de maniement du ballon ont leur importance; si nous n'étions pas grands dans l'équipe, nous avions toutefois du coeur au ventre. Nous étions des athlètes de niveau acceptable qui voulaient jouer au basket-ball et on a fini par remporter le championnat.»

Bailey doit également sa réussite à Dan Pfaff, l'un des meilleurs entraîneurs américains de course de vitesse, qui l'a préparé pour les Jeux olympiques de 1996. «J'ai eu plusieurs entraîneurs remarquables, mais Dan est celui qui m'a le plus influencé dernièrement, mentionne Bailey. Il a renforcé les principes que l'on m'avait inculqués à la maison - et je pouvais avoir une discussion intéressante sur le plan intellectuel avec lui.» Aujourd'hui, Pfaff entraîne des mégavedettes du calibre de Marion Jones et Tim Montgomery.

Il y a quelques années, Bailey, alors une vedette internationale, est allé rendre visite à Mme Swaby en Jamaïque. «Nous étions très émus. Dans mon cas, c'était différent [des autres élèves qui revenaient] parce que les petits gamins me considéraient comme un modèle. J'en ai surpassé plus d'un. On me reconnaît partout où je vais.»


Donovan Bailey assurera la couverture des épreuves pour Eurosport aux Jeux olympiques d'Athènes. Il supervise des athlètes et gère une clinique de réadaptation et un centre d'entraînement à Oakville. En 2004, il a lancé Tranz4m, un programme d'exercice et un mode de vie qui s'inspire de près ou de loin de son propre itinéraire.

Carmen Swaby est maintenant à la retraite.