Halte
aux tricheurs!
Détectez le plagiat à l’aide d’Internet et d’un peu de créativité.

de Stephen Bourdon

Dans le bon vieux temps, les enseignantes et enseignants des cours de littérature anglaise n’avaient qu’à feuilleter leurs exemplaires usés de Coles Notes pour détecter les cas de plagiat. De nos jours, avec toutes les ressources disponibles sur Internet, cette tâche peut sembler plus complexe. Dans un seul site web, on retrouve 87 dissertations sur Lord of the Flies!

Cette année, cinq de mes élèves ont copié une dissertation importante.

Néanmoins, je n’ai pas eu trop de mal à repérer une dissertation calquée sur Lord of the Flies de Golding. En comparant la version finale avec le plan d’origine, j’ai tout de suite remarqué que certains arguments de la dissertation s’éloignaient carrément du plan de départ. J’avais là un exemple classique de pastiche : des concepts sophistiqués et des arguments fabuleusement cohérents, le tout formulé dans un style semblable à celui de l’élève.

Mon premier réflexe a été de parcourir essaycampus.com. C’est le premier site vers lequel se tournent 80 pour 100 des élèves de ma classe qui trichent. Mais leur paresse ne se borne pas à leur choix de site web. Dans presque tous les cas, non seulement s’inspirent-ils de essaycampus.com, mais encore, ils ne vont pas plus loin que la première dissertation affichée dans le site! C’était le cas de mon élève en question. Il ne m’a fallu que deux minutes et 41 secondes pour confirmer mes soupçons.

Pour contourner le problème, quelques-uns de mes collègues ont décidé de retourner aux tests d’unité de programme. Bon nombre d’entre nous avons cependant adopté une autre stratégie efficace : la dissertation en classe. Selon cette méthode, l’élève formule des idées, prépare son plan de dissertation et ses premières ébauches sous surveillance étroite en classe. Les travaux sont ensuite rangés dans une armoire. Mes élèves peuvent également travailler à leur projet avant ou après la classe. Lorsqu’ils sont prêts à dactylographier leur travail, j’appose mes initiales sur les feuilles produites, notamment sur le plan et les premières ébauches.

L’élève doit comprendre que le produit final doit essentiellement refléter les travaux préliminaires. S’il retouche abondamment son plan de dissertation, le projet n’est plus valide. Au moment de soumettre son travail, l’élève remet le dossier complet, y compris les ébauches autorisées par l’enseignant, les ébauches corrigées et deux copies de la version finale. En comparant rapidement le plan, les premières ébauches et la version finale, il devient facile de déterminer s’il y a eu plagiat.

Cette façon de procéder a dissuadé bien des élèves de tricher, et m’a, entre autres, aidé à repérer plus facilement les dissertations douteuses. Malheureusement, cette méthode n’est pas sans faille.

Un de mes élèves du CPO d’anglais avait choisi, pour son étude comparative, A Prayer for Owen Meany d’Irving et A Separate Peace de Knowles. Le choix des textes laissait déjà penser que quelque chose clochait, mais j’ai décidé de lui laisser quand même le bénéfice du doute. En lisant la version finale, il était évident que le niveau de sophistication était beaucoup trop élevé pour l’élève. J’ai donc consulté mon site web préféré, où j’ai vu la dissertation complète, à l’exception de quelques phrases. J’ai réexaminé les notes de l’élève et remarqué qu’une partie d’entre elles avaient également été copiées. Quel choc!

Ce fut un jeu d’enfant que d’identifier les notes copiées, car elles dépassaient largement le niveau de compréhension de l’élève. De plus, la façon dont elles étaient organisées, les sujets abordés, la présentation visuelle, et même la police utilisée étaient drôlement semblables!

Cet exemple montre que peu d’élèves planifient leur méfait bien à l’avance. En général, le tricheur commence par trouver une dissertation sur un sujet pertinent. Il cherche ensuite des notes sur le sujet. Des notes de ce genre, il peut en trouver gratuitement sur divers sites. Une fois en possession des notes, l’élève attend patiemment la date de tombée. Le jour où l’enseignant demande à vérifier son travail, il soumet les grandes lignes de son projet et son brouillon. Puis, au moment de remettre la version finale, il présente le fruit de sa tricherie.

On pourrait insister pour que l’élève remette des notes manuscrites, mais ça n’empêchera pas les tricheurs de tricher. Laissez-les donc utiliser la technologie à leur disposition. De cette façon, les élèves honnêtes seront récompensés pour leur travail et leur intégrité. En employant nous-mêmes la technologie soigneusement, ceux qui transgressent les règlent en subiront les conséquences.


U N E    Q U E S T I O N    D ’ É T H I Q U E

Un tel geste, qui témoigne d’une fourberie et d’une malhonnêteté méprisables, a de quoi vous fendre le cœur. Dans un milieu qui repose sur la confiance mutuelle, enfreindre cette règle de base peut miner voire ruiner complètement notre confiance en l’élève.

Et le geste posé n’est pas sans séquelles. En effet, comment peut-on par la suite aborder l’élève sans avoir de réserves? Les conséquences du geste représentent toute une question en soi.

Bien qu’à l’université la malhonnêteté intellectuelle soit sévèrement punie, ce n’est pas le cas au secondaire. Certains conseils scolaires n’ont aucune tolérance envers le plagiat, mais les conséquences n’ont pas toujours de portée significative.

Ainsi, même si un de mes élèves de CPO s’est fait prendre à tricher à plusieurs reprises cette année, la seule punition qu’on lui a infligée, c’est la note zéro. J’ai dû moi-même confronter le problème et c’est sans doute le cas d’autres collègues. À mon avis, c’est dans les politiques du conseil scolaire que le bât blesse, et non pas chez les administrateurs de mon école, qui m’ont toujours manifesté leur appui. À l’heure actuelle, les politiques scolaires n’ont aucun impact et ne tiennent pas compte des réalités du monde virtuel.

Une autre question qui agace sans doute les enseignants consciencieux et dévoués est le temps et l’argent qu’ils doivent consacrer au dépistage du plagiat. Bien entendu, nous pouvons utiliser Internet à l’école, mais nous n’avons souvent pas accès aux sites pertinents à cause des pare-feux établis par le conseil scolaire. Nous pouvons toujours solliciter une permission spéciale du conseil scolaire et obtenir le mot de passe qui permet de consulter, pendant une période limitée, des sites comme Chuck’s College Resources, Essay Campus et autres ressources du genre.

Mais comme le mot de passe change toutes les quelques semaines pour des raisons de sécurité, il faut refaire une demande d’autorisation chaque fois que nous en avons besoin. En outre, si l’on doit enseigner sept cours pendant une session, il est évident qu’on n’aura pas le temps de faire ces recherches pendant les heures d’école. Personnellement, je dois faire mes recherches électroniques à la maison, à l’aide de mon ordinateur personnel et de ma propre connexion Internet.

Comme bon nombre d’enseignantes et d’enseignants, je puise à même mon temps personnel et ma connexion Internet payante pour contrer les méfaits d’élèves qui n’ont pas suffisamment d’intégrité pour faire un travail honnête. Non seulement ne sommes-nous pas compensés pour les dépenses engagées, mais encore, nous perdons beaucoup de ce temps précieux que nous aurions pu consacrer à la préparation de leçons ou à la correction des travaux d’élèves plus honnêtes. Et puis, quand le moment vient de passer à d’autres projets scolaires, nous nous retrouvons souvent vidés à force d’avoir consacré tant d’énergie à démasquer les plagiaires. Pour réduire l’incidence du plagiat et minimiser notre propre stress, il nous faut quelques bonnes stratégies.


P R É V E N I R    L E    P L A G I A T

Demander aux élèves de préparer et rédiger leur dissertation en classe constitue un bon moyen de donner une chance égale à toute la classe.

Expliquez clairement aux élèves pourquoi vous procédez de cette façon. Il est important de bien suivre toutes les étapes de la préparation avant d’approuver les brouillons et les plans de dissertation. Une fois le travail fait, apposez votre signature ou vos initiales à l’aide d’un stylo spécial. À partir de là, les élèves peuvent emporter leur dossier à la maison pour le dactylographier. Il est essentiel de corriger à la main les ébauches dactylographiées avant d’apporter des corrections à la version électronique.

Insistez également pour recevoir deux copies de la version finale. Comme vous avez habituellement jusqu’à la fin de la session ou du semestre pour sanctionner la note, cette deuxième copie vous permettra de vérifier les dissertations douteuses après coup, même si vous les avez déjà notées. Mes élèves savent très bien que leurs notes sont conditionnelles. Autre conseil : conservez ces dissertations dans un classeur. Qui sait, un frère ou une amie pourrait très bien décider de reprendre un travail qui s’est mérité une bonne note.

Une autre solution : combattre le feu par le feu.

Le web peut vous aider à repérer rapidement des dissertations copiées et, si vous êtes prêts à payer pour obtenir ce service, vous n’aurez presque aucun effort à déployer. Cette année, tandis que je vérifiais la dissertation douteuse de deux élèves, je suis tombé sur le moteur de recherche de dogpile.com après quelques recherches infructueuses sur essaycampus.com . En peu de temps, j’ai réussi à confirmer mes doutes : les deux dissertations avaient effectivement été calquées.

Un autre site, turnitin.com, semble offrir un service très utile. Moyennant des frais, un enseignant peut inscrire sa classe pour l’année scolaire. Après avoir reçu les travaux sur disquette (ou sur papier), l’enseignant n’a qu’à télécharger les dissertations sur turnitin.com, où elles sont analysées et comparées à des milliers de pages existant déjà sur Internet. Le site rapporte ensuite toutes les ressemblances au client. Le site tient en outre une base de données dans laquelle sont consignés les projets de l’enseignant, ce qui lui permettra de les comparer au fil des ans. Très pratique, ce service vous évite de conserver une multitude de dissertations. Le site offre une gamme de services pour les particuliers, les sections et les conseils scolaires. Ma section d’anglais envisage justement d’avoir recours à ce service l’an prochain. D’ici là, il nous faudra faire preuve d’un peu de créativité.

Comme nous avons souvent tendance à nous fier aux travaux qui ont déjà fait leur preuve, le temps serait peut-être venu de revoir notre méthode. Si nous étudions les mêmes sujets d’année en année, nous pouvons favoriser les élèves qui ont accès aux travaux en archive.

En trouvant des sujets de dissertation différents, nous pouvons minimiser la tentation. Ainsi, modifier les projets chaque année peut constituer une méthode efficace de contrer le plagiat. Si cette façon de procéder peut sembler plus laborieuse au départ, car elle exige qu’on se creuse les méninges pour trouver de nouveaux sujets, elle vous facilitera toutefois la tâche au fil des ans.

Mais vous pouvez pousser votre créativité jusqu’à trouver un sujet tout à fait original, que personne d’autre ne risque de proposer. Cette année, par exemple, j’ai demandé à mes élèves de faire une analyse comparée d’Hamlet et de l’ouvrage The Wars de Timothy Findley. Conséquence heureuse : il n’y a eu aucun plagiat. Une autre possibilité consisterait à choisir un poème, une chanson ou un extrait d’un document historique à partir duquel vous demandez aux élèves de formuler une analyse explicative ou comparative. Par exemple, quelqu’un pourrait comparer le concept de la culpabilité dans The Ryme of the Ancient Mariner par rapport à The Wars. Ou encore, un élève pourrait explorer les répercussions d’une mauvaise décision dans ces deux œuvres. La multitude de dissertations affichées sur Internet sur des sujets banals montre clairement à quel point le manque d’imagination est un engrais fertile pour le plagiat.

Ceux d’entre nous qui ont été témoins de plagiat pourront voir l’Internet comme le fléau de notre millénaire, une peste que l’on devrait éradiquer pour avoir corrompu l’esprit de nos élèves. D’un autre côté, nous pouvons considérer l’Internet comme un outil extrêmement utile pour améliorer notre vie professionnelle. En apprenant à utiliser les ressources offertes en ligne, nous pourrons détecter la majorité des cas de plagiat plus facilement et rapidement que si nous avions à parcourir les livres à la bibliothèque. Bref, en profitant des outils à notre disposition, en faisant preuve d’un peu d’imagination dans les sujets abordés et en administrant les travaux de façon méticuleuse, nous contribuerons grandement à minimiser la fraude intellectuelle.

Stephen Bourdon enseigne l’anglais à la Meadowvale Secondary School de Mississauga.

En français, voici quelques sites web que vos élèves connaissent probablement déjà!


Sites en français

Webencyclo (www.webencyclo. com/Inscription/prehomeb.asp)
Encyclopédie Hachette (www.club-internet.fr/encyclopedie/)
Nupédia (www.nupedia.com/fr/main.shtml)
Encyclopédie canadienne (www.thecanadianencyclopedia.com)


Quelques sites en français où vous trouverez des milliers de notes de cours et de travaux d’étudiants sur une panoplie de sujets

www.alafac.com
www.bibelec.com
www.oboulo.com
www.savoir.net
www.zétud.net
www.jnet.fr
www.keepschool.com
www.cybertheses.org
www.memopage.com
www.brainpollen.com
www.triche.org
www.multimania.com/tubes



Documents d’information sur le plagiat

Sources électroniques du plagiat (hypo.geneve.ch/athena/perroud/matu00.html)
Travailler, étudier, tricher, empêcher la triche ou ne pas tricher. Toutes les ressources... (thot.cursus.edu/rubrique.asp)



Sites en anglais

chuckiii.com
essaycampus.com
screw-essays.com
planetpapers.com
bignerds.com
college-term-papers.com
essayfinder.com
cheater.com
plagiarism.com
homework-online.com
megaessays.com


Moteurs de recherche en anglais utiles pour détecter le plagiat

dogpile.com
search.sprinks.about.com
turnitin.com (exige des droits pour balayer des milliers de documents Internet et trouver des travaux qu’ont copiés vos élèves)

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